jeudi 18 mars 2010

Maison de la Bonne Presse et Bayard Presse : la presse juvénile VI



De la Maison de la Bonne Presse à Bayard Presse
De L’Echo du « Noël » (1906) à J’aime la B.D. (2004)
Un siècle de presse juvénile catholique


VI A l’aube du nouveau siècle, un puissant groupe de presse

Juste avant la fin du millénaire, par rapport aux groupes de presse Fleurus et Milan, Bayard-Presse est le plus complet pour les jeunes de 1 à 15 ans. Les magazines déjà créés gardent une présentation aisément identifiable et un contenu assez riche pour fidéliser une clientèle exigeante et avertie. Pomme d’Api continue de favoriser l’imagination des 3-7 ans, séduits aussi par « le plaisir des histoires et la magie des images » de la riche et passionnante collection : le magazine Les Belles histoires qui a souvent bénéficié du talent des meilleurs illustrateurs de notre époque. J’aime lire, magazine de lecture né en 1977, très traduit en Europe, séduit toujours autant de lecteurs de 6 à 10 ans, est doit une part de son succès à sa bande dessinée vedette : Tom-Tom et Nana, bien connue désormais des jeunes téléspectateurs. En 1993, Bayard-Presse lance Mes premiers j’aime lire pour les plus de 6 ans. Le mensuel sera accompagné d’une cassette audio dès septembre 2002. Le bimensuel Astrapi (1978), plus éclectique, est suivi par autant de lecteurs que J’aime lire.
Chez les 10-15 ans, Okapi, privé de son mémorable « Univers » thématique, est devenu un magazine juvénile plus convivial et généraliste. En fait, cette formule s’adapte à l’évolution d’un lectorat amateur de textes plus courts.

La revue Je bouquine, ouverte aux principaux auteurs et illustrateurs contemporains, reste fidèle à elle-même bien qu’elle modifie son format et diminue son prix avant d’atteindre le numéro 200, en automne 2000 (et son numéro 3000 en 2009). Ecourtant le roman essentiel, elle s’offre le luxe d’ajouter une histoire plus brève en fin de numéro. Phosphore, sans réelle concurrence, séduit encore bon nombre de lycéens et s’attire bien plus de lecteurs que le mensuel Filotéo, (remplaçant en 2005, Grain de soleil), aux buts catéchistiques aussi avoués que ceux de Pomme d’Api Soleil et Mon journal arc-en-ciel, chez Fleurus, ou Terres lointaines chez Edifa, avant d’être repris par les Œuvres Pontificales Missionnaires.
Le mensuel Images Doc, né en 1989, plaît autant aux élèves de cours moyen qu’à ceux des 6e-5e, tant sa présentation et sa mise en pages sont astucieuses, colorées, diverses. Agrémenté de photographies superbes, il se destinait d’abord aux « chasseurs d’images » de 9 à 14 ans. Il faut encore ajouter les renaissances successives de I love English junior, d’abord avec sa cassette audio en 1996, remplacée par des CD audio en 2002 alors que le lectorat visé devient celui des « CM1-CM2-6e ». La revue mensuelle de lecture, Maximum, née en 1998 et développant des récits fantastiques, a d’abord adopté une présentation inutilement criarde et kitsch... Le retour à des notions esthétiques plus conviviales ne la sauve pas : D lire, magazine de lecture de meilleur aloi la remplace en présentant toujours un roman illustré, avec des thèmes, dans les récits, plus variés et plus ouverts. Dans le cahier BD sont introduites des bandes d’Emmanuel Guibert et J. Sfar (Sardine de l’espace), ou de Corbeyran (Zélie et compagnie).

D’année en année, les groupes de presse couvrant toute la gamme des âges, des tout-petits jusqu’à la fin de l’adolescence, renforcent leur position. Il serait pourtant naïf et réducteur de croire que c’est la raison essentielle de leur succès. En fait, les groupes Bayard-Presse, Fleurus et Milan laissent s’estomper peu à peu leurs différences idéologiques. Ce qu’ils ont davantage en commun, c’est une volonté explicitement éducative. S’ils s’attirent les suffrages des parents, principaux acheteurs de leurs journaux, c’est parce que la richesse et la variété de leur contenu vont de pair avec le constant souci du dialogue établi entre les jeunes lecteurs et les adultes généralement au courant du type de lecture proposé. En outre, Bayard-Presse édite aussi la Revue des scouts de France.
Pour étendre encore davantage la gamme des âges, alors que Tralalire (2000) avait été lancé pour les 4-7 ans, en 2004, Bayard Presse lance Muze, un magazine féminin de lecture, ambitieux et très culturel, tiré à 80 000 exemplaires tandis que les grands adolescents liront plutôt le magazine Euréka, une création de 2005. J’aime la BD, créé la même année, en dépit du succès du genre, ne tiendra que le temps de 9 numéros mais la bande dessinée essaime toujours dans plusieurs magazines du groupe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire