vendredi 15 janvier 2010

Le journal Pilote a (un peu plus de) 50 ans


Un peu agacé par la fixation médiatique sur les 50 ans d'Astérix, aux dépens du cinquantenaire du journal qui l'a publié, en l'occurence Pilote, j'ai rédigé un petit courrier pour "Vosges matin". En voici les réferences :

http://www.vosgesmatin.fr/fr/permalien/article/2167613/Si-Asterix-a-50-ans-il-n-est-pas-le-seul.html

Voici le texte du courrier (revu et augmenté) :

L’arbre d’Astérix ne doit pas cacher la forêt du journal Pilote

Si Astérix a cinquante ans, il n’est pas le seul. Les opérations commerciales du mois ne doivent pas masquer le fait essentiel : la naissance du journal Pilote, le 29 octobre 1959. Si cette parution, hebdomadaire de 1959 à 1974, a révolutionné la bande dessinée, rien ne laissait présager le phénomène. Au départ, une triple association. A la tête de la rédaction, le publicitaire François Clauteaux et Raymond Joly de Radio-Luxembourg, la station qui lance le journal et fait intervenir des journalistes (Barnier, Carlier, Bellemare…). Vient ensuite le quatuor formé par Jean Hébrard, Charlier, Goscinny et Uderzo. Deux imprimeurs de Montluçon apportent des capitaux. Au départ, Pilote est loin d’être un pur magazine de bande dessinée. On ne relève que 10 pages de bandes dessinées sur un total de 32. Mais on y rencontre déjà Astérix le Gaulois de Goscinny et Uderzo, Michel Tanguy de Charlier et Uderzo et Le Démon des Caraïbes (Barbe-Rouge) de Charlier et Hubinon. Le Petit Nicolas (né plus tôt, scénarisé par Goscinny), créé par Sempé, apparaît dès le n° 1 du magazine. Notons que les bandes dessinées sont à 100 % françaises, ou plutôt francophones, beaucoup d’auteurs venant de la B.D. belge. Conçu au départ pour s’adresser aux adolescents, le journal n’évoque que l’actualité des sports, de la technique et des sciences, une actualité souriante ou anecdotique (mais pas un mot sur la guerre d'Algérie).
Piégé dès 1960 par les NMPP qui gardent les invendus avant de les rapporter en bloc, la publication, déjà mise en péril, est vendue pour 1 franc à Georges Dargaud, éditeur de Tintin. Goscinny est nommé directeur de la rédaction et Charlier devient directeur artistique. En 1961, la sortie des premiers albums (L’Ecole des Aigles, Le Démon des Caraïbes et Astérix le Gaulois) est chichement limitée par Dargaud à 6 000 exemplaires !
Cabu, embauché par Goscinny en 1962 (après que Hara-Kiri a subi une 1ère interdiction) , publie ses premiers Carnets de croquis où apparaît le Grand Duduche (archétype du potache). En 1962-63, Marcel Bisiaux, nouveau rédacteur en chef met en péril le « magazine des jeunes de l’an 2000 », en voulant copier Salut les copains, avec à la Une, des vedettes de la chanson. Cette mode insistante du yé-yé (désapprouvée par Goscinny) risque d’être fatale. Dargaud renvoie Bisiaux, menace de saborder Pilote et appelle Goscinny et Charlier pour sauver le journal. Ils deviennent corédacteurs en chef en septembre 1963. Pilote va enfin pouvoir devenir un véritable journal de bandes dessinées et faire appel à davantage d’auteurs représentatifs de la bande dessinée française. Charlier et Jean Giraud débutent les aventures du lieutenant Blueberry et Greg apporte Achille Talon. En 1964, Pilote se consacre de plus en plus à la bande dessinée en multipliant, en plus des séries à succès, les histoires complètes, humoristiques ou réalistes. L’année suivante arrive Fred, venu de Hara-Kiri, qui va proposer Philémon. Gotlib ne tarde pas à mettre en images Les Dingodossiers de René Goscinny, (avant La Rubrique-à-brac qu'il crée en solitaire).
C’est en 1965 que naît le « phénomène Astérix » dans la grande presse. Le Tour de Gaule d’Astérix est alors tiré à 300 000 exemplaires. L’hebdomadaire de 48 pages (dont 30 pages de bandes dessinées) devient « Le Journal d’Astérix et d’Obélix » en juillet 1965. En 1966, après une nouvelle interdiction de Hara-Kiri, arrivent Reiser et Gébé. La crise de Mai 68 va provoquer l'attaque injustifiée de Goscinny, considéré comme "le patron" et la naissance des pages d’actualité. Le journal ne cesse pas d’évoluer, de grandir avec ses lecteurs, d’accepter des auteurs très divers que seul peut fédérer l’enthousiasme attentif et compétent de Goscinny. Une deuxième crise grave naît le 8 septembre 1971 quand Noël-Jean Bergeroux titre dans "Le Monde", : M. Pompidou épaule Astérix et attaque violemment Pilote. Après la réplique de Pilote le 30 septembre, Cavanna intervient méchamment le 11 octobre dans Charlie-Hebdo où il déclare avec une mauvaise foi étonnante que "Pilote est mauvais". En fait, il veut récupérer Gébé, Cabu et Reiser en exclusivité.
Pilote, devenu une sorte de laboratoire d'expériences graphiques, connaît à la fois un nouvel âge d'or et des départs d'auteurs qui vont créer bientôt leurs propres journaux : L'Echo des savanes, Métal Hurlant, Mormoil et Fluide glacial... L'hebdomadaire devient un mensuel pour adultes au cours de l'année 1974.


En outre, le Centre Rocambole d'Amiens m'a demandé d'intervenir au cours d'une journée consacrée à "La littérature populaire dans les illustrés pour la jeunesse au vingtième siècle"
La rencontre, intitulée "De L'Epatant à Pilote" a eu lieu Place Louis-Dewaily, à Amiens, le 23 novembre 2009.

La revue Le Rocambole publiera le compte-rendu des interventions en 2010.

Cette journée est signalée à plusieurs endroits sur Internet, par exemple :

http://www.lerocambole.com/index.php?num=37&PHPSESSID=023756e1258ac232e25557f92f195cc1

http://www.paperblog.fr/2360682/de-l-epatant-a-pilote-la-litterature-populaire-dans-les-illustres-pour-la-jeunesse-au-xxe-siecle/

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