mardi 17 février 2015

Collection "Histoires vraies" des Editions Ouvrières et Turbulences

Collection « Histoires vraies » des Éditions Ouvrières et Turbulences

Voici encore un ajout au « Cercle des collections  disparues », pour des petits romans historiques sur les métiers des enfants humbles, à ne pas oublier. 

Les Éditions Turbulences et les Editions Ouvrières, dont le nom n’a jamais sonné aussi juste, fouillent dès 1989 le passé des enfants au travail, avec "Histoires vraies", une collection illustrée créée par Francois-Marie Pons et dirigée par lui et par Évelyne Douailler. Le clair sous-titre de la collection est « métiers d’hier, métiers d’enfants »
Des fictions romanesques, suivies d’un bref dossier documentaire (l’ensemble du volume n’excédant guère 120 pages), racontent les métiers des enfants de la classe ouvrière, au siècle dernier surtout, donc à une époque où les enfants étaient particulièrement exploités et maltraités. Le dossier documentaire comprend au minimum un lexique mais il peut être agrémenté de dessins explicites, comme celui qui développe le métier de charron dans La Roue d’Aventurine.    


Des romanciers au talent éprouvé entraînent le lecteur, par exemple, au cœur d’un atelier de tissage de la soie, dans « une histoire de canuts » contée par Laurie Laufer dans Le Secret du grand frère, tandis que Le Ruban noir de Jean-Luc Defromont évoque, à travers « une histoire de tisserands », les révoltes, les grèves, l’exploitation des plus jeunes. On doit encore à Jean-Luc Defromont Voyage au bout de la Loire. Une histoire de mariniers. (En 1956, Moineau et Marco, 12 ans, embarquent sur les « gabares » de la Loire).
Éric Schings et Christine Zagar entrent dans les Forges d’Adincourt pour conter La Revanche de P’tit Louis. Une histoire de forgerons. Éric Schings, seul, écrira Frères du vent. Une histoire de mousses. Pour rapporter à Julie dont ils sont amoureux une pépite de cuivre du Chili, Jean et Emile s’engagent comme mousses sur un voilier en partance pour l’Amérique du Sud !  




Les récits restituent surtout le labeur et les conditions de vie, souvent difficiles et mal connues. A la ville : chez le libraire grâce à Jacqueline Mirande publiant Le Rêve de Belle Humeur, marchand de livres, chez le cheminot (voyez L’Audace de Nicolas de Gérard-Hubert Richou) ou la couturière, ou à la campagne, chez un berger (Les Moutons d’Armel, berger de Provence de Giorda). L’ensemble est écrit par de bons auteurs de la littérature jeunesse, comme Guy Jimenez, lequel conte « une histoire de charron » dans La Roue d'Aventurine, Gérard-Hubert Richou dont La Pièce montée raconte, on le devine, « une histoire de pâtissier » : le jeune Odilon, sous l’autorité de Maître Marcellin, doit confectionner la pièce montée commandée pour le mariage de mademoiselle Mondibourg. Le même auteur propose encore « une histoire de cheminots » dans L’Audace de Nicolas.


Il faut aussi compter avec les qualités narratives d’Anne-Marie Pol (Papillon de papier Petit rat de l’Opéra), Jacqueline Mirande qui publie encore La Robe de bal. Une petite couturière), Nathalie Azoulay (Les Cordées de Paris. Une histoire de ramoneurs) ou Nicole Vidal  (Fleur d’ajonc. Une histoire de petite bonne : en 1888, la jeune Bretonne Maryvonne accepte d’être la bonne d’une bourgeoise parisienne qui lui fait subir de mauvais traitements). Laurie Laufer (psychanalyste en 2015) publie encore Les Princes du rire. Une histoire de jongleurs et Le Paquet volé. Une histoire de saute-ruisseau.
On pouvait encore découvrir les mineurs dans Léa, le Galibot et les verriers (Les Jumeaux de Carmaux) d’Agnès Naouri, les dentellières grâce à Nathalie Azoulay (Quand la Charlotte s’en mêle), les ardoisiers avec Les Fendeurs de liberté de Pascale Engel.  
Cette collection n’a pas eu le succès qu’elle méritait et elle doit s’arrêter après avoir publié une vingtaine de titres. Elle proposait pourtant en annexe, un lexique et une documentation claire et appropriée.



(Cette présentation de la collection est une version revue et plus longue que celle qui est parue dans Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle, chez L’Harmattan en 2014).  

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