jeudi 29 novembre 2018

L'Epopée de Gilgamesh dans la presse des jeunes et la littérature jeunesse


L’Épopée de Gilgamesh dans la presse des jeunes et dans les ouvrages
accessibles à la jeunesse

Sauf erreur de ma part, la presse pour la jeunesse a rarement informé jusqu’ici ses jeunes lecteurs de l’existence de L’Épopée de Gilgamesh.
Je citerai seulement :



- Une aventure palpitante : Gilgamesh : Hebdomadaire Pilote n° 402 du 6 juillet 1967
L’Épopée de Gilgamesh en bandes dessinées de José Bielsa : pages 23 à 29.
Pilotorama : Khafaja dans l’antique Sumer (dessin double page de Henri Dimpre)




-         Gilgamesh, le premier héros de l’humanité : Mensuel Virgule n° 107, novembre 2018. Editions Faton. Pages 12-21.

« Né il y a cinquante siècles, dans sa première version, ce long poème à la fois étrange et familier n’a rien perdu de sa force tragique. Ses quelque trois mille vers dont nous connaissons à peu près les deux tiers, couvrant douze tablettes, souvent incomplètes, parfois impossibles à reconstituer dans leur intégralité, nous parlent d’abord du sort commun à tous les hommes, celui d’être mortel (…).
     L’Epopée de Gilgamesh raconte l’histoire devenue légendaire du roi d’Ourouk, une Cité-État dont il aurait été le souverain vers 2650 ou 2600 av. J.-C et dont il subsiste des ruines en Irak (sous le nom actuel de Warka).
Gilgamesh, seigneur tyrannique de la cité d’Ourouk, s’affronte à son rival Enkidou, un homme sauvage créé par les dieux pour le ramener à la raison.
Devenus amis après s’être battus, les deux hommes partent au coeur de la Forêt des Cèdres pour vaincre le géant Houmbaba.
Séduite mais repoussée par le roi vainqueur Gilgamesh, la déesse Ishtar se venge en lâchant sur terre le taureau céleste, tué à son tour.
Mécontents du rôle irrespectueux d’Enkidou, les dieux le font mourir au grand désespoir de Gilgamesh.
Le roi d’Ourouk décide de partir à la recherche d’Outa-Natpishtim, seul humain devenu immortel. Sa quête échoue et il ne peut goûter la plante de l’éternelle jeunesse dévorée par un  serpent. Il rentre à Ourouk, résigné et plein de sagesse.      
     La patience des archéologues, depuis un siècle et demi, a permis de retrouver différentes versions de cette œuvre, dispersées dans l’ensemble du Moyen Orient, en Anatolie, des lisières du plateau d’Iran jusqu’aux rives de la Méditerranée, des pays de la Mésopotamie à la Palestine, en passant par la Syrie et le Liban. D’abord transmise oralement pendant plusieurs siècles, déjà rédigée à partir du IIe millénaire av. J.-C., elle a été traduite ou adaptée dans différentes langues, à des époques différentes. »
(L’Épopée du roi Gilgamesh et de son ami Enkidou
Adaptation libre par Raymond Perrin, L’Harmattan, 2013 « La légende des mondes »  
Extrait de l’introduction.)


                                             Ouvrages accessibles aux scolaires
Au départ, les scolaires ne disposaient guère que de la version de Pierre Grimal Histoire de Gilgamesh parue dans Contes et légendes de Babylone et de Perse /chez  Pierre Grimal chez Nathan en 1962, dans la fameuse collection « Contes et Légendes de tous les pays ».
Plus tard, Henri Gougaud propose Enkidou et Gilgamesh (Sumer) dans: L'Arbre à soleils de Henri Gougaud. collection « Points » au Seuil.
Il faut attendre 1996 pour lire  La Célèbre légende babylonienne du roi Gilgamesh qui voulait être immortel de Jiri Tomek traduit par Llona Lartigue, dans Contes de l'Antiquité, chez  Gründ, collection « Les Grands classiques de tous les temps ».
L’introduction des textes fondateurs dans les programmes du collège va entraîner une profusion de publications à partir de 2001. On remarque ainsi :
- L’Épopée de Gilgamesh racontée par Michel Laporte
dans 6 récits de Babylonie – Paris : Castor Poche Flammarion, 2001 pp. 45-103.
* Le Premier Roi du monde. L’Épopée de Gilgamesh / Jacques Cassabois – Paris : Hachette Jeunesse, 2004, (« Livre de poche jeunesse ; 1008 »)     
- Gilgamesh / adaptation de Léo Scheer
« Le premier roman de l’Histoire » « Librio », 2010.
* Gilgamesh / Adaptation de Martine Laffon d’après la traduction de Jean Bottéro,
Dossier par Françoise Santoni-Bissaïn
Paris : Belin-Gallimard, 2009. 126 p
« Texte intégral et Dossier / ClassicoCollège »
* L’Épopée de Gilgamesh racontée par Pierre-Marie Beaude
Pierre-Marie Beaude – Paris : Gallimard Jeunesse, 2009. 128 p.
« Folio junior Textes classiques ».
* Le Récit de Gilgamesh. L’homme qui partit en quête de la vie sans fin  / Traduction remaniée et abrégée par Stéphane Labbe
- Paris : École des Loisirs, 2010. « Classiques abrégés », 140 p.
* Gilgamesh, le roi qui ne voulait pas mourir par Viviane Koenig
- Paris : Oskarson (Oskar Jeunesse), 2010. 160 p. Ill. : Erwan Pagès « Histoire & Société ».
* L'Épopée de Gilgamesh en 8 récits par Jean Muzi
- Paris : Flammarion Jeunesse, 2011. 128 p. Illustrations de Frédéric Sochard.
* Gilgamesh Adaptation, présentation et commentaires par Alain Migé
- Paris : Editions Larousse, 2012. 127 p. « Petits classiques Larousse ; n° 178 »

Je me permets d’ajouter mon ouvrage :
* L’Épopée du roi Gilgamesh et de son ami Enkidou
Adaptation libre par Raymond Perrin
-          Paris : L’Harmattan, 2013 « La légende des mondes ».   


jeudi 11 octobre 2018

Jacques Martin, l'album La Grande Menace et le tunnel d'Urbès (et non de Bussang)


Jacques Martin, l’album La Grande Menace et le tunnel d’Urbès (et non de Bussang)

Le fait que les éditions Hachette viennent de rééditer (pour un prix dérisoire) la bande dessinée La Grande Menace (parue dans le journal de  Tintin en 1952, devenue un album du Lombard en 1954) donne l’occasion de rectifier une erreur réitérée à propos du lieu qui est à l’origine de l’histoire conçue et dessinée par Jacques Martin.



Jacques Martin persiste et signe

Dans Les Cahiers de la bande dessinée n° 20, Spécial jacques Martin d’avril 1973, Jacques Martin raconte les origines du héros Lefranc : « C'était en 1950. J'étais avec un ami d'enfance en vacances dans les Vosges. II m'emmena voir le tunnel de Bussang transformé par les Allemands en 1944 pour lancer des V 1 sur Paris. Heureusement, l'avance rapide des troupes françaises empêcha ce crime d'être accompli. Le tunnel, très profond, était invulnérable aux bombardements, et à la moindre alerte, il suffisait de rentrer les rampes de lancement à l'intérieur, grâce à des rails. En visitant, je me suis rendu compte que tout était intact, et il m'est apparu que n'importe quel fou pouvait remettre tout cela en état de marche ! (…) De retour en Belgique, j'ai imaginé l'histoire de La Grande Menace.»     
Sur le site internet Araucan.com en 2002 (50 ans après la naissance de Lefranc), Jacques Martin persiste dans cette version en faisant cette confidence : « Lorsque j'ai acheté ma première voiture en 1951, je me suis rendu dans les Vosges pour retrouver un ami d'enfance qui m'a fait découvrir le Col de Bussang. Pendant la Seconde Guerre, ce n'était pas encore un col mais un tunnel où les Allemands avaient installé des V.1 braqués sur Paris. Rendez-vous compte que lors de ma visite, en 1951, ils étaient toujours en place, juste désarmés. Le site était gardé par un malheureux soldat. J'ai trouvé cela tout à fait effarant ! Sur le chemin du retour, j'ai imaginé le scénario de La Grande Menace.  (Ce texte est encore en partie repris en 2018 dans la nouvelle édition Hachette de la B.D., dans le cahier additionnel, page 5).
        

Jacques Martin s’est trompé de tunnel

Or, il faut bien admettre que Jacques Martin a été trahi par sa mémoire. Le tunnel visité n’est pas celui qui a été construit au col de Bussang au début des années 1840. Le souterrain long de 250 mètres a été frontalier après l’annexion de l’Alsace jusqu’en 1918. En 1944, les Allemands font exploser une partie de la voûte de ce tunnel routier pour retarder les Américains. On ne voit plus guère aujourd’hui que l’entrée alsacienne, l’entrée vosgienne étant masquée par la végétation. 
En fait, Jacques Martin (né à Strasbourg en 1921, disparu en 2010), a visité la partie terminale du tunnel ferroviaire qui devait relier Saint-Maurice-sur-Moselle dans les Vosges et Urbès en Alsace (un tunnel bien connu aujourd’hui grâce aux travaux du Bussenet Raphaël Parmentier). Envisagé en 1927, il est interrompu en 1935 alors que 4000 mètres ont été creusés côté alsacien sur les 8300 m. prévus. A la fin de 1943, les Allemands investissent le tunnel pour y enterrer une usine d‘armement. Devenu un camp de travail dépendant des camps de concentration de Natzwiller-Struthof, le tunnel soumet les déportés à des conditions de travail insupportables dans les gaz et l’humidité. L’usine produit des pièces pour les V1/V2 et pour les réacteurs du Messerschmitt ME 262. C’est donc bien ce tunnel de l’horreur d’Urbès que Jacques Martin a visité soit en 1950, soit en 1951. Dans le climat de guerre froide des années 50, où la perspective d’une Troisième Guerre Mondiale n’est pas écartée, il imagine une puissance criminelle (dirigée par la maléfique Axel Borg) menaçant l’Etat français de détruire Paris avec une bombe nucléaire. La tâche du journaliste Lefranc est donc gigantesque pour empêcher ce projet diabolique !          

 
La prépublication dans le journal de Tintin des 60 planches (une par semaine) commence le 21 mai 1952 dans l’édition belge et le 3 juillet 1952 dans l’édition française. Seule, l’édition belge consacrera une couverture à La Grande menace. La première édition de l’album aux éditions du Lombard date de 1954. 

lundi 18 juin 2018

Bourrelier, collection "L'Alouette" et Colin-Bourrelier


L’éditeur Bourrelier,  "L'Alouette" et Colin-Bourrelier (2)

Une collection soignée, reliée et illustrée en couleurs : "L'Alouette"

Les éditions Bourrelier passent des noms de fleurs à celui d’un oiseau En 1956, elles nomment"L'Alouette", une collection solidement reliée et  illustrée en couleur, pour les 8/14 ans. C’est encore la « collection des "Prix Jeunesse" » (prix fondé, rappelons-le, par Michel Bourrelier) et c’est aussi une collection conçue pour la distribution des prix. Elle  publie donc, en 1956, après Dorothée de Rachel Field, traduite par Natha Caputo, Le Secret de don Tiburcio (celui d’un extraordinaire perroquet bleu), de Jeanne Loisy, Prix Jeunesse en 1956, avec des illustrations de Françoise Estachy,, le même prix ayant été remporté en 1947 par Jean Bosshard pour Le Marchand de sable attendra... (naïvement illustré par J. A. Cante, réédité en 1958). Toujours en 1956 reparaît L’Île rose de Charles Vildrac, bien illustrée en couleur par Romain Simon qui illustre aussi la réédition de La Colonie en 1957 (mais c’est J.A. Cante qui se chargera des rééditions de Amadou le bouquillon et Les Lunettes du lion…), l’année où Marie Colmont (1895-1938) propose son recueil, Le Cygne rouge et autres contes du wigwam et de la prairie,


Des trois titres publiés par May d’Alençon, retenons surtout Les Six garnements de la Roche-aux-chouettes (1957), illustré par Pierre Belvès. En 1958, alors que Georges Nigremont, illustré par Pierre Noël, évoque Quatre coups espacés, c’est Étienne Cattin, amoureux des trains et spécialiste des récits ferroviaires qui est distingué pour Rat-Blanc et son chauffeur. (4 ans avant que soit édité L’Express du soir, 1962, illustré par André Pec). C’est juste avant l’histoire des jumeaux malouins Alain et Alban embarqués sur le bateau de Duguay-Trouin, l’un comme mousse, l’autre en fraude et contraints tour à tour de jouer « L’Autre » chez les corsaires de Simone Martin-Chauffier, un roman primé en 1959 et réédité chez G.P. en 1977. Vingt titres sont proposés en 1960, quand Gine Victor Leclerc reçoit le Prix Jeunesse pour Va comme le vent, les aventures d’un jeune cavalier mongol. Parmi les traductions, on relève en 1957, L’Arc-en-ciel vogue vers Masagara de Friedrich Feld (illustré par Pierre Noël) et Marycia, la princesse au cœur de glace et autres contes polonais de Corneille Makuszynski (1884-1954), finement illustré par Françoise Estachy et, en 1960, En « gnomobile » à travers l’Amérique d’Upton Sinclair. D’André Chamson (1900-1983) on réédite en 1961, L’Auberge de l’abîme, beau roman historique de 1933, évoquant les paysans huguenots pacifistes des Cévennes au XIXe siècle et la traque d’un jeune officier secouru par un médecin amical.



Des éditions Bourrelier aux éditions Colin-Bourrelier
 
Bien qu’il édite encore le Prix Jeunesse 1962 : Le Mystère de l’ancre coralline de Magda Contino, des aventures policières, tout à tour dramatiques et comiques, Bourrelier ralentit la publication d’inédits et rejoint Armand Colin en 1963. L’association Colin-Bourrelier ne surprend pas ceux qui se souviennent que Michel Bourrelier est le petit-fils de Louis Le Corbeiller, cofondateur de la Librairie Armand Colin, ce même Armand Colin ayant initié au métier Michel Bourrelier  qui concentre désormais ses anciennes collections, pour un dernier feu d'artifice, à l'intérieur de l’unique "Marjolaine" qui se décline selon trois niveaux d'âge.
"Marjolaine", "Primevère" et "L’Alouette" cessent de paraître en 1968.
Michel Bourrelier publie ses derniers Prix jeunesse, avant de passer le relais aux Éditions de l’Amitié- G.T. Rageot en 1968. Paraissent, en 1963, Renard roux, de May d’Alençon, en 1964, Sur la route des bohémiens de Jacqueline Verly, en 1965, Le Secret du ballon jaune de Nicole Lesueur, chant du cygne de la collection. Les plus de 12 ans retrouvent, outre des traductions de Dickens et d’Alberto Manzi, des romans de Marianne Monestier (La Petite fille de nulle part… de 1941), ou de Robert Teldy-Naim (Sept soleils sur la neige, 1954, évoquant les prospecteurs du Grand Nord canadien), ou découvrent en 1961, L’Aventure du serpent à plumes, énigme passionnante de Pierre Gamarra, faisant intervenir deux enfants basques, les Aztèques et un mystérieux écrivain. Citons encore L'Express du soir, évoqué par ce fou des trains que fut Étienne Cattin (Prix Jean Macé 1962), et Jeunes princes captifs : Deux fils de François 1er prisonniers en Castille, publié en 1961 par Louis Delluc (un homonyme du cinéaste).







L'éditeur Bourrelier et ses collections pour la jeunesse


L’éditeur Bourrelier, ses collections et le lancement du Prix Jeunesse (1)

C’est en 1932 que Michel Bourrelier (1900-1983), un an après avoir fondé les éditions Bourrelier, ouverte aux ouvrages scolaires et aux innovations pédagogiques, crée deux collections de récits pour la jeunesse. La collection "Primevère" vise les 10-14 ans tandis que "Marjolaine" s’adresse plutôt aux garçons et filles de 8 à 12 ans.

Dès les années 1932-33 est prise la décision de fonder un Prix Jeunesse, attribué sur manuscrit, par Paul Hazard (1878-1944), historien des Lettres renommé, lequel vient de publier en 1932, chez Flammarion : Les Livres, les Enfants et les Hommes. S’associent au projet l'écrivain Charles Vildrac et Michel Bourrelier, l’éditeur publiant, dans les collections "Primevère", "Marjolaine" et "L'Alouette", les Prix Jeunesse jusqu’en 1965, tous deux s'étant montrés sensibles aux suggestions des bibliothécaires Marguerite Gruny et Mathilde Leriche.
En 1945, alors que la nouvelle association « Pour le livre » rassemble des éditeurs dont Tatiana Rageot et Michel Bourrelier, les Bibliothèques centrales de prêt sont créées dans les départements.

La collection documentaire "La Joie de connaître"


Bourrelier publie sa collection documentaire  "La Joie de connaître" de 1935 à 1958. Comme souvent avec les ouvrages de ce type, la documentation devient vite obsolète malgré le prestige de certains auteurs comme Albert Dauzat (Voyage à travers les mots), André Leroi-Gourhan (Les Hommes de la Préhistoire), Alfred Métraux (Les Peaux-Rouges de l’Amérique du Sud), Pierre de Latil (Les Bêtes innombrables des mers) ou Henri Lhôte (Le Sahara, désert mystérieux). Néanmoins les deux tomes de Au village de France de P.L. Menon et R. Lecotté demeurent de précieux ouvrages sur les usages et coutumes de France. La présentation sévère et le contenu parfois ardu conduiront plutôt la collection vers les lecteurs adultes   

L’éditeur lance sa collection "Heures enchantées" (1946-1956) dont on retiendra deux recueils. En 1946, celui des contes d’Aquitaine ;  Étoile d'or et oreilles d'âne et autres contes d’Aquitaine recueillis par Armand Got (déjà connu grâce à son recueil La Poèmeraie de 1928), pour Le Roi des Corbeaux, et en 1948, Le Petit ours en pain d’épice et autres contes de Pernette Chaponnière. Bourrelier traduit en 1946 l’album de Claire Huchet : Les Cinq frères chinois, illustré depuis 1938 par Kurt Wiese. (p 130)
On raconte (Bourrelier, 1956) est un remarquable recueil de 53 contes de Mathilde Leriche (1900-2000), publiant, par exemple, Les Babouches de Baba-Rayou ou Dodu-Dodo le cochon fatigué.

La collection "Marjolaine" pour les plus jeunes

Editant dès 1932 La Mère Grimuzot raconte de Lily Jean-Javal, la collection "Marjolaine", d’abord modeste en titres, aura pourtant une belle longévité puisqu'elle existe encore au début des années 60. Son plus grand succès est sans doute La Maison des petits bonheurs, écrit par Colette Vivier, Prix Jeunesse 1939, et publié en 1940. Il est sous-titré Le Journal d’Aline : une fillette y relate jour après jour le menu quotidien de son univers enfantin.
La collection "Marjolaine" propose 27 titres en 1960, pour les plus de 8 ans. Jusqu’à 10 ans, on propose Le Cirque des merveilles de Jean Buzançais, Nic et Nick de Claire Audrix et Christian Fontugne, Prix jeunesse 1955 et l’explicite : On demande une maman par Colin Shepherd, datant déjà de 1933.
On trouve aussi dans "Marjolaine", en 1952, une traduction de Petit Point et ses amis d’Erich Kästner et, en 1954, Les Lunettes du lion, suivi de La Famille Moineau, déjà écrit par Charles Vildrac en 1932 (illustré par J.-A. Cante), un an avant qu’on réédite La Colonie de 1930, L'Escabeau volant (1935) de César Santelli, et La Maison des petits bonheurs de Colette Vivier (1939). Des titres postérieurs à la guerre, on retient  Thérèse et le jardin d’Alice Piguet (1945), Amadou le bouquillon de Charles Vildrac (1949) et, en 1952, Moudaïna ou deux enfants au cœur de l’Afrique d’Andrée Clair (de son vrai nom Renée Jung, née en 1916), une histoire respectueuse des mœurs de l’Afrique dans laquelle une petite fille blanche transplantée sur les bords de l’Ogoué se lie d’amitié avec un enfant noir sympathique, éveillé et avide de s’instruire. (Les suites, Tchinda, la petite sœur de Moudaïna, paraît chez Bourrelier, en 1959, comme Rejoignons Moudaïna en 1961). On y lit aussi une histoire de maison hantée, Rémi et le fantôme de Colette Vivier, Petit point et ses amis (un peu moralisant), illustré par Jacques Touchet, de l’Allemand Erich Kaestner et L’Étrange famille de la pampa (1957), bon récit d’Aimée Collonges.    


La catégorie des 10-12 ans bénéficie surtout de la trilogie des Moudaïna d’Andrée Clair, romancière éprise des civilisations africaines. La collection avait accueilli quelques nouveaux noms dont ceux de Paul-Jacques Bonzon (Du gui pour Chrismas, 1953) et George Cory-Franklin, déjà célèbre pour ses récits animaliers et sur l’Ouest américain, qui publie L’Ourse grise des Montagnes Rocheuses. Citons encore Jeanne Loisy pour Pim et les cavernes de Coscoron et la Provençale Marie Mauron contant La Ségurane aux retours enchantés.


La collection "Primevère" pour les 10-14 ans
Après avoir publié des traductions d’Andersen (Pierrot la Veine), de R.M. Ballantyne (Terre de glace), la collection "Primevère" s’attache surtout aux  auteurs français.  Elle   publie en 1934  Quatre du cours moyen ou les joyeux gangsters de la Mardondon de Léonce Bourliaguet (1895-1965) et, en 1937, Jeantou, le maçon creusois de Georges Nigremont (alias Léa Pelletier, 1885-1971), un récit très documenté sur la vie rude des ouvriers creusois contraints de migrer vers Paris pour trouver du travail.
Les illustrations de couverture des premières éditions sans jaquette sont souvent dues à Maggie Salcedo. 
Marie Colmont reçoit le Prix Jeunesse en 1935 pour Le Rossignol des neiges, préfacé par Paul Hazard. Il s’agit du parcours courageux, semé d’embûches d’une enfant fugueuse à la voix merveilleuse qui connaît le succès grâce à un travail acharné.  
Si les récits de Lily Jean-Javal et de Lucie Delarue-Mardrus ont beaucoup vieilli, on peut encore apprécier ceux de Léone Mahler (L’Imagier de la Reine, Le Secret de l’île d’Or, La Fileuse de Lune) et de Paul-Jacques Bonzon (Loutsi-Chien et ses jeunes maîtres). 

 
En 1952, "Primevère" reliée, illustrée, pourvue d’une jaquette, et qui s’adresse toujours aux 10-14 ans. édite encore Quatre du cours moyen (ou les joyeux gangsters de la Mardondon) illustré par l’auteur Léonce Bourliaguet (un récit datant de 1934), Le Rossignol des neiges de Marie Colmont, primé en 1935, L'Auberge de la Belle-Etoile (Marcelle Vigneron) de 1936, Jeantou le maçon creusois (G. Nigremont) de 1937 et La Petite fille de nulle part publié par Marianne Monestier en 1941.
Parmi les rares titres nés il y a moins de 5 ans, on relève : Le Secret de l’île d'or dû à Léone Mahler en 1948, Les Etranges voyageurs de Georges Nigremont (1949) et Sama, Prince des éléphants de René Guillot, publié en 1950.
                                  


lundi 9 avril 2018

François Balsan : Chronologie commentée des romans et récits pour adolescents


François Balsan : Chronologie commentée des romans et récits accessibles aux adolescents 

Poursuites vers le Nil Blanc « Collection Voyages et Aventures » Éditions J. Susse, 1947.

Il s’agit de la première expédition réalisée en 1935 en compagnie de Bernard d’Oncieu de Chaffardon, qualifié de « co-équipier fraternel » par l’auteur. Le but était de joindre Addis-Abbeba au Nil Blanc.
   
Dans le secret du Baloutchistan « Marabout Junior », Éditions Gérard, 1954. Couverture de Pierre Joubert, dessins de Dino Attanasio. (1ère éd. Grasset, 1946).

Surtout en 1946, quand paraît pour la 1ère fois ce récit, l’exploration de toutes les terres inconnues est loin d’être achevée. C’est ce que veut prouver François Balsan en s’avançant dans « une terre encore sauvage, mystérieuse, secrète », « l’âpre et farouche Beloutchistan » dont il se fait l’un des meilleurs des guides.
 

Les Contrebandiers du Baloutchistan Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot, 1957. Illustrations de Michel Gourlier. Réédition dans la « Bibliothèque de l’amitié », 1967. 

Aux confins de l’Iran et du Pakistan, le jeune Iskandar s’initie à la contrebande sous les ordres de son grand-père avant que ce dernier soit assassiné. Né pour une vie aventureuse, il aime les longues chevauchées clandestines à travers les montagnes arides et les déserts. Il ne s’agit pas seulement de tromper la vigilance des garde-frontières car les bandes ennemies sont bien plus dangereuses… 

Arabie du Sud, pays du vide (avec l’aide de Geneviève Rouch) « Terres et hommes », Nathan, 1957. 66 p. 20 cm sur 14. Photos en noir et blanc.

L’ouvrage documentaire s’attache aux régions et aux peuples de l’Arabie du Sud, située entre la Mer Rouge et le Golfe Persique. Avec précision et un grand souci d’exactitude ethnographique, cet excellent livre documentaire décrit les moeurs, les occupations, les ressources, les croyances et l’art des populations nomades ou devenues sédentaires. L’ensemble un peu sévère et qui a évidemment vieilli s’adresse à de très bons lecteurs.
  
Poursuite au Wallega Éditions du temps, « Aujourd’hui l’aventure », 142 p. 6 ill. hors-texte, 1962.

En 1935, au moment où les Italiens s’apprêtent à conquérir l’Ethiopie, le négus qui craint les agents secrets n’autorise aucun déplacement dans son pays.
Pourtant, François Balsan et un jeune compagnon d’Addis-Abeba, Bernard d’Oncieu, se rendent dans des paysages très variés et des régions difficiles d’accès : le pays Aroussi, le pays Wollo, le pays Jimma, avant de s’aventurer vers l’Ouest sur la route du Soudan. Rejoints par les autorités, ils sont ramenés sous escorte…  
Nouvelles aventures au Kalahari « Belle humeur », Desclée de Brouwer (DDBj), 1959. Ill. Jean-Jacques Vayssières. 155 p. (Réédition en 1963). Autre édition  chez Plon en 1959.

C’est la troisième expédition du voyageur en 1958 dans le « bush » de buissons épineux et d’une végétation armée de dards redoutables du Kalahari et surtout cette fois en pirogue à travers le mystérieux Bonga et les marais de l’Okavango : sept jours de lutte contre les barrages des papyrus et au milieu des hippopotames et des crocodiles. L’auteur qui est le premier Blanc à rencontrer des Bushmen Mabukakué approfondit sa connaissance de ces grands chasseurs.
La première expédition s’était faite à l’aide d’une auto de brousse dans la partie sud du grand désert. La deuxième est réalisée avec une petite caravane montée sur des ânes.

L’Étreinte du Kalahari (1ère édition en 1948) Réédition dans la collection « Marabout junior », Éditions Gérard & Cie, 1960. 152 p. Couverture de Pierre Joubert, ill. Louis Haché.

L’ouvrage, édité une 1ère fois en 1948 mais réédité en 1960 chez Gérard & Cie, évoque les deux premières expéditions de François Balsan au cœur du Kalahari, désert sans eau de l’Afrique australe. L’absence d’eau est parfois compensée par la récolte des melons d’eau (les « sammas »).
  
Yambo, enfant de la brousse « Bibliothèque de l’amitié » Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot, 1964. Photographies de l’auteur. Illustrations de Romain Simon. 


L’explorateur ethnographe Henri d’Ayac (qui ressemble fort à l’auteur) s’est fait « largué » par un ami aviateur au coeur du Nord-Kalahari, dans le Sud-africain, le pays des Bushmen dont il veut étudier la vie. Il s’est lié d’amitié avec le jeune orphelin Yambo, âgé de 8 ans, qu’il a soigné et qui le suit partout.
Adopté par les Mabubakué, l’homme blanc va devoir régler un conflit avec les Maracuando du nord. Lui et l’enfant vont accompagner le clan dans ses pérégrinations en participant aux chasses, aux fêtes et réjouissances diverses. Yambo est un  garçon intelligent, courageux, voire intrépide et c’est un chasseur de petit gibier remarquable. Quand il se casse la jambe, Henri d’Ayak le conduit à l’hôpital de la ville de Livinsgstone pour soigner la fracture. L’homme en profite pour acheter une « arme à éléphants » et pour faire visiter la ville, deux mois plus tard, à l’enfant guéri qui souhaite regagner rapidement le bush. Après une chasse à l’éléphant, le Blanc décide de  rejoindre l’Europe. Emmènera-t-il son jeune ami Bushman ou le laissera-t-il au milieu des siens ?
Romain Simon, plus enclin à dessiner les animaux que les hommes, a réalisé de nombreux croquis d’animaux de la brousse.

Issa le Somali « Fantasia », Éditions Magnard, 1969. Illustrations de Edmond François. Hors-texte en couleurs. Jaquette mobile illustrée.


Né sur les plateaux de la Corne d’Afrique où les Somali Medjerten font paître leurs troupeaux, l’orphelin Issa après avoir  été berger devient marin. Cet enfant de onze ans au courage exceptionnel, à la maturité étonnante, embarqué sur un bateau de pêche conseille à son propriétaire arabe de résister à un énorme poisson-scie qui tire la pirogue. L’avenir lui donne raison.
Pour remercier l’enfant, le pêcheur lui permet de rencontrer le représentant d’un armateur, un prince arabe à qui Issa conseille de revenir en automne quand sa tribu des montagnes pourra lui vendre des aromates et même lui proposer une seconde épouse. Pour rejoindre son clan Djébérendjo, à Gourrour, Issa doit faire la piste avec Ali du clan rival des Aladjo armé d’un fusil. Une nuit, grâce au fusil, Issa blesse mortellement un léopard. Menacé par Ali, Issa doit fuir pour rejoindre les siens et les avertir des mauvaises intentions d’Ali qui compte tirer avantage de son fusil et de son clan belliqueux. Issa et quelques enfants de son âge parviennent, grâce à l’appât d’une vieille chèvre et à une murette circulaire couverte d’une claie à tuer un second léopard.
Quand la caravane des Djébérendjo quitte Gourrour, emmenant la belle Mourreh promise au prince, le chef Hadji Osman porte un fusil à l’épaule. Quand la caravane, surprise par un violent orage, tombe dans l’embuscade des Aladjo, Hadji Osman menacé tue Ali qui est emporté par les eaux d’une rivière en furie.
Les anciens adversaires font la paix pour retrouver bêtes et bagages. Le chef arabe achète toutes les gommes, résines et aromates mais la belle Mourreh préfère épouser le jeune et beau Bachir Ahmed plutôt qu’un prince ridé et grisonnant.
Issa rejoint ses amis les pêcheurs pour devenir un vrai marin.
Les superbes illustrations d’Edmond François, en particulier les hors-texte, sont à la hauteur du récit extrêmement bien documenté.             

Aventure au Yémen « Bibliothèque de l’amitié » Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot, 1970. Photographies de l’auteur. Illustrations de Françoise Boudignon.
François Balsan a au le privilège de rester quelques mois en 1957 dans ce pays difficile d’accès. En 1961, il évoquait ce séjour dans Inquiétant Yémen (La Palatine).
 Cette fois, l’action se déroule à travers les montagnes du Yémen avec Moussa Ali, un ancien agent secret.

Embuscades en Éthiopie « Bibliothèque de l’amitié » Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot, 1971. Photographies de l’auteur. Illustrations de Françoise Boudignon.

Le jeune éthiopien Mohammad, adolescent de seize ans, à la mort de son grand-père, entreprend un long voyage avec sa jument Koto vers la ville de Harrar pour rejoindre le reste de sa famille. Sur la route peu sûre de l’or et de l’ivoire, lui et sa jument sont capturés par de farouches brigands : les « chifta », des Galla de sac et de corde. Une nuit, Mohammad réussit à couper ses liens, à rejoindre sa jument et à s’enfuir. Il met hors d’état de nuire deux poursuivants et rencontre des hommes askaris qu’il réussit à convaincre de rebrousser chemin vers Magallo pour leur éviter de tomber dans une embuscade. Avant de repartir pour Harrar, Mohammad se voit contraint de combattre et de tuer les « chifta » venus à Magallo. Grâce à un vieillard qu’il soigne et à qui il donne une monture, Le jeune Harrari est admis dans l’intimité d’un groupe somali. Alors qu’íl chasse un rhinocéros, il est capturé par des Somali hostiles. Pendant sa captivité, Mohammad fait la connaissance de la belle et douce Aïcha, native d’un faubourg de Harar. Profitant de la capture d’un rhinocéros attiré vers une fosse, les deux amis réussissent à échapper aux pirates du désert.
(P.S. : Nul n’ignore aujourd’hui que le poète Arthur Rimbaud a vécu à Harar en 1888-1890).


La Fiancée rouge « Bibliothèque de l’amitié » Éditions de l’Amitié-G.T. Rageot, 1972. Photographies de l’auteur. Illustrations de Françoise Boudignon.

Afin de rejoindre Mahmad, Allaya quitte sa famille et son pays. Pour traverser le désert du Régistan, elle doit lutter à la fois contre la soif, le soleil et les brigands. Pourra-t-elle conserver sa très voyante tunique rouge en essayant de vaincre tous ces obstacles ?

Récits et documentaires destinés au adultes dans l'ordre chronologique des couvertures



De 1944 à 1959


De 1960 à 1972