Collection "Histoires d’Histoire" :
des fictions historiques à redécouvrir
Petit retour sur « Le Cercle des collections
disparues » délaissé depuis un certain temps !
En mai 1990, la collection « Histoires d'Histoire », vient de naître chez Hatier,
pour les 11-15 ans. Son double et noble objectif est de « réconcilier les adolescents avec l'Histoire
et la lecture ». Outre qu'un seul de ces buts serait largement
suffisant, il semble que l'Histoire soit parfois prépondérante par rapport à
l'intérêt proprement romanesque. Il faut nuancer cette opinion après avoir lu Les Siamois et l’ombre rouge de Didier
Grosjean et Claudine Roland qui, tout en évoquant les recherches passionnantes
des pionniers de la photographie animée (Muybridge, Marey, Demenÿ, les frères Lumière…)
construisent une intrigue très intéressante.
La collection dirigée par Renaud Bezombes et Jean-Michel
Dequequer-Fergon s'appuie sur les programmes officiels des collèges, le papier
est de qualité, la présentation élégante et la typographie claire avec un
graphisme de Massin offre un maximum de lisibilité ! Si le format est
fixe : 19cm de hauteur, la pagination varie de 141 pages à 237. De 1990 à
1993, seuls 24 volumes sont parus. Les ouvrages sont illustrés, en particulier
par Eduardo T. Coelho, François Davot, Sylvie Faucher, Christine Flament,
Carole Furby, Annie-Claude Martin, Christian Maucler, Jean-Michel Payet, Hughes
Renier… Chaque volume publie une carte simplifiée qui facilite l’ancrage
géographique du récit.
De nombreuses périodes historiques sont néanmoins
évoquées, depuis l’Égypte de la reine
Hatshepsout, au milieu du IIe millénaire avant notre ère, dans Le Nain de Pount (une caravane
s’aventure vers ce lointain pays) de Béatrix Mydant-Reynes, jusqu’aux années
trente, dans une Europe au climat politique trouble évoquées dans Meurtre Rue Montmartre de Pascal
Dayez-Burgeon. Des ouvrages font revivre la Gaule au 1er siècle
avant notre ère (L’Espion de César de
Giorda), Athènes au temps des guerres médiques et de Darius (La Revanche de Képhalos de Giorda), Byzance
au XIIe siècle et sa cour impériale grâce à P. Dayez-Burgeon et La Relique impériale (dont la luxuriance
lexicale est à l’image de cette civilisation complexe). Paris, au temps de
Charles VI, renaît dans Le Manuscrit
oublié de Renaud Bezombes. Toutefois, les récits, parfois un peu ardus,
même s'ils proposent intrigues, énigmes et chasses au trésor, ont pu décourager
des lecteurs désireux de trouver une aventure plus savoureuse et passionnée.
Des noms de romanciers sont déjà connus des adolescents. Le vétéran Georges
Hacquard, ancien directeur de l’Ecole alsacienne, bien connu des latinistes
pour son Guide romain antique, situant en 40 avant Jésus-Christ le récit
de L’Étrange canne de Virgile. L’excellent Jean Ollivier, illustré par Eduardo
T. Coelho, évoque une étonnante découverte, cinq siècles avant Christophe
Colomb, faite par Le Viking du dernier rivage. Giorda est aussi doué pour conter La Revanche de
Képhalos au temps des guerres médiques, l’épopée de L’Espion de César envoyé chez les Gaulois, que pour narrer
l’histoire « vraie » du bonapartiste Estienne, dans Un tambour pour la République, au moment
de la campagne d’Italie. Et Dominique Delmas, dans La Malédiction du crocodile raconte aussi l’épopée du
maître-tailleur Boudan engagé dans l’armée de Bonaparte, au temps du Consulat.
C’est le second Empire qui sert de toile de fond au récit de Renaud Bezombes et
Jean-Michel Dequeker-Fergon : Le
Serment de Louise.
Autres romanciers familiers : Jean-Côme Noguès,
bénéficiant de l’existence réelle du journal de Colomb, pour écrire Le Voyage inspiré, Yvon Mauffret,
navigateur chevronné, à l’aise pour écrire Au
vent de la flibuste, Gérard Hubert-Richou et son histoire de la locomotive
Crampton, L’Affaire de la Jéromine, située
sous le Second Empire, publiée en 1992.
Bien d’autres périodes historiques sont au cœur d‘autres
fictions. La conquête de l’Empire aztèque par les hommes de Cortez en 1519 est
au coeur du récit : La Sorcière et
le Conquistadore de Didier Grosjean et Claudine Roland. C’est en 1533 que
Laurent d’Ardière, Prisonnier de Barberousse
(un récit de Corinne Chevallier) quitte Marseille pour le bagne d’Alger. C’est
aussi à Marseille, mais au temps de la peste de 1720 que se trouve le
contrebandier du sel, Pierre Féral qui recherchera Le Trésor du passeur (écrit par Bruno dell).
Les sujets traités tenaient-ils assez compte des figures
historiques connues ou des périodes historiques familières ? Peut-être ces
romans ont-ils autant besoin du contrôle des historiens que d’un appui éclairé,
apporté par un médiateur et initiateur chaleureux, qu’il soit
documentaliste, professeur ou parent, pour être acceptés par de jeunes
lecteurs.
Bravo aux C.D.I qui permettent encore
aujourd’hui que ces livres ne tombent pas dans l’oubli.
Note : Un seul ouvrage a,
semble-t-il, été réédité : Le Voyage
inspiré de Jean-Côme Noguès, reparu au « Livre de poche
jeunesse ».
Des lecteurs
et des sites confondent parfois La Malédiction de pendus de Marie-Charlotte
Delmas (Syros Jeunesse) et La Malédiction
du crocodile de Dominique Delmas.
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