Cabu : son premier dessin publié est toujours
méconnu
Cabu, assassiné par des crétins barbares dans les locaux de Charlie-Hebdo il y a juste un an, a voué sa vie au dessin, son mode
d’expression préféré et permanent.
Il a souvent raconté que son premier dessin avait été publié à la suite
d’un concours organisé par l’hebdomadaire catholique Cœurs Vaillants, le journal qui a publié les aventures de Tintin de Hergé. Le premier prix était
un vélo (rouge disent certains) remis par le cardinal Feltin au Vélodrome
d’hiver (le fameux Vel d’Hiv parisien dont on occultait alors le passé tragique,
en particulier grâce à des compétitions sportives). Le jeune Cabu avait pris le
train à Châlons-sur-Marne pour venir chercher son prix. La bicyclette en main,
il a « fait un tour de piste devant des milliers de gamins ».
Si ces
premières informations sont incontestables, ce qui l’est moins, ce sont les
dates du concours, de la publication éventuelle du dessin et de l’âge du jeune
Cabu (né Jean Cabut le 13 janvier 1938).
Les divers médias ont imprudemment avancé les dates 1948 ou 1950 pour
situer ces faits. Or, l’information la plus complète et la plus fiable semble
contenue dans l’interview de Cabu réalisée par l’émission Hors Champs, sur France Culture le 24 juin 2011. L’artiste révèle
que l’objet du concours était un dessin réalisé pour la marque de stylo
Météore. Sur l’affiche réalisée par Cabu, « on voyait un bonhomme qui
avait les pieds sur la table et un gros stylo qui marchait tout seul ». (Cabu
précise en 2012 au journaliste Michel Monsay qu’il s’agit d’ »un élève avec
les pieds sur son bureau et les mains dans les poches qui regardait son stylo
écrire tout seul »). Le texte accompagnant le dessin était : « Le
stylo qui marche tout seul ».
Quand on l’interroge sur la date de la remise du vélo par Mgr Feltin,
Cabu, trahi par sa mémoire, fait un curieux lapsus révélateur en disant : « C’était
en 1952, je suis né en 1938, non, c’était en 1950, j’avais douze ans ». (En fait, c'était bien en 1952 et Cabu avait alors 14 ans).
En réalité, il semble bien que le seul concours organisé par Cœurs Vaillants pour les stylos Météore soit
apparu dans les colonnes du journal dans le numéro 44, à partir du 4 novembre
1951. Des précisions sur le concours (dont le règlement paraît 11 novembre)
sont données dans divers numéros de novembre et de décembre. Les mêmes
informations sont présentes dans les numéros correspondants du magazine féminin
Âmes Vaillantes. Il s’agit de
réaliser une affiche de 30 cm sur 40 en utilisant les quatre couleurs :
noir, rouge, bleu, jaune. Les envois (individuels ou collectifs) doivent être
effectués au plus tard le 31 décembre 1951 à la Société Météore à Nanterre. On
précise que les dessins ne seront pas rendus.
Sous le titre : Au Vel
d’Hiv de Paris, 25 000 garçons et filles se sont écriés : « Nous
ne sommes pas des Cœurs Vaillants de carton », le n° 17 de Cœurs Vaillants du 27 avril 1952 rend
compte d’une manifestation des Cœurs Vaillants qui s’est déroulée le 20 mars
1952 « sous la présidence de Mgr Feltin archévêque de Paris ». (Le compte-rendu ne figure pas dans Âmes Vaillantes) Il n’y a pas un mot sur la remise du vélo. Est-ce
en ce 20 mars 1952 que Cabu, âgé alors de 14 ans, a reçu, son prix ? C’est
probable.
Autre mystère, personne n’a retrouvé la preuve de la publication du
dessin dans aucun des trois journaux Fleurus de l’époque : Cœurs Vaillants, Âmes Vaillantes et Fripounet et Marisette. On n’en trouve
pas trace dans le gros album intitulé Tout
Cabu. Peut-être faut-il fouiller dans les albums et almanachs Fleurus de
l’année 1952.
Merci à ceux qui pourraient fournir de informations plus précises dans
les commentaires ci-dessous. Je compte sur toutes les bonnes volontés et
d’avance, je vous remercie.
Merci à l'auteur du commentaire 1. Grâce à cette personne généreuse, nous savons que pour voir le dessin, il faut consulter sur le Net "La bibliothèque d'Oncle Archibald" et cliquer sur Jean Cabu. Les éditions Fleurus n'ont donc jamais publié ce dessin, contrairement à ce qui est souvent écrit. C'est, comme l'indique le commentateur, la revue Publimondial qui a publié le dessin de "Jean Cabut de Châlons-sur-Marne" et les prix ont bien été remis au Vélodrome d'Hiver à Paris. (A l'époque, Cabu ignorait les faits tragiques qui s'y étaient déroulé.) Le voyage de Cabu, de Châlons-sur-Marne à Paris a été payé par les stylos Météore.
Ce concours a suscité 1800 dessins. Une jeune fille lauréate a également reçu une bicyclette.
Merci à l'auteur du commentaire 1. Grâce à cette personne généreuse, nous savons que pour voir le dessin, il faut consulter sur le Net "La bibliothèque d'Oncle Archibald" et cliquer sur Jean Cabu. Les éditions Fleurus n'ont donc jamais publié ce dessin, contrairement à ce qui est souvent écrit. C'est, comme l'indique le commentateur, la revue Publimondial qui a publié le dessin de "Jean Cabut de Châlons-sur-Marne" et les prix ont bien été remis au Vélodrome d'Hiver à Paris. (A l'époque, Cabu ignorait les faits tragiques qui s'y étaient déroulé.) Le voyage de Cabu, de Châlons-sur-Marne à Paris a été payé par les stylos Météore.
Ce concours a suscité 1800 dessins. Une jeune fille lauréate a également reçu une bicyclette.
Bonjou,
RépondreSupprimerle résultat du concours et le dessin ont été publié dans le magazine des publicitaires "publimondial" (voir site oncle-archibald)mais li y a 2 erreurs: 1 c'était en 1952 (et non en 51) et 2- apparament ce dessin n'a jamais été publié dans la presse(c'est uniquement l'annonce du concours météore que l'on peut lire dans "C.V.)
Très cordialement
AM
Grand merci pour votre précieux commentaire qui éclaircit enfin le mystère. Pour voir le dessin, il faut donc consulter sur le Net "La bibliothèque d'Oncle Archibald" et cliquer à droite sur Jean Cabu. Les éditions Fleurus n'ont donc jamais publié ce dessin, contrairement à ce qui est souvent écrit. C'est, comme vous l'indiquez, la revue Publimondial qui a publié le dessin de "Jean Cabut de Châlons-sur-Marne" et les prix ont bien été remis au Vélodrome d'Hiver à Paris. (A l'époque, Cabu ignorait les faits tragiques qui s'y étaient déroulé.)
RépondreSupprimerEncore merci.
Cabu avait probablement signé "K'Bu" comme les élèves des Arts et Métiers (dont l'une des écoles est à Chalons sur Marne). Son père y était professeur, et ancien élève. Les élèves de cette école ont pour tradition de faire ce raccourci (par exemple le journal de l'école s'appelle le K'nard), et cette habitude a dû venir naturellement à Cabu.
RépondreSupprimer… qui s'y étaient dérouléS.
RépondreSupprimerapparEMMENT
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