Ima, l’ami des jeunes, un journal publicitaire intéressant mais mal connu (1ère partie)
L’attrait initial des « points IMA » et la naissance d’un journal
Les « points IMA » sont des bons-primes imprimés sur les emballages de produits alimentaires de grandes marques. Les jeunes consommateurs les découpent et les échangent contre des cadeaux ou des albums comme Les Belles histoires de l’Union française, L’Ami chez les bêtes d’André Demaison, L’Ami sur sa péniche… illustrés de grandes vignettes (10 sont obtenues contre 100 points Ima). Le succès obtenu auprès des enfants du « baby-boom » de 8 à 14 ans incite les responsables à lancer un journal dont le contenu étonne vite par sa richesse et sa variété.
Le siège de la publication dirigée par A.Y. Lopin est parisien, 15 boulevard des Italiens. Le périodique de format 21 cm sur 26,5 paraît du mois de mars 1955 jusqu’à fin décembre 1958 (ou début janvier 1959). La collection est constituée de 156 numéros essentiellement constitués de bandes dessinées faisant appel à des scénaristes et à des dessinateurs parfois renommés. Les auteurs appartiennent à plusieurs générations et viennent d’horizons fort différents. La qualité des récits est toutefois variable. Par exemple, certains dessins de Liquois semblent bâclés et le scénario est parfois bancal, les bandes d’André Galland (Les Torches du chevalier de Malte, La Duchesse Anne et son page), sont médiocres tandis que certaines planches réalisées par Raymond Cazanave pour Le Prestigieux destin de Walter Reinhart sont absolument superbes. La plupart des histoires sont inédites et plusieurs genres sont représentés : western, policier ou espionnage, science-fiction, aventure sportive ou maritime ou de jungle, récits humoristique ou animalier…
Des auteurs, collaborateurs des éditions Fleurus
Il semble qu’au départ on a fait appel à des auteurs venus de chez Fleurus. D’où la présence, par exemple de G. Bernard Baray dès le n° 1 avec La Vallée aux coyotes (un western). En plus de deux aventures policières, Le dossier 718 et Le Mystère de Keselgor, l’auteur, pilier du journal, déjà connu pour ses hagiographies religieuses va aussi produire des B.D. sous le pseudonyme de Baber (Tam-Tam sur l’Amazone, Le Secret des cavernes, Une aventure de Bob, Pat et Léo : Le Visiteur de minuit). On remarque aussi la brève collaboration de Frédéric-Antonin Breysse, au moment de sa peu élégante éjection de Cœurs vaillants où il n’a même pas le temps d’achever un épisode d’Oscar et Isidore. Notons encore la présence de Robert Moreau, Alain Saint-Ogan, Erik, Jan-Loup, Jean Ache et même Pellos qui ne dédaignent pas la presse catholique Fleurus. En plus de ses séries puériles très épisodiques, Coquinet et Coquinette, Toufou le petit chat, Robert Moreau dont on connaît surtout les histoires animalières, innove avec l’aventure réaliste Mystère dans la jungle avant de retrouver son style humoristique dans Les aventures de Nestor Tapotour.
Alain Saint-Ogan introduit sans surprise une sorte de condensé des aventures de Zig et Puce jusqu’au n° 28. Erik (André René Jolly) satisfait d’abord les lectrices en publiant dès le n° 3 une histoire « désopilante » de Madie et de son chien Truf. Madie est de retour ! au n° 23. Érik qui avait déjà publié dans l’illustré Grandes Aventures, Martin Gale, Détective amateur reprend le personnage dont la représentation graphique a beaucoup évolué pour Ima, L’Ami des jeunes. D’abord dans le récit intitulé Furag 3. En juin 1957 débute le deuxième épisode des aventures du détective amateur : Martin Gale contre « Le Caméléon ». Cette bande cède la place en novembre 1957 à Mission secrète en Pélurie. Le journal ne lui laissera pas le temps d’achever Alerte du Squale.
Le dessinateur Jan-Loup qui illustre souvent des récits de Jacques Chabar (par exemple dans la collection « Jean-François ») introduit la science-fiction grâce au récit Evitez Copernic (du n° 46 au n° 70). On le retrouve du n°135 au n° 148 quand il illustre Une Aventure d’Okahanam et d’Eva : Spécimens pour collections de musées du scénariste Jacques Chabar. Pellos, auteur très prolifique, dès le n° 52 raconte les exploits sportifs de Rock Gérard dans son style inimitable.
Du n° 32 au n° 43, Jean Ache propose Hector et Dina. C’est sa seule participation.
Dessinateurs et scénaristes venues d’horizons divers
Dès le n° 81 apparaissent des auteurs qui participent au journal Vaillant, proche du parti communiste : le scénariste Roger Lécureux, les dessinateurs Eugène Gire (auteur de superbes récits maritimes : Le Trésor du galion, Révolte à bord), Rémi Bourlès (Course contre la mort, La Route du pôle)… D’autres auteurs participent à toutes sortes de journaux commerciaux français ou belges, comme André Galland, Mat (Kid Poiplum super champion), Raymond Maric (Une aventure de Tony : L’Or noir des océans, Perdrix rouge, Le Prince des ruines), Claude Pascal (Le Ranch aux fantômes, Le Bouddha de jade…
Le caméléonesque Auguste Liquois ne signe pas ses bandes Canard et la vallée perdue et les aventures policières de Ric Limar, peut-être en raison de son passé peu glorieux dans Le Téméraire… Il est néanmoins un des piliers du journal puisqu’il y publie cinq aventures de son policier des airs : Vautour 13 ne répond plus, A la recherche des ondes Aleph, Ric Lamar et les hommes-oiseaux, Opération Borak et Direction Nord…
Si autant d’auteurs participent à ce journal, c’est sans doute à la fois grâce à l’éclectisme d’A.Y. Lopin et surtout en raison de l’absence d’un statut qui les protège avant 1974, ce qui les oblige à produire beaucoup. C’est d’ailleurs un de ces auteurs, Roger Garel (1930-2015), l’auteur de Papoulet et Riton, qui les défendra farouchement au sein du syndicat des journalistes français.
Fabuleux ! Je crois me souvenir avoir eu entre les mains "Les belles histoires de l'Union française" , un grand album toilé rouge avec de grandes images collées : serait-ce un cadeau IMA ? Si les points IMA me disent quelque chose, je n'ai en revanche jamais vu un numéro de cet ami des jeunes. Ce qui est intéressant entre autres, c'est de voir ensemble des dessinateurs issus de journaux très différents (même si cela arrive finalement assez souvent). Bravo ! Je file sur l'article suivant
RépondreSupprimerJe crois que les albums existaient déjà un peu avant le journal créé aussi pour stimuler la collecte des "points IMA". En plus des 4 albums (vendu 150 F) : "Les Belles histoires de l'Union française", "L'Ami sur sa péniche", "L'Ami chez les bêtes" (écrit par André Demaison), "L'Ami dans les châteaux", en 1957 sera publié "Iles et côtes de France" écrit par Henry de Monfreid. Merci pour ton commentaire.
RépondreSupprimersouvenirs,souvenirs Je possede les 8 albums complets avec toutes les gravures (publications de 1954 à 1961 ) je peux répondre concernant cette époque PS.je suis né en 1943.
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