Blog essentiellement consacré à la littérature de jeunesse, à la presse des jeunes, aux livres, essais, articles et interventions diverses de l'auteur Raymond Perrin
samedi 29 janvier 2011
Pierre Véry et le polar jeunesse
Pierre VÉRY et le polar jeunesse
Né à Bellon, en Charente, le 17 novembre 1900, Pierre Véry est décédé le 12 octobre 1960 à Paris d’une crise cardiaque.
Après le certificat d’études, le lycée et le Petit Séminaire de Meaux (il a créé la société des Chiche-Capon dans le pensionnat Saint Marie de cette ville), Pierre Véry exerce divers métiers dont celui de libraire à Paris. Chroniqueur, journaliste littéraire, il écrit essentiellement des romans pour adultes. Romancier populaire et scénariste, c’est un précurseur du genre policier juvénile, d’abord avec Les Disparus de Saint-Agil, mystère poétique avec des enfants, qui paraît chez Gallimard en 1935. Christian-Jaque le porte à l’écran en 1938, avec Michel Simon, Erich Von Stroheim et Mouloudji, (écrit Mouloudgi sur l’affiche), avant qu’il entre dans la « Collection Nelson » en 1939. (La jaquette des éditions Nelson est superbe !). Il a fallu attendre sa réédition illustrée dans la collection « La Vie exaltante » des Éditions de la Nouvelle France, en 1943 pour que ce classique de Pierre Véry devienne destiné à la jeunesse. (Curieuses Éditions de la Nouvelle France de 1943, à l’allure bien pétainiste. Quel nom provocateur : « La Vie exaltante », pour une collection sans pénurie d'un papier de qualité. C’est fou ce que la vie pouvait être « exaltante » dans la France de l’Occupation et des rafles de 1943 !).
On connaît bien la fameuse histoire des pensionnaires qui ont fondé la bande des Chiche-Capon dont le repaire est la salle de sciences naturelles (l’ouvrage est en partie autobiographique). Les membres de la bande consignent leurs exploits dans un cahier secret. Or, un jour Mathieu disparaît et il n’est pas le seul ! Le récit est paru dans la collection « Folio junior Enigmes », avant d’être adopté par la collection « Folio junior » où il paraît toujours.
Un livre paru chez Arthème Fayard et un film de Georges Lampin prolongent l’histoire de cet établissement scolaire pour un même titre : Les Anciens de Saint-Loup (avec François Périer, Bernard Blier, Serge Reggiani, Odile Versois, Pierre Larquey).
Autre récit finalement adopté dans les collections juvéniles, L’Assassinat du Père Noël (1934). Le fait est survenu dans l’abbaye de Mortefont où d’étranges événements ont lieu autour de la relique de Saint-Nicolas ou de ses diamants. Le récit doit attendre 1981 pour être accessible à la « jeunesse », grâce à la collection « Folio junior énigmes », chez Gallimard Jeunesse. L’œuvre, adaptée au cinéma en 1941 par Christian-Jaque, y apparaît avec une introduction éclairante de Francis Lacassin et de superbes illustrations de Nicolas Wintz. Vient de paraître chez Glénat, une superbe adaptation en bande dessinée, réalisée par Didier Convard, Eric Adam et Paul.
Le Réglo, moins connu, (déjà publié par Gaston Gallimard en 1935), renaît en 1994 aux Deux Coqs d’or, avec Les Métamorphoses, en 1995.
Peu avant la mort de Pierre Véry en 1960, sont publiés dans la « Bibliothèque verte », les deux récits clairement juvéniles. Signé : Alouette (adapté dans un téléfilm de Jean Vernier en 1967, avec une musique de Georges Garvarentz) raconte le kidnapping d’un enfant, mal aimé de ses parents adoptifs. Signé : Alouette, c’est le surnom de Noël, un garçon prénommé ainsi parce qu’il a été abandonné un soir de Noël. Adopté par la première épouse décédée du riche et puissant M. de Saint-Aigle, directeur de deux journaux, il n’est guère apprécié par sa belle-mère adoptive, laquelle lui préfère le petit Charles, le fils de son mari. A l’école, Noël a pour copains Ali-Baba, dit « Baba au Rhum », Profil d’Anchois et Dominique, dit « Grand Chef » qui lui joue parfois des tours pendables, comme le jour où il lui demande de jouer à l’aveugle. C’est ce jour que Noël fait connaissance de « l’aveugle » qui stationne devant le cours Ludovic, pris en sympathie au point que les enfants remplacent son chien Spoutnik infidèle en lui offrant un autre chien, Spoutnik 2. Ce faux aveugle va bientôt se faire le complice de l’enlèvement de Noël et il en devient le gardien. Des messages affichés près de l’école constituent une fausse piste qui retarde les recherches de la police et des amis de Noël. Ses amis, Dominique, Ali et le chien Spoutnik II le recherchent...
Hachette publiera une novélisation du téléfilm avec, en couverture les principaux personnages. Après sa publication dans la collection « Verte aventure Policier », l’ouvrage est aujourd’hui disponible grâce à Jacques Baudou qui le réédite en 2009 dans la collection « Chambres noires », chez Mango.
Dans le second roman policier édité dans la « Bibliothèque verte », Les Héritiers d’Avril (récit publié en feuilleton dans le journal Pilote en 1960), on constate que reviennent les mêmes détectives en culottes courtes, cette fois en quête d’un trésor. Tous les descendants de Guillaume Avril, sont convoqués par le détective privé Longuereau. S’ils veulent bénéficier d’un héritage fabuleux, il leur faut d’abord découvrir la cachette du testament, sous une lame de parquet dans une vieille tour. Un message gravé sur un disque malencontreusement brisé (on n’en possède qu’une moitié), devait les y conduire. C’est alors qu’interviennent à nouveau Dominique, dit « Grand Chef » et ses amis Noël et Ali, dit « Baba au Rhum »...
L’ouvrage bénéficie de trois rééditions chez Hachette, d’abord dans la « Verte aventure Policier », puis dans « Vertige » tandis la « Bibliothèque verte » renouvelle la couverture de 1960.
Même s’il n’appartient pas au « rayon jeunesse », on s’en voudrait d’oublier Goupi Mains Rouges, célèbre roman de 1937, très connu grâce au film de Jacques Becker en 1943 (avec Fernand Ledoux).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire