Marijac, auteur de BD et éditeur de journaux
Après avoir créé pendant la
guerre son petit journal artisanal Le Corbeau déchaîné, Marijac, dans
une France encore en guerre, édite son Coq Hardi, journal résistant à
Clermont-Ferrand (republiant Les Trois Mousquetaires du maquis de Marijac, ridiculisant déjà
l’occupant dans Le Corbeau déchaîné) pour 10 numéros. Ce journal si
typiquement français deviendra le creuset d'une nouvelle école de bande
dessinée, trop souvent occultée par la bande dessinée belge.
Ce n’est qu’en avril 1946
que Coq Hardi reparaît jusqu’en mai 1955. (Il est suivi par Coq Hardi Je serai jusqu’en février (et
le mensuel Cocorico pour 4 numéros en
1957). Marijac rappelons-le, exerce les fonctions de dessinateur, scénariste,
rédacteur en chef, adaptateur, éditeur, voire maquettiste...
Marijac lance Baby Journal qui publie Calvo, Mat, Trubert, Alain Saint-Ogan (26
numéros d’avril 1948 à avril 1949) puis Cricri
(1949) qui prend la succession jusqu’en février 1950. On y retrouve Calvo (Cricri souris d’appartement), Trubert (Le Chevalier Printemps), Alain
Saint-Ogan (Nizette et Jobinet), Mat,
plus Claude Marin et Marijac (Costo chien
policier).
Ces auteurs se retrouvent dans Les Belles images de Pierrot que les
éditions de Montsouris (1952-1955) confient à Marijac pour qu’il relance la
publication.
En 1953, déçu par les éditions
Montsouris, Marijac abandonne Pierrot
et Coq Hardi dont il cesse d’être le
directeur et crée les éditions de
Chateaudun.
Il lance le magazine Mireille, pour jeunes filles, bimensuel,
puis hebdomadaire et enfin, mensuel, existe du le 1er avril 1953
jusqu’en septembre 1964, en changeant à la fois de contenu et de propriétaire.
On remarque surtout L’Orpheline du cirque,
d’abord dessinée par Pierre Leguen, puis par Christian Mathelot. Étienne Le
Rallic dessine Moustique, Dut (alias Pierre
Duteurtre), La Fille de Buffalo Bill et
Jean-Claude Forest (1930-1998), Princesse
étoile. Tandis que Noël Gloesner (1917-1995) propose Mademoiselle Demi-Solde, Christian Mathelot (1923-2013) imagine Miss Cambouis.
En 1957, le magazine Mireille est repris en association avec
Del Duca qui évince Marijac de l’équipe et impose alors des séries italiennes,
généralement médiocres, Marijac vend alors le titre aux Éditions Mondiales.
Marijac a aussi été directeur-rédacteur en chef sous
son nom de Jacques Dumas du magazine Nano et Nanette en 1955, un journal
pour les petits pour lequel il avait su tirer parti des talents de
Edmond-François Calvo, Erik (René Jolly), Noël Gloesner et Étienne Le Rallic, qui
y dessinaient pour les plus jeunes.
Il faut encore citer parmi les créations de Marijac les parutions
suivantes : Une sélection d’histoires du Far-West (1955) Far-West Aventures (1957), Frimousse
(1959), Princesse et Bout d’chou (1966).
Marijac recycle volontiers ses propres
bandes dessinées qu’il republie dans ses nouvelles publications. Il utilise
encore ce procédé dans Allez France
(1968), journal (faussement) sportif
destiné à la jeunesse et qui n’aura le temps de ne publier que 3 numéros, avec
Roger Couderc (nommé rédacteur en chef) et Michel Drucker (tous deux virés
de la télévision après mai 68) !
Marijac, directeur de la publication
occupe l’essentiel des pages grâce à 4 bandes dessinées dont il est le
scénariste : Une fille sur les
planches (dessins de Gaty), L’Étroit
Mousquetaire (dessins de Jen Trubert), Allez
Ramuntcho (dessins de Noël Gloesner) et Les
Invincibles de l’Ouest (dessins de Duteurtre).
Beaucoup plus tardivement Marijac lance encore les
magazines Mam’zelle et Jeunes Frimousses mais c’est un échec dû
au fait que ces journaux na correspondent plus au goût du jour.
En 1979, Marijac reçoit le Grand Prix de la bande
dessinée d’Angoulême, une reconnaissance tardive mais amplement justifiée.
Si la production de Marijac en tant que
dessinateur, scénariste ou dessinateur scénariste est immense, on peut
regretter que peu d’albums restituent son œuvre multiple. Heureusement que
Jacques Glénat a réédité plusieurs albums mémorables.
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