Blog essentiellement consacré à la littérature de jeunesse, à la presse des jeunes, aux livres, essais, articles et interventions diverses de l'auteur Raymond Perrin
samedi 5 février 2011
Polar Jeunesse Emile et les détectives, un récit archétypal
Emile et les détectives d’Erich Kästner, l’archétype du polar jeunesse
Le récit d’Erich Kästner et ses premières adaptations cinématographiques ont joué un rôle déterminant dans le développement du polar jeunesse. Paul Berna a reconnu l’influence du film de Robert Adolf Stemmle, diffusé en 1954. Le contenu « réaliste et populiste » de l’intrigue l’a poussé à écrire Le Cheval sans tête, un roman qui, à son tour, a poussé René Guillot, Paul-Jacques Bonzon et d’autres auteurs français dans l’écriture des énigmes policières des années 50.
La collection « Maïa » de la Librairie Stock, Delamain et Boutelleau (alias Jacques Chardonne), édite en 1931, la traduction d’Émile et les détectives, écrit en allemand en 1928-1929 par Erich Kästner (1899-1974). (Une édition allemande est illustrée par Walter Trier). Ce récit policier novateur donne le premier rôle à des enfants. Il est traduit l’année où le cinéma adapte une première fois l'ouvrage, grâce à Gerhard Lamprecht (et la Librairie Stock publiera alors une édition avec une couverture s’inspirant du film).
Dans Émile et les détectives, le garçon Emile se rend seul en train pour la première fois chez sa grand-mère, partant de Neustadt pour Berlin. Sa mère veuve et coiffeuse qui ne ménage pas ses prudentes recommandations lui a confié cent quarante marks à remettre à l’aïeule. Mais Emile s’endort dans le train et se fait dérober l’argent par son voisin, un homme au chapeau melon.
Heureusement, il connaît le voleur mais redoute la police car il a peint un nez rouge et une moustache noire sur la statue du Grand Duc. Il essaie d’abord de suivre seul son voleur dans Berlin, en s’éloignant de la maison de sa grand-mère, avant de s’entourer de garçons débrouillards, délurés et solidaires qui vont l’aider à confondre le malfaiteur dans une banque. (Voir l’illustration contenue dans l’adaptation pour la collection « Idéal Bibliothèque »).
Georges Sadoul a publié, avant 1938, dans sa « Collection Mon Camarade », constituée de livres pour la jeunesse, une édition d’Émile et les détectives et il existe aussi, dans un format à l’italienne, une autre édition du livre d’Erich Kästner, réalisée par les Éditions sociales internationales.
En 1955, la traduction par L. Faisans-Maury, d’Émile et les détectives d’Erich Kästner, illustré par Paul Durand (1925-1977), reparaît dans l’« Idéal Bibliothèque », chez Hachette, en suivant de peu le film de Robert Adolf Stemmle, diffusé en 1954. (Disney réalisera une autre adaptation, plutôt mauvaise, en 1963). Une édition paraît aussi dans la « Nouvelle Bibliothèque Rose », avec des illustrations de Daniel Billon.
En Allemagne, Franziske Buch réalise une autre adaptation cinématographique du roman en 2001.
« Le Livre de poche jeunesse », une collection née en 1979 chez Hachette réédite très vite Émile et les détectives d’Erich Kästner. Cette édition de 1980 est illustrée par Daniel Maja.
L’ouvrage est sélectionné dans Documents d’accompagnement des programmes du nouveau collège, parus à partir de 1996 pour la classe de sixième.
Il apparaît aussi dans la première « Liste des ouvrages de littérature en cycle III » élaborée en 2002 par « les membres de la commission nationale de sélection des ouvrages de littérature de jeunesse pour l’école primaire ».
C'est une des premières fois où apparaît un enquêteur juvénile. Il est vrai qu'il parvient à se faire aider par une bande. Ces deux éléments, l'enfant enquêteur et la bande, seront déterminants pour l'avenir du polar jeunesse.
P.S. : A propos des adaptations, il faut signaler les deux épisodes réalisés en 1962 par Maurice Cazeneuve pour le "Théâtre de la Jeunesse" de Claude Santelli. Ces deux téléfilms en noir et blanc sont disponibles et téléchargeables sur le site de l'INA depuis octobre 2009.
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