Gedalge, éditeur de livres pour la jeunesse
III
"Les Loisirs de la jeunesse", la nouvelle collection de Gedalge
Les Éditions Gedalge ont en fait créé deux collections
nommées "Les Loisirs de la
jeunesse". La première a vu le jour avant la guerre en 1938-1939. Les
ouvrages paraissent alors sous une couverture cartonnée au dos toilé bleu et
une vignette en couleurs a été contrecollée sur la couverture., Sont
alors parus, en 1938, Les Martyrs du pôle
de Henry de Graffigny (1863-1934), illustré par André Galland, Erymah de J.H. Rosny, illustré par André
Hofer, Le Prince et le Pauvre de Mark
Twain, Campagnat le mystérieux de
Jacques des Gachons (1868-1945), Mes
années d’enfance et de jeunesse d’Alexandre Dumas, Mes années d’enfance et d‘adolescence de George Sand, La Prodigieuse aventure d’un enfant du
peuple René Caillé (1799-1838) d’Henriette Célarié, Le Singe et le Tortue Contes persans de Marc-Yvon Gaillard (1938),
illustré par André Galland, et Contes et
Légendes de l’Auvergne, de la Marche et du Limousin (1940) de Georges
Nigremont…
Après la guerre, en 1945, la collection
« Les Loisirs de la
jeunesse » reliée adopte le
format 18 cm sur 14. A cette époque paraît le livre d’Henriette Célarié : Récits tragiques et héroïques (1940-1944),
illustré par André Galland dans une collection reliée ornée en couverture d’une
vignette rectangulaire en couleurs et contrecollée. Cette série de livres ne
porte pas officiellement le nom d’une collection mais il pourrait s’agir d’une
variante de la collection « Les Loisirs de la jeunesse ». Les volumes
imprimés sur un papier médiocre ne sont pourvus que de quelques illustrations
pleine page en noir et blanc. Les éditions Gedalge (nommées parfois
« Anciennes éditions Gedalge, A. Wast & Cie), dirigées
depuis la Libération par Antonin Wast (1901-1973), ancien résistant, sont
toujours très fortes pour rééditer leurs anciens ouvrages Par exemple, on voit
reparaître Campagnat le mystérieux de
Jacques des Gachons, Robin des bois de
Dispan de Floran… De Claude Esil, on peut lire Une jeune Français sous la Terreur (1945) et L’Hécatombe à Diane. Noël
Tani (alias Mademoiselle Leroux, auteur bien connu aux éditions Montsouris),
propose Le Dernier des Caraïbes (souvent
réédité) et Marcel Artigues, Le Duel des
frégates (1947), illustré par Lochard. Lily Jean-Javal revient avec Odile et son tuteur et Armand Le
Corbeiller offre la 1ère édition de son Surcouf (Robert Surcouf, 1773-1827).
La nouvelle collection
« Les Loisirs de la jeunesse », celle que l’on connaît le mieux et
qui constitue sans doute la meilleure
collection de la maison Gedalge, est pourvue
d’une jaquette
amovible illustrée et présente en plus d’illustrations en noir et blanc des
hors-texte en couleurs. On y réédite des ouvrages parus avant la guerre et des
nouveautés. L’auteur privilégié est J.H. Rosny Aîné puisque l’on réunit pour un
jeune lectorat la tétralogie des « âges farouches », depuis Le
Trésor lointain jusqu'à Erymah et les récits intitulés, Le Félin
géant et La Guerre du feu, tous deux davantage connus. Il est
certain que les spécialistes de la Préhistoire doivent sourire des
illustrations parfois anachroniques d’André Hofer. On réédite aussi Ambor le
loup et un récit peu connu de Rudyard Kipling et W. Balestier : Le
Naulahka (publié par Ollendorff en 1908), l’histoire d’un
collier de pierres précieuses recherché en Inde par Nicolas Tarvin.
La
réédition en en 1946, illustrée par Félix Jobbé-Duval du roman de Noël Tani,
Le Dernier des Caraïbes bénéficie de superbes hors-texte en couleurs. C’est
l’histoire étrange d’un jeune homme d’origine caraïbe, élevé par une famille
française, reconnu comme prince par les siens et chargé de reconquérir les îles
des Caraïbes. Bonnets blancs et blancs bonnets de Lily Jean-Javal est
aussi publié en 1946 et Maggie Salcedo illustre plus tard La Revanche
de Sybil.
Raylambert (1889-1967) dessine avec tact et tendresse les enfants défavorisés,
évoqués dans Peau-de-pêche par
Gabriel Maurière (Henri Legrand, 1873-1930). Cette histoire d’un enfant des
quartiers misérables de Paris qui reprend goût à la vie dans le village de
Charmont, près de Troyes, déjà écrite en 1918 et chez Gedalge dès 1927, méritait
d’être rééditée. Le livre de Gabriel Maurière réédité dans les différentes
collections de la maison constitue l’un des plus grands succès de
l’éditeur : 200 000 exemplaires vendus en 1956. Le récit
maritime de Marcel Artigues, Le Duel des
frégates, bénéficie d’une nouvelle édition, cette fois luxueuse et pourvue
de hors-texte en couleur de Gustave Gerno. La réédition en 1947 du récit de
Henry de Graffigny (alias Raoul Marquis, 1863-1942) : Les Martyrs des pôles, illustré par André Galland, ne doit pas
cacher que l’auteur, vulgarisateur scientifique de renom, était en vogue en
1910, quand il publiait Le Tour de
France en aéroplane. Du même auteur, on publie aussi Voyage de
cinq Américains dans les planètes. Henriette Célarié, racontant René Caillé dans La
Prodigieuse aventure d’un enfant du peuple, en 1949, bénéficie des
hors-texte aux couleurs vives et contrastées de Félix Jobbé-Duval. Louis Dispan
de Floran conte une fois de plus sa version de Robin des bois et autres chroniques du
cycle breton
(1950) dans un style savoureux et plein d’humour. Le Duel des frégates de Marcel Artigues bénéficie de deux éditions,
l’une populaire et l’autre avec hors-texte. Des textes ont vieilli, tels Les Martyrs des pôles de Henry de
Graffigny, Le Roi de Rome de Thérèse Lenôtre (édité cette fois avec de jolis hors-texte en
couleurs de Maggie Salgado) ou Les Désirs de Riquette d’Henry Champly (1894-1967).
En
plus de son Surcouf, Armand Le
Corbeiller propose sa version de Cartouche
et Max Ferré s’infiltre dans la collection avec Alain Gerbault navigateur solitaire. Après l’ajout d’auteurs
« classiques » : Mark Twain (Le Prince et le Pauvre), Grimm (Blanche-Neige), Alexandre Dumas (La Tulipe
noire), Andersen
(Rien
qu’un violoneux, illustré en 1951 par Icare Marchegay), Prosper Mérimée (Colomba), la collection prospère
dans les années 50.
Parmi les nouveautés, on
distingue Légendes de la mer (1954), de Jean Neuville, illustré par André Hofer, Le Cabaret
des bons enfants (1955) de René-Paul Groffe, L’Oncle Amiral. Contes chinois de Lucie Paul Margueritte,
illustré par Icare Marchegay, Le Maître des diligences de Claude Esil, la
biographie de Vincent Caillard, « l’ami de la route », Rosario
Montès
(1947) de Pierre Sinmare, un récit ancré au Mexique sous le règne de l’empereur
Maximilien.
Relevons encore Le
Merveilleux destin de quatre fillettes (il s’agit de l’enfance de quatre filles nobles et
privilégiées) d’Huberte Hébert, Ha-Ouf fils de lions de Denise Adhémar, Chevaliers de
légendes de
Dominique Paladhile, Les Quatre Fan’Foudys d’Eugène David-Bernard, La Tour de
Jaman de
Renée Tramond, Les Évasions historiques d’Henri Iselin auteur et
illustrateur, Seul sur la route (1951) d’E. Coste qui raconte la fuite d’une
famille française face à l’invasion allemande en juin 1940.
Nous reviendrons sur deux
titres essentiels de la collection : Peau-de-pêche de Gabriel Maurière, une
fois de plus réédité mais avec une très belle couverture et des hors-texte de
Raylambert et Les Voyageurs de l’espérance, création originale en 1953
de Georges Duhamel, sous-titrée Récit de l’âge atomique, une
anticipation plutôt noire illustrée par Jacques Roubille.
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