Collection « Histoires
vraies » des Éditions Ouvrières et Turbulences
Voici encore un ajout au
« Cercle des collections
disparues », pour des petits romans historiques sur les métiers des
enfants humbles, à ne pas oublier.
Les Éditions Turbulences et les Editions Ouvrières, dont le nom n’a jamais
sonné aussi juste, fouillent dès 1989 le passé des enfants au travail, avec "Histoires vraies", une collection illustrée créée
par Francois-Marie Pons et dirigée par lui et par Évelyne Douailler. Le clair
sous-titre de la collection est « métiers d’hier, métiers d’enfants »
Des
fictions romanesques, suivies d’un bref dossier documentaire (l’ensemble du
volume n’excédant guère 120 pages), racontent les métiers des enfants de la
classe ouvrière, au siècle dernier surtout, donc à une époque où les enfants étaient
particulièrement exploités et maltraités. Le dossier documentaire comprend au
minimum un lexique mais il peut être agrémenté de dessins explicites, comme
celui qui développe le métier de charron dans La Roue d’Aventurine.
Des
romanciers au talent éprouvé entraînent le lecteur, par exemple, au cœur d’un
atelier de tissage de la soie, dans « une
histoire de canuts » contée par Laurie Laufer dans Le Secret du
grand frère, tandis que Le Ruban noir de Jean-Luc Defromont évoque,
à travers « une histoire de
tisserands », les révoltes, les grèves,
l’exploitation des plus jeunes. On doit encore à Jean-Luc Defromont Voyage au
bout de la Loire. Une histoire de mariniers. (En 1956, Moineau et Marco, 12 ans, embarquent sur les « gabares »
de la Loire).
Éric
Schings et Christine Zagar entrent dans les Forges d’Adincourt pour conter La
Revanche de P’tit Louis. Une histoire de forgerons. Éric Schings, seul,
écrira Frères du vent. Une histoire de mousses. Pour rapporter à Julie
dont ils sont amoureux une pépite de cuivre du Chili, Jean et Emile s’engagent
comme mousses sur un voilier en partance pour l’Amérique du
Sud !
Les
récits restituent surtout le labeur et les conditions de vie, souvent
difficiles et mal connues. A la ville : chez le libraire grâce à Jacqueline
Mirande publiant Le Rêve de Belle Humeur, marchand de livres, chez le cheminot (voyez L’Audace de
Nicolas de
Gérard-Hubert Richou) ou la couturière, ou à la campagne, chez un berger (Les Moutons
d’Armel, berger de Provence de Giorda). L’ensemble est écrit par de bons auteurs de la littérature
jeunesse, comme Guy Jimenez, lequel conte « une histoire de charron » dans La Roue
d'Aventurine, Gérard-Hubert Richou dont La Pièce montée raconte, on
le devine, « une histoire de
pâtissier » : le jeune Odilon, sous l’autorité de Maître Marcellin,
doit confectionner la pièce montée commandée pour le mariage de mademoiselle
Mondibourg. Le même auteur propose encore « une
histoire de cheminots » dans L’Audace
de Nicolas.
Il faut aussi compter avec les qualités
narratives d’Anne-Marie Pol (Papillon de papier Petit rat de l’Opéra), Jacqueline Mirande qui
publie encore La Robe de bal. Une petite couturière), Nathalie Azoulay (Les Cordées
de Paris. Une histoire de ramoneurs) ou Nicole Vidal (Fleur
d’ajonc. Une histoire de petite bonne : en 1888, la jeune Bretonne Maryvonne accepte d’être la bonne d’une
bourgeoise parisienne qui lui fait subir de mauvais traitements). Laurie Laufer (psychanalyste en 2015) publie encore
Les
Princes du rire. Une histoire de jongleurs et Le Paquet volé. Une histoire de
saute-ruisseau.
On
pouvait encore découvrir les mineurs dans Léa, le Galibot et les verriers (Les Jumeaux
de Carmaux)
d’Agnès Naouri, les dentellières grâce à Nathalie Azoulay (Quand la
Charlotte s’en mêle), les ardoisiers avec Les Fendeurs de liberté de Pascale Engel.
Cette
collection n’a pas eu le succès qu’elle méritait et elle doit s’arrêter après
avoir publié une vingtaine de titres. Elle proposait pourtant en annexe, un
lexique et une documentation claire et appropriée.
(Cette présentation de la collection est une version
revue et plus longue que celle qui est parue dans Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle,
chez L’Harmattan en 2014).
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