La « Bibliothèque de l’Amitié »
chez L'Amitié -G.T.-Rageot (1)
Encore une collection digne de figurer dans la "Cercle des collections disparues" du rayon jeunesse
Comment se fait-il que cette collection unanimement appréciée durant 30 ans a rejoint le "Cercle des collection disparues" ? C'est un étrange mystère !
La
"Bibliothèque de l'amitié" conçue pour la durée et la variété
En octobre 1959, la naissance de la collection"Bibliothèque
de l'amitié", destinée au départ aux huit-douze ans, chez L'Amitié -G.T.-Rageot, n'a peut-être
pas eu le retentissement qu'elle méritait parce qu'elle remplaçait discrètement
la collection"Heures joyeuses", laquelle collection continuait d’exister.
La "Bibliothèque de l'amitié" dont
les manuscrits sont choisis avec beaucoup de soin est constituée de livres
solidement reliés, de format 15 cm sur 19,5 cm, munis de couvertures cartonnées
et plastifiées, illustrées en quatre couleurs.
L’illustration intérieure est double. Aux dessins en noir et blanc
s’ajoutent des photos en couleur hors-texte dont le choix est inégal. En outre,
les illustrateurs ne sont pas tous talentueux. Heureusement, on note la
présence d’artistes comme Françoise Boudignon, Romain Simon, Luce Lagarde,
Michel Gourlier (bien connu des lecteurs de la collection « Signe de
piste »), Pierre Le Guen, Françoise Estachy, Georges Pichard, Pierre
Rousseau, Alain Millerand et Pef. Jacqueline Verly a illustré ses propres
livres. Il convient d'ajouter d'autres noms d'illustrateurs et illustratrices, en particulier, Claude Auclair, M. Barcilon, Serge Bloch, Frédéric Clément, G. Di Maccio, Moro et Gerda Muller.
Diffusée dès l'origine par Hatier, associé en 1955 à Rageot, la collection s’est continuellement enrichie d’auteurs nouveaux
et de récits très variés dans leurs origines et dans leurs thèmes (nature et
animaux, aventures d’aujourd’hui, voyages et découvertes, école et famille,
vocation, sports, Histoire…).
Comme son aînée, "Heures joyeuses",
la nouvelle collection est très internationale même si 120 récits sont
dus à des auteurs francophones (sur un total de 210 titres parus). Même les
lieux des actions sont d’abord français, on s’évade très vite vers les
Etats-Unis, l’Angleterre, la Suisse, le Danemark, la Norvège, la Hollande, le
Canada, l’Australie, le Vénézuela, l’Afrique, l’Asie, le Groenland,etc.
La collection connaîtra deux générations
différentes d’auteurs français, les plus anciens étant nés avant le début du XXe
siècle. C’est le cas de Henry de
Monfreid, l’auteur d’ Abdi,
garçon sauvage (1967), né en 1879, de Lucien Boisyvon dont on
réédite Pierrot cheveux rouges, né en 1886, de Colette Vivier, née en
1898, ou d’Elsie (Le Diamant rose, 1962), née en 1899, de René Guillot
(L’Extraordinaire
aventure de Michel Santaréa, Le Cavalier de l’infortune), né en 1900.
Après 1970, les éditeurs intégreront des auteurs beaucoup plus jeunes et qui
vont davantage ouvrir les lecteurs aux réalités du monde contemporain. La
collection aura eu le temps d’être appréciée dans les écoles et les
bibliothèques durant une trentaine d’années avant d’être remplacée en 1989 par
la collection « Cascade ».
La "Bibliothèque de l'amitié" se décline selon deux
niveaux, l’un regroupant les enfants de 7 à 10 ans, l’autre, plus fourni en
titres, les 10-15 ans. Cette collection, de plus en plus appréciée dans les
écoles et les collèges, s’adresserait, selon un catalogue de 1969, « aux
jeunes de 7 à 15 ans » mais elle restreint ou affine plus tard ses niveaux
en distinguant les récits qui s’adressent aux CE1-CE2, aux CM1-CM2, et aux
élèves de 6e (alors qu’en fait certains récits ne sont accessibles
qu’aux 12-15 ans).
Dès 1959, tandis que Claire Huchet (1899-1993)
publie L'Appel du Tour, un récit évoquant le Tour de France à travers les rêves de jeunes
écoliers, s’impose déjà les premiers récits de Michel-Aimé Baudouy et de L.N.
Lavolle. Ils ne doivent pas occulter Le
Vallon secret de Nan Chauncy (1961) les fermiers de Tasmanie et le
mystérieux « Tigre », Ambassadeur
des bêtes de Grey Owl, devenu protecteur des animaux après les avoir
chassés dans le Grand Nord Canadien. (Peu importe s’il est difficile de
connaître toute la vérité sur le dénommé Grey Owl !), Tim souliers de feu d’U. Wölfel, Le Berger des Andes (Nilo qui vit au Pérou, au flanc des Andes, est
victime du racisme des Blancs) de E. Westman ou Nicolo et le lézard bleu de Claude Bailly, l’histoire d’un petit
Napolitain qui fait une prodigieuse découverte.
Trois
auteurs étrangers évoquent les régions froides, puisque Hokon Evjenth suit La
Route aux oiseaux (1963), ces migrateurs de Laponie, Willis Lindquist fait entendre L'Appel
du renard blanc (1962) dans un village esquimau où le jeune Américain Mark
sauve un renardeau des griffes d’une chouette, et le Suédois Karl-Aage
Schwartzkopf vante les aventureux Pilotes de l'Alaska (1962), sur leurs
vieux « zincs ».
Cette nouvelle collection qui comprendra plus de
208 volumes en 1987, reprend au fil des ans quelques volumes de la collection "Heures joyeuses". Certains titres
seulement (huit au total) bénéficient donc d’une nouvelle édition dans la
collection « normale » où les couvertures dessinées sont désormais
illustrées par une photographie. Ainsi vont reparaître Herbedouce (1961)
d’André Michel, Le Seigneur des Hautes Buttes (1965) de Michel-Aimé
Baudouy, l’histoire d’un jeune renard manchot de la forêt vendéenne, L’Extraordinaire
aventure de Michel Santaréa (1966) de René Guillot (quand le jeune Michel
s’embarque clandestinement sur la « Marie-Jeanne » en partance pour
l’Afrique), Pierrot cheveux rouges (1966) de Lucien Boisyvon et La
Maison du loup (1968) de Colette Vivier.
Pour les ouvrages traduits, de Reginald Campbell reparaît La Vallée des éléphants, ouvrage réédité en 1960 et qui évoque la poursuite de l'éléphant blanc dans la forêt siamoise, Dans la toundra (1963) de Hokon Evjenth et Angelo va au carnaval de D. W. Fletcher.
Trois autres titres sont reparus dans la sous-collection "Bibliothèque de l'amitié-Histoire".
Merci de vous souvenir de cette merveilleuse collection qu'était la Bibliothèque de l'Amitié. Je l'ai connue en arrivant à Lyon en 1971, j'ai écumé les ouvrages existants dans la bibliothèque de l'école qui m'était accessible.J'ai tout lu du niveau 10-15 ans. J'ai 57 ans, je lisais beaucoup (un peu "dévoreuse"), et j'ai souvenir encore de certaines histoires. Bien sûr les contextes ont vieilli, mais les livres restent le moyen de rêver en sortant de son environnement, justement.
RépondreSupprimerJ'en chercherai chez les bouquinistes, restons optimiste !
Isabelle NERON isa.neron@free.fr