dimanche 22 mars 2015

"Les Maîtres de l'Aventure" chez Rageot dès 1982

"Les Maîtres de l'Aventure", une collection née chez Rageot en 1982          
Avant d’ajouter cet élément au « Cercle des collections jeunesse disparues », il n’est peut-être pas inutile de rappeler les collections des éditions Rageot présentées ici même (comme dirait David Pujadas).
On peut retrouver sur le blog :
- Collection "Jeunesse poche" (Hatier-G.T. Rageot) : Une des premières collections de « poche » : 16 février 2010
- Collection «  Heures joyeuses » Amitié-G.T. Rageot
3 parties : 10 août 2012
- Collection « Bibliothèque de l’Amitié » à partir de 1959 (Editions de l’Amitié- G.T. Rageot)
(6 parties)
1 : 30/08/2012, 2 : 30/08/2012, 3 : 31/08/2012, 4 : 31/08/2012
5 : 31/08/2012, 6 : 03/09/2012


Les Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot proposent,  pour les 10-14 ans, « l’aventure en poche » avec la collection "Les Maîtres de l’Aventure", aux couvertures très attrayantes. De 1922 à 1990, plus de soixante romans vont paraître. Les couvertures en couleurs sont très attrayantes et chaque volume bénéficie d’illustrations intérieures en noir et blanc. Il faut dépasser la dizaine de récits réédités provenant des collections antérieures (« Heures joyeuses », « Bibliothèque de l’amitié », « Jeunesse Poche »…) pour en apprécier la qualité et l’originalité. Par exemple, Yvon Mauffret réédite Le Trésor du menhir de 1967 et l’on republie plusieurs récits de L.N. Lavolle (L’Acrobate de Minos, L’Île née de la mer et Boléro d’or devenu Le Prince des landes).
 Pour « gagner l’attention des plus réticents, étonner les plus blasés et retenir les plus difficiles », quatre dominantes apparaissent et le nouvel auteur, Paul Thiès, illustre à lui seul plusieurs thématiques. Il aborde l’aventure exotique et maritime dans Les Forbans des Caraïbes (1983), et Les Aventuriers du Saint Corentin (1985), emmène le lecteur sur des terres lointaines, avec Ali de Bassora, voleur de génie (primé en 1986) et frôle l'étrange grâce aux pouvoirs de Saint-Roch dans l’excellent récit, Le Sorcier aux loups (1988). Le fantastique est plus évident dans la trilogie La Longue marche de Benjamin de François Sautereau, commencée avec La Vallée des esprits,(1989), poursuivie dans La Forteresse de la nuit et achevée avec La Fontaine maléfique (1990). Reste le policier que nous traiterons dans le prochain article du blog. Si l’Histoire est présente, c'est surtout par l'évocation du Moyen Age ou des conquêtes du monde américain (par exemple, dans Souvenirs d’un visage pâle d’Anne E. Crompton et Les Pionniers de la prairie de V & B Cleaver).

Une série naît pour les seniors, avec des romans qui correspondent à leurs interrogations contemporaines, comme Ma vie, c’est l’enfer (1987) de Jean-Paul Nozière. La voyageuse Huguette Pérol traque l’aventure très loin, dans Rendez-vous à Hong-Kong (1983). La S-F et le western viendront plus tard, grâce à Pierre Pelot en particulier, avec la réédition du récit de S-F : Une Autre Terre, (réédition de la première partie des aventures d’Arian Dhaye, poursuivies dans L’Île aux enragés), et pour le second genre, d’une aventure déguisée et inédite de Dylan Stark : Pour un cheval qui savait rire (1982), magnifiquement illustrée par Claude Auclair. Autre réédition appréciée, celle du récit antiraciste : Le Paradis des autres de Michel Grimaud. Sylvie Corgiat, avant de goûter au polar avec Bruno Lecigne, coauteur de Une ombre en cavale (1988), avait osé aborder la S-F avec Les Trafiquants de mémoire (1987).


On croirait à tort que la collection "Les Maîtres de l’Aventure" lance sa dernière salve lors du premier semestre 1989. Huguette Pérol, trois ans après La Reine sorcière, la rebelle Damya, avec La Loi du plus fort (2e Prix du roman historique), jette alors un regard lucide et sévère sur le miracle japonais et ses élèves-modèles. Évelyne Brisou-Pellen, lauréate du Prix du roman historique de Poitiers en 1990, irait bien jusqu’à Tombouctou en compagnie de L’Héritier du désert. Elle  gratifie encore les lecteurs de deux autres récits historiques : Le Défi des druides et La Cour aux étoiles. Les personnages de Jean-Côme Noguès redoutent une Embuscade à la Pierre clouée des brigands et manants, du temps de Richelieu. Le même auteur propose une plongée en Italie au XVe siècle pour évoquer les rêves artistiques de Silvio ou l’été florentin. Quand l’existence de la collection est menacée, les distinctions pleuvent. Souviens-toi de Titus de Jean-Paul Nozière est récompensé par le Prix Polar jeunesse. Le Destin aux mille visages (1988), dont le héros Djamal sillonne le Moyen Orient mais au XIIe siècle, raconté par la voyageuse Nicole Vidal (1928-2003), est aussi primé. L’assoupissement apparent des "Maîtres de l’aventure" a pu occulter le fleuron de la collection, l’excellent roman de science-fiction Le Cœur en abîme (1988), de Christian Grenier, qui mêle le charme de la spéléologie à une curieuse métamorphose amoureuse, sur la planète imaginaire Samos.
Alors qu’elle a eu le temps de donner sa chance à deux nouveaux auteurs : Roger Judenne, publiant un de ses premiers romans, centré sur la chute de l’empire aztèque : La Colère du Dieu Serpent, en 1986, deux ans avant Les Diables de Séville, vils suppôts de l’Inquisition, et Alain Surget pour son Prisonnier de la rivière noire, illustré par Thierry Desailly, la collection, tout en subsistant au catalogue encore quelques années, est peu à peu supplantée par la collection « Cascade » qui vient de naître en 1989.



(Version revue du texte paru dans Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle, pages 337-338 et 373-374. L’Harmattan, 2014). 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire