dimanche 7 octobre 2012

"Spirale" (G.P. Rouge & Or) : Romans historiques et séries (2e partie)


Chez G.P., "Spirale" (1959-1980) : une collection solide, économique et multigenre (2e partie)

Les éditions G.P. (alias La Générale Publicité), dirigées par Victor Dancette (1900-1975) et qui sont absorbées par les Presses de la Cité en 1961, sont surtout connues sous l’appellation « G.P. Rouge et Or ». Après leur essor initial assuré, selon l’historien Gilles Ragache, « par des commandes de Vichy », on se souvient qu’elles ont créé les fameuses collections « Bibliothèque Rouge et Or » et « Bibliothèque Rouge et Bleue ». Après avoir donné naissance à la collection « Dauphine » en 1957, elles créent en 1959 la collection "Spirale", peu coûteuse et proposée aux lecteurs et lectrices, du CM 1 à la classe de troisième.
De sa naissance à 1980, la collection va publier plus de 300 titres en mêlant des romans autonomes et des volumes de séries. Plusieurs générations d’auteurs fort différents vont y cohabiter, de Marie-Antoinette de Miollis, Léonce Bourliaguet et René Guillot à  Monique Ponty, Pierre Pelot et Christian Grenier.
Robuste, solidement reliée, avec sa couverture « plastifiée lavable » et ses cahiers « cousus au fil de lin », elle est de format 17 cm sur 12,5. Chaque volume comporte 20 illustrations en couleurs et 30 illustrations en noir et blanc. La collection concurrence visiblement la « Bibliothèque verte » (mais elle ne dispose pas du gigantesque réseau de distribution des éditions Hachette) et les collections jeunesse de Marabout : « Marabout Junior » et « Marabout Mademoiselle ». 
Visant en fait les garçons et filles de 10 à 15 ans (alors que la collection « Dauphine » s’adresse plutôt aux 6 à 10 ans), elle décline peu à peu les séries, en particulier policières, les classiques, les romans d'aventures abordant parfois le récit maritime ou exotique, le western et la science-fiction, et les romans historiques. On peut aussi y remarquer des romans originaux et inclassables.
Si les auteurs français, classiques ou contemporains, sont fort nombreux, on note pourtant de nombreux titres traduits de l’anglais et de l’américain (plus de 60). Plus de 20 titres sont traduits du danois, une dizaine de l’allemand. Plus rares sont les traductions du russe, du norvégien, de l’italien et du suédois…

Personnages historiques ou hors du commun


L’éditeur a vite compris que les lecteurs sont alors friands de héros et de personnages exceptionnels, voire mythiques. Des personnages historiques apparaissent, tels Roland, le chevalier plus fier que le lion (un des rares ouvrages pour la jeunesse de René Barjavel), Bayard, fleur de la chevalerie et Richard, le roi au cœur de lion, deux récits d’Yvonne Girault. Le passionné de la mer, Jean Ollivier consacre un volume à Surcouf, roi de la course. Les ouvrages consacrés aux  pionniers de l’aviation, Nungesser, le chevalier à la mort d’Hauteclaire, Henri Guillaumet (par Marcel Migéo, illustré par Raoul Auger), Saint-Exupéry, prince des pilotes de Michel Manoll sont publiés après le récit Jean Maridor, chasseur de V1 de Marcel Jullian. J. Christiaens retrace la vie de Louis Braille dans Le Vainqueur de la nuit et Norman Wymer raconte la lutte d’Helen Keller, petite fille, elle aussi victime de cécité.  

 « Spirale » et le récit historique


Le récit historique trouve une place de choix dans la collection « Spirale ». Christiane Dollard compose une trilogie préhistorique ancrée il y a 15 000 ans. La Goutte de soleil raconte comment le grand chasseur, père de Lua, meurt au cours d’une chasse à l’ours. Or, il s’agit d’un meurtre. Dans l’épisode suivant, Le Secret des pierres-qui-fondent, l’étranger Gou, adopté par Lua et ses amis, possède un secret qui peut faire progresser la tribu. La trilogie se clôt avec La Danse des sorciers quand les hommes-médecines de la Grande-Grotte peuvent guérir l’infirmité de Lua. Jean-Côme Noguès plonge aussi dans la Préhistoire dans Le Mammouth et la chataîgne mais on doit encore à Christiane Dollard des récits antiques évoquant Romains et gaulois, tels Le Prisonnier de Syracuse (cité sous la coupe du tyran Denis l’Ancien), Les Compagnons d’Archimède (dans la ville de Syracuse assiégée par les Romains) et Le Secret de la forêt gauloise.  
Tandis que Jean Riverain évoque Les Captifs de Babylone, Paul Bouchet raconte l’histoire de Hu, le premier Gaulois. La m^me période antique est présente dans Ambor le loup de H.H Rosny Aîné et l’on traduit une histoire romaine de Poul Knudsen : Quand les feux brûleront.


D’autres récits évoquent d’autres périodes historiques. Par exemple, le Moyen Âge, dans L’Aventure viking de Jean Olivier ou Marco Polo à travers l’Asie inconnue de Jean Riverain. Il faut progresser sur l’échelle du temps pour aborder La Porte du Roi de Daniel Hawthorne ou La Folle équipée d’Annette de Thérèse Lenôtre. Quand Paule Dumaître raconte La Jeunesse d’une petite Reine, elle s’attache à la reine d’Ecosse Marie Stuart alors que c’est la France de Versailles et de la Révolution qui transparaît dans Fille de roi d’Huguette Champy, un auteur qui raconte la jeunesse de Madame Royale, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette.


Le passé plus ou moins récent des Etats-Unis n’est pas oublié. C’est au bord du Mississipi que surviennent Les Aventures de Huckleberry Finn (l’ami de Tom Sawyer) de Mark Twain. Les Deux filles du Squatter de Thomas Mayne-Reid est un récit qui allie Histoire et western. L’histoire se fait plus tragique quand William Camus raconte la guerre fratricide que mène Les Bleus et les Gris ou quand il raconte Les Aubes rouges de ses ancêtres, les Indiens. Pierre Pelot préfère le western parodique et comique puisqu’il s’inspire de deux bandes dessinées (toujours inédites) pour écrire La Poussière de la piste et Le Train ne sifflera pas trois fois. Le ton est plus sérieux dans La Guerre du castor, un récit inspiré par une troisième B.D. (la plus au point, malheureusement « empruntée » et jamais rendue par un agent littéraire indélicat).      
Notons encore Laura et les chercheurs d’or d’Amy Russell et Les Insoumis de Terre-Neuve du couple signant Michel Grimaud.

« Spirale » et les séries


C’est assez tôt que se sont développées des séries plus ou moins importantes dans la collection. Apparaissent successivement :
1)             Jacques Rogy de Pierre Lamblin, dès 1960 (une série de 28 titres)
2)             Tina de A.B. Carroll, dès 1961 (11 titres)
3)             Shirley d’Edward Home-Gall, dès 1962 (15 titres)
4)             Titabou de René Garrus, en 1963
5)             Janou d’Eve Dessarre, dès 1967 (5 titres)
6)             Biggles de William Earl Jones, de 1967 à 1970 (5 titres)
7)             Les Imbattables de Lucy Vincent (Pierre Lamblin et S. Pujol), dès 1969.
8)             Les Jum’s de Lamblin et Pujol, dès 1973 (4 titres)
9)             Yann de Meister et Andersen, dès 1973 (12 titres)
10)         Le Petit Gitan de Geneviève Laporte
11)         Le Toucan de Max Artis
    
(Nous y reviendrons quand nous aborderons le genre policier)


1 commentaire:

  1. Bonjour
    Une erreur à propos de la série 7) "Les imbattables" de Lucy Vincent. Ce pseudonyme ne comprend pas Lucienne Pujol et Pierre Lamblin , mais Lucienne Pujol et Huguette Carrière, futur auteur de la série "Tony" dans la Bibliothèque rose.

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