1957 « Marabout junior » et
« Les Sentiers de l’aube »
On ignore souvent les premières collections de poche
pour la jeunesse, créées en Belgique par les éditions Gérard qui lancent "Marabout Junior" et la série "Marabout Mademoiselle", des
collections pourtant
encore très présentes dans les mémoires populaires.
En mai 1953, sous
l’impulsion d’André Gérard et de Jean-Jacques Schellens, les Éditions Gérard installées à Verviers créent "Marabout Junior", « la
collection jeune pour tous les âges » peu coûteuse, d’abord
bimensuelle puis hebdomadaire. Son objectif est de présenter « de façon moderne et pour un prix imbattable,
une sélection de récits complets de palpitantes aventures à travers la vie, l’Histoire,
l’univers, les techniques d’aujourd’hui et de demain ». On peut la considérer comme
la première collection de poche pour la
jeunesse. Presque toutes les couvertures que l’on dit « chatoyantes »
et « en plastprint lavable »
(sic) sont illustrées par Pierre Joubert, secondé parfois par Henri Lievens, Dino Attanasio ou Édouard
Aidans. L’éditeur belge André Gérard ne craint ni d’abréger les versions
adultes des ouvrages, ni d’allier fiction et données documentaires. Chaque
récit est suivi d’un dossier à fort contenu éducatif, intitulé « Marabout
chercheur ».
La collection « Marabout Junior » doit son succès à
l’omniprésent romancier belge Henri Vernes, né en 1918, la
« locomotive » de la collection, qui dès le n°16, en décembre 1953,
fait paraître le premier récit de la
fameuse série Bob Morane. 80 volumes paraissent de 1953 à 1967. Après Le Masque de jade, publié en 1956, Henri
vernes offre cinq récits en 1957 : Les
Chasseurs de dinosaures, Echec à la main noire, Les Démons des cataractes, La
Fleur du sommeil et L’Idole verte.
En outre, dans la « Bibliothèque de la Jeunesse », chez Hachette,
paraissent deux épisodes des aventures de Luc Dassaut : Base clandestine et Les Rescapés de l’Eldorado (Quatre voyageurs : un journaliste,
un savant et deux ingénieurs partis en avion, après un atterrissage forcé, sont poursuivis dans la forêt vierge par des
Indiens Motilones, en Amérique du Sud…).
Les
événements de 1956 accentuent l’intérêt pour récit Suez
de Michel Duino
(alias Luc Dasseville, 1920-2004, qui signe aussi Gisèle Collignon dans "Marabout Mademoiselle"). L’ouvrage qui fait l’historique du canal
conte surtout l’aventure épique de Ferdinand de Lesseps. On notera la
présence de biographiques,
hagiographiques ou légendaires qui ont la faveur de la collection : Baden-Powell de Robert Bastin (alors que
le scoutisme connaît un fort développement), Cambronne le balafré de Michel Mélic, Surcouf, l’insaisisssable de l’omniprésent Michel Duino...
Les Éditions
Gérard attendent deux ans pour ajouter en
1955 à la collection masculine "Marabout
Junior", la série "Marabout
Mademoiselle" dont l'ambition affichée est d'offrir aux lectrices
« avec optimisme et sensibilité,
une magnifique sélection de romans, documentaires vécus et biographies,
présentés d'une façon moderne et pour un prix imbattable ».
Une série
valorisant des filles modernes démarre très vite, Sylvie de René
Philippe qui Philippe va alimenter la série
d’un bon nombre de volumes (Sylvie se marie, Sylvie à Hong-Kong, Sylvie et les Espagnols en 1957). Helen
D. Boylston, avec sa série Susan Barton propose des « career-books », autrement dit quelques
romans des professions, l’un d’eux, en 1957, mettant en valeur celui d’Infirmière à
la montagne.
René Les films de Sissi avec Romy
Schneider assurent le succès en 1957 de Jolie
Sissi de Claude Meillan et Gisèle
Collignon (alias Michel Duino) se met dans la peau de Moi, Clotilde au temps de Clovis.
La décennie des
années 50 paraît faste pour les filles. On a enfin davantage pensé à elles
comme en témoignent, dans le domaine romanesque, les collections "Bibliothèque
de Suzette", "Monique", "Les Sentiers de
l'aube", "Marabout Mademoiselle" … Il faut aussi compter avec
des romancières qui, comme Jany Saint-Marcoux, dans la "Souveraine", écrivent surtout pour elles.
En 1954, on a assisté à la naissance, chez Plon, de la collection pour filles, "Les Sentiers de
l’aube", une « bibliothèque
de la jeunesse » proche du poche, dirigée par Marianne Monestier
(1908-1981), Les couvertures sont souvent illustrées par Jacques Poirier et les
lieux de l’action sont très internationaux.
Yvon Mauffret (1927-2011)
débute dans la littérature pour la jeunesse en publiant Capitaine Juliette
(1957). Ses récits suivants se détachent de l’aventure maritime, dès Pimprenelle
antiquaire. Romanciers connus et auteurs oubliés voisinent avec des
récits aux titres parfois exotiques surprenants, comme Kanaïok de Marianne Monestier et Oubrakah de Nicole Chantal. En 1957,
on remarque Candala parmi les herbes de Robert Teldy-Naïm. Histoires de tous les jours de Martine Maizières et Belle qui rêve Belle qui rit
de Claude
Ullin.
(Je me suis surtout servi de mon
essai Fictions et journaux pour la
jeunesse au XXe siècle,
paru chez L’Harmattan en 2014.)
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