"Les
Maîtres de l'Aventure", une collection née chez Rageot en 1982
Avant
d’ajouter cet élément au « Cercle des collections jeunesse
disparues », il n’est peut-être pas inutile de rappeler les collections
des éditions Rageot présentées ici même (comme dirait David Pujadas).
On
peut retrouver sur le blog :
- Collection "Jeunesse poche"
(Hatier-G.T. Rageot) : Une des premières collections de « poche » : 16 février
2010
- Collection « Heures
joyeuses » Amitié-G.T. Rageot
3 parties : 10 août 2012
- Collection
« Bibliothèque de l’Amitié » à partir de 1959 (Editions de l’Amitié-
G.T. Rageot)
(6 parties)
1 : 30/08/2012,
2 : 30/08/2012, 3 : 31/08/2012, 4 : 31/08/2012
5 : 31/08/2012,
6 : 03/09/2012
Les Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot
proposent, pour les 10-14 ans, « l’aventure en poche » avec la
collection "Les Maîtres de l’Aventure",
aux couvertures très attrayantes. De 1922 à 1990, plus de soixante romans vont
paraître. Les couvertures en couleurs sont très attrayantes et chaque volume
bénéficie d’illustrations intérieures en noir et blanc. Il faut dépasser la
dizaine de récits réédités provenant des collections antérieures (« Heures
joyeuses », « Bibliothèque de l’amitié », « Jeunesse
Poche »…) pour en apprécier la qualité et l’originalité. Par exemple, Yvon Mauffret réédite Le
Trésor du menhir de 1967 et l’on republie plusieurs récits de L.N. Lavolle
(L’Acrobate
de Minos, L’Île née de la mer et Boléro d’or devenu Le Prince des
landes).
Pour « gagner l’attention des plus réticents, étonner les plus blasés et retenir
les plus difficiles », quatre dominantes apparaissent et le nouvel auteur,
Paul Thiès, illustre à lui seul plusieurs thématiques. Il aborde l’aventure
exotique et maritime dans Les Forbans des Caraïbes (1983), et Les
Aventuriers du Saint Corentin (1985), emmène le lecteur sur des terres
lointaines, avec Ali de Bassora, voleur de génie (primé en 1986) et
frôle l'étrange grâce aux pouvoirs de Saint-Roch
dans l’excellent récit, Le Sorcier aux loups (1988). Le fantastique est
plus évident dans la trilogie La Longue
marche de Benjamin de François Sautereau, commencée avec La Vallée des
esprits,(1989), poursuivie dans La
Forteresse de la nuit et achevée avec La
Fontaine maléfique (1990). Reste le policier que nous traiterons dans le
prochain article du blog. Si l’Histoire est présente, c'est surtout par
l'évocation du Moyen Age ou des conquêtes du monde américain (par exemple, dans
Souvenirs
d’un visage pâle d’Anne E. Crompton et Les Pionniers de la prairie de V & B Cleaver).
Une
série naît pour les seniors, avec des romans qui correspondent à leurs
interrogations contemporaines, comme Ma vie, c’est l’enfer (1987) de
Jean-Paul Nozière. La voyageuse Huguette Pérol traque l’aventure très loin,
dans Rendez-vous à Hong-Kong (1983).
La S-F et le western viendront plus tard, grâce à Pierre Pelot en particulier,
avec la réédition du récit de S-F : Une Autre Terre, (réédition de
la première partie des aventures d’Arian Dhaye, poursuivies dans L’Île aux
enragés),
et pour le second genre, d’une aventure déguisée et inédite de Dylan Stark
: Pour un cheval qui savait rire (1982), magnifiquement illustrée par
Claude Auclair. Autre réédition appréciée, celle du récit antiraciste : Le
Paradis des autres de Michel Grimaud. Sylvie Corgiat, avant de goûter au
polar avec Bruno Lecigne, coauteur de Une
ombre en cavale (1988), avait osé aborder la S-F avec Les
Trafiquants de mémoire (1987).
On croirait à tort que la collection "Les
Maîtres de l’Aventure" lance sa dernière salve
lors du premier semestre 1989. Huguette Pérol, trois ans après La Reine sorcière, la rebelle Damya, avec La Loi du plus fort (2e
Prix du roman historique), jette
alors un regard lucide et sévère sur le miracle japonais et ses élèves-modèles.
Évelyne Brisou-Pellen, lauréate du Prix du roman historique de Poitiers en 1990, irait
bien jusqu’à Tombouctou en compagnie de L’Héritier du désert. Elle
gratifie encore les lecteurs de deux autres récits historiques : Le Défi des druides et La Cour aux
étoiles. Les personnages de Jean-Côme Noguès redoutent une Embuscade à la Pierre clouée des
brigands et manants, du temps de Richelieu. Le même auteur propose une plongée
en Italie au XVe siècle pour évoquer les rêves artistiques de Silvio ou l’été florentin. Quand l’existence de la
collection est menacée, les distinctions pleuvent. Souviens-toi de Titus
de Jean-Paul Nozière est récompensé par le Prix
Polar jeunesse. Le Destin aux mille
visages
(1988), dont le héros Djamal sillonne le Moyen Orient
mais au XIIe siècle, raconté par la voyageuse Nicole Vidal (1928-2003), est aussi
primé.
L’assoupissement apparent des "Maîtres de l’aventure" a pu occulter le fleuron de
la collection, l’excellent roman de science-fiction Le Cœur en abîme (1988), de Christian Grenier, qui mêle le charme
de la spéléologie à une curieuse métamorphose amoureuse, sur la planète
imaginaire Samos.
Alors
qu’elle a eu le temps de donner sa chance à deux nouveaux auteurs : Roger
Judenne, publiant un de ses premiers romans, centré sur la chute de
l’empire aztèque : La Colère du Dieu
Serpent, en 1986, deux ans avant Les
Diables de Séville, vils suppôts de l’Inquisition, et Alain Surget pour son
Prisonnier de la rivière noire,
illustré par Thierry Desailly, la collection, tout en subsistant au catalogue
encore quelques années, est peu à peu supplantée par la collection
« Cascade » qui vient de naître en 1989.
(Version revue du
texte paru dans Fictions et journaux pour
la jeunesse au XXe siècle, pages 337-338 et 373-374. L’Harmattan, 2014).
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