LA PRESSE DES JEUNES EN
1957
1 Presse commerciale et
distractive accordant une grande place à la bande dessinée : des journaux qui
marquent un certain essoufflement. Fin d’une embellie ?
Pour les petits : RIQUIQUI LES BELLES IMAGES (1951-1968) (Éd.
Vaillant)
ROUDOUDOU LES BELLES IMAGES (1950-1968) (Éd. Vaillant)
PIPOLIN
LES GAIES IMAGES (1957-1963) (Éd. Vaillant)
PERLIN ET PINPIN (1956-1980) (Fleurus, Union des Œuvres)
a) pour les garçons :
Disparitions
de Coq Hardi (devenu "Cocorico")
et de Pierrot en 1957
- Le Journal de MICKEY (H) (1934, puis 1952) (Opera Mundi, Paul Winkler)
- VAILLANT (H) ("Jeune
Patriote" en 1945) (PIF-GADGET en 1969).
- HURRAH (1935- 1942 ;
1951-1959 : "Hurrah Magazine") (Del Duca)
- L’INTRÉPIDE (H) (de 1910 à 1937;
1948-1949 ; puis de 1949 à 1962 (Del Duca)
- BENJAMIN "Jeunesse
actualité" (H) (1929-1939, 1952-1958)
(Hachette)
- NANO ET NANETTE (Les Belles histoires de...) (mai 55- fév.
66) (Ed. Mireille)
- COCORICO Le Magazine de l’aventure
Mensuel (ex Coq Hardi) (Ed. de Chateaudun)
- PIERROT « Nouvelle
Série » Mensuel (Août 1956-Décembre 1957) (Ed. Montsouris)
Presse d'origine belge (École
de Bruxelles et École de Charleroi)
- SPIROU Magazine (H) (1938 ; 1946 pour la France) (Dupuis)
- SPIROU Magazine (H) (1938 ; 1946 pour la France) (Dupuis)
- TINTIN (H) (né en 1946 en
Belgique, en 1948 en France) (Dargaud)
- JUNIOR (H) (« Tintin du pauvre », 1953-1979) ("Chez nous" en 79).
- JUNIOR (H) (« Tintin du pauvre », 1953-1979) ("Chez nous" en 79).
b) pour les filles:
- LISETTE (H) (1921-1942, de 1946 à 1964)
(Ed. Montsouris)
- FILLETTE (H) (de 1909 à 1942, puis
de 1946 à 1964) (S.P.E.)
- LA SEMAINE DE SUZETTE (H)
(1905-1940, 1946-1960) Gautier-Languereau
- MIREILLE (BM puis H) (de 1953 à
1964) (Éd. Mireille)
- LINE (H puis BM) (de mars
55 à déc. 63) (Dargaud) (le "Tintin" des filles)
2 Presse appartenant à des
groupes de presse d'inspiration religieuse : Des titres qui existaient parfois
avant la guerre. (FLEURUS et BONNE PRESSE)
- FRIPOUNET ET
MARISETTE (H) (1945-69) Fleurus (G.
& F.), deviendra "Fripounet"
adopte le
format 21*29, au lieu de 27*37, le 27/10/1957, au n° 43.
- CŒURS
VAILLANTS (H) (1929-1944) (1946-oct. 1963) Fleurus (Garçons)
adopte le
format 21*29, au lieu de 27*37, le 27/10/1957, au n° 43.
- ÂMES
VAILLANTES (H) (1937-1944; 1946-1963) Fleurus (Filles)
adopte le
format 21*29, au lieu de 27*32, au n° 43 de 1957.
- BAYARD (H)
(1936-1940 ; 1946-1962) deviendra "Record" (Bonne Presse)
- BERNADETTE
(H) (1923-1940 ; 1946-1963) deviendra "Nade" (Bonne Presse)
- TERRES
LOINTAINES (depuis 1952 jusqu’au début du 21e siècle (C. I. D. Éditions)
3 Presse de la Ligue de
l'Enseignement et des Francs et franches camarades :
- FRANCS-JEUX
(1946-1979) (En 1954, 1 filles, 1 garçons) (Ed. SUDEL)
- TERRE DES
JEUNES (1948) (Ed. SUDEL)
- JEUNES ANNÉES
MAGAZINE (1953) (Francs et Franches Camarades)
- AMIS-COOP en
1957 (remplace L’AMI COOP) (M) (1953-1990) (O.C.C.E.)
4 Presse liée à la publicité
- KIM (M) (1952-1968) (« petits amis de Shell »)
- PISTOLIN (1955-1958)
(chocolat Pupier)
- IMA, L'AMI DES JEUNES (M, puis BM, puis H) (1955-1958) (bons-primes)
- MILLAT FRÈRES MAGAZINE (Pâtes
Millat Frères)
La
jeunesse du baby-boom, celle qui naît entre 1945 et 1953, peut sembler choyée
par l’Histoire puis qu’elle échappe en France aux guerres et bénéficie du début
de la croissance économique des « Trente glorieuses ». N’oublions pas
pourtant que des séquelles des derniers conflits demeurent comme semblent le
montrer les cris d’alarme de l’abbé Pierre et la distribution de lait dans les
écoles en 1954-1955.
Cette
jeunesse nombreuse (plus de 800 000 naissances en France à partir de
1946), qui marque « la montée des jeunes » et appartiendra à
« la nouvelle vague » (décelée par Françoise Giroud dans L’Express en octobre 1957) est plutôt préservée et chanceuse. Autant dans
les livres que dans la presse pour
jeunes, elle est encore tenue éloignée des drames de l’actualité (et dans
quelques années, le courant « yéyé » fera perdurer le phénomène).
Les publications pour
la jeunesse sont très nombreuses en 1957, plus de 150 titres. Si les
hebdomadaires demeurent importants (deux fois que les bimensuels), les mensuels
sont les plus nombreux (89 titres). Les enfants du « baby-boom »
commencent à avoir un peu d’argent de poche, ce qui leur permet d’acheter
eux-mêmes leur journal préféré qu’ils échangent volontiers avec ceux de leurs
camarades mais 40 % des enfants sont abonnés à au moins un journal. La presse
commerciale et distractive illustrée domine mais elle reste très critiquée par
les « spécialistes », les associations familiales, les bibliothécaires,
les enseignants et les responsables des mouvements de jeunesse parce qu’elle
privilégie la bande dessinée. Ce serait une erreur de croire que la loi de
censure du 16 juillet 1949 provoque un vieillissement et un déclin de la presse
des jeunes. Les journaux ont vite fait de s’adapter et d’utiliser les multiples
talents des nouveaux créateurs qui ignorent cette loi ou font mine de l’ignorer
tant que le rédacteur en chef ne les rappelle pas à l’ordre. Au grand dam des
éducateurs et des censeurs de tout poil, les images (que l’on ne nomme pas
encore « bande dessinée ») occupe la majeure partie des
« illustrés » et magazines pour la jeunesse. Des esprits tatillons
calculent scrupuleusement le pourcentage des magazines occupé par ces images
d’une jeunesse sous surveillance, pour en dire le plus grand mal. Rappelons que
la loi du 16 juillet 1949 a pour objectif essentiel (sans aveu explicite) de
s’en prendre à ces magazines illustrés (les romans et les textes étant
généralement ignorés par la commission de censure) en prétendant défendre la
production francophone contre les produits américains ou italiens.
En suivant ce principe simpliste, on a vite fait d’établir que le journal
le plus éducatif est celui qui accorde la place la plus infime aux BD. Certains
ont vite fait d’en déduire que c’est le journal Benjamin qui remplit le mieux ces conditions puisque c’est lui qui
publie le plus de textes. Il est vrai que Georges Bayard, futur créateur de la
série « Michel » en 1958, trouve un lectorat pour des romans à dominante
policière, comme Bateau-Stop publié
en 1957.
Mais le journal Benjamin Jeunesse Actualité, renaissant de décembre 1952 à novembre 1958, avec le parrainage
d’écrivains et d’intellectuels (peu sensibles aux aventures belliqueuses de Biggles) rend surtout compte d’une
actualité aseptisée et anecdotique accessible aux jeunes lecteurs. Pourtant en
1957, deux auteurs et pas des moindres, puisqu’il s’agit de René Goscinny et
d’Albert Uderzo, y publient la bande dessine Pigeon vole, un épisode de la série « Benjamin et
Benjamine ». La bande paraît même en 1ère page le 7 juillet
1957. Une exception.
Une exception à la Une de "Benjamin" : une bande dessinée de Goscinny et Uderzo
D’autres
journaux font semblant de traiter de « l’actualité » (Comme Tintin,
Cœurs Vaillants…) mais les sujets abordés sont anodins et
anecdotiques. Pas un mot sur la guerre d’Algérie (qui est d’ailleurs encore une
guerre sans nom mais pas sans massacres). Pourtant en cette année 1957, les
atrocités dans les deux camps et les tortures atteignent un degré ultime au
point que des personnalités comme François Mauriac, Germaine Tillion ou
Pierre-Henri Simon s’en émeuvent dans leurs ouvrages respectifs.
L’actualité
pour la jeunesse se concentrera sur le sport (la montagne et la mort des
alpinistes Vincendon et Henry sur le mont Blanc, le cyclisme quand Anquetil
gagne son 1er Tour de France, le football et la boxe quand Alphonse
Halimi gagne un titre mondial, les innovations techniques : automobile,
aviation (l’Atar en vol vertical, le
biréacteur Caravelle) et marine
(Sous-marin Nautilus, bathyscaphe F.N.R.S 3), espace… avec en point d’orgue
le lancement en octobre 57 du satellite soviétique artificiel Spoutnik 1.
Les
plus attentifs remarqueront les suites fâcheuses de l’invasion de la Hongrie
par l’URSS, le Traité de Rome qui instaure la CEE, la réouverture du canal de
Suez et les émeutes racistes dans l’Arkansas.
La
jeunesse du baby-boom, en 1957, est encore celle de l’imprimé, de l’image et de
la radio (même si aucune émission ne leur est encore vraiment destinée, sauf « pour ceux qui aiment le
jazz »). A l’époque, c’est souvent le chef de famille qui décide des
émissions … sauf pour les jeunes qui sont détenteurs d’un poste à galènes
qu’ils ont souvent fabriqué eux-mêmes. Le nombre de postes de radio est passé
de 5 millions en 1945 à 10,1 millions en 1957. Quant au poste à transistors, il
n’en est qu’à ses débuts ! Précisons que la télévision est en retard en
France. Outre le prix exorbitant d’un récepteur, notons qu’il y a moins de
700 000 postes en 1957 et beaucoup de régions ne disposent pas des relais
nécessaires pour capter les émissions.
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