Gedalge et Les Voyageurs de « L’Espérance ».
Récit de l’Age atomique de Georges
Duhamel
C’est chez Gedalge que paraît en 1953 la 1ère
édition du récit Les Voyageurs de
« L’Espérance » de Georges Duhamel (Paris, 30 juin 1884
-Valmondois, 13 avril 1966). Médecin épris de littérature, romancier, académicien et
chroniqueur interrogeant la modernité, Georges Duhamel avait publié chez
l’éditeur Paul Hartmann Les Jumeaux de
Vallangoujard (1931), un récit
d’anticipation fondé sur la gémellité.
L’ouvrage posait la question de savoir si les
jumeaux Zani et Zano, élevés selon les principes de la science appliqués par le
professeur Pipe, allaient échapper au modèle standard prôné par cet utopiste du
bonheur imposé, au risque d’abandonner leur identité. D’ailleurs, l’ouvrage est
réédité chez Gedalge dans les cartonnages utilisés souvent comme livres de
prix.
Dans son nouveau
livre Les Voyageurs de
« L’Espérance », sous-titré
Récit de l’Age atomique, composé spécialement
pour la jeunesse et publié une première fois en 1953, Georges Duhamel a imaginé
l’effroyable catastrophe déterminée par l'éclatement de tout un arsenal
atomique, plusieurs bombes ayant explosé simultanément.
Cette catastrophe
dont les effets n’ont pas été calculés et maîtrisés (on le devine plus aisément
aujourd’hui et on le découvre surtout dans la dernière partie du roman) a des
répercussions profondes et irrémédiables sur l’aspect du monde terrestre. Elle
surprend la famille bourgeoise, cultivée et aisée des Fromond qui vivent dans
un clan constitué de 5 adultes et de 5 enfants, ayant à leur service le
jardinier Grégoire et son épouse Gervaise. A la fin d’un déjeuner, ses membres
perçoivent des grondements bizarres dans les entrailles de la terre. Radio et
téléphone ne fonctionnent plus et la route est coupée.
Toute la famille
Fromond qui se disposait à partir pour une croisière de vacances décide
d’utiliser le bateau L’Espérance, à
la fois à voile et à moteur, pour fuir cette terre où le niveau de l’eau
commence à s’élever. Grands-parents, enfants, petits enfants et serviteurs (et
même le chien Dick et le chat Kyoko) s'embarquent à temps sur le bateau
familial. Les provisions, l’eau potable et Ils savent seulement que l’on devait
expérimenter la bombe Z dans les déserts du Nolaska et pensent trouver leur
salut sur les flots.
Partis vers
l’inconnu puisqu’il n’y a plus de repère, ils vont errer, pendant des jours et
des jours, sur les mers, bouleversées comme tout le reste de la planète. Ils croisent
un iceberg et des ours blancs, une multitude de poissons morts, des cachalots
et un monstre marin, des victimes noyées, des épaves et même des villes
englouties …
Ayant échappé à maints périls, ils finissent
par arriver un jour, comme jadis Noé, sur une île sans plage formée par le
sommet d'une montagne et qu’ils nomment Alicia. Ils vivent ainsi dans
Fromondville, en s'efforçant de reconstruire une sorte de civilisation. Ils
aménageant une baraque, un jardin, un parc pour les trois chèvres et les quatre
chevreaux capturés. Le vieux Guillaume Fromond, savant et célibataire, décède
dans l’île où il est enterré. Un avion de passage largue un paquet content une
brochure les informant du malheur universel et le pitoyable état du monde après
la catastrophe. Plutôt que de quitter l’île, les Fromond préfèrent rester sur
leur île où ils pensent demeurer les maîtres de leur destinée.
Ce roman écrit par un académicien qui ne peut s’empêcher d’étaler sa
culture à longueurs de pages
(l’étymologie du mot brouette n’a rien à faire ici) est d’une lecture
parfois agaçante et les trop nombreuses digressions cassent le rythme du récit.
On sait combien Georges Duhamel était en fait un homme du passé (ne
décrivait-il pas le cinéma comme « un
divertissement d'ilotes, un passe-temps d'illettrés, de créatures misérables,
ahuries par leur besogne et leurs soucis » ?) mais sa dénonciation du
péril nucléaire reste légitime.
Alors que Pierre
Versins, dit dans son Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires
et de la science fiction dit que c’est un « rare exemple d’anticipation pessimiste pour
enfants », Georges Duhamel assurait qu’il voulait surtout « présenter à des êtres jeunes les problèmes du temps ». Or, la lecture du roman au XXIe
siècle risque de faire apparaître un style bien désuet.
Les éditions Gedalge ont proposé plusieurs éditions du récit. Il y eut
d’abord en 1953 l’ouvrage de la collection « Les Loisirs de la
jeunesse ». La reliure souple est munie d’une jaquette mobile en couleurs
et l’intérieur du livre est agrémenté à la fois d’illustrations en noir et
blanc, d’un frontispice en couleurs et de 5 hors-texte en couleurs, l’artiste
Jacques Roubille s’étant chargé de toutes les illustrations.
En 1958, dans la collection « Aurore » paraît ce même récit
mais sous le titre Les Rescapés de
« L’Espérance » Récit de l’Age atomique, illustré par Michel
Dahin.
C’est en 1959 que paraît le cartonnage grand format (33 cm sur 26) sous
le titre Les Voyageurs de L’Espérance,
avec la fameuse couverture rouge et or, le 1er plat étant orné d’une
illustration contrecollée tandis que l ’intérieur du livre reprend les
illustrations et hors-texte de Jacques Roubille.
La collection « La Comète » adopte en 1960 les illustrations
monochromes de Maurice Raffray pour cette nouvelle édition qui adoptera en
couverture au moins deux versions des motifs décoratifs propres à la
collection. En 1963, le bleu foncé, le bleu clair et l’orange se substituent au
vert foncé, au vert clair et au jaune de l’édition de 1960.
Il existe d’autres tirages des diverses collections.
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