mercredi 28 octobre 2015

IMA l'ami des jeunes, journal publicitaire des années 50

Ima l’ami des jeunes, journal publicitaire des années 50
Liste des principaux auteurs (scénaristes, illustrateurs, romanciers…)
         (Liste alphabétique non exhaustive)


Jean Ache (Jean-Baptiste Huet, 1923-1985)
G. Bernard Baray, alias Bernard Baray, alias Baber
André H. Beckers (dessinateur)
Rémi Bourlès (1905-1997)
Frédéric-Antonin Breysse (1907-2001)
Raymond Cazanave (1893-1961)
Jacques Chabar (romancier, scénariste)
Fernand Cheneval (1918-1991)
Yves Dermèze, Paul Mystère, Francis Hope (Paul Berato, 1915-1989)
Jacques Devaux (1921-1980)
Erik (André René Jolly) (1912-1974)
George Fronval (1904-1975)
André Galland (1886-1965)
Roger Garel (1930-2015)
Robert Gigi (1926-2007)
Eugène Gire (Eugène Giroud, 1906-1972)
Christian Godard (né en 1932)
Michel Greg (Michel Regnier, 1931-1999)
Louis Haché (né en 1924)


Jan-Loup (dessinateur)
Jean Jacques, Jacques Arbeau (ou Jacarbo) (1926-2013)
Jijé (Joseph Gillain, 1914-1980)
Jol (Jacques Jolly)
Roger Lécureux (1925-1999)
Maurice Limat (1914-2002)
Auguste Liquois (1902-1969)
Raffaele Carlo Marcello (1929-2007)
Raymond Maric (1927-2005)
Mat (Marcel Turlin) (1895-1982)
Henry de Monfreid (1879-1974)
Robert Moreau (1928-2006)
Claude Pascal (1931-1993)
Pellos (René Pellarin) (1900-1998)
Jean Pradeau (ou Prado) (scénariste et romancier dans L’Intrépide)
Rol. (récits complets)
Alain Saint-Ogan (Alain Lefèvre Saint-Ogan, 1895-1974)

Maurice Tillieux (1921-1978)


Seront les bienvenus les commentaires et les renseignements complémentaires. 

lundi 26 octobre 2015

IMA, l'ami des jeunes, journal publicitaire des années 50

Ima, l’ami des jeunes, un journal publicitaire intéressant mais mal connu (2ème partie)

Un magazine ou un illustré ?
D’abord mensuel de 12 pages puis de 16 pages jusqu’en octobre 1955, le journal devient ensuite bimensuel jusqu’au 6 juin 1956, date à laquelle il devient définitivement hebdomadaire. Les dessins de couverture pleine page cessent après le n° 62 et cèdent la place à une planche de B.D. Le 3 octobre 1957, dès le numéro 91, l’illustré adopte une nouvelle présentation de la page de titre et passe à 20 pages (les deux dernières proposant des images à découper : bateaux, avions, monuments et événements historiques…).


Le journal, même s’il privilégie toujours la bande dessinée, a d’abord l’aspect d’un magazine dont on essaie de varier les rubriques. Des nouvelles d’une ou deux pages ont parfois pour auteurs les romanciers populaires Maurice Limat et Yves Dermèze (alias Paul Berato qui utilise encore les pseudos : Paul Mystère et Francis Hope), Roger Lécureux mais aussi Charles Deulin ou Henry de Monfreid. Apparaissent quelques présentations de films récents (Don Camillo, Davy Crockett, Moby Dick, Emile et les détectives…), photos et courrier des lecteurs et lectrices, philatélie, jeux et reportages sur des pays lointains, sur l’aventure maritime, sur l’actualité automobile ou sur les innovations techniques françaises : fusée téléguidée, naissance de l’avion Caravelle, paquebot France, pont de Tancarville... Le sport (Tour de France, football…) n’est pas oublié. Des allusions religieuses aux miracles de Fatima et aux apparitions de Lourdes surprennent davantage.
De nombreux récits complets en bande dessinée, en général de 4 planches (en particulier du genre western) sont publiés sans être crédités de leurs auteurs. Aux amateurs éclairés d’y retrouver des œuvres de O. Lancelin, Rol., P. Alamasse, P. Dalmas, Duteurtre ou Claude-Henri… C’est aussi parfois le cas d’autres bandes qui restent anonymes.


Grâce aux historiens de la BD et à Jean Fourié, on sait que l’auteur le plus fréquent qui signe Jol n’est autre Jacques Jolly (le frère d’Erik, alias André René Jolly). Jol est le scénariste et dessinateur de la bande animalière Rudi, le renard souvent accompagné de Piko le chevreau et de Paillasson le hérisson. En plus de nombreuses histoires courtes, Jol publie des récits complets de 12 à 30 planches tels que Rudi le renard, Le Cigare volant, L’Antre du sorcier, A la poursuite de l’ombre, Sur le chemin de Prenton Creek, Le Roi de la publicité, Les deux mousquetaires + un, Les Etranges machines du professeur Ratinos, Ça s’agite au mirador… Jacques Jolly, auteur le plus présent, pilier incontournable du journal, sera le seul à bénéficier de l’édition d’un album en 1957 sous le titre Album Rudi.       


Un souffle nouveau mais un parcours inachevé
A mi-parcours environ, le journal, tout en restant fidèle à certains auteurs,  trouve un nouveau souffle grâce à des recrues de qualité comme Raymond Cazanave, Raffaele Marcello (La Croisière du Pacific), Robert Gigi (Casey James), Christian Godard, Greg, Maurice Tillieux, François Cheneval (Alerte au bébé lune), Roger Garel ou Jean Pradeau (ou Prado).


Le jeune Christian Godard (il n’a que 25 ans quand il intervient la 1ère fois) apporte un vent de fraîcheur, un humour et une qualité de dessin remarquables à travers les aventures désopilantes de ses enquêteurs en herbe Tim et Anthime : Le Baigneur baladeur, Le Génie de Verteboue, Le Royaume des sans-visage, L’Hippocampe noir, Chauve qui peut, Poison à foison…


   Quelle chance pour le journal que les participations de Maurice Tillieux (Une aventure d’Ange Signe : Le Démon vert, repris et revu d’un Félix d’Héroic-albums), du scénariste Michel Greg (Bob Francval : Terreur sur le Pacific dessiné par Louis Haché et Roger Rafale, dessiné par André Beckers), 
      Sans crier gare, le journal disparaît brutalement après avoir souhaité une Heureuse année 1959 dans son numéro 156, laissant six histoires inachevées.      
   
Quelle est la revue indispensable pour en savoir plus ? C’est le numéro 81 du Collectionneur de Bandes Dessinées paru à l’automne 1996.

On y trouve un long article illustré et excellemment documenté de Jean Fourié, pages 34 à 39.  


dimanche 25 octobre 2015

IMA, L'AMI DES JEUNES, journal publicitaire des années 50

Ima, l’ami des jeunesun journal publicitaire intéressant mais mal connu (1ère partie)


L’attrait initial des « points IMA » et la naissance d’un journal
Les « points IMA » sont des bons-primes imprimés sur les emballages de produits alimentaires de grandes marques. Les jeunes consommateurs les découpent et les échangent contre des cadeaux ou des albums comme Les Belles histoires de l’Union française, L’Ami chez les bêtes d’André Demaison, L’Ami sur sa péniche… illustrés de grandes vignettes (10 sont obtenues contre 100 points Ima). Le succès obtenu auprès des enfants du « baby-boom » de 8 à 14 ans incite les responsables à lancer un journal dont le contenu étonne vite par sa richesse et sa variété.
Le siège de la publication dirigée par A.Y. Lopin est parisien, 15 boulevard des Italiens. Le périodique de format 21 cm sur 26,5 paraît du mois de mars 1955 jusqu’à fin décembre 1958 (ou début janvier 1959). La collection est constituée de 156 numéros essentiellement constitués de bandes dessinées faisant appel à des scénaristes et à des dessinateurs parfois renommés. Les auteurs appartiennent à plusieurs générations et viennent d’horizons fort différents. La qualité des récits est toutefois variable. Par exemple, certains dessins de Liquois semblent bâclés et le scénario est parfois bancal, les bandes d’André Galland (Les Torches du chevalier de Malte, La Duchesse Anne et son page), sont médiocres tandis que certaines planches réalisées par Raymond Cazanave pour Le Prestigieux destin de Walter Reinhart sont absolument superbes. La plupart des histoires sont inédites et plusieurs genres sont représentés : western, policier ou espionnage, science-fiction, aventure sportive ou maritime ou de jungle, récits humoristique ou animalier… 


  Des auteurs, collaborateurs des éditions Fleurus 
Il semble qu’au départ on a fait appel à des auteurs venus de chez Fleurus. D’où la présence, par exemple de G. Bernard Baray dès le n° 1 avec La Vallée aux coyotes (un western). En plus de deux aventures policières, Le dossier 718 et Le Mystère de Keselgor, l’auteur, pilier du journal, déjà connu pour ses hagiographies religieuses va aussi produire des B.D. sous le pseudonyme de Baber (Tam-Tam sur l’Amazone, Le Secret des cavernes, Une aventure de Bob, Pat et Léo : Le Visiteur de minuit). On remarque aussi la brève collaboration de Frédéric-Antonin Breysse, au moment de sa peu élégante éjection de Cœurs vaillants où il n’a même pas le temps d’achever un épisode d’Oscar et Isidore. Notons encore la présence de Robert Moreau, Alain Saint-Ogan, Erik, Jan-Loup, Jean Ache et même Pellos qui ne dédaignent pas la presse catholique Fleurus. En plus de ses séries puériles très épisodiques, Coquinet et Coquinette, Toufou le petit chat, Robert Moreau dont on connaît surtout les histoires animalières, innove avec l’aventure réaliste Mystère dans la jungle avant de retrouver son style humoristique dans Les aventures de Nestor Tapotour.  


Alain Saint-Ogan introduit sans surprise une sorte de condensé des aventures de Zig et Puce  jusqu’au n° 28. Erik (André René Jolly) satisfait d’abord les lectrices en  publiant dès le n° 3 une histoire « désopilante » de Madie et de son chien  Truf. Madie est de retour ! au n° 23. Érik qui avait déjà publié dans l’illustré Grandes Aventures, Martin Gale, Détective amateur reprend le personnage dont la représentation graphique a beaucoup évolué pour Ima, L’Ami des jeunes. D’abord dans le récit intitulé Furag 3.  En juin 1957 débute le deuxième épisode des aventures du détective amateur : Martin Gale contre « Le Caméléon ». Cette bande cède la place en novembre 1957 à Mission secrète en Pélurie. Le journal ne lui laissera pas le temps d’achever Alerte du Squale.


Le dessinateur Jan-Loup qui illustre souvent des récits de Jacques Chabar (par exemple dans la collection « Jean-François ») introduit la science-fiction grâce au récit Evitez Copernic (du n° 46 au n° 70). On le retrouve du n°135 au n° 148 quand il illustre Une Aventure d’Okahanam et d’Eva : Spécimens pour collections de musées du scénariste Jacques Chabar. Pellos, auteur très prolifique, dès le n° 52 raconte les exploits sportifs de Rock Gérard  dans son style inimitable.
Du n° 32 au n° 43, Jean Ache propose Hector et Dina. C’est sa seule participation.    


Dessinateurs et scénaristes venues d’horizons divers 
Dès le n° 81 apparaissent des auteurs qui participent au journal Vaillant, proche du parti communiste : le scénariste Roger Lécureux, les dessinateurs Eugène Gire (auteur de superbes récits maritimes : Le Trésor du galion, Révolte à bord), Rémi Bourlès (Course contre la mort, La Route du pôle)… D’autres auteurs participent à toutes sortes de journaux commerciaux français ou belges, comme André Galland, Mat (Kid Poiplum super champion), Raymond Maric (Une aventure de Tony : L’Or noir des océans, Perdrix rouge, Le Prince des ruines), Claude Pascal (Le Ranch aux fantômes, Le Bouddha de jade
Le caméléonesque Auguste Liquois ne signe pas ses bandes Canard et la vallée perdue et les aventures policières de Ric Limar, peut-être en raison de son passé peu glorieux dans Le Téméraire…  Il est néanmoins un des piliers du journal puisqu’il y publie cinq aventures de son policier des airs : Vautour 13 ne répond plus, A la recherche des ondes Aleph, Ric Lamar et les hommes-oiseaux,  Opération Borak et Direction Nord


Si autant d’auteurs participent à ce journal, c’est sans doute à la fois grâce à l’éclectisme d’A.Y. Lopin et surtout en raison de l’absence d’un statut qui les protège avant 1974, ce qui les oblige à produire beaucoup. C’est d’ailleurs un de ces auteurs, Roger Garel (1930-2015), l’auteur de Papoulet et Riton, qui les défendra farouchement au sein du syndicat des journalistes français.