Les Editions
Gedalge et Peau-de-Pêche de Gabriel
Maurière (Henri Legrand, 1873-1930) (5)
Pendant la Première Guerre Mondiale, un petit Parisien de neuf à dix
ans, prénommé Charles ou plutôt Charlot, est confié à une prétendue
« tante » malhonnête et brutale qui le pousse à mendier à la porte
des églises pour qu’elle nourrisse ses quatre « mioches ». Un jour,
une jeune mariée qui vient de lui donner une pièce d’argent perd par terre son
porte-billets. L’enfant court, remet l’objet perdu à la dame et s’enfuit. Il
remet sa pièce de vingt sous à sa tante, furieuse quand il lui raconte sa bonne
action.
Charles revoit pourtant la bonne dame Madame Desflouves qui l’invite
chez elle. Quand il apprend que sa tante est aussi allée chez elle, qu’elle a
reçu vingt francs et lui a pourtant volé une montre, Charles s’enfuit et il est
renversé par un autobus. Hospitalisé et rétabli, le petit Dupré ne retournera
pas dans son faubourg miséreux.
Il apprend qu’il va partir à la campagne, dans le village de
Charmont-sous-Barbuise, dans l’Aube, « à seize kilomètres de
Troyes », chez des oncle et tante, de braves paysans qui vont le traiter
comme leur propre fils. D’ailleurs, ils ont déjà un fils, Albert, parti pour la
guerre dans les tranchées de Champagne et une fille, Lucie, qui ne manque pas
de taquiner Charles.
Alors qu’il est bien vite émerveillé par les beautés de la campagne et
surtout par les animaux de la ferme, en particulier le chien Tom aussitôt
devenu son ami, l’âne et le cheval Pierrot, Charles doit s’adapter à sa
nouvelle école très différente de celle de la rue Vitruve à Paris. Très vite,
on le surnomme Peau-de-Pêche à cause de son teint pâle et délicat et de ses
joues roses, ce qui n’offusque guère.
Petit à petit, il découvre et apprécie la vie de la ferme et la
vie saine de la campagne. Quand ses compagnons de classe le sortent d’un
bourbier où il risquait de se noyer, il s’en fait enfin des amis mais celui qui lui est le plus cher,
c’est le grand Alexis, surnommé La Ficelle. C’est lui qui l’initie à la vie sylvestre,
à la pêche dans la Barbuise et même à la chasse. Sa scola rité terminée, au
lieu de poursuivre ses études, Peau-de-Pêche choisit la terre, à la grande
satisfaction de son oncle.
Mais la guerre vient brutalement frapper la famille d’accueil. Albert
est gravement blessé. La tante et Charles se rendent à Châlons puis à Pogny où
la guerre fait rage. Ils y découvrent qu’Albert est décédé et enterré et les
parents désespérés vont reporter leur affection sur l’enfant adopté, âgé de 13
ans et demi lors de l’armistice de 1918.
Bien plus tard, Charles aura l’occasion de revoir à Paris Madame
Desflouves, toujours désintéressée et protectrice, laquelle va jouer un rôle
déterminant dans sa vie sentimentale et son avenir puisque c’est grâce à elle
qu’il conservera l’amitié d’Alexis et épousera Lucie.
Le roman Peau-de-Pêche, constitué
de cinq parties, publié d’abord en 1927, puis en 1929 dans sa version
définitive, va connaître de très nombreuses éditions chez Gedalge. On le
rencontre d’abord dans la collection « Aurore » où il est encore
présent dans une version reliée en 1956, à l’époque où l’éditeur a déjà vendu
200 000 exemplaires du récit.
Il adopte
d’autant plus vite la forme d’un roman scolaire que Gabriel Maurière, d’abord
instituteur, puis professeur, devient inspecteur de l’Enseignement primaire. Le
récit prend donc la forme d’un
« Livre de lecture courante » pour le Cours moyen et supérieur. En
1930, il est illustré par Edmond Rocher et des notes en bas de pages
explicitent de nombreux termes ou expressions.
Le roman fait aussi partie des fameux livres de prix à couvertures
rouges et des principales collections des éditions Gedalge. Après la
Libération, en 1946, paraît sa deuxième édition illustrée par Raylambert. La
solide reliure carmin, couverte d’une jaquette mobile illustrée en couleurs,
cache un mauvais papier mais 4 hors-texte agrémentent cette édition. La 3e
édition paraît en 1957 dans la collection « Les Loisirs de la
jeunesse », avec un papier de qualité qui met en valeur les anciennes
illustrations en noir et blanc de Raylambert ainsi que le frontispice et les
hors-texte, cette fois au nombre de cinq.
La dernière édition de la maison Gedalge, paraît dans la collection
« Comète » en 1960, avec des illustrations monochromes peu
attrayantes de Anne Castille.
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