jeudi 2 avril 2015

"Cascade Policier" et "Cascade Pluriel", chez Rageot (2)

Les Collections "Cascade Policier" et "Cascade Pluriel", chez Rageot (2)

La collection "Cascade Policier", d’abord modeste en titres, va peu à peu prendre une importance inattendue, sauf pour ceux qui avaient pressenti l’explosion parallèle du fantastique et du récit policier dans les livres pour jeunes.


La collection « Cascade Policier », née en 1991, chez Rageot, qui propose « enquêtes, fausses pistes, mystère… et frissons garantis », va  décliner tous les styles, conjuguant énigme, roman noir et sueurs froides, suspense, enquêtes, fausses pistes et polar flirtant avec le fantastique. Le tandem Boileau-Narcejac, avec la reprise des aventures de Sans Atout, (Le cadavre fait le mort, Dans la gueule du loup, Une étrange disparition…) sert sans doute au départ de locomotive, tout comme le maître du polar américain Jay Bennett, déjà publié, de retour dans L’Impasse du crime (1991). Un homme traqué croit trouver refuge dans un cinéma de quartier dont la sortie donne sur une impasse ! Thomas Garly, dans Peinture au pistolet (1991), campe un jeune détective narquois, évoluant en  2 CV, dans le milieu frivole de l’art, de Paris à Rome ou Venise. Dans Le Voleur de secrets d’Olivier Lécrivain, une réédition de 1991, si l’ambiance est bien celle d’un polar, le thème principal est tout de même celui de la création littéraire.
Jean Alessandrini poursuit les enquêtes du Capitaine Nox dans Le Labyrinthe des cauchemars, un épisode d’une série limitée.


Avant même sa série Le Commandeur, Michel Honaker séduit d’abord avec Croisière en meurtre majeur (1993), un récit qui serait inspiré par le carnet de bord de Tchaïkovski lors du voyage Le Havre-New-York du transatlantique « Le Bretagne », en avril 1891. Ce roman policier fait connaître aux lecteurs Sylvain d’Entragues qui enquête sur la mort troublante d’un certain M. Werner, passé par-dessus bord. Michel Honaker étonne aussi avec La Sorcière de midi, un récit qui flirte avec le genre fantastique en restant une aventure policière, agrémentée d’une touche humoristique. Jean-Paul Nozière introduit Des crimes comme ci comme chat (1992) dans une paisible bibliothèque. Pourrait-on soupçonner de crimes une bibliothécaire qui nomme ses chats Duras, Simenon ou Le Clézio ? Ce policier original, à l’écriture subtile, garde sa saveur jusqu’au bout.
A la même époque, Paul Thiès charme avec Signé Vendredi 13. La mère de Caravelle Beauregret, une journaliste célèbre, reçoit de mystérieuses menaces. Et le meilleur copain de la jeune fille, surnommé Vendredi 13, tagueur et roi du skate, semble mêlé à de sombres trafics. Du même auteur, certains préfèreront peut-être Micmac aux Mille et une nuits, paru en 1994. Simon vit avec sa mère veuve dans la sordide cité des barres sinistres de HLM, pompeusement baptisée « Les Mille et une nuits ». Il rencontre Bruno au cours de circonstances tragiques, quand leurs vies sont menacées.
En 1992, Valérie Dayre, un auteur à L’École des loisirs de Comme le pas d’un fantôme, dans la collection « Médium », republie l’histoire, chez Rageot, sous le titre Le Pas des fantômes, quand Gabriel, quinze ans, vient passer des congés dans le manoir austère et isolé d’un parent qu’il ne connaît pas.   


Appréciée par les 12-15 ans, la collection s’ouvre à de nouveaux auteurs, tels Sarah Cohen-Scali et ses Ombres noires pour Noël rouge (1992). Au même auteur, la collection sera redevable du récit, Agathe en plein délire (1996), quand un meurtrier pousse le cynisme jusqu’à prévenir un commissaire, par lettres, des meurtres qu’il va commettre. Sarah Cohen-Scali revient en 1997 pour le roman très original, L’Inconnue de la Seine (1997), puisque c’est l’assassin lui-même qui raconte ses forfaits.  Alors qu’il avait publié seul Le Chauve était de mèche, en 1993 (l’enquête parallèle à la police d’un adolescent de quinze ans qui découvre un réseau de trafiquants de drogue), Roger Judenne associe ses talents à ceux de Philippe Barbeau pour deux récits policiers. Le premier, Carton rouge ou mort subite montre les jumeaux Charlotte et Jérôme découvrant une escroquerie concernant le monde du football, en enquêtant sur leurs origines. Dans le deuxième récit, Le Château de tous les dangers, Justine, en vacances chez ses grands-parents, ose faire la lumière sur les pratiques dangereuses du gourou d’une secte. Elle va même jusqu’à le défier dans un château de Sologne.
Christian Grenier poursuit, toujours avec talent, les enquêtes de son inspecteur féminin Logicielle (L’Ordinatueur, Arrêtez la musique…). On peut encore lire, Hervé Fontanières qui, dans Le Tueur mène le bal (1995), situe l’action dans un bal masqué et choisit de faire raconter l’histoire par l’assassin. Lisons aussi le prometteur Stéphane Daniel. En 1996, il a introduit un de ses personnages récurrents, Lucas, dans Un tueur à sa fenêtre. Qui a tué Max, le copain de Lucas, âgé comme lui de dix-sept ans et pourquoi ? Stéphane Daniel est encore l’auteur de Mensonge mortel (1997). Le collégien Léo trouve, dans la bibliothèque familiale, un courrier de l’Aide sociale à l’enfance. Il découvre à seize ans qu’il est un enfant adopté, ce que ses parents n’ont pas encore osé lui dire. En fouillant son passé, il ignore qu’il met aussitôt sa vie en danger. Ce très bon récit risque de dérouter certains lecteurs en raison de sa construction et de ses ellipses temporelles …sauf pour ceux qui ont retrouvé l’intrigue dans un épisode de la série TV de Victor Lanoux, Louis la brocante !    
C’est en 1996 qu’Evelyne Brisou-Pellen se met A l’heure des chiens, pour une intrigue construite autour du cadavre d’un vieil homme, retrouvé dans un champ, près d’une voie ferrée mais l’histoire se concentre surtout sur les  chiens. L’auteur revient dans la même collection en 1999, pour Mystère au point mort, quand les jumeaux Brice et Alice découvrent que leurs parents, décédés dans l’accident auquel ils ont eux-mêmes survécu, ont été victimes d’un meurtre. Dans Basket Balle (1997), Guy Jimenez construit son intrigue autour des problèmes du basketteur américain Ubbie, perturbé dans son jeu depuis qu’il a aperçu un visage de femme. Ses maladresses ont-elles un lien avec le meurtre de sa sœur Ida ?      
Assassin à dessein de Claire Mazard, en 1998, fait peser les soupçons sur un jeune homme qui découvre successivement, avec son amie, plusieurs cadavres.
Après le troisième meurtre, la police transforme le témoin en suspect. Des meurtres, il y en aussi trois dans La Nuit de l’étrangleur (1999) d’Evelyne Jouve mais les victimes sont trois collégiens tués par un psychopathe. Cette fiction atteint des limites extrêmes, quelle que soit la qualité littéraire du récit, pour des lecteurs jeunes.


 C’est dans la collection « Cascade Policier » que Lorris Murail  a créé le personnage d’une courte série, Dan Martin.
Dan Martin est l’adolescent David Martin qui joue volontiers au détective privé tout en fréquentant encore le lycée. Ses talents sont requis soit en France, soit à l’étranger, pour résoudre plus ou moins aisément certaines énigmes. Il s’agit donc de romans parodiques et humoristiques qui se jouent gentiment des codes du genre policier. Le personnage était d’abord apparu dans le roman Le Chartreux de Pam, mais les lecteurs n’avaient pas su, apprécier le jeu de mots du titre stendhalien. Le récit est donc réapparu sous le titre Dan Martin détective. Cette histoire évoque effectivement le chartreux (chat à poil gris cendré), que la séduisante Pam de 4e 2 a perdu. Dan Martin fait du cinéma (le détective est devenu garde du corps d’une jeune star de cinéma), est un épisode initialement paru dans la  collection « Cascade Policier », comme Dan Martin file à l’anglaise (quand le jeune détective est en quête du trésor de Callaghan). 
Dans « Cascade Policier », pour Catherine Missonnier, On ne badine pas avec les tueurs. L’adolescent lycéen Vincent est victime malgré lui d’une succession d’événements aussi bizarres que désagréables. Fausse accusation, cambriolage, filature et tentative d’assassinat suivent ce fait. C’est trop pour un seul adolescent accusé de trafic par la police. Le couple signant Michel Grimaud (Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse), maître de la S-F et du roman social, casse l’image restrictive acquise par la pratique de ces genres, dès le roman L’Assassin crève l’écran.
Le journaliste Oliver Beaumont, venu interviewer les vedettes d’un film à sensation, les découvre assassinées les unes après les autres. Jouant au détective, il va tenter de comprendre les raisons de cette hécatombe. On doit aussi à Michel Grimaud, Chapeau les tueurs ! (Quatre des sept propriétaires d’un domaine succombent successivement d’une mort violente. Le journaliste Pascal Vidal traque des tueurs à gage à ses risques et périls). Le couple d’auteurs a encore publié Drôles de vacances pour l’inspecteur, Règlements de compte en morte-saison et Une ombre sur le toit (2002), avec un scénario policier crédible, proposant une image positive de la police.  
Hélas ! A la fin des années 90, disparaît la série des Sans Atout de Boileau-Narcejac (heureusement reparue dans l’intégralité de ses huit épisodes, chez Gallimard Jeunesse en 1999). 
Chez Rageot, la collection « Cascade Policier » (1991-2003), ne lance pas encore ses dernières salves en publiant Folle à tuer (2001) de Catherine Missonnier, un polar au suspense progressif et efficace pour une héroïne attachante. Fausses pistes et écriture soignée augmentent l’intérêt de cet excellent récit. Nathalie Charles concocte un bon suspense dans Les Ficelles du crime, quand la jeune Isabelle découvre d’étranges mises en scène de meurtres. François Charles publie en 2002, Tueur à babord, une histoire d’espionnage sur le Nil. Un agent secret est poursuivi par un redoutable tueur caché parmi les passagers d’un bateau et qui veut se venger. Ségolène Valente, dans Cherchez le cadavre (2002), propose plutôt un récit qui semble proche de certains faits divers. Le jeune Momo qui a « emprunté » la voiture de son père emboutit, à un feu rouge, la vieille Mercedes de Miss Dolly,  professeur d’anglais ! Or, dans le coffre qui s’ouvre apparaît un cadavre, caché là par les jeunes auteurs d’un « rodéo » qui a mal fini sur un parking. L’aspect policier est cependant bien mince.   
 
« Cascade Policier Junior » et les « détectives en herbe »

En 1996 s'ajoute « Cascade Policier Junior », pour les « détectives en herbe », de 9 à 11 ans. Elle mêle auteurs français et auteurs traduits. On y rencontre La Fille du gangster de Roger Judenne, quand Pélagie croit avoir reconnu son père parmi les membres d’un hold-up, le comique Détective zéro zéro nul de Michel Amelin ou C’est quoi ce trafic ? un récit de Gilles Fresse, lorsque « la tribu écolo »,  constituée de Coline, Etienne et Léo tombe sur un bizarre et suspect trafic animalier. Parmi les autres auteurs hexagonaux, retenons Jacques Asklund (Le Message du revenant), François Charles (Les 7 crimes d’Honoré B.) et Stéphane Daniel (Le Secret de l’agent secret).
Paul Thiès compose une tétralogie originale qui porte le nom de « L’Hôtel des Quatre Saisons » (quand elle est rééditée dans la collection « Heure noire »). Elle ne semble pas suivre l’ordre logique des saisons puisque le 1er épisode paraît être Un automne rouge sang (1997). Son personnage central est Martin Malivert, âgé de seize ans, orphelin depuis que ses parents ont été tués dans un accident. Il est élevé par un oncle et une tante, ses tuteurs qui le détestent et le poussent à travailler. Devenu groom de l’Hôtel des Quatre Saisons, dans le Quartier latin, il apprécie beaucoup sa fonction. On retrouve le sympathique personnage de Martin dans Un été bleu cauchemar (1998). Un hiver blanc frisson s’est installé quand Martin est contraint de prendre le plus de risques à cause d’un diamant fabuleux, « L’œil de glace ». Dans Un printemps vert panique (1998), le groom de l’Hôtel des Quatre Saisons voit son existence plusieurs fois menacée. La collection « Cascade Policier Junior » privilégie deux auteurs traduits : Thomas Brezina, pour la série « les K », débutant en 1996, avec les épisodes Le Secret de la momie rouge et La Vallée des monstres, et David Lubar dont les récits, comme Fantôme es-tu là ? ou Le Pire des vampires, semblent plus fantastiques que policiers.
D’autres épisodes de la « Série des K » de Thomas Brezina  améliorent la connaissance des garçons voyageant dans des régions du monde très diverses et plus ou moins exotiques, à la fin du XXe siècle. Dans ces aventures pas toujours vraisemblables, les quatre garçons de « la bande des K » parcourent la Terre, de l’Égypte (pour Le Secret de la momie rouge, en 1996, quand un archéologue vole les trésors que l’on vient de mettre à jour), au Japon (dans La Vallée des monstres, l’occasion de tester un nouveau parc d’attraction sur le thème des dinosaures), et ils résolvent des énigmes.
Ils vont de l’île Maurice (Danger sur l’île aux pieuvres), pour affronter un savant fou, à Shanghai (La Jonque aux dragons), à la recherche d’un dragon de jade et passent par l’Espagne dans Le Mystère du château hanté, et la Grèce quand ils sont Pris au piège du labyrinthe... Les lecteurs de ces récits, illustrés par Michel Riu, seront peut-être plus sensibles aux éléments permettant de découvrir les pays concernés qu’au suspense aussi mince que la psychologie des personnages.      


         « Cascade pluriel Fantastique », née en 1995 chez Rageot, a publié d’excellents auteurs comme Michel Honaker, (Erwan le Maudit, Le Prince d'ébène), Jean-Marc Ligny (Les Ailes noires de la nuit), Paul Thiès dont on intègre Le Sorcier aux loups et Hervé Fontanières (Rendez-vous en enfer). Côté féminin, la collection s’enrichissait de la présence de Sarah Cohen-Scali pour une Danse avec les spectres dans une maison maudite, et d’Hélène Montardre, auteure de La Nuit du sortilège, quand Paul ne retrouve pas trace de Mélanie. « Cascade Pluriel » propose encore trois tomes pour le cycle de Michel Honaker : Le Chevalier de Terre-Noire. Ils s’intitulent : L’Adieu au domaine, Le Bras de la vengeance et Les Héritiers du secret.
Faut-il ajouter que la collection « Cascade Pluriel » a encore traduit la série anglosaxonne « Années Collège » ? Evoquons plutôt « Cascade Musique » qui, sous la seule plume de Michel Honaker, a restitué » la vie et l’œuvre de compositeurs comme Chopin, Bach, Beethoven, Mozart, Berlioz et 4 autres musiciens célèbres.    


"Cascade", une collection des éditions Rageot (1)

Collection « Cascade », chez Rageot (1989-2004) (1)

Voici encore un fleuron du «Cercle des collections Jeunesse disparues ». 



C’est  en 1989, chez G.T. Rageot, séparé des Éditions de l’Amitié, qu’apparaît "Cascade", une collection dirigée par Caroline Westberg qui privilégie les auteurs de langue française et qui est diffusée par Hatier. Ses premiers titres font craindre qu’elle se nourrisse simplement, sous un nouveau look, d’œuvres sempiternellement reprises, comme Les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur, L’Appel de la forêt de Jack London et La Guerre du feu de J.H. Rosny et de rééditions des collections antérieures.
Or, bien vite, elle prend de l'extension et propose trois niveaux d'âge : 7-8 ans, 9-10 ans, 11-12 ans (plus tard élargi au 11-13 ans), même s’il faut souvent, dans la réalité, ajouter quelques années pour trouver le lecteur adéquat. Surtout, grâce à son succès, elle va se diversifier et élargir son lectorat potentiel en rassemblant et absorbant peu à peu les collections précédentes comme "La Bibliothèque de l’Amitié" et "Les Maîtres de l’Aventure", cette dernière restant très active quelques années.
Le pari engagé « après la grande vague du poche » (survenue dix ans plus tôt) n’était pas sans risque puisque l'on propose un nouveau « concept-livre » qui bénéficie « de tous les procédés techniques modernes » mais remet en cause l’allure physique du livre au format de poche, familier à tous. C’est sous une couverture colorée et plastifiée, au début du moins, avec des rabats donnant l’illusion d’une jaquette, que la collection propose nouveautés et rééditions,  agrémentées d’un complément documentaire : des mini-dossiers en fin de volume qui se révèleront éphémères.



Les auteurs vétérans sont encore là, comme Michel-Aimé Baudouy s'essayant au roman historique avec La Capture de César, Yvon Mauffret, Monique Ponty et L’Inconnu de la Proiselière, Évelyne Brisou-Pellen, déjà familière du fantastique et des loups-garous dans Le Mystère de la Nuit des pierres. On retrouve aussi Christian Grenier, Michel Grimaud, Susie Morgenstern (Les Deux Moitiés de l’amitié), Jean-Paul Nozière (Elsa et Antonio pour toujours), Pierre Pelot (dont on réédite Les Etoiles ensevelies), Yves Pinguilly et François Sautereau qui entretient sa familiarité avec le fantastique dans Classe de lune et s’amuse beaucoup en décrivant les vœux exaucés pour Les Indiens de la Rue Jules Ferry.  



Toute une nouvelle génération apparaît, constituée par Catherine Missonnier qui fait un tabac dans les écoles avec Superman contre CE 2 et Vacances sorcières, Marie Dufeutrel introduisant un handicapé dans L’Été Jonathan (primé en 1990), Paul Thiès dont on découvre l’humour grâce au personnage préhistorique de Petit Féroce et qui s’essaie à l’Histoire avec Les Braconniers du roi. On semble seulement remarquer le roman de Sandrine Pernusch, Le Journal secret de Marine (1991), déjà paru en 1988, dans la "Bibliothèque de l’Amitié". Alors qu’il est lu à la dérobée, un journal donne lieu à la réconciliation inattendue de deux sœurs. On y rencontre encore Alain Surget dont Le Fils des loups, illustré par Thierry Desailly, se perd dans la forêt vosgienne de La Bresse (Vosges), et Roger Judenne mêle Histoire antique et thème animalier dans Le Lévrier du pharaon.



Hélène Montardre cache bien le secret de La Maison aux quatre étoiles et, si Marie-Noëlle Blin envoie de Bons baisers de Californie, le rêve américain réserve des surprises. Les romans sportifs sont trop rares pour qu’on ne mentionne pas Le Jour du match de Gilberte Niquet. Bientôt l’équipe s’enrichit de la présence de Jacques Asklund, de Yves-Marie Clément, de Malika Ferdjoukh, de Thierry Lenain, de Michel Honaker... Plus tard viendront Jean Molla et Pierre Bottero.
Parmi les oeuvres traduites, retenons Le Royaume de la rivière (devenu au cinéma Le Secret de Terabithia), L’Eté de tous les secrets de Katherine Patterson, Un poney blanc neige de Anne E. Crompton et on réédite Le Secret de l’oiseau blessé de Betsy Byars.



Première démultiplication de la collection "Cascade"
        
C'est en 1991 que G.T.- Rageot crée deux sous-collections, la première, éphémère, la seconde si développée qu’elle est capable de supplanter la collection-mère dans le cœur de bien des lecteurs.
"Cascade Aventure" semble réunir des atouts susceptibles de faire l’unanimité, en proposant « des héros, des grands espaces, des découvertes… », autour d’un thème porteur et toujours exploité en littérature jeunesse. Peut-être aurait-il fallu éviter les rééditions des récits présents dans les mémoires ou sur les rayons des bibliothèques : ceux de  Paul Thiès, d’Évelyne Brisou-Pellen, de Michel Grimaud, venus de l’ancienne collection "Les Maîtres de l’Aventure" (et même des "Chemins de l’Amitié", comme Miguel de la faim de Nicole Vidal qui évoquait le quotidien d’une famille pauvre du Brésil). Les nouveautés peuvent en pâtir, tels le superbe récit Le Prince d’ébène de Michel Honaker, tutoyant le meilleur fantastique sur le thème de la musique cher à l’auteur, Les Larmes de la jungle de Pierre Pelot, constamment dans l’ombre fidèle de Chico Mendès, au cœur de la forêt amazonienne, Le Pas des fantômes, récit étrange et de bon aloi de Valérie Dayre (dont C’est la vie Lili de 1991 est primé à Annemasse en 1992), ou l’excellent récit ressortissant à la science-fiction : Date limite (1991), de Jean Alessandrini. Notons le plongeon du vétéran Michel-Aimé Baudouy, au cœur de ce que Yves Coppens aime nommer « paléo-fiction », dans Le Maître du salon noir, et les exotiques récits de Jean Guilloré, Peur bleue en Mer Rouge et Le fétiche de jade. La collection publie encore Le Buveur d’écume de Yves Pinguilly et réédite Ali de Bassora, voleur de génie de Paul Thiès. 



Les thèmes de la collection vont se diversifier au fil des ans évoquant aussi bien les histoires d’amour et d’amitié des enfants et ados du monde entier, le monde animalier, les récits humoristiques, les romans historiques, l’imaginaire et le mystère et même le sport et le monde maritime...
La collection "Cascade Policier" est si riche qu’elle mérite d’être développée dans un autre chapitre qui évoquera également la collection "Cascade Pluriel" et sa sous-collection ouverte au fantastique.

(Version revue du texte paru dans Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle, L'Harmattan Edition 2014)