lundi 27 novembre 2017

1957 Colin Lantier de Jean OLLIVIER ou la défense des Jacques

1957 Deux romans historiques : Colin Lantier de Jean OLLIVIER et Montjoie ! Saint Denis ! de Louis SAUREL

Ces deux romans de Jean Ollivier et Louis Saurel publiés en 1957 ont en commun de situer leur action au moment de la Guerre de Cent ans (mais avec un écart considérable de six décennies). Ils mettent tous deux en valeur des jeunes gens vigoureux, hardis et fougueux que l’action guerrière va transformer peu à peu en hommes d’action même s’ils restent fidèles en amitié. Mais ces deux récits fort différents défendent des idéologies opposées, des intérêts et des catégories sociales bien différentes, voire opposées. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si Colin Lantier, illustré par Daniel Billon, est publié dans la collection « Mille épisodes » des éditions communistes La Farandole et si Montjoie ! Saint Denis !, illustré par Pierre Joubert, est édité dans la collection Jean-François des éditions catholiques Fleurus associées à Gautier-Languereau.

I Colin Lantier de Jean Ollivier ou la défense des Jacques



En l’an 1358, dans la ville de Paris, le prévôt des marchands Etienne Marcel, soutenu par les bourgeois et les métiers, a fait fuir le dauphin Charles à Compiègne mais la situation reste confuse. Le roi fourbe Charles de Navarre refuse la couronne de France que lui propose Etienne Marcel, tout en restant l’ennemi du dauphin. En fait, on le soupçonne de vouloir livrer Paris au roi d’Angleterre.    
Le Parisien Colin Lantier est, au printemps 1358, un jouvenceau de 15 ans et le fils d’un enlumineur. Orphelin de mère, il est déjà un archer habile comme il le prouve en atteignant mieux sa cible que le capitaine des archers du guet royal Gautier Malleraie. Il est prompt à défendre l’injustice et à apporter son aide aux hommes libres comme au Compiégnois Audry. Venu à Paris pour rencontrer le prévôt Etienne Marcel, Audry a réussi à échapper, malgré une blessure, aux hommes de Malleraie.
Réfugié dans l’église Saint Séverin, Audry apprend à Colin le drame des paysans attachés à la glèbe et la dure vie de la campagne alors que les gens « habitaient des cabanes noires où les enfants grandissaient comme des bêtes ». Mais le fourbe sacristain Jauneau informe Malleraie de la cachette du blessé. Malleraie et ses hommes, déjà rossés par Audry, se rendent à l’église. Le bûcheron de Compiègne, réfugié dans un escalier, se défend vaillamment malgré sa blessure et reçoit l’aide de Colin qui atteint d’une flèche Malleraie sous l’omoplate et fait fuir ses acolytes. 
Soutenu par Colin, Audry parvient à rencontrer Etienne Marcel pour l’entretenir du sort des laboureurs et paysans de Ribécourt, dans l’Oise, à la fois victimes du seigneur, de l’Anglais et des troupes du dauphin. Audry comprend vite qu’il n’y a rien à attendre de Marcel méprisant les choses de la terre. Le hors la loi convaincu que la liberté se gagne avec l’arc et les flèches quitte Colin qui retrouve son père inquiet mais fier de son fils.
Il croit le protéger en l’envoyant chez son frère Louis à Saint-Leu-de-Serans. Sur la route, il faut éviter les cavaliers anglais et Colin découvre les ravages de la guerre, les champs désolés, les toits de chaume crevés et la colère des hommes contre les puissants…


Tandis que Colin s’est endormi dans un arbre de la Croix des hêtres, son oncle Louis a quitté son village pour assister au rassemblement des villageois prévu dans cette forêt qui se peuple peu à peu des vilains venus de tous les villages environnants du Beauvaisis. Un homme nommé Guillaume Carle dont les enfants ont été pris par le seigneur  appelle à la révolte et à l’incendie des châteaux. Colin descendu de son arbre se joint à l’assemblée qui, en apprenant l’incendie du village de Précy, décide de marcher sur Cramoisy dont le seigneur Robert a fait brûler toutes les maisons et fait main basse sur le bétail. Bûcherons porteurs de fagots et laboureurs manoeuvrant un énorme bélier, s’avancent vers le castel en dépit des flèches et des pierres jetées des murailles. Les Jacques  pénètrent dans la cour et le fer des cognées heurte le fer des épées. Le sire de Cramoisy est tué et la flamme dévore les archives puis tout le château de Cramoisy.
Au château de Compiègne, le dauphin Charles dont le père est prisonnier dans Londres s’ennuie. Il reçoit la visite de Gaultier Malleraie qui l’informe qu’Etienne Marcel occupe Le Louvre et lui conseille de battre Charles de Navarre sur son propre terrain, celui de la duplicité.
Le capitaine Pied-de-Fer et ses cavaliers s’en prennent aux Jacques qu’ils criblent de flèches avant leur fuite vers la forêt. Colin retrouve Audry qui l’engage dans sa troupe avec l’assentiment de Guillaume Carle. Le soulèvement des paysans prend son essor et vole de village en village et la révolte gonfle tandis que des castels tombent et flambent de l’Yonne à la Somme.


Avant de s’attaquer au château de Mello, Colin propose de s’approcher seul du castel, seulement suivi de loin par le gros Verneuil. Mais le jouvenceau est surpris par les hommes de Malleraie et emmené devant le baron de Mello qui consent à le faire pendre. Dès le lendemain, Colin est conduit au gibet. Prévenus par Verneuil, Les hommes d’Audry, lui-même étant caché dans le clocher de la chapelle, lancent leurs flèches de tous côtés sur la garnison du château dont les portes sont fermées de l’extérieur. Des flèches enflammées mettent le feu partout tandis que Colin se réfugie dans la chapelle. Grâce à un souterrain, tous les Jacques fuient tandis que le château continue de brûler.


La ville de Meaux dont le marché est prospère a été prise par les Jacques grâce aux manoeuvriers qui leur ont ouvert les portes. Mais les cavaliers du comte de Foix ont vaincu, pillé et massacré la population de la cité mal gardée. Audry et Colin qui se dirigent vers cette ville découvrent avec surprise depuis une crête que plus de vingt brasiers sont allumés. Dès lors, Colin, l’ancien garçon enthousiaste est transformé en un adolescent révolté. Normandie et Flandre, Picardie et Angleterre, dauphin et Navarre sont réconciliés pour s’en prendre au peuple. La guerre paysanne a fait nombre de victimes et Etienne Marcel n’a pas tenu ses promesses et n’a rien fait pour aider les villageois. Guillaume Carle, trompé par Navarre qui a fait attaquer traîtreusement les Jacques, est capturé et chargé de fers avant qu’on le torture et qu’on lui tranche la main puis la tête. Deux flèches tirées par Audry et Verneuil traversent le corps de Gaultier Malleraie. Colin décide de continuer la lutte contre l’injustice des grands.                                            

Ce récit extrêmement évocateur est bien écrit. Jean Ollivier possède un art de conter qui lui permet d’insérer ses personnages dans un cadre crédible, tantôt urbain, tantôt rural,  parmi une faune et une flore qu’il connaît parfaitement. Ce roman d’aventures sur fond historique est toujours vivant tant il restitue les usages de l’époque et le sort peu enviable du peuple maltraité.      
L’auteur traitera le même thème de la révolte des Jacqueries en 1983 dans l’ouvrage Debout les Jacques ! également publié à La Farandole.  




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