mercredi 11 avril 2012

Sous le vent du monde, saga de l'Homme de Pierre Pelot




Sous le vent du monde, Pierre Pelot et Yves Coppens
Volume regroupant les 5 romans épiques de la saga de l’Homme.
- 1247 p. Editions Omnibus, janvier 2012. Préface de Pierre Pelot : p. I à XIII.

« Voici restituée l’évolution de l’Homme dans ses grandes étapes : il prend conscience de lui-même, de ses émotions, il invente le langage, il maîtrise le feu et façonne des outils de plus en plus sophistiqués » (extrait de la 4e de couverture).

Sous le vent du monde : 1. Qui regarde la montagne au loin - (pp. 7-246) 1ère édition : Denoël, 1996. (D.L. : janvier 97)
Chassée de son groupe pour avoir livré à la panthère noire son bébé conçu à la suite d'un viol filial, Ni-éi, déjà différente des autres femmes, marche sur une terre inconnue. Elle rencontre Moh'hr, celui qui regarde au loin, lequel a aussi quitté son clan. Sa curiosité est insatiable et il cherche la source de toutes les pluies, vers la montagne qui crache les nuages. Ensemble, ils vont gravir et dévaler, affrontant fauves, feu du ciel et clans hostiles, et, avant que la jalousie les rattrape, ils partagent des émotions nouvelles. Et les sons différents qui sortent de leur bouche vont finir par forger des vocables communs.

« J'ai l'impression d'écrire pour la première fois un livre où il est question des hommes. » confie Pelot à Claude Ecken, en 1996.
Six ans après Le Rêve de Lucy, Pelot toujours conseillé et soutenu par Yves Coppens, effectue un plongeon d'un million sept cent mille ans vers un grand lac de l'Est africain. A une langue métaphorique et poétique chargée de dire le monde comme s'il était perçu pour la première fois, il ajoute un langage limité de mots, différents selon les groupes en présence. Un récit vigoureux et original d'une grande force imaginative. Jean-Louis Ezine et Gérard Œstreicher n'ont pas hésité à qualifier de « chef d’œuvre », ce « triller des hominidés », cette fabuleuse épopée !


Sous le vent du monde : 2. Le Nom perdu du soleil
pp. 249-513), - 1ère édition : Denoël, 1997.

Le deuxième tome de cette passionnante saga évoque la rencontre dramatique, mais émouvante et porteuse d'espoir, des Xuah venus d'Afrique, et des clans autochtones de Loh. En Extrême-Orient, (dans l'actuelle Birmanie), il y a 700 000 ans, les Xuah savent capturer le feu. Ils sont en quête du soleil pour le nommer, l'apprivoiser, afin de lutter contre les froids mortels. Les Loh, réunis en aval d'un fleuve, avant les pluies de mousson, n'ignoreront plus longtemps les bienfaits de la flamme. Le curieux et entreprenant Aknah et le jeune et fougueux Ni'Ata veulent progresser dans la connaissance.

Ce qui anime surtout cette « paléofiction exotique », c'est la volonté d'échanger des connaissances, en dépit des résistances violentes de ceux qui ne sont pas prêts à accepter cette marche en avant.

Sous le vent du monde : 3. Debout dans le ventre blanc du silence pp. 512-759), - 1ère édition Denoël, 1999.

Dans le Caucase, il y a 380 000 ans.
Aux limites des steppes de l'Asie centrale et des premières forêts de la péninsule européenne orientale vivent les Oourham, ceux de la grande eau et ceux de la rivière. Ils savent faire monter la flamme « du bâton creusé et noirci » et utiliser le percuteur tendre qui fournit des outils efficaces pour « couper, éplucher, percer, racler ... ». « Ils cueillent de quoi manger au pelage de la terre » et tuent les animaux « dont ils prennent la peau la viande et les os ». Dans chaque clan, « Oka'a » la force du rêve est interprété par un membre, souvent une femme, qui leur dit s'il faut chercher un autre abri, un autre territoire pour éviter les rigueurs excessives du froid ou des tempêtes, « les eaux durcies en épaisseur » qui rendent la nourriture plus rare.

Alors que le fougueux et inconséquent Ough-uaq prend le souffle de plusieurs des siens, menace le clan en tuant son allié et s’arroge le pouvoir des femmes, le courageux Booh Oorram aux bras forts et au regard clair, peut-il renouer l’alliance avec les ours, considérés comme les ancêtres ?

Sous le vent du monde : 4. Avant la fin du ciel
pp. 761-1060)- 1ère édition : Denoël, 2000.

65 000 ans avant notre ère, sur le territoire aujourd’hui appelé France, vivent les Wurehwé, ces hommes de Neandertal contraints par le froid d’aller vers le Sud, loin de la bouche froide du ciel. Parce que sa tribu s’éteint et que sa mémoire se perd, Eheni brave l’interdit et croit sauver son groupe de la famine, renouer les liens d’autrefois, en donnant sa force à la biche, meneuse de harde. Rejeté par les siens, malgré le soutien de son frère Urhn’qé, Eheni va rencontrer le groupe plus vivace et doté de la mémoire du passé des Wuohoun. Mais, parti vers le bord des eaux sans rives, il est capable de mener sa folie jusqu’à la fin du ciel.

Dans l’Histoire de l’humanité, n’est-ce pas le rebelle, l’esprit curieux et inventif, celui qui transgresse les interdits, qui accomplit le vrai pas en avant ?

Sous le vent du monde : 5. Ceux qui parlent au bord de la pierre (pp. 1063-1247) - 1ère édition : Denoël, 2001.

Pendant le Paléolithique supérieur, 32 0000 ans avant J.-C., se rencontrent les hommes dits « modernes » de Cro-magnon, les « homo sapiens sapiens », et les Neandertal, installés bien avant eux en Europe. Les premiers sont incarnés par les Doah, installés au bord de ce qu’on nommera un jour la Méditerranée et qui ne cesse de monter sous une pluie incessante. Le chamane Dohuka se demande si la tribu doit rester au bord de ce rivage menaçant comme le conseille sa dernière vision dans la faille donnant accès au « monde du dessous ». Devrait-elle partir vers l’autre côté de la montagne, comme le frère du chamane et sa compagne en quête d’un nouvel espace ? Le couple de Naobah et Aruaeh attend un enfant, il a quitté la tribu et réussi à traverser les montagnes escarpées et enneigées avant de rencontrer les Wéréré, des Néandertaliens aux autres coutumes. Or, des événements tragiques se multiplient. Ils empêchent à jamais leur retour au bord de la grande eau, un retour demandé par « celui qui parle au bord de la pierre »…

Le chamane Dohuka, personnage important qui célèbre l’inhumation des morts, sculpte les formes et projette sur les parois des grottes les images inspirées par les « forces du dessous » impose moins son image que celle de Aruaeh, image centrale du récit ? Cette femme, désirée par Dohuka, choisie par son frère Naobah, infléchit elle-même sa destinée au contact des hommes qui vivent dans les huttes au cœur des terres. Malgré les épreuves douloureuses subies, elle fait face avec énergie et lucidité, jusqu’au terme d’une histoire d’amour et de haine, aussi fragile qu’inattendue dans son dénouement.

Non, il ne s'agit en rien de littérature jeunesse mais comme je suis une des rares personnes à avoir rendu compte des cinq volumes de la saga, il m'a paru utile d'en republier une synthèse.
Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier Gérard Noël, rédacteur en chef de "La Liberté de l'Est" qui a permis la publication des articles correspondants dans son journal. Devenu rédacteur en chef de "Vosges Matin", utilisant la clause de cession, comme une dizaine de ses collègues, depuis que le groupe Ebra est dirigé par Michel Lucas, président du Groupe Crédit Mutuel, Gérard Noël a quitté ses fonctions début 2012.

mardi 3 avril 2012

Histoire du polar jeunesse : dernier tirage revu




Histoire du polar jeunesse : Romans et bandes dessinées / Raymond Perrin. - L’Harmattan, dernier tirage revu : octobre 2011.
Illustration de couverture et maquette : Renaud Perrin

Enfin une histoire du roman policier pour la jeunesse, rendant compte avec précision de l’évolution, de la grande richesse et de la variété d’un genre finalement admis dans sa diversité et sa légitimité !
Non seulement le polar jeunesse existe, mais il manifeste aujourd’hui une belle vitalité, tant par sa présence dans des collections « noires » et spécifiques que dans les collections généralistes où figure souvent l’étiquette policière. Certes l’histoire du genre dans le domaine juvénile, d’abord clandestine, différée par rapport à celle du polar adulte, a dû d’abord ruser avec les censeurs de tous bords qui voulaient soit l’exclure, soit la réduire à des récits d’aventures jugés puérils ou purement distractifs. Vint le temps des séries d’abord anglo-saxonnes puis françaises, mettant en scène des enfants enquêteurs, le plus souvent en petites bandes, sous le contrôle strict de la loi du 16 juillet 1949.

La mutation capitale se produit lors de la naissance, chez Syros, de la collection « Souris noire » faisant appel aux meilleurs auteurs pour adultes. Elle démontre que le polar peut s’ouvrir au monde actuel et à la réalité quotidienne, au prix de quelques précautions, ellipses ou métaphores.
Depuis 1986, les collections du genre, les séries mettant en évidence héros et héroïnes du polar et les oeuvres autonomes se sont multipliées, s’ouvrant à toutes les variantes du polar, y compris le pastiche et la parodie.
Peu à peu, le policier jeunesse s’est affranchi des frontières de l’âge et du genre en flirtant ouvertement avec le roman historique, fantastique ou même de science-fiction, tout en prenant parfois comme support l’album illustré ou de bande dessinée, le manga ou le livre interactif et ludique.
L’intégration d’œuvres policières dans les listes de lecture de l’Éducation nationale, au collège puis à l’école primaire, a favorisé la légitimation d’un genre dont le rôle éducatif et pédagogique est aujourd’hui reconnu. (4e de couverture rédigée par l’auteur)

Table des matières
Un premier aperçu rapide
I Le long purgatoire d’un « mauvais genre »

Les publications du groupe Offenstadt, Quelques trop rares récits avant la Deuxième Guerre mondiale, Sir Jerry. un détective bon chic, bon genre, pour petites filles de « bonne famille », L’énigme policière davantage présente dans la bande dessinée, Captain W.E. Johns et le commandant Biggles, « Junior police », une collection qui affiche le genre policier.

II Les énigmes policières des années 50
Chez Fleurus-Gautier-Languereau et Fleurus-Mame, Yvonne Escoula et « . La Bibliothèque blanche », Bob Morane, un aventurier volontiers espion, Cinq Jeunes filles, première série française juvénile à connotation policière, L’agent typiquement français Nick Jordan.

III Les « séries » à « mystères », traduites ou françaises
Alice, jeune fille indépendante et détective de charme, Les Soeurs Parker, alias The Dana Girls, La prolifique Enid Blyton : Club des cinq, Mystère et Clan des sept..., D’autres récits policiers isolés, dans d’autres collections, Trois énigmes policières mémorables, parues en 1955, « Signe de piste » et Les Enquêtes du Chat-Tigre, Les Éditions G.P. et les récits policiers de Paul Berna, Enquêtes et mystères des illustrés et albums des années 50.

IV Années 60 et multiplication des personnages de série
Georges Chaulet, des Quatre As à Mademoiselle Etincelle, « Mille pompons ! » C’est Fantômette !, Quelques récits policiers autonomes, Pierre Véry et Marc Soriano, dans la « Bibliothèque verte », Michel ou le jeune enquêteur à la française, Paul-Jacques Bonzon, des Six compagnons à la Famille HLM, Langelot, l’agent secret au service de la patrie, Bennett, le sympathique collégien, parfois enquêteur, Dans l’ombre de Hitchcock, Les Trois jeunes détectives, Le Carré d’As : les quatre Parisiennes d’Odette Sorensen, Les Éditions G.P., les collections « Spirale » et « Dauphine » et leur contribution au genre, Jacques Rogy, journaliste et détective intrépide, Les bandes dessinées policières des années 60.

V Années 70 et timides collections policières
Policier et espionnage dans la collection « Jeunesse poche », Boileau-Narcejac et les premières enquêtes de Sans-Atout, Du nouveau dans la « Bibliothèque rose » : le poney Poly, Tony, entre poésie, énigme policière et fantastique, Gilles, le reporter-photographe parisien, Chez Gallimard Jeunesse, « Mille Soleils » abrite le policier, La « Bibliothèque verte » sous « la loi des séries », Dans la collection « Arc-en-poche », chez Nathan, Les bandes dessinées policières des années 70, Chez Nathan, la prudente et éphémère collection « P.J. ».

VI Années 80 : vers une légitimité irréversible du polar
« Folio junior énigmes » et « les classiques du genre », Les nouvelles enquêtes de Sans-Atout, Jean Alessandrini et Le Capitaine Nox, justicier nocturne, La vie brève de « Masque Jeunesse », La revue Je bouquine et ses énigmes policières, Un changement capital en 1986 : « Souris noire » et la naissance du polar jeunesse moderne (es policiers de la collection « Zanzibar », chez Milan, « Polar Nathan » et Jonathan Cap, Claudius Lapoigne, l’ancien professeur devenu clochard, Les rares policiers de « Page blanche », Casterman et la collection « Mystères », P. P. Cul-Vert, détective très amateur, de Jean-Philippe Arrou-Vignod, Les policiers de la « Verte aventure », chez Hachette, Les frères Nick et Tim Diamant d’Anthony Horowitz, De la « Bibliothèque verte » à « La Verte série », « Souris noire plus », plus de texte pour de plus grands lecteurs, Wiggins, apprenti détective au service de Sherlock Holmes, Les bandes dessinées des années 80.

VII Années 90 : Classiques et nouveautés entrent dans les collections policières
Chez Rageot, « Cascade Policier » décline tous les styles, Dan Martin, lycéen et détective privé, « Cascade Policier Junior » et les « détectives en herbe », D’éphémères « Nuits noires », « Lecture junior », collection innovante mais peu ouverte au polar, « Pickpocket » et la série animalière policière de Lecaye et Krings, « Pleine lune », une collection généraliste ouverte au policier, « Mot de passe » privilégie les classiques du polar, Des nouvelles bien illustrées dans « Les Classiques du polar », Deux nouvelles collections, toujours ouvertes aux « Mystères », chez Casterman, Hubert, détective hors normes, amateur et rural,Ebenezer Craymes, Commandeur des abîmes, « Vertige Policier » se distingue chez Hachette, Des « Policiers » aux « P’tits Policiers », chez Magnard Jeunesse.

VIII Un polar jeunesse désormais sans frontières
Bayard Poche multiplie collections et genres (1997-2000), Quand « Lune noire » s’éclipse de « Pleine lune », Les récits policiers de « Castor Poche », chez Flammarion, Les multiples facettes de « Souris noire », Chez Albin Michel jeunesse, « Le Furet enquête », Chez Actes Sud Junior, « Jamais deux sans trois », « Les Petits Polars » d’Actes Sud Junior, Emma et Thomas ou Les Aventures de la Caramote, « Page noire », le policier et le roman noir, Johnny Flanagan, l’adolescent détective d’Andreu Martin et Jaume Ribera, D’« Internet Détective » à « Internet Aventures », Le domaine policier de « Pocket junior », alimenté à peu de, frais, Les quelques polars de la collection « Tribal », Des policiers discrets, dans « Médium », à L’École des loisirs..., Nils Hazard, professeur détective étruscologue, Les bandes dessinées policières des années 90, Le polar peu à peu reconnu par l’institution scolaire.

IX Le polar juvénile, au début du XXIe siècle
Des collections plus rares et le recours aux « généralistes », « Castor Poche Flammarion » et ses personnages récurrents, Des histoires à épisodes dispersées chez divers éditeurs, Des fictions policières sans frontières, chez Bayard, De la collection « doAdo » à celle de « doAdo noir », au Rouergue, Chez Milan, des polars pour petits et grands, Des séries d’espionnage, chez les éditeurs Le Rocher, Pocket Jeunesse, Casterman, Milan et ailleurs..., Les collections policières sans descendance, L’apport du « Livre de poche jeunesse » au genre policier, De Sarah Kay à Alex Rider, Des collections policières changent seulement de costumes, De « Lune noire » à « Comète » et « Nathan poche », Les livres d’enquêtes interactifs d’Actes Sud Junior, Les romans policiers chez Gallimard Jeunesse, Les enquêtes de l’inspecteur Yann Gray, Rocambole ressuscité par Michel Honaker, Yves Hughes et Millefeuille au Moyen Âge, Les autres récits policiers de la collection « Hors-piste » et de Gallimard Jeunesse, Garin Troussebœuf, scribe enquêteur au Moyen Âge,Callaghan, livreur de pizzas et détective amateur, « Rat noir », chez Syros, la nouvelle collection pour adolescents, Des albums, des mangas et des bandes dessinées enrichissent le genre policier.

Petit retour sur "Histoire du polar jeunesse" pour signaler un nouveau tirage (octobre 2011), largement revu et corrigé. En revanche, la version numérique est encore fautive. Je signalerai ici la version enfin corrigée quand elle le sera !