L’éditeur
Bourrelier, ses collections et le lancement du Prix Jeunesse (1)
C’est
en 1932 que Michel Bourrelier (1900-1983), un an après
avoir fondé les éditions Bourrelier, ouverte aux ouvrages scolaires et aux
innovations pédagogiques, crée deux collections de récits pour la jeunesse. La
collection "Primevère" vise les 10-14 ans tandis
que "Marjolaine"
s’adresse plutôt aux garçons et filles de 8 à 12 ans.
Dès
les années 1932-33 est prise la décision de fonder un Prix Jeunesse, attribué sur manuscrit, par Paul
Hazard (1878-1944), historien des Lettres renommé, lequel vient de publier en
1932, chez Flammarion : Les Livres, les Enfants
et les Hommes. S’associent au
projet l'écrivain Charles Vildrac et Michel Bourrelier, l’éditeur publiant,
dans les collections "Primevère", "Marjolaine" et "L'Alouette", les Prix Jeunesse jusqu’en
1965, tous deux s'étant montrés sensibles aux suggestions des bibliothécaires
Marguerite Gruny et Mathilde Leriche.
En
1945, alors que la nouvelle
association « Pour le livre » rassemble des éditeurs dont Tatiana Rageot et Michel Bourrelier, les Bibliothèques centrales
de prêt sont créées dans les départements.
La
collection documentaire "La Joie de connaître"
Bourrelier publie sa collection documentaire "La Joie de connaître" de 1935 à 1958. Comme souvent avec les ouvrages de ce type, la documentation
devient vite obsolète malgré le prestige de certains auteurs comme Albert
Dauzat (Voyage à travers les mots), André
Leroi-Gourhan (Les Hommes de la
Préhistoire), Alfred Métraux (Les
Peaux-Rouges de l’Amérique du Sud), Pierre de Latil (Les Bêtes innombrables des mers) ou Henri Lhôte (Le Sahara, désert mystérieux). Néanmoins
les deux tomes de Au village de France
de P.L. Menon et R. Lecotté demeurent de précieux ouvrages sur les usages et
coutumes de France. La présentation sévère et le contenu parfois ardu conduiront
plutôt la collection vers les lecteurs adultes
L’éditeur lance sa
collection "Heures
enchantées" (1946-1956) dont on retiendra deux recueils. En 1946, celui des
contes d’Aquitaine ; Étoile d'or
et oreilles d'âne et autres contes d’Aquitaine recueillis par Armand Got
(déjà connu grâce à son recueil La
Poèmeraie de 1928), pour Le Roi des Corbeaux, et en 1948, Le
Petit ours en pain d’épice et autres contes de Pernette Chaponnière. Bourrelier traduit en 1946 l’album de Claire Huchet : Les Cinq frères chinois, illustré depuis
1938 par Kurt Wiese. (p 130)
On raconte (Bourrelier, 1956) est un remarquable recueil de 53 contes de
Mathilde Leriche (1900-2000), publiant, par exemple, Les Babouches de Baba-Rayou ou Dodu-Dodo
le cochon fatigué.
La
collection "Marjolaine" pour les plus jeunes
Editant
dès 1932 La Mère Grimuzot raconte de Lily Jean-Javal, la collection "Marjolaine",
d’abord modeste
en titres, aura pourtant une belle longévité puisqu'elle existe encore au début
des années 60. Son plus grand succès est sans doute La Maison des petits
bonheurs, écrit par Colette Vivier, Prix Jeunesse 1939, et publié en
1940. Il est sous-titré Le Journal d’Aline : une fillette y relate
jour après jour le menu quotidien de son univers enfantin.
La collection "Marjolaine" propose 27
titres en 1960, pour les plus de 8 ans. Jusqu’à 10 ans, on propose Le Cirque des
merveilles de Jean Buzançais, Nic et Nick de Claire Audrix et
Christian Fontugne, Prix jeunesse 1955
et l’explicite : On demande une maman par Colin Shepherd, datant
déjà de 1933.
On
trouve aussi dans "Marjolaine", en 1952, une traduction de Petit Point et ses amis d’Erich Kästner
et, en 1954, Les
Lunettes du lion, suivi de La Famille Moineau, déjà écrit par
Charles Vildrac en 1932 (illustré par J.-A. Cante), un an avant qu’on réédite La
Colonie de 1930, L'Escabeau volant (1935) de César Santelli, et La
Maison des petits bonheurs de Colette Vivier (1939). Des titres postérieurs
à la guerre, on retient Thérèse et le
jardin d’Alice Piguet (1945), Amadou le bouquillon de Charles
Vildrac (1949) et, en 1952, Moudaïna ou deux enfants au cœur de l’Afrique
d’Andrée Clair (de son vrai nom Renée Jung, née en 1916), une histoire
respectueuse des mœurs de l’Afrique dans laquelle une petite fille blanche
transplantée sur les bords de l’Ogoué se lie d’amitié avec un enfant noir
sympathique, éveillé et avide de s’instruire.
(Les suites, Tchinda, la petite sœur de
Moudaïna, paraît chez Bourrelier, en 1959, comme Rejoignons Moudaïna en 1961). On y lit aussi une histoire de maison
hantée, Rémi et le fantôme de Colette Vivier, Petit point et ses amis (un peu moralisant), illustré par Jacques
Touchet, de l’Allemand Erich Kaestner et L’Étrange famille de la pampa
(1957), bon récit d’Aimée Collonges.
La
catégorie des 10-12 ans bénéficie surtout de la trilogie des Moudaïna
d’Andrée Clair, romancière éprise des civilisations africaines. La collection
avait accueilli quelques nouveaux noms dont ceux de Paul-Jacques Bonzon (Du
gui pour Chrismas, 1953) et George Cory-Franklin, déjà célèbre pour ses
récits animaliers et sur l’Ouest américain, qui publie L’Ourse grise des
Montagnes Rocheuses. Citons encore Jeanne Loisy pour Pim et les cavernes
de Coscoron et la Provençale Marie Mauron contant La Ségurane aux
retours enchantés.
La
collection "Primevère" pour les 10-14 ans
Après
avoir publié des traductions d’Andersen (Pierrot
la Veine), de R.M. Ballantyne (Terre
de glace), la collection "Primevère" s’attache surtout aux auteurs français. Elle
publie en 1934 Quatre du cours
moyen ou les joyeux gangsters de la Mardondon de Léonce Bourliaguet
(1895-1965) et, en 1937, Jeantou, le maçon creusois de Georges Nigremont
(alias Léa Pelletier, 1885-1971), un récit très documenté sur la vie rude des
ouvriers creusois contraints de migrer vers Paris pour trouver du travail.
Les
illustrations de couverture des premières éditions sans jaquette sont souvent
dues à Maggie Salcedo.
Marie
Colmont reçoit le Prix Jeunesse en 1935 pour Le Rossignol des neiges, préfacé
par Paul Hazard. Il s’agit du parcours courageux, semé d’embûches d’une enfant
fugueuse à la voix merveilleuse qui connaît le succès grâce à un travail
acharné.
Si
les récits de Lily Jean-Javal et de Lucie Delarue-Mardrus ont beaucoup vieilli,
on peut encore apprécier ceux de Léone Mahler (L’Imagier de la Reine, Le Secret de l’île d’Or, La Fileuse de Lune)
et de Paul-Jacques Bonzon (Loutsi-Chien
et ses jeunes maîtres).
En 1952, "Primevère" reliée, illustrée, pourvue d’une jaquette, et qui
s’adresse toujours aux 10-14 ans. édite encore Quatre du cours moyen (ou les joyeux gangsters de la Mardondon)
illustré par l’auteur Léonce Bourliaguet (un récit datant de 1934), Le
Rossignol des neiges de Marie
Colmont, primé en 1935, L'Auberge de la Belle-Etoile (Marcelle Vigneron)
de 1936, Jeantou le maçon creusois (G. Nigremont) de 1937 et La
Petite fille de nulle part publié par Marianne Monestier en 1941.
Parmi
les rares titres nés il y a moins de 5 ans, on relève : Le Secret de l’île
d'or dû à Léone Mahler en 1948, Les Etranges voyageurs de Georges
Nigremont (1949) et Sama, Prince des éléphants de René Guillot, publié
en 1950.
Intéressant article! Aurait-on des précisions sur la "fin" (années 1970?) de cette collection? Ainsi que les dates du père Henri Bourrelier?
RépondreSupprimerBonjour, j'aimerais savoir si vous disposiez d'informations au sujet du roman Le mystère de la pointe du phare, écrit par Pierre Louis Lafitte et publié dans la collection Primevère.
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