jeudi 21 janvier 2010

Avatar, James Cameron... et Pierre Pelot



Vous avez sans doute vu, avec ou sans lunettes spéciales, le film époustouflant Avatar de James Cameron. Dans la dernière partie, on voit les membres de l’ethnie des Na’vis, connectés à une Nature qui réagit pour les sauver de l’attaque colonialiste d’envahisseurs surarmés.
Ces séquences m’ont aussitôt fait penser à trois livres de Pierre Pelot, sans que j’aie la naÏveté de croire que James Cameron les connaisse.
Ces trois romans utilisent le voyage d'une planète souillée ou dominatrice ou parvenue à un très haut degré de technicité vers un monde où la nature, alliée des plus faibles ou de ceux qui lui sont demeurés fidèles, intervient. Pelot y apparaît comme un des rares auteurs panthéistes de la S-F ?
En réécrivant un livre inspiré par la mythologie des Indiens Hopi, en pensant parallèlement aux Chroniques Martiennes, Pelot a donné naissance à La Septième saison où les légendes des extra-terrestres doivent beaucoup aux légendes indiennes. C’est son premier récit publié au « Fleuve Noir Anticipation ». Dans La Septième saison, Pelot exprime une vision pessimiste. Lorsque les Terriens quittent leur planète pourrie, tuée à petit feu et polluée jusqu'aux plus extrêmes limites, ils ne sont pas pour autant débarrassés de leurs vices. « Ils n'ont pas manqué d'emporter avec eux leur carapace ordurière (politiciens véreux, militaires bornés, policiers sadiques, populations normalisées, armes de destructions massives … » écrit Jean Giraud (est-ce l’auteur de Blueberry, alias Moebius ?), dans Horizons du fantastique, dès la première édition en 1972.
Venus de Terre I dans un immense vaisseau, les derniers Terriens émigrent vers Larkioss, le nouveau monde très habitable d'une autre constellation. Une race humanoïde, pacifique et primitive y habite. Qu'à cela ne tienne : les envahisseurs massacrent l'ancien peuple au laser ou à la bombe bactériologique et refoulent les survivants irréductibles dans des réserves souterraines où les croyances et les coutumes se transmettent oralement. Grâce à l'enfant Niaok, un « fils de l’esprit », « mort et vivant », aux pouvoirs singuliers, un peuple retrouve ses racines et le sens de ses légendes et de ses croyances.
Mue par cet étendard de la révolte, la planète toute entière se soulève physiquement, géologiquement, lors de La Septième saison. Doté d'une conscience intègre, le docteur Nolis, bravant l'interdit en aimant la Larkiossienne Mea, échappe à l'anéantissement. Bientôt, la nature complice retourne à l'état primitif et s'unit à son peuple spolié pour la décolonisation en marche. Le soulèvement pacifique des Larkiossiens et de la Terre qui « tremble comme une bête vivante » contre l'envahisseur, et l'attitude ouverte et chaleureuse de Nolis sont plus que des notes d'espoir pour tempérer l'impression amère laissée par la violence terrienne. Jean-Pierre Andrevon se montre aussi sensible, dans ce « roman tragique, mais aussi tonique et généreux », à cette « révolte de la planète elle-même qui, véritable entité cosmique réveillée par l'esprit collectif des Larkiossiens télépathes, broie les cités terriennes sous un véritable rouleau compresseur de boue vivante qui laisse derrière lui des prairies et des forêts à la place des villes de béton et de métal. »

C'est encore la nature, par l'action de ses « lianes-algues », qui intervient sous Le Ciel bleu d'Irockee ("Presses Pocket S-F", 1980), pour aider les Shisals exilés sur une planète, comme l'étaient les Indiens refoulés dans les réserves.
Les hautes autorités font mine d'expier leurs massacres, accordent la planète Irockee, une planète vierge présentée comme un paradis, aux survivants du peuple shisal. Or, sur cette nouvelle terre, la nature se révèle l'alliée des nouveaux arrivants. La mer chante, les algues et les lianes attaquent les colonisateurs qu'elles tuent ou contraignent au retour sur Yorgom tandis que le peuple shisal retrouve ses racines et la joie de vivre, hors de toute manipulation, la machination impériale ayant finalement échoué.


Dans Les Légendes de Terre ("Olympic", G.P., 1973 et "Livre de poche jeunesse"), venu de Terra, la planète des savants et des techniciens de haut niveau, un astronef doit se poser sur une rivière gelée d'une "planète bleue" . Là vivent des êtres primitifs qui chassent comme au temps de la préhistoire. Après avoir décidé d'aider les « astronavigateurs » naufragés, ils fraternisent et tous échangent leurs savoirs. Vathor, en partie réparé, peut voler mais pas assez pour regagner la galaxie. Chasseurs et hommes de l'espace vont découvrir, ensemble, au terme d'une expédition mouvementée et périlleuse, les ruines d'une cité pyramidale cachant des vaisseaux aussi perfectionnés que ceux des visiteurs. C'est la chance ultime de remettre Vathor en état. Sans doute grâce à Lyra, une fille de ce peuple de Ghur qu'il aime le bio-technicien Bel a compris le sens profond des mythes enfouis. Il décide donc de rester dans le monde fruste mais chaleureux de la Planète Bleue.

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