mercredi 22 décembre 2010

Lointaine interview de Romain SIMON


Bonjour à tous.
Après un long silence occupé par la rédaction d'un essai sur l'Histoire du polar jeunesse, me voici de retour. Ayant enfin découvert une intervention de Romain Simon, je suis heureux de la partager avec vous.

Le point de vue de l’illustrateur ROMAIN SIMON en 1956
lnterview de Romain SIMON par Pierre BELVÈS (page 91)

1 : Pensez-vous qu'il y ait une différence entre illustrer un livre pour adultes et un livre pour enfants ?Elle existe mais pourrait bien ne pas être. Plus le dessin est « lisible », compréhensible, plus il parle au coeur et à la sensibilité de l’enfant : on doit s’adresser aux plus jeunes sans détour ; les aînés peuvent déjà s’engager dans la grande et belle illustration que l’on imagine pour les adultes.

2 : Pour quelles raisons et dans quelles circonstances avez-vous décidé de dessiner pour les enfants (vocation, décision, hasard...) ?Par vocation, je crois, et aussi parce que je suis resté très gai et très enfant moi-m^me et que je les aime beaucoup, non en grande personne, mais en compagnon de leur âge ; c’est donc par vocation, si ce mot est pris dans le sens de l’épanouissement de la personnalité du dessinateur.

3 : Connaissez-vous et utilisez-vous les travaux des psychologues relatifs à la perception chez l'enfant ou pensez-vous que cela n'a pas de rapport avec votre travail ?
Pas précisément. Certes il doit y avoir un rapport entre notre travail et ces connaissances modernes sur l’enfant. Je pense que le dessinateur, une fois les notions de psychologie acquises, doit rester très libre devant ce qu’il va créer et faire vivre les images. J’ajoute qu’à mon avis les rapports doivent être assez réduits sous peine de neutraliser le rapport instinctif et personnel de l’artiste.

4 : Avez-vous des contacts avec les enfants ? les parents ? les éducateurs ?Avec mon fils dont j’accepte volontiers les critiques et dont j’observe avec obéissance les observations sur chacune des planches que je fais. Je n’ai pas de contact avec les autres et je le regrette. Je n’ai pas de contacts avec les éducateurs, là encore je le regrette ; et pourtant leur approche me paraît moins impressionnante que celle d’un psychologue et plus profitable sans doute pour moi.
Mais de toute façon ces contacts ne sont vraiment utiles que s’ils ne portent pas atteinte à la liberté de l’artiste.

5 : Les conditions techniques et commerciales de l'édition vous permettent-elles d'illustrer les textes comme vous le souhaitez ?Je crois qu’il serait bon que l’éditeur s’oriente vers des goûts raffinés, des couleurs choisies, sensibles et apaisantes, vers les choses de la nature et de la vraie vie, vers un dessin sobre et « artistique » en réaction contre une déformation systématique aux couleurs bruyantes et de goût douteux.

6 : Etes-vous contents des textes que vous illustrez ?Je n’ai jamais encore illustré une chose que je n’aimais pas ; on me présente toujours un choix de textes parmi lesquels je choisis ceux qui conviennent à mon tempérament.
7 : Quels textes souhaiteriez-vous illustrer ?
Des contes où la poésie soit réaliste et où l’on puisse trouver l’amour des animaux et la poésie des paysages ; les Contes du Chat perché de M. Aymé, et pour les plus grands, le rêve du « Grand Meaulnes ».

8 : Avez-vous des contacts avec les auteurs des textes que vous illustrez ?Je n’ai jamais eu de contact avec les auteurs des contes que j’illustrais, ou alors très intimement, puisque j’étais l’auteur à la fois du texte et des illustrations.

Interview recueillie par Pierre BELVES
Revue Enfance Année : 1956 Volume 9 pages 80-91
Le point de vue des illustrateursRéponses à un questionnaire élaboré par Pierre Belvès, Natha Caputo et Françoise Guéraud
Pour consulter toutes les réponses, consulter sur Internet :
Persée © 2005-2010 Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche
Université Lumière Lyon 2

lundi 31 mai 2010

Imaginales d'Epinal 2010, des mondes imaginaires et des auteurs





Imaginales 2010 d’Epinal : des mondes imaginaires pour la jeunesse

Le 9e festival des mondes imaginaires d’Epinal a l’immense mérite d’associer les auteurs pour toutes les tranches d’âge et les écrivains qui s’adonnent à des genres pas toujours bien identifiés par les médias(si l’on en juge certains comptes-rendus journalistiques). Peu importe après tout puisque sont représentés récits fantastiques et de science-fiction, sagas de fantasy, thrillers parfois fantastiques, contes et légendes et romans historiques (puisque tout roman est, après tout, une fiction).
Une fois de plus, je vais regarder les Imaginales par le petit bout de la lorgnette, puisque comme le disait la chanson : « on y voit bien mieux que par le gros bout ». C’est particulièrement vrai quand on veut rendre compte de la présence très importante d’une littérature jeunesse de grande qualité. Bernard Visse, directeur du festival a raison de m’écrire : « C’est un sujet qui nous intéresse beaucoup ».

Certains ouvrages ont été particulièrement mis en évidence. D’abord ceux qui ont été primés : Le Livre des choses perdues de John Connoly, Prix jeunesse des Imaginales 2010 et Les Eveilleurs Livre 1 : Salicande de Pauline Alphen, Prix Imaginales des Collégiens, 2010. On a également primé récemment dans les Vosges, Le Prince des nuages de Christophe Galfard, une fiction plutôt fantastique qui introduit des éléments ludiques, didactiques et scientifiques dans son récit. Les médias ont aussi beaucoup parlé d’Oksa Pollock, une série fantastique prévue en 6 volumes d’Anne Plichota et Cendrine Wolf.
Si l’on scrute le « trombinoscope » 2010 figurant dans le numéro spécial du quotidien Vosges Matin, entièrement consacré au festival, on identifie au moins 30 personnes qui se dévouent partiellement ou totalement à la cause de la littérature publiée chez les éditeurs « jeunesse ».

Des photos et des œuvres

Pour concrétiser le fait, j’ai pris quelques photos qui vont permettre d’associer des titres et des couvertures de livres (reproduites précédemment sur le blog dans « Imaginales 2010 et littérature jeunesse 1ère partie et 2e partie).
Je dois d’abord m’excuser auprès de ceux et celles que je n’ai pu rencontrer, en dépit de mon envie, le samedi 29 mai. Erik l’Homme (qui avait déjà dédicacé tous les exemplaires présents de son dernier récit : Des pas dans la neige : Aventures au Pakistan), et Fabrice Colin, les deux entrevus le 28, n’étaient plus visibles le 29. J’ai bien revu avec un immense plaisir le chaleureux Laurent Genefort mais son farceur d’Alaet l’insouciant a dû me jouer des tours car je n’ai pas retrouvé son portrait dans mon appareil. Mon objectif n’a pas pu saisir, et c’est bien dommage, Charlotte Bousquet (La Marque de la bête), Jack Chaboud, Fabien Clavel (La Dernière Odyssée), Jérôme Noirez (La Dernière flèche), Carina Rozenfeld et Joëlle Wintrebert.
En revanche, j’ai pu approcher une vingtaine d’écrivains qui, généreusement, se sont prêtés à l’exercice et je les en remercie. C’est d’ailleurs tout à fait exceptionnel de pouvoir associer tant de talents divers et d’auteurs disponibles, conviviaux et patients.
Rappelons que certains romanciers, tout en consacrant l’essentiel de leur œuvre à la littérature adulte, proposent généreusement certains de leurs récits aux collections juvéniles. C’est le cas, par exemple, d’Ange, (A mille lieues de toute terre habitée, Le Très grand vaisseau et L’Arche de Noa), du très grand Pierre Bordage (Ceux qui sauront, Ceux qui rêvent…), de la charmante Marie-Charlotte Delmas (dont on pouvait voir Magie et grands secrets de magie amoureuse), de Laurent Genefort, d’Henri Loevenbruck qui a tant de cordes à son arc (et qui dédicaçait encore patiemment des exemplaires de La Moïra, dans la collection « Le Livre de poche Fantasy », aujourd’hui arrêtée), de Pierre Pelot, de Joëlle Wintrebert...

Jeunes auteurs à découvrir et écrivains chevronnés

J’ai mêlé auteurs et directeurs de collections (ils sont souvent les deux), par exemple, Denis Guiot, Alain Grousset, Xavier Mauméjean, familiers et supports des Imaginales, avec le désormais Vosgien Johan Heliot qui se consacre maintenant entièrement à l’écriture. J’ai apprécié de pouvoir retrouver Anne Dugüel, que j’appelle gentiment « la squatteuse de toutes les collections », tant elle aime écrire et publier des textes souvent (et heureusement) peu orthodoxes. Retrouvailles également avec la souriante Nathalie Le Gendre (Brune et Jules, Oskar Jeunesse), avec le très discret Christophe Lambert (La Reine de la vengeance). J’ai introduit ici Edouard Brasey qui,dirige une collection de fantasy au Pré aux clercs(et dont la trilogie La Malédiction de l’Anneau concerne plutôt les lecteurs adultes), parce que ces ouvrages très bien illustrés et documentaires sur les créatures fantastiques peuvent être lus avec profit par les adolescents, comme L’Encyclopédie des héros du merveilleux. N’oublions pas non plus L’Encyclopédie de la Fantasy (chez Fetjaine), de Jacques Baudou et Stéphane Berger, illustrée par Krystal Camprubi.
Pour la 1ère fois, j’ai rencontré Lorris Murail que je connaissais surtout pour ses essais sur la science-fiction (Les Maîtres de la science-fiction chez Bordas et Le Guide Totem Larousse). On trouve désormais Golem, écrit avec Marie-Aude et Elvire, en un seul tome.
Le Salon d’Epinal réunit jeunes auteurs à découvrir et écrivains chevronnés, hexagonaux ou étrangers, sans que s’établisse une quelconque hiérarchie tant l’ambiance est conviviale, voire amicale, tout en proposant des débats abordés très sérieusement dans les deux Magic Mirrors.
Je vous laisse donc découvrir ou retrouver les visages de ceux qui aujourd’hui ou demain seront peut-être les « classiques » des littératures de l’imaginaire. Personnellement, ce fut pour moi l’occasion de découvrir les œuvres de Jeanne-A Debats (EdeN en sursis, L’Enfant-satellite), Pauline Alphen à la double culture brésilienne et française qui vivifie son récit Les Eveilleurs, Jonas Lenn (Kinshasa, Sindbad le voyageur), John Lang (dont Le Donjon de Naheulbeuk qui n’est pas écrit pour les jeunes leur plaît néanmoins beaucoup), Xavier Bascour (Dana reine des dragons, en fait déjà connu grâce au site de l’ami Christophe Boutier) et Carina Rozenfeld (Les Clefs de Babel, A la poursuite des Humutes). Pour finir, petit coup de pouce au sympathique Jay Alis qui poursuit patiemment son cycle Peter Poth et mes salutations aux revues Galaxie et Bifrost qui se souviendront peut-être, cette fois, de mes récents essais qui abordent les mondes imaginaires.
Chacun a sa vision bien subjective et personnelle des Imaginales. J’espère néanmoins que la mienne ne paraîtra pas trop partielle et partiale. J’assume en tout cas mes choix et les Imaginales sont tellement riches que l’on verra apparaître sur la toile et ailleurs toutes sortes de comptes-rendus très différents, évoquant aussi illustrateurs, jeux de rôle, musique, fanzines et revues, cinéma, etc.

lundi 24 mai 2010

Christian Grenier, un fabuleux "auteur-jeunesse"



D'abord la science-fiction



Le récit policier (Logicielle) et bien d'autres genres

Christian Grenier, un « auteur jeunesse » multigenres

Christian Grenier, absent aux Imaginales, sera bien présent sur ce blog. En voici la preuve. Il est pour moi, un des écrivains les plus importants du « rayon jeunesse ». Rien d’étonnant à cela quand on jette un œil sur son imposante bibliographie, patiemment constituée depuis plus de 40 ans d’écriture.

« Monsieur Science-Fiction Jeunesse »
(C’est un titre qu’il peut partager avec Denis Guiot et Alain Grousset)

Né à Paris de parents comédiens en 1945, Christian Grenier qui ne peut lui-même embrasser la carrière de comédiens face au refus de ses parents, enseigne en collège après des études de lettres. Depuis toujours passionné par l’écriture, après avoir entraîné ses élèves à écrire des romans, il publie ses premiers récits juvéniles. Après deux volumes parus en Jeunesse poche (voir plus haut sur le blog), il obtient le prix O.R.T.F. avec La Machination, paru d’abord dans la collection « Olympic » chez G.P. (voir le blog plus haut). Très vite il devient un spécialiste de la S-F mais il est aussi scénariste de B.D. et de dessins animés (Argir, Rahan, Les Mondes engloutis…), auteur de pièces de théâtre, nouvelliste. En outre, il ne dédaigne ni le conte, ni l’album, ni la mythologie, ni la presse juvénile (Pif, Les Aventuriers, Je bouquine...). Certes, il est réducteur de limiter les activités de Christian Grenier à la S-F même s’il a beaucoup milité pour le genre aussi bien dans ses nombreux romans qu’à travers quatre essais : Jeunesse et science-fiction (Magnard, 1972), La Science-fiction ? J'aime ! (avec Jacky Soulier), (Messidor, 1981), La Science-fiction, lectures d'avenir ? (Presses universitaires de Nancy, 1994) et La S-F à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas (Editions du Sorbier, 2003).
Ce que les jeunes apprécient toujours, ce sont des récits sans temps mort, sans mièvrerie, où l'on ne s'ennuie jamais. Il est rare de renouveler aussi souvent joie de vivre et bonheur de l'écriture. Alors que la génération des années 70-80 s'est enthousiasmée pour La Machination, Le Satellite venu d'ailleurs, surtout Les Cascadeurs du temps, avec, toujours, cet étonnement pour le « passage » quasi « naturel », tant il était astucieusement conçu, vers un autre temps et un autre espace. Puis est venu le troublant et excellent roman : Le Coeur en abîme, et des recueils de nouvelles moins accrocheurs pour moi. La nouvelle génération des années 90, (les enfants des premiers lecteurs), s’enthousiasme pour deux cycles accrocheurs : celui du Multimonde, Grand Prix de l'Imaginaire, 1998 (confirmant l'amour de C. Grenier pour la musique), et celui d'Aïna, (où se développe en six tomes, le bestiaire fantastique, déjà amorcé dans le premier récit).

De multiples activités

Certains romans qui ne sont pas de la S-F » sont remarquables ou émouvants, tels le roman aux doubles points de vue : La Fille de 3e B et Le Pianiste sans visage ou encore l'âpre récit : Un printemps sans visage, (réécriture en 1995 du récit de 1979 : Le Moulin de la colère) et surtout Ce soir-là, Dieu est mort. Inutile de revenir sur son oeuvre d'anthologiste, dans « Folio Junior S-F », chez Gallimard, (puisque la collection aux magnifiques couvertures vient d’être présentée sur le blog). Rappelons qu'il ne s'est pas contenté de regrouper par thèmes les meilleurs textes accessibles aux jeunes puisqu’il a provoqué l'écriture de quelques-uns.
Si Christian Grenier est aussi à l'origine de la Charte des auteurs en 1975, s'il a animé la collection « Les Couleurs du siècle », dans « La Verte aventure », chez Hachette, (et reprise par Actes Sud Junior en 2000), s'il manifeste encore son goût pour le récit historique en 2002, avec Août 44 : Paris sur scène, et pour les contes et légendes publiés dans la célèbre collection des éditions Nathan, c'est vrai, qu’après son premier domaine de prédilection, en plus des ouvrages de S-F ou fantastiques, il se consacre surtout aujourd’hui aux aventures policières de son héroïne Logicielle. L'un des épidoses, L'Ordinatueur, a été tiré à 300 000 exemplaires. Parmi les albums, retenons Le Tyran, le Luthier et le Temps (illustré par François Schmidt) publié à l’Atelier du Poisson soluble et Toi lumière de ma nuit, illustré par Krystal Camprubi et présenté aux Imaginales 2010. Sur la palette de Christian Grenier, il faudrait aussi distinguer les récits fantastiques ou plus intimistes, des romans qui séduisent toujours la génération des années 2000. Il a toujours eu le souci d'ouvrir ses lecteurs aux réalités du monde contemporain avec la préoccupation permanente d'éduquer à l'écologie.
Depuis 1990, Christian Grenier a quitté Paris pour le Périgord. Il multiplie les interventions auprès des jeunes lecteurs, assure des conférences et fréquente de multiples salons.
Christian Grenier a été lecteur, correcteur, rewriter et un important directeur de collections chez plusieurs éditeurs, dont Rageot et Nathan. Il le raconte avec humour dans Je suis un auteur jeunesse (2004). On ne compte plus les traductions de ses textes, tant en Europe (Allemagne, Danemark, Espagne, Portugal, Grèce, Italie, Suède, République Tchèque) qu’aux Etats-Unis et au Japon, ni les nombreux prix acquis au fil des années.

Les reproductions des 72 couvertures (c’est loin d’être exhaustif) sont aussi un hommage aux illustrateurs identifiés (pardon pour les autres) : Michel Gay, Tibor Csernus, Christophe Durual, Rozier-Gaudriualt, Bruno Pilorget, Patrice Kes, Bernard Moro, J.-J. Vayssières, Michel Palomba, Manchu, Jean Révelin, Loro, Frédérick Pillot, Pierre Wachs, Christophe Durual, Nicollet, Patrick Gromy, Jeanne Puchol, Jean-Claude Götting, Florence Magnin, Marc Mosnier, Emmanuel Guibert, François Roca, Gwen Kéraval, Benoît Perroud, Magali Shmitzler, Emmanuelle Houdart, Alain Korkos, Nicolas Wintz, Sylvain Bourrières, Olivier Voutch, Philippe Munch, Alain Gauthier, Alain Korkos, Philippe Caron, Alexios Tjoyas, Julien Famchon, Krystal Camprubi…

vendredi 21 mai 2010

Robert Laffont, "Plein Vent" et les collections juvéniles



Robert Laffont, « Plein vent » et les collections juvéniles

Curieuse coïncidence. Au moment où Monsieur Yvon Borri m’envoie par Internet la liste complète des titres de la collection « Plein vent » dirigée par André Massepain dès 1966 (et présentée avec quelques « oublis » sur ce blog en février 2010), et peu de temps après que figure sur le blog la collection « L’Âge des étoiles » créée en 1977, nous apprenons la disparition de l’éditeur Robert Laffont le 19 mai 2010 à l’âge de 93 ans. Comme peu de médias rappelleront que c’est Robert Laffont qui a lancé ces deux collections juvéniles, en guise de modeste hommage, nous allons revenir sur la collection « Plein vent ». (Il faut consulter le blog du journal Le Monde pour trouver une allusion à la collection « Plein vent » alors que l’article d’Alain Beuve-Méry du 21 mai (p. 23) n’en fait pas mention).
Ajoutons à la liste publiée en février les quelques titres signalés par M Yvon Borri. Les voici :

1979
Nicolai von MICHALEWSKY : Un avion au fond de la mer (« Plein vent ; 131 »).

1980
Laure CAMIGLIERI : Quand Balboa découvrait le Pacifique (« Plein vent », 134)
Cédric GOURY-LAFFONT : Le Naufragé de l’Aurélia (« Plein vent », 135) (R. 1992)

1981
Nicolai von MICHALEWSKY : Chargement dangereux (« Plein vent ; 136 »).

1982
Jean LOZI : La Prison verte (« Plein vent », 138)

Puisque les Imaginales 2010 d’Epinal qui ont bientôt lieu (du 27 au 30 mai), ajoutons en illustration les titres qui flirtent avec l’anticipation à court terme, l’exploration spatiale ou les voyages dans le temps.
Dans son essai : Jeunesse et science-fiction (Magnard, 1972), Christian Grenier citait et analysait déjà six titres de la collection :
Arthur W. Ballou : En détresse autour de la Lune
Arthur C. Clarke : L’Île des dauphins
Donald Gordon : Alerte à Mach 3
Michel Peyramaure : Cordillère interdite
Jerry Sohl : L’Invention du Professeur Costigan
E. E. Vielle : Le Tunnel sous la Manche

mercredi 19 mai 2010

Imaginales d'Epinal 2010 et Littérature jeunesse (2)



Imaginales 2010 et littérature jeunesse (2e partie)

Un rayon jeunesse bien fourni


Jeunes et moins jeunes renouvellent les genres de l’imaginaire. Xavier Bascour ne demande qu’à être mieux connu grâce à Transgénius 2032 (Le Faucon rouge) ou à Animal. Charlotte Bousquet est nommée pour La Marque de la bête (revisitant Peau d’Âne dans « Royaumes perdus ») dans la sélection du Prix jeunesse. De la Lorraine Muriel Carminati, retenons L’Eléphant du Nil (Oskar Jeunesse) et le conte Le Singe et l’émeraude (Bayard Jeunesse). Fabien Clavel qui, avait obtenu le Prix Imaginales 2009 avec Les Gorgonautes, (« Royaumes perdus ») poursuit patiemment son œuvre chez Mango où il propose La Dernière Odyssée (« Royaumes perdus ») et L’Océan des étoiles (« Autres mondes »). Jeanne-A Debats, sélectionnée chez les collégiens pour EdeN en sursis (« Soon », Syros), publie encore dans la même collection La Ballade de Trash et L’Enfant-satellite (« Mini-Syros »). Après cinq récits publiés dans la collection de S-F « Autres mondes », Nathalie Le Gendre diversifie encore ses thèmes (Brune et Jules, Oskar Jeunesse). Erik L’Homme a d’abord exploré les 4 faces de l’imaginaire : la fantasy avec Le Livre des étoiles, la science-fiction dans Le Maître des brisants, le thriller fantastique pour la trilogie Phaenomen, le conte (Contes d’un royaume perdu). Toujours chez Gallimard Jeunesse, il raconte aujourd’hui une aventure extrême personnelle avec Des pas dans la neige, quand il a poursuivi le légendaire « barmanou » au Pakistan. Jonas Lenn (Kinshasa et Sindbad le voyageur, « Autres mondes ») et Jérôme Noirez (Le Chemin des ombres, « Royaumes perdus », La Dernière flèche, publié hors collection chez Mango) font partie des nouvelles plumes comme Carina Rozenfeld, Prix Imaginales des collégiens en en 2009 pour La Quête des Livres-Mondes, qui revient avec Les Clefs de Babel, « Soon » et A la poursuite des Humutes, « Mini-Syros ».


Des spécialistes, des anthologistes, des directeurs de collections

Sans eux, certains livres et certains auteurs auraient davantage de difficulté pour se faire éditer ou connaître. Il y a bien sûr les directeurs de collections. Jack Chaboud est l’un d’eux. On se souvient qu’il dirigeait chez Magnard des collections aujourd’hui hélas disparues, en particulier « Les Fantastiques » (présenté plus haut sur le blog) et « Les P’tits fantastiques ».
Christian Grenier, alias « Monsieur Science-Fiction Jeunesse », lecteur, correcteur et rewriter chez plusieurs éditeurs, a beaucoup donné pour le genre qu’il défend toujours : 4 essais, de nombreux romans de S-F (même s’il poursuit parallèlement les aventures policières de Logicielle), conférences multiples, présence dans de nombreux salons, écoles et collèges de France et de Navarre. Il a dirigé en particulier la collection « Folio Junior S-F » (voir plus haut sur le blog). Parmi ses derniers ouvrages citons Toi, Lumière de ma nuit, illustré par Krystal Camprubi.
Il fréquente souvent les salons jeunesse en compagnie de son ami Alain Grousset, lui aussi ardent défenseur des littératures de l’imaginaire, tant à travers ses romans que dans ses anthologies consacrées au fantastique ou à la science-fiction. Ajoutons que c'est Alain Grousset qui dirige la très belle collection "Ukronie", chez Flammarion, laquelle collection publie aussi bien Johan Heliot que Pierre Bordage.
Autre spécialiste et directeur de collections incontournable, Denis Guiot a défendu la science-fiction en étant co-auteur de deux dictionnaires et dans les revues spécialisées. Il a sélectionnné les premiers titres S-F de la collection « Pleine Lune » (Nathan), a dirigé la collection « Vertige SF », chez Hachette Jeunesse, puis « Autres mondes » chez Mango avant de céder la place à Audrey Petit en 2008. La nouvelle directrice poursuit d’ailleurs la même politique d’auteurs en continuant de publier, par exemple, Ange ou Fabrice Colin ou en faisant appel à de nouvelles plumes francophones, comme celle de Jonas Lenn.
Xavier Mauméjean cumule les fonctions de romancier et de directeur de collection. Après avoir coécrit la série Le Bouclier du temps (Fleurus) avec Johan Heliot, il publie La Guerre Spéciale (Mango). Il dirige depuis quelques années la nouvelle collection « Royaumes perdus » où il accueille aussi bien les plumes confirmées, Johan Heliot et Fabien Clavel que les jeunes auteurs Jonas Lenn et Jérôme Noirez.
Ajoutons les deux sélections 2010 concernant les jeuness lecteurs :

Prix Jeunesse :
- Charlotte BOUSQUET : La Marque de la bête (Mango Royaumes perdus)
- John CONNOLLY : Le Livre des choses perdues (L'Archipel)
- Alison GOODMAN : Eon et le douzième dragon (Gallimard Jeunesse)
- Brandon MULL : Fablehaven Le Sanctuaire secret (Nathan)
- Jérôme NOIREZ : La Dernière flèche (Mango Royaumes perdus)

Prix Imaginales des Collégiens :

- Pauline ALPHEN : Les Eveilleurs (Salicande) Hachette
- Jeanne-A DEBATS : EdeN en sursis (« Soon »), Syros
- Anne Fakhouri : Le Clairvoyage L’Atalante
- Johan HELIOT : Les Fils de l’air (« Ukronie »), Flammarion
- Jean-Claude MOURLEVAT : Le Chagrin du Roi mort Gallimard Jeunesse

Après un tel bilan, on devrait se dire que la littérature jeunesse est bien « présente » aux Imaginales d’Epinal. C’est vrai, mais il n’est pas sûr qu’elle y bénéficie d’une véritable « visibilité », voire d’une grande « lisibilité ».
En effet, elle est totalement absente des débats qui vont se dérouler sous les Magic-Mirrors. (Voir le rectificatif ci-dessous). Bien sûr, des « auteurs-jeunesse » sont introduits parmi les débateurs mais aucun thème n’évoque spécifiquement la « littérature jeunesse ». Cela ne risque-t-il pas de fausser certaines discussions quand, par exemple, on pose la question : Déclin de la science-fiction, essor de la fantasy… Réalité ou idée reçue ? (Or, qui nierait l’importance de plus en plus grande de la fantasy dans la « littérature jeunesse » par rapport aux autres littératures de l’imaginaire ?).

P.S. J’ai fait l’impasse sur le roman historique puisqu’il n’y en aura pas qui appartiendraient au rayon jeunesse.

Lundi 24 mai : DEUX RECTIFICATIFS IMPORTANTS :

1) Mauvaise nouvelle : il semble bien qu'à la suite d'un étrange imbroglio, Christian Grenier ne sera pas présent aux Imaginales cette année. Il était venu en 2003 et j'avais pu enfin faire sa connaissance. Evidemment, ma déception est immense.
2) Bonne nouvelle : après lecture du programme définitif des Imaginales 2010, je constate l'introduction toute récente dans les débats des Magic Mirrors de la littérature jeunesse, le jeudi 27 mai.
17 heures : histoires...à venir avec 3 auteurs qui publient en "jeunesse" : Johan HELIOT, Christophe Lambert et Nathalie LE GENDRE.
18 heures : Ecrire pour les jeunes... Et être lui par les adultes
Avec Pauline ALPHEN, John LANG, Jonas LENN et Erik L'HOMME.
Dont acte !

Imaginales d'Epinal 2010 et Littérature jeunesse (1)




Imaginales 2010 et littérature jeunesse (1ère partie)

Certes, le titre choisi avec une subjectivité voulue, trahit un point de vue réducteur puisqu’il ne tient pas compte du fait que ce festival de l’imaginaire a invité des écrivains prestigieux, francophones ou étrangers, tels Joe Abercrombie (Royaume Uni), Juan Miguel Aguilera (Espagne) et, venant des Etats-Unis, Jacqueline Carey, Kristin Cashore, Greg Keyes et Robert-Charles Wilson...
Je persiste et signe pour parler des auteurs qui subissent malgré tout la double peine : celle d’être rangés sur le « rayon jeunesse » et celle d’être catalogués dans les (anciens ?) « mauvais genres », d’ailleurs pas toujours bien identifiés, de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy (à côté du polar).

Des auteurs publiés dans les collections pour la jeunesse

A première vue, les amateurs de « littérature jeunesse » devraient être satisfaits des nombreuses rencontres possibles avec les auteurs et des nombreux livres exposés qu’ils auront le loisir de consulter ou d’acheter, tant le choix sera grand.
L’ombre du grand maître de fantasy Pierre Bottero, dont paraissent Les Âmes Croisées (Rageot), décédé en novembre 2009, planera sur la manifestation où l’on pourra faire connaissance avec son illustrateur Gilles Francescano. Peut-être découvrira-t-on Le Chant du troll durant le festival.
Pour les auteurs présents qui se consacrent aux mondes imaginaires, outre la distinction des genres : conte, fantasy, fantastique et science-fiction…, il est utile d’entrevoir trois catégories. Il y a d’abord les écrivains qui ont publié autrefois de tels livres, par exemple en science-fiction et qui se consacrent aujourd’hui à la littérature adulte. C’est le cas par exemple de Michel Jeury, de Pierre Pelot ou de Joëlle Wintrebert.
Il y aurait ensuite ceux qui écrivent aujourd’hui à la fois pour la jeunesse et pour les adultes. Evoquons alors Ange, couple présent sur le rayon « jeunesse » avec A mille lieues de toute terre habitée, au cœur des univers parallèles (« collection Soon »), Le Très grand vaisseau, (« Mini Syros ») et L’Arche de Noa, (Intervista). Après la novélisation de Keana, La Prophétie ("Autres mondes", Mango), Pierre Bordage s’ouvre à la jeunesse avec Ceux qui rêvent et Ceux qui sauront, (coll. « Ukronie », chez Flammarion). Quels ouvrages documentaires magnifiquement illustrés d’Edouard Brasey sont lisibles par la jeunesse ? Citons au moins L’Encyclopédie des héros du merveilleux. Si Fabrice Colin s’adresse aux deux lectorats, il a tout de même déjà publié 5 récits dans la collection « Autres mondes » chez Mango, le plus récent s’intitulant La Fin du monde. Si elle a écrit des essais savants, par exemple sur Claude Seignolle, Marie-Charlotte Delmas, n’a pas hésité à participer à la collection « Chauve-souris », chez Syros (par exemple avec La Vengeance du meneur de rats). Gudule, dont la bibliographie est impressionnante, a surtout multiplié les ouvrages en direction de la jeunesse mêlant contes et récits et romans fantastiques. Christophe Lambert se partage aussi maintenant les faveurs des deux lectorats. Après des récits édités par Bayard, il vient de publier La Reine de la vengeance (« Royaumes perdus », Mango). C’est par le biais de la défunte et pourtant jeune collection « Livre de poche jeunesse Fantasy » qu’Henri Loevenbruck a opéré un glissement vers le rayon jeunesse où La Moïra a été découpée en 6 volumes.
Le Spinalien d’adoption Johan Heliot travaille énormément et publie beaucoup, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs de tout âge. Retenons au moins, outre les récits de la collection « Autres mondes », Les Fils de l’air (« Ukronie »), Terre des tempêtes et Steppe rouge (qui succède à La Légion écarlate dans la collection « Royaumes perdus »). Lorris Murail, après avoir collaboré avec ses deux soeurs pour la série Golem, vise plutôt les adultes aujourd’hui.

vendredi 14 mai 2010

Collection "Folio Junior Science-Fiction" (Gallimard Jeunesse)




Dans le cadre des Collections juvéniles disparues, consacrées aux mondes imaginaires, c'est un plaisir de vous présenter :

"Folio Junior" Science-Fiction, crée par Christian Grenier en 1981.

Chez Gallimard-Jeunesse, en 1981, la collection susceptible de changer les mentalités, c'est "Folio Junior S-F", que le spécialiste de S-F Christian Grenier propose à Pierre Marchand qui accepte aussitôt à condition qu’il publie surtout des recueils de nouvelles thématiques. Le futur animateur de la collection doit aussi écrire les préfaces, les quatrièmes de couvertures et les biographies des auteurs ! Christian Grenier le raconte fort bien en 2004 dans Je suis un auteur jeunesse (paru chez Rageot). Il compose ainsi pour les plus de 12 ans, des anthologies thématiques de science-fiction en faisant appel aux noms les plus prestigieux du genre et lorsqu’il lui manque une nouvelle il contacte ses amis, par exemple Michel Jeury pour Les Autos sauvages.
Les couvertures sont illustrées par de grandes pointures de la bande dessinée comme Enki Bilal qui prend en charge 4 couvertures (depuis La Montagne sans nom jusque Dans la comète), mais les illustrations intérieures sont dues à d'autres graphistes, par exemple, James Prunier pour La Lune était verte, Bruno Pilorget pour Faiseurs d’univers, Philippe Davaine dans L’Horreur tropicale. Philippe Munch se charge de toutes les illustrations de l’anthologie L’Habitant des étoiles, constituée de textes français du XXe siècle. Le premier volume : Un homme contre la ville, (sous une couverture de Henri Galeron), constitué de huit récits passionnants, est suivi, comme tous les autres, d'un dossier documentaire illustré, centré cette fois sur les « villes utopiques ». Si les recueils, Un coup de tonnerre, Le Brouillard du 26 octobre et L'Habitant des étoiles paraissent aisément accessibles, le niveau des nouvelles constituant les autres volumes, choisies souvent dans des ouvrages et des revues pour adultes, est parfois un peu élevé. Seul, Un coup de tonnerre de Ray Bradbury sera réédité. Une douzaine de titres sont parus en 1985, une occasion de retrouver des auteurs français comme Jean-Pierre Andrevon, René Barjavel, Francis Carsac, Gérard Klein, Christian Léourier, Pierre Pelot, Francis Valéry, Daniel Walther… Les textes traduits, fort nombreux, peuvent être écrits par Ray Bradbury, Arthru C. Clarke, Richard Matheson, Robert Sheckley, Ivan Efremov ou Philip K. Dick…
Christian Grenier introduit encore dans sa collection des rééditions bienvenues de romans de Jerry Sohl, l'auteur de L'Invention du Professeur Costigan, ou de Stanislas Lem pour Le Bréviaire des robots. La reparution de Niourk de Stefan Wul, édité en "Présence du futur" connaît une nouvelle carrière et séduit les collèges. La vraie nouveauté dont Grenier a été le seul lecteur avant parution, c'est Le Tyran d'Axilane du couple caché sous le pseudonyme de Michel Grimaud, un récit jouant avec l'espace et le temps et d’où la poésie est loin d’être absente.
Voici, en tout cas, une collection qui mérite amplement que l’on se souvienne d’elle.

samedi 8 mai 2010

"L'Âge des étoiles", Laffont et la S-F des ados en 1977




Collection de S-F pour ados "L'Age des étoiles" (1977-1979) (Robert Laffont)

Dans le "Cercle des collections juvéniles", consacrées aux mondes imaginaires, faisons une place de choix pour cette collection quasi mythique.

« L’effet Guerre des étoiles », le film de George Lucas sorti en France en 1977, dope-t-il l'édition en matière de science-fiction pour la jeunesse? C'est très probable même si certains se désolent du « merchandising » (un mot aussi affreux que ce qu'il désigne), développé par la « Star Wars Corporation » : livres animés, maquettes, gadgets de toutes sortes.
Toujours est-il que deux collections mémorables vont voir le jour. Nous avons déjà vu "Travelling sur le futur", Voici maintenant la collection "L'Age des étoiles", entièrement consacrée à la science-fiction, chez Robert Laffont (1977-1979) où elle est animée par Karin Brown et Gérard Klein (déjà directeur de la prestigieuse collection pour adultes, "Ailleurs et demain").
Cette dernière-née, dont les couvertures sont illustrées par les meilleurs dessinateurs de bande dessinée : Enki Bilal, Serge Clerc, Gal, Loro, ou Jean-Claude Mézières ... est inaugurée avec La Porte des mondes de Robert Silverberg.
Elle vise un public de grands adolescents en leur proposant des ouvrages écrits pour les jeunes, soit par des auteurs anglo-saxons réputés, soit par des auteurs français connus dans le monde de la S-F. On traduit donc deux récits juvéniles et pleins d'entrain de Robert Heinlein : L'Enfant tombé des étoiles et Le Vagabond de l'espace, La Planète des ours d'Andre Norton (Alice Mary Norton), où Jony, prisonnier évadé de l'espace, reçoit le secours d'ours intelligents, et L'Enfant contre la nuit de Susan Cooper, quand le garçon Will tente de lutter contre les forces du Mal. Sous une couverture de Philippe Druillet, Christian Léourier propose, avec L'Arbre-Miroir, l'étrange rencontre de Gwentmaid, autochtone de la planète Gwyz et du jeune colon Dan alors que Michel Jeury (illustré par Robert Gigi et Serge Clerc), livre deux récits : Le Sablier vert, enfoui sous les ruines de la cité de Dirak, et Le Monde du Lignus, un monde vivant où la survie de Lorek Nolan n'est guère évidente. S'imposait aussi la présence de Christian Grenier dont Le Montreur d'étincelles délivre un message écologique, et de Michel Grimaud qui, avec L'Ile sur l'Océan Nuit, réclame justice pour les victimes du colonialisme. Après un bon choix de textes et un tirage à dix mille exemplaires, lorsque paraît en mars 1979, Galactica, La Bataille de l'Espace, on comprend que la collection doit s'arrêter. Ne paraîtra pas La Cité au bout de l'espace de Pierre Pelot, illustré par Jean-Claude Mézières, le dessinateur prestigieux de Valérian et Laureline. (Ce roman deviendra un "Fleuve Noir Anticipation", ce qui donne à réfléchir sur la notion, parfois floue, de livre pour la jeunesse !) Pourquoi cette collection a-t-elle en partie échoué ? Peut-être le format 21*11,5 a-t-il surpris et le prix était-il trop élevé (deux fois celui d'un « poche ») ?
Or cette élégante collection, aussi originale dans sa présentation séduisante que dans son contenu, mérite de susciter des nostalgies amplement justifiées.

"Travelling sur le futur", Duculot et la S-F en 1977




Reprenons le "Cercle des collections juvéniles disparues", des mondes imaginaires en faisant un bond vers 1977.

Collection de S-F pour ados "Travelling sur le futur" (Duculot)

"Travelling sur le futur", chez l'éditeur belge Duculot, développe aussi la S-F., dès 1977, et vise encore le public des 13/17 ans mais les couvertures sévères, constituées de photographies sensées évoquer le roman, sont peu attrayantes. Une vingtaine de titres sont publiés. Or, comme ils ne sont vendus, en moyenne, qu'à deux mille exemplaires, l'expérience est stoppée au bout de quatre ans. On y rencontrait pourtant de bons auteurs. John Christopher, dans Les Gardiens, met en évidence le combat de Rob fuyant la ville pour rejoindre les révolutionnaires. Quand Bertrand Solet écrit Les Frères des nuages, c'est pour imaginer une secte qui inhibe les esprits en 2025 tandis que Michel Grimaud défend un univers écologique avec Les Esclaves de la joie, avant d'évoquer Le Temps des gueux et le chômage. Parmi les auteurs français, notons encore Lucien-Guy Touati (Motus), Michel Corentin et Gil Lacq (L’Energie du désespoir) – il s’agit de l’énergie nucléaire -, et Christian Grenier pour Le Complot ordrien évoquant la montée de l’extrême droite. Il faut citer des traductions de Monica Hugues (Alerte au plateau 10 mettant l’accent sur les manipulations génétiques et Le Cerveau de la ville), de Bernice Grohskopf (L’Ecole idéale de Bruno Hauter), d’Eva-Maria Mudrich (Ferida, l’île du bonheur), de Nicholas Fisk (Les Prisonniers du temps), de Julien Van Remoortere (Le Livre interdit de Krista O.).
La directrice de collection, Christiane Lapp, qui dirigeait déjà la collection "Travelling" (déjà présentée sur le blog), n'est pas une spécialiste de la science-fiction.
Elle avait plutôt orienté sa collection vers l'anticipation réaliste chargée de donner une vision vraisemblable du futur. « A partir des découvertes scientifiques et technologiques actuelles, à partir de l'évolution de notre société, des problèmes politiques ou écologiques que nous connaissons aujourd'hui, on peut construire mille hypothèses sur ce que sera demain ». C'est le postulat au départ de la collection et c’est un postulat risqué. Comme l’écrit Christian Grenier dans La S-F à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas (Le Sorbier, 2003, p. 119) : « Hélas l’actualité rend ces textes vite caducs ; c’est l’un des inconvénients de l’anticipation à court terme ! »
La création d'un fichier pédagogique consistant n'a pas réussi à convaincre suffisamment d'enseignants pour que l'expérience se poursuive.

mardi 27 avril 2010

Collection "Coq Hardi" : des petits romans d'aventures




Oui, la collection des romans "Coq Hardi" mérite bien de figurer dans "Le cercle des collections disparues" même si elle n'évoque pas toujours des mondes imaginaires.
Considérons sa présence comme un hommage à Paul Berato (alias Yves Dermèze, Paul Mystère, etc). Ses couvertures éclatantes fascinaient les jeunes lecteurs.

Collection « Coq Hardi » (1946-1950)

Dès novembre 1944, Marijac (alias Jacques Dumas) après son petit journal artisanal Le Corbeau déchaîné, crée son Coq Hardi, journal résistant (publiant Les Trois Mousquetaires du maquis de Marijac) mais aussi la bande dessinée de science-fiction mamorable : Guerre à la Terre, un journal si typiquement français qu'il est le creuset d'une nouvelle école.
En 1946, le journal a créé sa "Collection Coq hardi", de romans illustrés bon marché de 50 pages, brochés, de petit format, publiés aux éditions SELPA de Clermont-Ferrand. Paul Berato (1915-1989), un des maîtres du roman populaire qui est à l’origine de la collection, y publie des récits sous plusieurs pseudonymes. Il choisit celui de Paul Mystère dès le n° 1, L'Or des Alfourous, illustré par Marijac dont l'action se déroule en Nouvelle Guinée et pour les 5 titres suivants, depuis Les Forbans aux pépites jusqu’au n° 6, Les Mutins du champ d’or (en Alaska). De 1946 à 1950, il signera sept autres récits, dont Le Viaduc de la mort (1947) jusqu’à Drame au Texas. Le même romancier, sous le pseudonyme de Yves Dermèze, signera encore 12 romans d’aventures, depuis Premier message (1947) jusqu’au 46e et dernier titre, Vers la mine inconnue (septembre 1950), illustré par Dut. C’est encore Paul Berato qui se cache sous les pseudonymes de Maurice de Moulins (Les Exilés de la taïga, Les Démons de l’Apacheria), de Francis Hope (Le Serment du Sachem) et de Stève Evans (Les Pirates des îles). La collection lui doit donc un total de 29 titres sur 46 ! Il y avait de quoi susciter l’enthousiasme du jeune Michel Jeury qui finit par aller rendre visite en vélo au romancier résidant à 40 km de chez lui, alors qu’il l’imaginait à Dawson City ou à Hong-Kong !
D’autres textes sont écrits par des auteurs populaires comme George Fronval, Albert Bonneau (L’Insaisissable Cavender, 1948), Maurice Limat, Jean Normand, Jean Buzançais, Jacques Cézembre ou Edmond Romazières. Les illustrateurs sont le plus souvent des piliers du journal Coq Hardi : Dut, Etienne Le Rallic, Georges Bourdin ou Christian Mathelot.

COLLECTION COQ HARDI

N° 1 L'OR DES ALFOUROUS (1946) Paul MYSTÈRE MARIJAC
N° 2 LES FORBANS AUX PÉPITES Paul MYSTÈRE MARIJAC
N° 3 LES FUGITIFS DE L'AMAZONE (1947) Paul MYSTÈRE Etienne LE RALLIC
N° 4 LE MAÎTRE DE L'AMAZONIE Paul MYSTÈRE LE RALLIC
N° 5 L'ÉNIGME DU REAL PEARL Paul MYSTÈRE MARIJAC
N° 6 LES MUTINS DES CHAMPS D'OR Paul MYSTÈRE MARIJAC
N° 7 PREMIER MESSAGE Yves DERMÈZE DUT
N° 8 SOUS LA BANQUISE EN FEU Yves DERMÈZE DUT
N° 9 L'ESCLAVE NOIR Yves DERMÈZE LE RALLIC
N°10 LES COMPAGNONS DE LA TORTUE Y. DERMÈZE LE RALLIC
N°11 LES EXILES DE LA TAÏGA Maurice DE MOULINS DUT
N°12 LE TRAPPEUR DU LAC AUX DAIMS P. MYSTERE DUT
N°13 PERDU DANS LA BROUSSE J. CÉZEMBRE DUT
N°14 LE VIADUC DE LA MORT Paul MYSTÈRE DUT
N°15 L'INSAISISSABLE CAVENDER (1948) Albert BONNEAU DUT
N°16 LA PERLE DU PACIFIQUE J.CEZEMBRE DUT
N°17 LES ÉCUMEURS DU RIO GRANDE Albert BONNEAU DUT
N°18 RÉVOLTE A BORD Paul MYSTÈRE DUT
N°19 LES CONTREBANDIERS D'ARMES Edmond ROMAZIERES DUT
N°20 LE PAYS SANS SOLEIL Y. DERMÈZE DUT
N°21 LES VENGEURS DU SOLEIL J. NORMAND Georges BOURDIN
N°22 L'ÎLE DES DIEUX TERRIBLES Jean BUZANÇAIS DUT
N°23 PRISONNIERS DES DAYACKS Paul MYSTÈRE DUT
N°24 DRAME SUR LA BANQUISE Paul MYSTÈRE BOURDIN
N°25 LE SECRET DU LAC J. NORMAND BOURDIN
N°26 LA FORET QUI TUE Maurice LIMAT DUT
N°27 LE RETOUR DE L'ESCLAVE NOIR (1949) Y. DERMÈZE DUT
N°28 LA JUSTICE DU TIGRERO R. THIERRY DUT
N°29 LES PIRATES DES ÎLES STÈVE EVANS DUT
N°30 LE SHÉRIFF DE CLIFTON CITY George FRONVAL DUT
N°31 LES NAUFRAGES DU "SETUBAL" Y. DERMÈZE DUT
N°32 TRAQUES PAR LES BOSCHIMANS Y. DERMÈZE DUT
N°33 LA PISTE ENSORCELÉE JACK TAGLY DUT
N°34 LA REINE DU TUMUC HUMAC J. NORMAND DUT
N°35 LE TRÉSOR DES PIRATES Paul MYSTÈRE DUT
N°36 LES DÉMONS DE L'APACHERIA DE MOULINS DUT
N°37 LA PART DU PIRATE J. NORMAND DUT
N°38 LE MAÎTRE DES GLACES Y. DERMÈZE DUT
N°39 LES RESCAPÉS DU POLE SUD (1950) Y. DERMÈZE DUT
N°40 LA FIN DU SANTIAGO Paul MYSTÈRE DUT
N°41 LE SERMENT DU SACHEM Francis HOPE DUT
N°42 LES VAINQUEURS DU CIEL ALEX COUTET MATHELOT
N°43 DRAME AU TEXAS Paul MYSTÈRE DUT
N°44 PRISONNIERS DES ÎLES BISSAGOS G. FRONVAL MATHELOT
N°45 LES DIAMANTS DE L'AMAZONIE Y. DERMÈZE DUT
N°46 VERS LA MINE INCONNUE Y. DERMÈZE DUT

D’après la bibliographie établie par Louis Cance et H. Swieltlik dans la revue HOP ! n° 38,
parue au cours du 4e trimestre 1985.

"Artima" ou le récit complet ouvert à la S-F




"Artima" : le récit complet en B.D. ouvert aux mondes imaginaires

Le grand éditeur de province de récits complets, sous la direction d’Emile Keirsbilk, fut sans doute Artima de Tourcoing, débutant de 1943 à 1949 par des albums, puis en 1948 par des séries de récits complets.
Surtout depuis l'abandon, en 1952, du format à l'italienne pour le format « à la française », on connaît ses fameuses nouvelles séries mensuelles de 36 pages aux couvertures mémorables et éclatantes de couleurs. Ce furent d'abord en 1952, Ardan, Audax, Aventures film, riche en westerns (un genre présent aussi dans Tex Bill, dessiné par René Mellies).
Il y eut aussi Dynamic et Tony Cyclone, une mémorable histoire d’aviation. Jungle, histoire de l'Ouest et guerre sont présentes en 1954 avec la naissance de Tarou, « fils de la jungle » créé par Bob Dan qui remplace sous un aspect débonnaire le Tarzan mis hors circuit par la censure en 1953, Red Canyon (dans le gener "western") et Vigor(1954-1962) (hébergé auparavant par Aventures-Films). Il faut encore citer Fulgor (1955-58), Foxie (1956-1985), Hardy (1955-58), Ouragan (1955-1958), Panda (1957-59), Téméraire (1958-1962) et Tempest. L'adoption du format de poche en 1960 marque la fin d'une période mythique.

Mais nous voudrions nous attarder sur les fascicules de science-fiction et de fantastique publiés par l’éditeur.
En mai 1953 naît la série de science-fiction la plus connue et la plus recherchée par les collectionneurs : Météor (due aux frères Raoul et Robert Giordan, surtout sur des textes de Lortac). La série compte les aventures du trio constitué par Spencer, Sam Spade et Texas jusqu’en juin 1962.
Le genre est encore représenté en 1956 par Atome Kid (1956-1959)et Cosmos (1956-1961), ces deux fascicules étant surtout connus pour la bande anglaise La Famille Rollinson dans l’espace. En 1957, peu de temps après le lancement du satellite russe qui lui donne son nom, apparaît Spoutnik qui reprend d’abord lecontenu des 8 premiers Météor des frères Giordan. Un an plus tard paraissent Sidéral (1958-1962), Aventures Fiction (1958-1960), un des meilleurs titres Artima et Monde futur (1959-1960) avec des bandes d’origine surtout espagnole. Pour finir apparaît l’éphémère Bat Man (1960).
Si les jeunes lecteurs se précipitent sur ces fascicules colorés et peu coûteux, inutile de préciser que les « prescripteurs » condamnent ou feignent d’ignorer ces lectures populaires.

Collection "Caravelles" ('Fleurus) : quelques récits conjecturaux




Les 4 récits illustrés ci-dessous n'ont rien de conjecturaux



Voici encore un élément pour le "Cercle des collections juvéniles disparues" des mondes imaginaires.

"Caravelles" (1957-1958) et l'anticipation

En 1957, les éditions catholiques Fleurus, vingt ans après leur création, forte du succès des collections "Jean-François", première née en 1950 et "Monique", lancée en 1953, souvent alimentées par les récits prépubliés dans les journaux Cœurs vaillants, Ames vaillantes et Fripounet et Marisette, créent la collection "Caravelles" qui ne vivra que deux ans (1957-1958). , en publiant quelque quatorze titres.
L’intérêt de cette collection réside surtout dans le fait qu’elle a publié plusieurs récits conjecturaux.
Les ouvrages sont doublement illustrés, en noir et blanc et grâce à quelques hors-texte en couleurs. Son titre astucieux évoque à la fois l’esprit d’aventure d’un Christophe Colomb et le nouvel avion français. Si Georges Bayard, alias Georges Travelier, un an avant la série des Michel, y publie La Chanson du Cabestan en 1957, si L.-N. Lavolle écrit pour elle l’exotique Mango, si l’on y rencontre encore Rémi Mayan (Au grand pays blanc) et Jean-Marie Audibert (Le Tour du monde en quatre jours), ce petit ensemble est surtout original par la place accordée à ce que l'on n'ose encore nommer la science-fiction.
Jean de Trigon propose L'Homme qui vivra mille ans, un titre explicite. Dans ce récit illustré par Robert Rigot, le Breton Hervé Keridec ne vieillit que d’un an tous les dix ans.Ch.-L. Souvelier touche au genre avec La Fantastique expédition Star quand les explorateurs rencontrent des animaux disparus et marchent "sur les traces de l'homme préhistorique". Jacques Chabar (en plus de récits sur les grands aviateurs avec Des aventures dans le ciel), propose le récit, L'Etoile du fond des mers. Cette étoile qui est en fait une arme dangereuse, une fusée mystérieuse venue de l’espace avant de plonger dans l’océan puis de retourner à la légende.
Pierre de Sarcus, avec La Ville souterraine, renverse le problème racial en imaginant une ville située dans les entrailles d’une île où « les Blancs sont les esclaves des Nègres ».
Le romancier américain Harold Leland Goodwin (1914-1990) choisit le pseudonyme de John Blaine pour publier en 1958, trois ouvrages d’anticipation dans la collection "Caravelles". Il s’agit en fait d’ouvrages tardivement traduits puisque déjà publiés aux U.S.A. en 1947. La Fusée du Docteur Brant (The Rocket’s Shadow, récit prépublié dans Fripounet et Marisette, en 1957) évoque la future conquête spatiale. Dans La Cité interdite (The Lost City), les deux amis Rick et Scotty vont au « Thibet » avec deux savants qui veulent émettre des ondes sur la Lune avec un radar. L’expédition mouvementée se termine par l’échouage du groupe dans une Cité où des Mongols veillent sur le tombeau de Gengis Khan. Les membres de l’expédition échappent miraculeusement à un éboulement qui engloutit la cité et la mission peut enfin s’accomplir. On retrouve Rick et Scotty dans L’Or des mers (1958, Sed Gold), sur la côte du Connecticut, aux Etats-Unis. Ils sont embauchés dans une usine du bord de mer où des ingénieurs extraient divers minéraux de l’eau de l’océan. Sabotages, risque de noyade, attaque de l »usine poussent Rick et Scotty à poursuivre jusqu’à New-York ces rivaux de l’industrie en création, finalement pris au piège. Mais on ne voit guère dans ce roman des éléments propres à l'anticipation.
Notons que de John Blaine, les éditions O.D.E.J., dans leur collection « J », publieront en 1960, Le Temple englouti, un récit dans lequel intervient un étrange sous-marin.
Notons que la collection arrive trop tard pour publier La Cité du serpent à plumes de Jacques Chabar, déjà édité dans la collection "Jean-François", lequel fait intervenir des faits fantastiques alors que Le Retour du Serpent à plumes publié dans "Caravelles", du même Jacques Chabar est un récit purement historique, cette fois.

dimanche 25 avril 2010

Guy SABRAN La Croisière du Nébulor Fusée atomique



J'ajoute cette illustration de couverture d'un livre également paru en 1946.

Guy Sabran : La Croisière du Nébulor Fusée atomique (G.P.)

En 1946 paraissait un album peu connu et étonnant de l’illustrateur Guy Sabran (né en 1902). On sait qu’il est le frère de Jean Sabran plus connu sous son nom de romancier, Paul Berna dont il illustre souvent les ouvrages aux Editions G.P. (Générale Publicité).
Nous y reviendrons quand nous aborderons les collections « Bibliothèque Rouge et Or », « Rouge et Bleue », « Dauphine » et « Souveraine »...
Pour l’heure, parlons de La Croisière du Nébulor fusée atomique. Images de Guy Sabran.
Ce grand album de grand format 23 cm sur 31 cm totalise 32 pages avec des illustrations tantôt monochromes, tantôt polychromes.
Les parents des garçons Michel, Jacques et Julien Boutte-Burette ( !) reçoivent, parmi d’autres convives, l’éminent professeur Urlunium qui évoque le métal rarissime l’utopon mais le savant vient surtout de mettre au point une machine volante équipée de moteurs à réaction utilisant la force utopique. C’est le « Nébulor-Fulgor » !
Plus tard, dans son lit Michel rêve qu’il pilote le Nébulor, en compagnie de ses deux frères et du chien Mikey. Le vol de la fusée atomique connaît des épisodes plus ou moins burlesques avant la fin du « cauchemar de l’utopie ».
Cet album, très attrayant du point de vue graphique, semble réunir des aspects qui risquaient d’attirer la réprobation des adultes en 1946. Même s’il s’agit d’une vision très optimiste du progrès, c’est un récit de science-fiction, ou plutôt d’anticipation, un genre qui suscite alors la réprobation. En outre ce sont des enfants qui jouent le rôle essentiel. Enfin, au cours du vol, le chien Mikey explose. Heureusement, ce n’était qu’un rêve !

P.S : Je viens d’inscrire cet album dans la bibliographie de Guy Sabran sur Wikipédia où il ne figurait pas.
En revanche l’album est commenté et la couverture bien reproduite (Ill. n° 113, pages 258-259) dans l’ouvrage publié sous la direction d’Olivier Piffault : Babar, Harry Potter & Cie Livres d’enfants d’hier et d’aujourd’hui (BNF)

vendredi 23 avril 2010

Collection "Sciences et Aventures" (Magnard)




Reprenons le "Cercle des collections juvéniles disparues" en ciblant d'abord celles qui sont consacrées aux mondes imaginaires. Voici donc :

"Sciences et aventures" (Magnard)

Les éditions Magnard, fondées en 1933, obtiennent leur premier succès grâce à la création du cahier de vacances Loulou et Babette. Elles publient ensuite des ouvrages scolaires et des romans pour la jeunesse dans diverses collections
La collection "Sciences et aventures" (1945-1963), première collection d’anticipation pour les jeunes, dirigée par le polytechnicien Pierre Devaux (1897-1969) est lancée à la fin de la guerre et privilégie les romans de cet auteur, collaborateur du journal Le Téméraire en 1943 et vulgarisateur scientifique.
Comme le montre déjà l'ouvrage Les Aventuriers de la science (chez Gallimard en 1943, réédité chez Magnard et réédité jusqu'en 1962), la vision de la science chez Pierre Devaux est délibérément optimiste, voire enthousiaste. Le Bordelais Pierre Devaux est surtout l’auteur de XP 15 en feu !, ouvrage souvent réédité, illustré par René Bresson en 1945, par Roger Brard en 1948 et doté d’une couverture de Jean-Marie Desbeaux dans la collection "Fantasia" en 1958 et de celle de Michel Gourlier en 1969 (pour "tl"). Les voyages interstellaires sont imaginés comme possibles en utilisant la force nucléaire. Bien que l’ouvrage soit sous-titré « Voyage dans le système solaire », le jeune héros Robert Lyax s’attarde surtout sur la Lune même si l’on évoque Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. On doit aussi à Devaux L’Exilé de l'Espace (1948), sous-titré « Aventures dans le système solaire », illustré par Roger Brard et réédité en 1958. On retrouve dans ce récit Robert Lyax devenu commandant à la fin de l’aventure.
Autre auteur important de la collection, l’instituteur H.-G. Viot qui écrit Le Chronastro, Fantastique randonnée au travers du temps, illustré par Alain Carrier, en 1949 (réédité en 1953). Le petit-fils du professeur Etelfay, MIchel Etelfay, entré imprudemment dans le chronastro, machine à voyager dans le temps, se retrouve au XVIIIe siècle au temps du bandit Cartouche puis au XXIIIe siècle. Viot s’inspire beaucoup de H.G. Wells. Les auteurs, Pierre Devaux et H.-G. Viot s’associent pour écrire une tétralogie. Le 1er tome s'intitule Explorations dans le Micro-monde (1957) (devenu Micromonde dans l’édition de 1966, illustrée par Michel Bonnand). La jeune fille Mariette partie dans le monde de l'infiniment petit donne bien du mal à son père et à son fiancé pour la retrouver dans cet univers microscopique? vient ensuite L'Ecolier invisible (1950, réédité en 1956 et 1963, illustré par Maurice de La Pintière), puis La Minute dérobée et La Conquête d'Almériade (1960), parfois sous-titré La Cité aux portes d’or, ce dernier livre étant illustré par Christian Fontugne.
Le Périgourdin Jean-Louis Galet, avec Les Paladins d’Auberoche (1963), illustré par Serge Vialis, associe aperçus historiques et voyage dans le temps, à la fin du Moyen Âge, quand on ressuscite la vie d'une cour de province pendant la guerre de Cent Ans.
Quelques ouvrages reparaîtront dans les collections "Fantasia" ou "Le Temps d’un livre ", après la disparition de cette aînée qui fait figure de précurseur dans le domaine de ce qu’on n’ose pas encore, dans les collections juvéniles, appeler la science-fiction.
D'autres ouvrages publiés dans la collection n'évoquent pas de mondes imaginaires. Citons Le Mystère du Foraisan (1946, réédité en 1957) d'A.E. Mars-Vallett, illustré par André Galland, qui décrit les aventures de jeunes spéléologues dans les gouffres alpins, L'Or de la Muzelle (1959, réédité en 1966) de l'alpiniste Jacques Boell et du photographe Marcel Ichac est illustré par Simone Deleuil. Le récit, La Pierre de soleil (1961) de Gille Phabrey semble un pur roman d'aventure.

Sur la collection, ne pas manquer de consulter les essais de Christian Grenier et le Forum BDFI.
Consulter également le site litteraturepopulaire.winnerbb.net

mercredi 21 avril 2010

Littérature de jeunesse et presse des jeunes vu par Véronique Delarue


Illustration et maquette de la couverture : Renaud Perrin

Voici une vision critique d'ensemble de l'ouvrage déjà évoqué précédemment.

Article extrait de la revue INTER-CDI n° 218
Culture pro
Véronique Delarue


Raymond Perrin. - Littérature de jeunesse et presse des jeunes au début du XXIe siècle : Esquisse d’un état des lieux, enjeux et perspectives. - L’Harmattan, 2008. - 582 p. - Bibliographie, table des matières, index des noms de personnes. - ISBN 978-2-296-05257-4 : 43 euros. Disponible en ebook sur : www.editions-harmattan.fr : 30,10 euros.
Raymond Perrin, ancien professeur documentaliste, nous entraîne, avec ce deuxième ouvrage consacré à la littérature de jeunesse [1], au cœur de l’édition jeunesse. Ce nouvel essai est une véritable mine d’informations : un incontournable outil de formation et de référence sous forme d’un état des lieux de l’édition, des événements éditoriaux, des genres et des divers supports de la littérature de jeunesse (fiction) de 2000 à 2006.
L’édition des ouvrages et des journaux pour la jeunesse, véritable industrie avec ses contraintes commerciales, se porte plutôt bien. Depuis plus d’une vingtaine d’années, on constate le nombre croissant d’éditeurs qui créent un secteur jeunesse ou lancent de nouveaux journaux, même si leur existence est parfois éphémère et leur qualité inégale. L’ouvrage n’ignore aucun genre romanesque, du roman d’aventure au récit historique en passant par le policier, la science-fiction, le merveilleux, le fantastique et la fantasy, y compris le manga. Il intègre également la presse des jeunes dont il suit l’évolution tout au long du siècle. Le livre pour enfants est fragile et vulnérable. Aujourd’hui ce n’est plus seulement comme autrefois, par intérêt pour les enfants et les adolescents, que des éditeurs, séduits par un marché en pleine croissance, créent un secteur jeunesse. Engagée dans une politique de rentabilité, l’édition n’hésite pas à voir au plus bas les tirages de ses ouvrages, au profit de quelques best-sellers auxquels elle réserve une publicité tapageuse et un marketing efficace. Ces succès de l’édition fascinent les médias plus par l’argent qu’ils génèrent que par leurs qualités esthétiques et littéraires, et participent à maintenir dans l’ombre collections et éditeurs qui résistent héroïquement à la pression des modes en privilégiant la qualité.
Une culture à deux vitesses
Les ouvrages en grand format, de plus en plus nombreux, entretiennent une ambiguïté quant à l’âge des lecteurs auxquels ils s’adressent et créent une culture à double vitesse. Les familles modestes ne peuvent acheter les fictions à 15 ou 30 $ et doivent attendre leur sortie en collection de poche, deux à trois ans plus tard, si l’éditeur en a décidé ainsi ! Si leur situation géographique n’est pas favorable, les lecteurs moins fortunés doivent se contenter des interminables séries bon marché, bien en évidence dans les supermarchés d’où beaucoup de « bons » éditeurs jeunesse sont souvent absents. L’auteur remarque que les albums et les beaux livres restent le traditionnel cadeau de fin d’année et les trois derniers mois de l’année accusent de loin les meilleures ventes.
Après ces propos liminaires suit une chronologie des fictions jeunesse du XXe siècle : une rétrospective rapide sur le siècle précédent [2] sous forme de liste ne retenant que dix titres « incontournables » par an. L’auteur précise toutefois que le tri fut parfois douloureux et que chaque titre est cité comme étant représentatif d’une époque et d’un contexte. Cependant, le choix individuel est souvent largement tempéré par la citation de titres imposés grâce aux prix [3] obtenus qui font autorité depuis des années. Un aperçu pour tenter de rendre compte de la richesse d’un univers littéraire qui a toujours été négligé. La partie suivante, réservée aux événements éditoriaux, concerne les rachats, les fusions, le pouvoir des groupes éditoriaux mondiaux et, surtout, les conséquences sur le respect des règles de la concurrence. L’auteur souligne que, dans cette situation éditoriale mouvante et instable, des outils, si imparfaits soient-ils, sont plus que jamais nécessaires pour appréhender la lecture d’un paysage de plus en plus diversifié, de plus en plus complexe, pour opérer une sélection et tenter de conserver des « coups de cœur » qui n’auront rien à envier à la littérature générale.
30 ans en 2007 ! La collection Folio junior, devenue « modèle de poche » est vite imitée : son format ainsi que la publication de textes en version intégrale. Une réussite d’autant plus remarquable que Gallimard ne disposait pas de la logistique des éditeurs implantés depuis longtemps dans le domaine. Une innovation capitale qui, après les classiques, étoffera le fonds en s’ouvrant aux nouveautés. Aujourd’hui plus que jamais, la collection conserve et entretient un fonds de qualité, mêlant fonds ancien, régulièrement enrichi, et fonds contemporain. La collection Livre de poche jeunesse, chez Hachette – à laquelle pas moins de onze pages ont été consacrées –, créée deux ans après sa grande rivale Gallimard, veut représenter tous les genres et tous les styles, mais surtout être un palier avant la littérature adulte. En 2006, la collection comptait plus de 1 200 titres en catalogue. Elle profite d’une bonne implantation dans le milieu enseignant par le biais des manuels, et d’une très large diffusion dont elle a la maîtrise. En 1980, arrive la collection Castor poche chez Flammarion. Toujours en bonne santé, elle se décline aujourd’hui selon les âges et les genres. Son catalogue dépassait les 1 000 titres en 2006.
Après une brève histoire des collections jeunesse avec un bilan en chiffres pour chaque année, les résultats de certains prix littéraires, l’auteur s’intéresse à l’album, en rappelant l’histoire depuis les origines, insistant sur les étapes majeures, notamment celles des années 1980-1990, et soulignant la qualité et la variété de la production française dont la renommée est portée par de nombreux éditeurs : L’École des Loisirs, Seuil Jeunesse, Albin Michel, Gallimard, Actes Sud, Le Rouergue, Thierry Magnier, Rue du Monde, Sarbacane, L’Atelier du Poisson soluble, Grasset.
En ce qui concerne la scolarisation accentuée de la littérature de jeunesse, l’auteur n’oublie pas d’en signaler l’influence en précisant les aspects incitatifs, mais aussi les limites des listes de références. Rien n’est laissé au hasard, les différents genres fictionnels sont analysés. Chacun peut y suivre le panorama de son genre préféré : roman historique, énigme policière, récit fantastique ou de science-fiction, roman d’aventure, etc. Dans le pertinent chapitre XII sont abordés les « romans pour ados », une littérature aux contours flous définie par son public plutôt que par son genre, aux thématiques parfois dérangeantes, qui n’hésite pas à aborder la sexualité, les relations familiales, la violence, l’adolescence et qui possède ses propres collections Médium, Scripto, Tribal, Les Uns les autres, doAdo, Babel j…, dans lesquelles on retrouve de nombreux auteurs qui ne publient pas seulement pour la jeunesse.
Une bibliographie, un index des noms propres (près de 3 000 noms d’auteurs, d’illustrateurs, de scénaristes, d’éditeurs et de directeurs de collections) facilitent la consultation. Un véritable travail de mémoire. Malgré quelques commentaires – superflus – de l’auteur de-ci de-là, il faut retenir de cet ouvrage qu’il est incontestablement complet, remarquable et très bien documenté : un outil indispensable à la formation professionnelle !
Notes
[1] Le premier, Un siècle de fictions pour les 8 à 15 ans (1901-2000), proposait déjà un aperçu original et pertinent de l’ensemble de la production. Disponible en format .pdf sur www.editions-harmattan.fr
[2] Pour plus d’informations, se reporter à l’ouvrage Un siècle de fictions pour les 8 à 15 ans, du même auteur. L’Harmattan, 2005.
[3] Prix Jeunesse des années 30, prix Sorcières, Tam-Tam, Baobab, Les incorruptibles…

N.B. : La note 2 n'est plus d'actualité puisque Fictions et journaux pour la jeunese au XXe siècle (L'Harmattan, 2009) est une version grand format largement revue et très augmentée (plusieurs centaines de milliers de signes en plus) d'Un siècle de fictions.

mardi 20 avril 2010

Littérature de jeunesse et mondes imaginaires


Illustration et maquette de couverture : Renaud Perrin

Les mondes imaginaires dans Littérature de jeunesse et presse des jeunes au début du XXIe siècle
Il n'est pas inutile de revenir sur l'évocation des mondes imaginaires dans un gros ouvrage de 580 pages (édition 2008) où cet aspect est peut-être un peu noyé dans l'ensemble. Jean-Pierre Andrevon (dans L'Ecran fantastique), Jacques Baudou (dans Lunatique 78-79), Christian Grenier(sur son site Internet) ont évoqué cet aspect.


Table des chapitres 8 et 9, eux qui évoquent, entre autres auteurs, J.K Rowling, Tolkien, C.S. Lewis, Philip Pullman, Chris Wooding, Cornelia Funke, Michael Ende, Christopher Paolini, etc. (pour les auteurs traduits).
Parmi les auteurs francophones, notons Jean-Pierre Andrevon, Sophie Audouin-Mamikonian, Eric Boisset, Anne-Laure Bondoux, Pierre Bordage, Pierre Bottero, Serge Brussolo, Fabrice Colin, Laurent Genefort, Pierre Grimbert,Alain Grousset, Christian Grenier, Johan Heliot, Christophe Lambert, Nathalie Le Gendre, Erik L'Homme, Jean-Marc Ligny, Henri Loevenbruck, Alexandre Malagoli, Danielle Martinigol, Xavier Mauméjean, Jean Molla, Pierre Pelot,etc.

VIII L’irrésistible extension des domaines du merveilleux : conte, fantastique et surtout fantasy.................................... 241

1 : Des contes traditionnels ou modernes, aux sources de l’imaginaire (242),
« Contes et légendes » et fidélité, chez Nathan (244), Des contes venus des cultures du monde entier (245), Les contes des « poches » généralistes (248)

2 : Un fantastique popularisé et aux racines solides (249),
De 2000 à 2006, le cercle des collections disparues (251), Le fantastique des trilogies, des cycles et des courtes séries (255)

3 : La fantasy, reine de l’imaginaire au début du XXIe siècle (260),
La fantasy est-elle un genre défini et à part entière ? (260), Il y a sorciers et sorciers ! (263), Portes vers l’autre monde, épées, grimoires et talismans … (264), Des oeuvres fondatrices et motrices du genre (266), Quelques exemples d’une présence hexagonale (267), Les livres juvéniles précurseurs de la fantasy (269), Fantasy et cinéma : entente cordiale pour un enchantement (270), La fantasy juvénile publiée en France, de 2000 à 2006 (271), Gallimard jeunesse : quelques longueurs d’avance (273), Les nouveaux orphelins de la fantasy pour la jeunesse (277) Quête initiatique ou quête de ses origines ? (278), Vrais et faux orphelins (279), Les héroïnes sont des orphelines comme les autres (280), La fantasy animalière a aussi ses orphelins (284), Les orphelins de l’heroic fantasy ou d’ailleurs (285)

IX Discrétion de la science-fiction concurrencée, en dépit de la qualité des « Autres mondes » ……………………….... 289
Petite rétrospective de la science-fiction juvénile (290), De l’anticipation à la science-fiction (293), Enfin des collections juvéniles, estampillées « science-fiction » ! (295), La science fiction juvénile, de 2000 à 2006 (297), Des titres dispersés dans les collections généralistes (298), Quelques cycles, trilogies et diptyques (298), « Le Cadran bleu », une collection devenue « historique » (303), « Autres mondes », une collection de S-F exemplaire (305)

lundi 19 avril 2010

Fripounet, Marisette et les arcades de Remiremont




Il y a 60 ans, les arcades de Remiremont, dans Fripounet et Marisette

En 1942, pour rendre plus attrayante la Lettre aux jeunes ruraux de l’abbé Marchand, René Bonnet (1905-1998), dessinateur et scénariste, crée le personnage du malicieux Fripounet, rejoint en 1945 par sa sœur, la gentille Marisette. Les deux enfants qui vivent à la campagne dans la ferme de leur oncle Luculas et de la tante Camille, vont donner naissance, chez Fleurus, en novembre 1945 au bimensuel Fripounet et Marisette (devenu hebdomadaire en 1947), lequel publie leurs aventures à la Une. Le journal au public mixte s’adresse plutôt aux jeunes lecteurs de la campagne, à la différence des autres journaux Fleurus, plus urbains, tels Cœurs vaillants pour les garçons et Ames vaillantes pour les filles. René Bonnet qui signe parfois Herboné ne stoppera sa série qu’en 1968, lorsqu’il est subitement « remercié » par des éditeurs bien ingrats. (La série est reprise par d’autres auteurs en 1984)
En 1950, apparaît pour la première fois l’excentrique clerc de notaire Abélard Tiste qui entraîne souvent les enfants dans des aventures mystérieuses ou abracadabrantes. René Bonnet publie alors chaque semaine dans le journal éponyme une planche de l’épisode Les Semelles d’or.
Un héritage imprévu est soumis à la condition que Fripounet et Marisette retrouvent une paire de vieux brodequins à remettre à un couple de vieux forains. C’est le début d’une odyssée dans la campagne française.
Même s’il n’est pas dit clairement que l’histoire se déroule dans les Vosges, le mot Lorraine est présent à la page 8. Fripounet et Marisette descendent du train à la gare de Miramont (un nom transparent) et bientôt apparaissent clairement dans plusieurs planches, les arcades de la ville de Remiremont (surtout à la page 29).
D’ailleurs, dans une correspondance échangée avec un bibliothécaire de la ville de Remiremont, M. Baland, René Bonnet a reconnu s’être inspiré de la cité romarimontaine. On voit en outre dans l’album des représentations de la montagne vosgienne et de ses forêts de sapins.

L'album Les Semelles d'or a été réédité par les éditions Triomphe en 2001.