mardi 15 août 2017

1957 : Trois collections actives : "Marabout Junior", "Marabout Mademoiselle" et "Les Sentiers de l'aube"

1957 « Marabout junior » et « Les Sentiers de l’aube »

On ignore souvent les premières collections de poche pour la jeunesse, créées en Belgique par les éditions Gérard qui lancent "Marabout Junior" et la série "Marabout Mademoiselle", des collections pourtant encore très présentes dans les mémoires populaires.
En mai 1953, sous l’impulsion d’André Gérard et de Jean-Jacques Schellens, les Éditions Gérard installées à Verviers créent "Marabout Junior", « la collection jeune pour tous les âges » peu coûteuse, d’abord bimensuelle puis hebdomadaire. Son objectif est de présenter « de façon moderne et pour un prix imbattable, une sélection de récits complets de palpitantes aventures à travers la vie, l’Histoire, l’univers, les techniques d’aujourd’hui et de demain ». On peut la considérer comme la  première collection de poche pour la jeunesse. Presque toutes les couvertures que l’on dit « chatoyantes » et « en plastprint lavable » (sic) sont illustrées par Pierre Joubert, secondé parfois par Henri Lievens, Dino Attanasio ou Édouard Aidans. L’éditeur belge André Gérard ne craint ni d’abréger les versions adultes des ouvrages, ni d’allier fiction et données documentaires. Chaque récit est suivi d’un dossier à fort contenu éducatif, intitulé « Marabout chercheur ». 


La collection « Marabout Junior » doit son succès à l’omniprésent romancier belge Henri Vernes, né en 1918, la « locomotive » de la collection, qui dès le n°16, en décembre 1953, fait paraître  le premier récit de la fameuse série Bob Morane. 80 volumes paraissent de 1953 à 1967. Après Le Masque de jade, publié en 1956, Henri vernes offre cinq récits en 1957 : Les Chasseurs de dinosaures, Echec à la main noire, Les Démons des cataractes, La Fleur du sommeil et L’Idole verte. En outre, dans la « Bibliothèque de la Jeunesse », chez Hachette, paraissent deux épisodes des aventures de Luc Dassaut : Base clandestine et Les Rescapés de l’Eldorado (Quatre voyageurs : un journaliste, un savant et deux ingénieurs partis en avion, après un atterrissage forcé,  sont poursuivis dans la forêt vierge par des Indiens Motilones, en Amérique du Sud…).


Les événements de 1956 accentuent l’intérêt pour  récit Suez de Michel Duino (alias Luc Dasseville, 1920-2004, qui signe aussi Gisèle Collignon dans "Marabout Mademoiselle"). L’ouvrage qui fait l’historique du canal conte surtout l’aventure épique de Ferdinand de Lesseps. On notera la présence de biographiques, hagiographiques ou légendaires qui ont la faveur de la collection : Baden-Powell de Robert Bastin (alors que le scoutisme connaît un fort développement), Cambronne le balafré de Michel Mélic, Surcouf, l’insaisisssable de l’omniprésent Michel Duino...
Les Éditions Gérard attendent deux ans pour ajouter en 1955 à la collection masculine "Marabout Junior", la série "Marabout Mademoiselle" dont l'ambition affichée est d'offrir aux lectrices « avec optimisme et sensibilité, une magnifique sélection de romans, documentaires vécus et biographies, présentés d'une façon moderne et pour un prix imbattable ».
Une série valorisant des filles modernes démarre très vite, Sylvie de René Philippe qui Philippe va alimenter la série  d’un bon nombre de volumes (Sylvie se marie, Sylvie à Hong-Kong, Sylvie et les Espagnols en 1957).  Helen D. Boylston, avec sa série Susan Barton propose des « career-books », autrement dit quelques romans des professions, l’un d’eux, en 1957, mettant en valeur celui d’Infirmière à la montagne. René Les films de Sissi avec Romy Schneider assurent le succès en 1957 de Jolie Sissi de Claude Meillan et Gisèle Collignon (alias Michel Duino) se met dans la peau de Moi, Clotilde au temps de Clovis.

La décennie des années 50 paraît faste pour les filles. On a enfin davantage pensé à elles comme en témoignent, dans le domaine romanesque, les collections "Bibliothèque de Suzette", "Monique", "Les Sentiers de l'aube", "Marabout Mademoiselle" … Il faut aussi compter avec des romancières qui, comme Jany Saint-Marcoux, dans la "Souveraine", écrivent surtout pour elles.




En 1954, on a assisté à la naissance, chez Plon, de la collection pour filles, "Les Sentiers de l’aube", une « bibliothèque de la jeunesse » proche du poche, dirigée par Marianne Monestier (1908-1981), Les couvertures sont souvent illustrées par Jacques Poirier et les lieux de l’action sont très internationaux.
Yvon Mauffret (1927-2011) débute dans la littérature pour la jeunesse en publiant Capitaine Juliette (1957). Ses récits suivants se détachent de l’aventure maritime, dès Pimprenelle antiquaire. Romanciers  connus et auteurs oubliés voisinent avec des récits aux titres parfois exotiques surprenants, comme Kanaïok de Marianne Monestier et Oubrakah de Nicole Chantal. En 1957, on remarque Candala parmi les herbes de Robert Teldy-Naïm. Histoires de tous les jours de Martine Maizières et Belle qui rêve Belle qui rit de Claude Ullin.    


(Je me suis surtout servi de mon essai Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe  siècle, paru chez L’Harmattan en 2014.)

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