Un ancêtre de l’album illustré au XVIIe
siècle: Cornucopia de Nicolai Lucae
Le 30e
Salon du livre jeunesse de Montreuil qui vient de s’achever n’a pas manqué de
mettre en valeur l’album et ses illustrateurs les plus contemporains.
C’est
l’occasion pour moi de revenir sur un ancêtre peu connu de l’album :
« L’album amicorum » (album d’amis), recueil unique et personnel
d’autographes d’amis, de condisciples, de collègues, de professeurs et de
personnalités plus ou moins illustres. Cet album privé mêle écriture et
image et doit beaucoup à la tradition allemande.
Voici un
document exceptionnel : l’album amicorum CORNUCOPIA de l’étudiant Nicolai Lucae, réalisé de 1677 à 1679 au
coeur de l’Europe. On y remarque l’inattendu blason du règne hongrois datant du règne
de Matthias II, constitué d’une double croix et de trois « coupeaux de
sinople », le tout surmonté de la couronne royale. Il est encadré de deux
personnages belliqueux faisant allusion aux guerres contre l’Empire turc ottoman).
Deux très belles peintures miniatures ornent l’album.
L’une présente la ville de Wratislavia (non pas Bratislava, maintenant capitale
de la Slovaquie mais l’actuelle ville de Wroclaw située en Pologne, plus
précisément en Basse-Silésie) nommée aussi Breslau à l’époque et Vratislavie en
français. Wratislavia, ville aux cent ponts arrosée par l’Oder et quatre de ses
affluents, surnommée la « Venise du Nord », vit alors sous le règne
de Jean III Sobieski, roi de l’Union de Pologne-Lituanie depuis 1674. L’autre
miniature met en valeur la ville allemande de Witeberga (Wittenberg), ville où
Luther afficha ses 95 thèses en 1517.
Wratislavia ou Breslau, après la Guerre de Trente ans, ville dépendante des Habsbourg, devient la capitale de la province de Silésie où se développe la littérature et en 1677-79, elle est surtout connue pour la "deuxième école de Silésie) tandis que Witteberga est encore marquée par les controverses religieuses autour du protestantisme luthérien.
Wratislavia ou Breslau, après la Guerre de Trente ans, ville dépendante des Habsbourg, devient la capitale de la province de Silésie où se développe la littérature et en 1677-79, elle est surtout connue pour la "deuxième école de Silésie) tandis que Witteberga est encore marquée par les controverses religieuses autour du protestantisme luthérien.
CORNUCOPIA est un objet artisanal de
format oblong mesurant 13 cm. sur 8, composé de feuillets parcheminés reliés
constituant 260 pages dont une trentaine seulement, datées et signées, sont
écrites sans souci de chronologie dans leur agencement (la première dédicace
apparaît à la page 47, la dernière à la page 219). Les feuillets sont collés
sur une reliure qui assemble deux panneaux de bois présentant les mêmes motifs
légèrement en relief.
Nicolai
Lucae, étudiant voyageur d’origine aisée et sans doute d’une grande culture,
sollicite quelques condisciples mais
surtout des enseignants, des personnalités politiques, religieuses ou du monde littéraire. On y
remarque la présence de personnes fréquentant le St-Elisabeth Gymnasium et le
Maria-Magdalena Gymnasium de Vratislavia, alias Breslau.
La représentation sur la miniature du haut montrant la ville de Vratislavia (ou Breslau) ne correspond pas à l'état de la ville au XVIIe siècle. La peinture montre en fait la ville au Moyen Âge comme le montrent les représentations du pont et de la palissade tous deux en bois. Un bastion avait déjà remplacé ces éléments au XIVe siècle et des habitations s'élevaient alors à l'extérieur des remparts.
La représentation sur la miniature du haut montrant la ville de Vratislavia (ou Breslau) ne correspond pas à l'état de la ville au XVIIe siècle. La peinture montre en fait la ville au Moyen Âge comme le montrent les représentations du pont et de la palissade tous deux en bois. Un bastion avait déjà remplacé ces éléments au XIVe siècle et des habitations s'élevaient alors à l'extérieur des remparts.
À la page
119, à la date du 18 juin 1877, on
remarque l’intervention de Daniel Caspar à Lohenstein (alias Daniel Caspar ou
Casper von Lohenstein). Cet écrivain, juriste et diplomate allemand, connu en
outre comme poète baroque, romancier et dramaturge, illustrant la tragédie de
l’époque baroque, est né à Nimptsch en 1635 et décédé à Breslau en1683.
Marcus Mappus
qui intervient en octobre 1678, page 79, pourrait-il être le médecin et
botaniste qui a réalisé en 1670 le premier inventaire du jardin botanique de
l’université de Strasbourg ? Né en 1632, il est décédé en 1701. Les dates et
le fait que Vratislavia possède un jardin botanique depuis 1587 rendent le fait
plausible mais il serait imprudent d’aller plus loin.
Parmi les
langues utilisées pour transcrire les sentences, proverbes et autres citations,
il faut citer le latin (si fréquent qu’il semble jouer à l’époque le même rôle
que l’anglais aujourd’hui), l’hébreu, le grec, l’allemand, le français et
l’espagnol. Les autographes et dédicaces ont été recueilli à Vratislavia (ou Breslau), à Witeberga mais aussi à Leipzig.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire