Tous à
poil ! Au secours, les censeurs reviennent !
Pauvre
littérature jeunesse toujours sous la surveillance pas toujours
désintéressée des censeurs de tout poil ! Quand on ne l’accuse pas d’être
« une opération de marketing », on va fouiller jusque dans les
bibliographies établies par des familles responsables pour la
disqualifier. Comme si la loi du 16 juillet 1949 (jugée scélérate par feu
Cavanna) et toujours en vigueur ne suffisait pas! Le phénomène est ancien et
reprend des forces à chaque période de récession de l’économie et de régression
des esprits. On croyait passé le temps où Louis Pauwels (l’inventeur d’une
« jeunesse atteinte par le sida mental »), évoquait aussi
« le pourrissement des yeux des enfants » par la bande dessinée.
Cette fois, c’est un politique en mal de reconnaissance qui croit se refaire
une vertu en jouant les vierges effarouchées devant l’album pour enfants :
Tous à poil ! Cachez cette
nudité que nos enfants ne sauraient voir, clame ce Tartuffe menteur (disciple tardif
et attardé des abbés Bethléem et de Parvilliez), prétendant à tort que le livre
est recommandé par l’Éducation nationale. Le livre joyeux, festif et décomplexé
de Claire Franek et Marc Daniau, publié en 2011 au Rouergue (donc sous Sarkozy)
a surtout pour but, à travers des dessins réalistes mais enfantins, de
« dédramatiser la nudité », loin des corps parfaits ou retouchés de
la publicité. Des gens se déshabillent les
uns après les autres pour aller tout simplement et joyeusement se baigner dans
la mer.
Le livre de jeunesse n’a pas à être un cours de
morale et si on voulait à tout prix lui en inventer une, ce serait celle d’ « une
âme saine dans un corps sain ». Pourquoi ne pas faire davantage confiance
à l’intelligence des enfants ?
Tarzan (déjà rhabillé en 1948) Mowgli et Kirikou ont intérêt à bien se tenir ! Faudra-t-il les
toiletter, tout comme les manuels d’Histoire ou de SVT ? Ces réacs qui
sévissent partout nous ramènent au moins 60 ans en arrière. Ce retour à l’ordre
moral n’augure rien de bon dans cette période malsaine et délétère où les
bobards et les rumeurs sont amplifiés par les réseaux sociaux.
Heureusement,
nous en sommes certain, aucun jeune ne se sert d’Internet, aucun n’utilise son
portable ou son smartphone pour échanger des propos, des photos ou des images !
Aucun ne regarde la télé-réalité, ce qui ferait baisser les moyennes scolaires
et, Dieu merci, les enfants restent muets ou n’échangent que des propos
vertueux dans toutes les cours de récréation !
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