Georges Chaulet, Fantômette, Les 4
As, Melle Etincelle, Inspecteur Gadget et les autres…
Décédé à l'âge
de 81 ans le 13 octobre 2012, Georges Chaulet est surtout connu pour être le
père de la célèbre série « Fantômette », forte de 53 titres, vendue à
15 millions d’exemplaires (sans doute bien davantage, peut-être 30 millions!) et traduite dans de nombreuses langues.
C’est en 1961 qu’on remarque, d’abord dans la « Nouvelle
collection Ségur » puis dans la « Bibliothèque rose »,
l'apparition d'une « mystérieuse justicière » à la poursuite
de malfaiteurs dans Les Exploits de Fantômette. C'est le premier épisode
de la longue série de Georges Chaulet, toujours éditée.
Âgée d’une douzaine d’années, la jeune aventurière et
justicière, héritière inoffensive du Fantômas
de Marcel Allain et Pierre Souvestre, est vêtue d’un justaucorps jaune et
masquée d’un loup de velours en hiver et de soie, l’été. Couverte d’une cape de
soie noire, intérieurement rouge et fixée par une agrafe en forme de F, elle
combat le crime durant la nuit, déjouant des attentats et luttant même contre
la mafia. Si la fillette d’une douzaine d’années mène de véritables enquêtes
policières et combat le mal (parfois incarné par le Masque d’argent), au grand
dam du commissaire Maigrelet, ses aventures font souvent rire les jeunes
lectrices. Ecolière studieuse le jour, la jeune brunette aux cheveux bouclés et
aux yeux malicieux n’avoue ni aux habitants de la bourgade de Framboisy, ni à
ses meilleures amies, comme la distraite Ficelle et la gourmande Boulotte,
qu’elle est Fantômette. Son langage
est si châtié que son juron le plus hardi est « Mille pompons » mais
elle hérite du goût de son auteur pour les bons mots et calembours ! On
n’imagine pas aujourd’hui combien le port du masque pouvait paraître hardi.
Dans l’ouvrage d’Armelle Leroy et
Laurent Chaulet : Le Club des Cinq,
Fantômette, Oui-Oui et les autres… (Hors collection, 2005), Georges Chaulet
fait cette confidence éclairante : « Louis
Mirman qui dirige les Bibliothèques Rose et Verte accepte de publier les
aventures de Fantômette à condition qu’elles ne contiennent ni politique, ni
religion, sexe ou jurons. »
Ce qui n’aurait pas été possible dix ans
plus tôt a sans doute bénéficié des passages à la télévision du feuilleton Zorro, un personnage masqué lui aussi
mais aseptisé par les studios Disney (le journal éponyme avait dû cesser sa
parution en France en 1953). La drôlerie du personnage, la vivacité du récit,
la bonne humeur constante de l’héroïne qui bénéficie d’une double vie, le refus
de faire peur et l’absence de leçons moralisatrices, tous ces atouts ont aussi
facilité son adoption. Ce qui pourrait être dramatique tourne bien vite en
farce. Georges Chaulet fait bénéficier son héroïne toujours active et autonome,
voire féministe et qui ne vieillit jamais, des nouveautés technologiques, de
telle sorte qu’elle n’est jamais démodée.
La télévision (pour une série de 21
épisodes en 1992-1993) et l’animation (26 épisodes en 2000) se sont emparées du
personnage de Fantômette en le
popularisant encore davantage. Notons que Georges Chaulet, en 2000, rééditait Mission impossible pour Fantômette de
1982 et, dans « Les Classiques de
la Rose », reparaissaient Fantômette
et la maison hantée et Fantômette
contre le hibou. Et l’on saluait, avec constance, en 2006 Le Retour de Fantômette.
Il y eut encore en 2007, Fantômette a la main
verte, en 2009, Fantômette
et le Magicien et enfin, en 2011, Les Secrets de
Fantômette, un ouvrage qui inclut
le roman Fantômette amoureuse (53e épisode).
Les
autres ouvrages pour la jeunesse de Georges Chaulet
Mais il est parfaitement injuste de
limiter l’œuvre de Georges Chaulet à la création de Fantômette.
Comme nous pensons l’avoir montré dans Histoire du polar jeunesse, Georges
Chaulet a beaucoup apporté au roman policier pour la jeunesse
Après des années d’études aux
Beaux-Arts, un service militaire
éprouvant en Allemagne (il se réfugie alors dans l’écriture) et la torréfaction
du café dans la magasin de ses parents à Antony, Georges Chaulet a déjà écrit Le Fantôme de
Campaville, récit policier publié chez Casterman en 1957, dans lequel le
jardinier Justin effraie la tante Aglaé pour la chasser de la maison sous
laquelle se dissimule une distillerie clandestine. De hardis garçons et une
audacieuse fillette démasquent les coupables, cueillis par la police.
Aux Éditions belges Casterman,
la collection « Le Rameau
vert » publie aussi en romans, dès 1957, les premières aventures
des Quatre As, les jeunes
enquêteurs de Georges Chaulet,
illustrées par François Craenhals, bien avant leur adaptation en bandes
dessinées, dans les années 60. Le duo Craenhals-Chaulet adoptera d’abord le pseudonyme de François-Georges.
Les
Quatre As sont constitués par trois
garçons et une fille. Doct, l’intellectuel pédant de la bande, cite à tout
propos les auteurs grecs et latins. Lastic, plutôt loustic, échange souvent
d’amicales (et correctes) injures avec Dina la coquette, tandis que Bouffi, le
bien nommé, tire de ses poches les nourritures les plus variées. Tous les
épisodes ne semblent pas policiers et les aventures sont plutôt farfelues. Par
exemple, le récit Les Quatre As font du
cinéma (« Le Rameau
vert » », 1958) est centré sur le scénario, le tournage d’un film et
sa projection au festival d’amateurs de Nice. C’est seulement à partir de 1964,
avec Les Quatre As et le Serpent de mer,
que commencent à paraître en bandes dessinées, chez Casterman, les albums de la
série scénarisés par Georges Chaulet et dessinés par François Craenhals.
La collection « Relais » de Casterman continue de publier
en romans la série Les Quatre As de Georges Chaulet, devenue une série
de bandes dessinées en 1964, grâce à François Craenhals, avec Les Quatre As et le serpent de mer et Les Quatre As et l’aéroglisseur. La
bande de Lastic, le chef, Doc le cérébral, Dina, seule fille de l’équipe,
Bouffi le gourmand bien nommé, sans oublier le chien Oscar, élucide des
affaires pleines d’ombre et de mystères au risque d’affronter parfois de
redoutables malfaiteurs, heureusement pas très malins. Dans Les Quatre As au collège (1961),
il s’agit de découvrir l’auteur de larcins hétéroclites (cloche, marmite,
poils de chat !) et ses motivations. Gags tempérés et situations moins
extravagantes qu’à l’habitude donnent un ton comique mesuré à cette mince
intrigue policière.
Participant aux aventures parodiques
(animées à la télévision par Jean Chalopin) de l’Inspecteur Gadget (à partie de 1984), baptisé ironiquement
« prince des inspecteurs, fine fleur de la police, crème des
détectives », Georges Chaulet est aussi l’auteur de la courte série
romanesque plutôt humoristique, voire extravagante et bouffonne : Les
Enquêtes de Mademoiselle Étincelle. La jeune fille pleine d’astuces,
reporter de son état, est souvent accompagnée dans ses aventures par Biceps,
évidemment gros et fort et par le maladroit Clovis. Dans Mlle Étincelle et l’usurpateur, par exemple, alors que le trio est
en reportage pour le couronnement du régent de Monte Santo, la princesse Élisabeth,
héritière légitime du trône est enlevée. Le coupable n’est autre que le régent
usurpateur et, au terme de péripéties burlesques faisant intervenir
efficacement les héros, le régent renonce au pouvoir. Toujours accompagnée de deux garçons
« hurluberlus » (l’un est très étourdi, l’autre est affligé de la
maladie du sommeil), la détective revient dans Mlle Étincelle et l’alchimiste (« Relais-Etincelle »,
1961) ? Cet alchimiste est, en fait, un escroc qui s’est emparé de
plusieurs kilos d’or en bernant un public naïf. Le récit policier extravagant
tourne vire à la parodie.
Chaulet publie en outre dans la
collection « Idéal Bibliothèque », en 1966, Le Bathyscaphe d’or riche en aventures et mystères et au dénouement
imprévu. Le jeune mécanicien Pépito, désireux de devenir journaliste jette son
dévolu sur un bathyscaphe de la marine française, arrivé dans le port espagnol
de Santander. Or, l’engin disparaît et Pépito, après mille péripéties
dangereuses, parvient à le retrouver et à faire arrêter une bande d’escrocs.
Outre
« L’Inspecteur Gadget », il conviendrait de citer, les séries :
« Les 3 D » (dès 1963), « Béatrice » (à partir de 1965),
« Le Petit Lion » (1968), « Le Prince charmant » (à partir
de 1981), « Le Trésor… » (1989).
Bonjour
RépondreSupprimerJ'ai scanné l'intégral de Fantomette soit 56 titres.
Je possède trois histoires inédites aussi.
Je suis cependant à la recherche du no 49: C'est toi fantomette!
Savez vous s'il serait possible de se procurer une copie. Merci
Yannickmorgenthaler@gmail.com
Ce que je sais seulement, c'est que ce volume (que je n'ai pas) est très recherché et se négocie très cher. Désolé.
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