mardi 23 octobre 2012

Georges Chaulet, Fantômette, Les Quatre As... et les autres


Georges Chaulet, Fantômette, Les 4 As, Melle Etincelle, Inspecteur Gadget et les autres…


Décédé à l'âge de 81 ans le 13 octobre 2012, Georges Chaulet est surtout connu pour être le père de la célèbre série « Fantômette », forte de 53 titres, vendue à 15 millions d’exemplaires (sans doute bien davantage, peut-être 30 millions!) et traduite dans de nombreuses langues.
C’est en 1961 qu’on remarque, d’abord dans la « Nouvelle collection Ségur » puis dans la « Bibliothèque rose », l'apparition d'une « mystérieuse justicière » à la poursuite de malfaiteurs dans Les Exploits de Fantômette. C'est le premier épisode de la longue série de Georges Chaulet, toujours éditée.
Âgée d’une douzaine d’années, la jeune aventurière et justicière, héritière inoffensive du Fantômas de Marcel Allain et Pierre Souvestre, est vêtue d’un justaucorps jaune et masquée d’un loup de velours en hiver et de soie, l’été. Couverte d’une cape de soie noire, intérieurement rouge et fixée par une agrafe en forme de F, elle combat le crime durant la nuit, déjouant des attentats et luttant même contre la mafia. Si la fillette d’une douzaine d’années mène de véritables enquêtes policières et combat le mal (parfois incarné par le Masque d’argent), au grand dam du commissaire Maigrelet, ses aventures font souvent rire les jeunes lectrices. Ecolière studieuse le jour, la jeune brunette aux cheveux bouclés et aux yeux malicieux n’avoue ni aux habitants de la bourgade de Framboisy, ni à ses meilleures amies, comme la distraite Ficelle et la gourmande Boulotte, qu’elle est Fantômette. Son langage est si châtié que son juron le plus hardi est « Mille pompons » mais elle hérite du goût de son auteur pour les bons mots et calembours ! On n’imagine pas aujourd’hui combien le port du masque pouvait paraître hardi.
Dans l’ouvrage d’Armelle Leroy et Laurent Chaulet : Le Club des Cinq, Fantômette, Oui-Oui et les autres… (Hors collection, 2005), Georges Chaulet fait cette confidence éclairante : « Louis Mirman qui dirige les Bibliothèques Rose et Verte accepte de publier les aventures de Fantômette à condition qu’elles ne contiennent ni politique, ni religion, sexe ou jurons. »   
Ce qui n’aurait pas été possible dix ans plus tôt a sans doute bénéficié des passages à la télévision du feuilleton Zorro, un personnage masqué lui aussi mais aseptisé par les studios Disney (le journal éponyme avait dû cesser sa parution en France en 1953). La drôlerie du personnage, la vivacité du récit, la bonne humeur constante de l’héroïne qui bénéficie d’une double vie, le refus de faire peur et l’absence de leçons moralisatrices, tous ces atouts ont aussi facilité son adoption. Ce qui pourrait être dramatique tourne bien vite en farce. Georges Chaulet fait bénéficier son héroïne toujours active et autonome, voire féministe et qui ne vieillit jamais, des nouveautés technologiques, de telle sorte qu’elle n’est jamais démodée.   
La télévision (pour une série de 21 épisodes en 1992-1993) et l’animation (26 épisodes en 2000) se sont emparées du personnage de Fantômette en le popularisant encore davantage. Notons que Georges Chaulet, en 2000, rééditait Mission impossible pour Fantômette de 1982  et, dans « Les Classiques de la Rose », reparaissaient Fantômette et la maison hantée et Fantômette contre le hibou. Et l’on saluait, avec constance, en 2006 Le Retour de Fantômette.

Il y eut encore en 2007, Fantômette a la main verte, en 2009, Fantômette et le Magicien et enfin, en 2011, Les Secrets de Fantômette, un ouvrage qui inclut le roman Fantômette amoureuse (53e épisode).

Les autres ouvrages pour la jeunesse de Georges Chaulet

Mais il est parfaitement injuste de limiter l’œuvre de Georges Chaulet à la création de Fantômette.    
Comme nous pensons l’avoir montré dans Histoire du polar jeunesse, Georges Chaulet a beaucoup apporté au roman policier pour la jeunesse
Après des années d’études aux Beaux-Arts, un  service militaire éprouvant en Allemagne (il se réfugie alors dans l’écriture) et la torréfaction du café dans la magasin de ses parents à Antony,  Georges Chaulet a déjà écrit Le Fantôme de Campaville, récit policier publié chez Casterman en 1957, dans lequel le jardinier Justin effraie la tante Aglaé pour la chasser de la maison sous laquelle se dissimule une distillerie clandestine. De hardis garçons et une audacieuse fillette démasquent les coupables, cueillis par la police.
Aux Éditions belges Casterman, la collection « Le Rameau vert » publie aussi en romans, dès 1957, les premières aventures des Quatre As, les jeunes enquêteurs de Georges Chaulet, illustrées par François Craenhals, bien avant leur adaptation en bandes dessinées, dans les années 60. Le duo Craenhals-Chaulet adoptera d’abord le pseudonyme de François-Georges.
Les Quatre As sont constitués par trois garçons et une fille. Doct, l’intellectuel pédant de la bande, cite à tout propos les auteurs grecs et latins. Lastic, plutôt loustic, échange souvent d’amicales (et correctes) injures avec Dina la coquette, tandis que Bouffi, le bien nommé, tire de ses poches les nourritures les plus variées. Tous les épisodes ne semblent pas policiers et les aventures sont plutôt farfelues. Par exemple, le récit Les Quatre As font du cinéma  (« Le Rameau vert » », 1958) est centré sur le scénario, le tournage d’un film et sa projection au festival d’amateurs de Nice. C’est seulement à partir de 1964, avec Les Quatre As et le Serpent de mer, que commencent à paraître en bandes dessinées, chez Casterman, les albums de la série scénarisés par Georges Chaulet et dessinés par François Craenhals.    
La collection « Relais » de Casterman continue de publier en romans la série Les Quatre As de Georges Chaulet, devenue une série de bandes dessinées en 1964, grâce à François Craenhals, avec Les Quatre As et le serpent de mer et Les Quatre As et l’aéroglisseur. La bande de Lastic, le chef, Doc le cérébral, Dina, seule fille de l’équipe, Bouffi le gourmand bien nommé, sans oublier le chien Oscar, élucide des affaires pleines d’ombre et de mystères au risque d’affronter parfois de redoutables malfaiteurs, heureusement pas très malins. Dans Les Quatre As au collège (1961), il s’agit de découvrir l’auteur de larcins hétéroclites (cloche, marmite, poils de chat !) et ses motivations. Gags tempérés et situations moins extravagantes qu’à l’habitude donnent un ton comique mesuré à cette mince intrigue policière. 
Participant aux aventures parodiques (animées à la télévision par Jean Chalopin) de l’Inspecteur Gadget (à partie de 1984), baptisé ironiquement « prince des inspecteurs, fine fleur de la police, crème des détectives », Georges Chaulet est aussi l’auteur de la courte série romanesque plutôt humoristique, voire extravagante et bouffonne : Les Enquêtes de Mademoiselle Étincelle. La jeune fille pleine d’astuces, reporter de son état, est souvent accompagnée dans ses aventures par Biceps, évidemment gros et fort et par le maladroit Clovis. Dans Mlle Étincelle et l’usurpateur, par exemple, alors que le trio est en reportage pour le couronnement du régent de Monte Santo, la princesse Élisabeth, héritière légitime du trône est enlevée. Le coupable n’est autre que le régent usurpateur et, au terme de péripéties burlesques faisant intervenir efficacement les héros, le régent renonce au pouvoir. Toujours  accompagnée de deux garçons « hurluberlus » (l’un est très étourdi, l’autre est affligé de la maladie du sommeil), la détective revient dans Mlle Étincelle et l’alchimiste (« Relais-Etincelle », 1961) ? Cet alchimiste est, en fait, un escroc qui s’est emparé de plusieurs kilos d’or en bernant un public naïf. Le récit policier extravagant tourne vire à la parodie. 
Chaulet publie en outre dans la collection « Idéal Bibliothèque », en 1966, Le Bathyscaphe d’or riche en aventures et mystères et au dénouement imprévu. Le jeune mécanicien Pépito, désireux de devenir journaliste jette son dévolu sur un bathyscaphe de la marine française, arrivé dans le port espagnol de Santander. Or, l’engin disparaît et Pépito, après mille péripéties dangereuses, parvient à le retrouver et à faire arrêter une bande d’escrocs.
Outre « L’Inspecteur Gadget », il conviendrait de citer, les séries : « Les 3 D » (dès 1963), « Béatrice » (à partir de 1965), « Le Petit Lion » (1968), « Le Prince charmant » (à partir de 1981), « Le Trésor… » (1989).             

2 commentaires:

  1. Bonjour
    J'ai scanné l'intégral de Fantomette soit 56 titres.
    Je possède trois histoires inédites aussi.

    Je suis cependant à la recherche du no 49: C'est toi fantomette!

    Savez vous s'il serait possible de se procurer une copie. Merci

    Yannickmorgenthaler@gmail.com

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  2. Ce que je sais seulement, c'est que ce volume (que je n'ai pas) est très recherché et se négocie très cher. Désolé.

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