dimanche 22 mars 2015

"Les Maîtres de l'Aventure" et le genre policier, chez Rageot (2)

« Les Maîtres de l’Aventure », chez Rageot et le genre policier

Dans la collection « Les Maîtres de l’Aventure » édite par Rageot dès 1982, Boileau et Narcejac prolongent les enquêtes du jeune Sans Atout, alias François Robion, nées dans la collection « Jeunesse poche » avec trois épisodes parus.
En 1984, paraît Dans la gueule du loup, illustré par Daniel Ceppi. En Auvergne, entre Cantal et Lozère, dans les souterrains qui s’enfoncent au cœur du massif, on croit déceler une menace semblable à celle de la légendaire Bête du Gévaudan. Sans Atout et son ami Paul, tombent dans un tel piège qu’ils ne peuvent rien raconter « ni à la police, ni aux journaux, ni même à [leurs] parents ». En fait, l’affaire cache un réel trafic de voitures.


Une étrange disparition constitue un véritable casse-tête pour Sans Atout. Il est sûr d’avoir vu un cadavre chez son amie Sylviane. Or, ce cadavre a disparu et le mort présumé téléphone le lendemain de Londres... Sans Atout a-t-il eu raison d’accompagner son père Maître Robion dans cette petite station thermale où risque de s’exercer La Vengeance de la mouche ?
L’intrigue de L’Invisible agresseur (1984) se situe au cœur de l’île d’Oléron, dans un château transformé en hôtel. Quelques années plus tôt, un vieux châtelain a été tué par un criminel qui semble avoir joué au passe-muraille. Sans Atout aura bien besoin de son père pour clarifier tant de mystères.
Sans Atout préfère participer à la mise en place d’un plan ORSEC plutôt que de réviser ses leçons quand Un cadavre fait le mort (1987). Un vrai cadavre, puis deux, puis trois sèment la panique dans le village de Saint-Vincent-la-Rivière. Des messages menaçants sont signés Le Hibou. S’agit-il d’un complice de l’assassin ou d’une fausse piste ? En fait, une sombre histoire d’héritage est à l’origine des meurtres. Plus simplement, M. Lagabrielle imagine dans Les Deux vies de Jérémie (1985) une intrigue qui n’est pas vraiment nouvelle puisque le malheureux garçon Jérémie est enlevé à la sortie de l’école et il est contraint de partager l’existence de son kidnappeur. Avec Un cri dans les roseaux, l’Allemand Jo Pestum conçoit une enquête difficile pour le commissaire Lucas qui vient pourtant de prendre sa retraite. Dans le village de son enfance, un mystère troublant inquiète les habitants et oblige Lucas à se remettre à l’ouvrage. 
On a  traduit de l’américain plusieurs ouvrages de Jay Bennett. Dans Allo ! ici le tueur (Say Hello to the Hit man) (1986), une voix inconnue menace de mort un étudiant tranquille, Fred Morgan. Qui peut vouloir transformer ainsi sa vie en cauchemar ? Est-il une victime choisie au hasard ou Fred est-il l’enjeu d’un terrible complot ? Crime posthume (The long Black Coat datant de 1973), traduit en 1989 par Caroline Westberg, évoque deux frères. Vinnie Brant, l’aîné, est mort pendant la guerre au Vietnam. Phil, son cadet, songe souvent à lui car il l’adorait. Or, deux individus qui se prétendent des amis de Vinnie, s’introduisent dans la vie de Phil qui va bientôt se rendre compte qu’il est loin de tout savoir sur l’existence de son frère.
 Bernard Barokas sonde un Mystère dans la vallée des rois (1983) quand un trésor archéologique récemment découvert en Égypte suscite les convoitises et les intrigues que le jeune journaliste Romain Caire va tenter d’éclaircir.
Sylvie Corgiat est coauteur avec Bruno Lecigne, du récit policier Une ombre en cavale (1988). Quand il se réveille dans un train, Léo Météni ne sait plus qui il est ni où il va. Il retrouve son identité grâce à son portefeuille. En outre, une coupure de journal assure qu’il est un truand et un meurtrier évadé ! Le malfaiteur amnésique se retrouve embarqué dans un cambriolage alors qu’il semble avoir tout oublié de son « métier ». Serait-il quelqu’un d’autre puisqu’il ne connaît rien aux coffres-forts ? (Le roman sera réédité dans la collection « Cascade Policier » en 2003).


L’éditeur classe encore parmi les récits policiers, Rendez-vous à Hong-Kong (une cargaison d’uranium a disparu en Mer de Chine) d’Huguette Pérol, Eté brûlant à Mexico de Paul Thiès et Le Voleur du Tokaïdo de Katherine Paterson. On y traduit aussi Harlem Blues (1992) de Walter Dean Myers, un récit sans concession traduit par Caroline Westberg. Deux adolescents, Didi et Motown, tentent avec courage d’améliorer leur condition sociale, dans le ghetto noir de Harlem où sévit la drogue et où les trafiquants font la loi. Une jeune fille qui ne supporte plus que son frère devienne toxicomane veut faire la guerre aux dealers mais elle est très vite menacée par le « fournisseur » de son frère... 
Choisissons plutôt de nous attarder sur Jean-Paul Nozière qui publie d’abord chez Rageot, Dossier top secret (1988). Autour d’une centrale atomique se produisent des enlèvements inexpliqués. Dans l’espoir de retrouver son amie Jessica, Arnaud enquête et découvre bientôt une histoire d’espionnage si redoutable que personne n’ose parler. 
Le récit de Jean-Paul Nozière,  Souviens-toi de Titus (1989), est récompensé par le Prix Polar jeunesse et le Prix Gavroche. Dans une petite ville banale de Bourgogne où rien ne se passe d’habitude, des notables sont assassinés et l’auteur des crimes signe ses forfaits de citations littéraires. Le lycée semble au cœur de l’affaire et un certain Titus fait resurgir un passé qui empoisonne l’atmosphère …

Jean Alessandrini et Le Capitaine Nox, justicier nocturne

Jean Alessandrini inaugure les enquêtes du capitaine Nox avec Le Détective de minuit dans la collection dénommée cette fois « Les Maîtres de l'aventure Policier»). Le rubis fabuleux « L’Œil de Mars », extraordinaire cristal rouge que l’on dit venu de l’Espace, a de quoi susciter les convoitises. Or, l’organisation terroriste, le Couloir 38, a trouvé peut-être le moyen de compromettre l’ordre mondial par sa capture, doublée de l’enlèvement du Président de la République. Le Capitaine Nox (Harmmakis Nox !), puits de sciences et justicier de la nuit qui doit autant à Sherlock Holmes qu’à Fantômas, pourra-t-il dénouer un puissant réseau d’intrigues ?
Toujours dans la même collection, on retrouve le Capitaine Nox au cœur de La Malédiction de Chéops (1989). Peut-il y avoir une relation entre le mystérieux message hiéroglyphique, trouvé en 1996 au cœur de la grande pyramide égyptienne de Chéops et la série de meurtres extravagants commis dans la ville de Paris ? Qui est l’assassin ? Comment et pourquoi agit-il ainsi ? Quand le Capitaine Nox se décidera-t-il à résoudre de multiples énigmes, manifestant enfin ses qualités de détective hors pair ?


(Version revue, parfois écourtée, du texte paru dans Histoire du polar jeunesse Romans et bandes dessinées L’Harmattan, 2011.

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