Affichage des articles dont le libellé est Michel Grimaud. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Michel Grimaud. Afficher tous les articles

vendredi 5 août 2011

Michel Grimaud (Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse) : une double disparition


Michel Grimaud (Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse) : une double disparition

J’étais loin d’imaginer en écrivant un hommage pour les « Grimaud », après la mort de Marcelle le 22 janvier 2011, que son compagnon Jean-Louis allait la rejoindre le 27 juillet de cette même année 2011.
Je ne vais pas reproduire cet hommage que j’ai légèrement revu. Il suffit de cliquer sur « Michel Grimaud » à droite pour le lire.
Outre cette double disparition, ce qui m’émeut aujourd’hui, c’est que, fort discrètement comme à son habitude, à la date du 11 février 2011, dans la partie commentaires, Jean-Louis a écrit : « Le coucou a dit : Merci (JLF) ». Je n’ai pas voulu ajouter quoi que ce soit à ce message laconique.
Ce qui me sidère, c’est que beaucoup d’internautes semblent encore ignorer l’œuvre des Grimaud même ceux qui connaissaient son blog. Il y a même des internautes qui confondent parfois leurs livres avec ceux d’autres auteurs !
Alors, pour éviter cet état de fait, je me fais un devoir de publier 36 couvertures concernant leur œuvre. Cela n’a rien d’exhaustif mais j’espère que cette publication donnera une idée de la richesse et de la variété de leur œuvre car la meilleure façon de leur rendre hommage, c’est encore de chercher à connaître ce qu’ils ont écrit et de sauver leurs livres d’un injuste oubli.
J'espère qu'après le temps de l'été et des vacances, des plumes plus compétentes se pencheront sur les livres des Grimaud pour en rappeler l'originalité et la force.

mardi 25 janvier 2011

Hommage à Michel Grimaud (2)


8 polars et un récit fantastique

HOMMAGE A MICHEL GRIMAUD (Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse)
2e partie

Les Grimaud et le polar jeunesse


Les Grimaud vont s’illustrer dans le polar jeunesse, surtout depuis le début des années 90.
Le couple, maître de la S-F et du roman social, casse ainsi l’image restrictive acquise par la pratique de ces genres, dès le roman L’Assassin crève l’écran (1991), dans la collection "Cascade policier", chez Rageot. Le journaliste Oliver Beaumont, venu interviewer les vedettes d’un film à sensation, les découvre assassinées les unes après les autres. Jouant au détective, il va tenter de comprendre les raisons de cette hécatombe. Le commissaire Magnan est alerté pour éviter la confrontation risquant d’être fatale entre Oliver et l’assassin.
On doit aussi à Michel Grimaud, dans la même collection, Chapeau les tueurs ! (Quatre des sept propriétaires d’un domaine succombent successivement d’une mort violente. Le journaliste Pascal Vidal traque des tueurs à gage à ses risques et périls). Toujours dans "Cascade policier", le couple d’auteurs a encore publié Drôles de vacances pour l’inspecteur, Règlements de compte en morte-saison et Une ombre sur le toit (2002), avec un scénario policier crédible, proposant une image positive de la police.
Dans la collection « Castor poche Flammarion », dans L’Inconnu du frigo (1997), le couple s’attache au sort d’un inconnu blessé découvert par Désiré et Jeny dans un vieux frigo. Poursuivi par des trafiquants, il n’a pas trouvé d’autre cachette…
Chez Gallimard Jeunesse, « Page noire », parmi les romans publiés en 1997, publie Le Meilleur détective du monde de Michel Grimaud, parodie de romans à énigmes anglo-saxons.
La collection « Heure noire », née en 2002, chez Rageot, publie beaucoup de titres réédités. Par exemple, en 2002, Une ombre sur le toit de Michel Grimaud est une réédition de la collection « Cascade Policier ».
Michel Grimaud avec Cache-cache mortel (2003), dans la collection « Hors-piste », chez Gallimard Jeunesse, construit un polar crédible en renouvelant le thème du bandit protégé. En rentrant chez lui, Jérémie qui vit seul avec sa mère Loulou, partie ce soir-là chez des amies, se trouve face à un inconnu blessé. Dominant sa peur, il accepte de le cacher. Quand elle est mise dans la confidence, après la visite de la police, sa mère encourage Jérémie à parler à l’inconnu. Il faut bien qu’il apprenne à connaître et à aimer son père, ce qu’il aura le temps de faire entre les visites de la police et celles des gangsters !

Le couple a ainsi publié plus de 35 livres pour la jeunesse sans tenir compte de courtes histoires et de récits pour les plus jeunes (comme Les Vacances de Madame Nuit en 1978, Le Grand Voyage d'Alexandre Tolpe en 1979 et Les Contes de la ficelle en 1982, un livre devenu Les Aventures de la ficelle, chez Castor Poche Flammarion. Notons encore Les Palaplafs, récit humoristique publié à La Farandole (1985) et deux courts récits d'abord parus chez Bayard dans la revue J'aime lire : L'Enfant de la mer (1986) et Le Coffre magique (1989)
Bien sûr, l’approche des livres « jeunesse » qui exclut de parler d’œuvres majeures dans le domaine de la science-fiction, comme Malakansâr, La Dame de cuir et L’Arbre d’or, étrange et envoûtant récit qui ressortit à la fantasy, est évidemment réductrice.

Je vous invite à lire les autres hommages parus ou à paraître.

Hommage à Michel Grimaud




Marcelle Perriod, la compagne de Jean-Louis Fraysse (le couple étant connu sous le pseudonyme de Michel Grimaud), vient de nous quitter le samedi 22 janvier.

Ces romanciers sont à la fois si discrets et modestes qu'il est temps de leur rendre un juste hommage.

HOMMAGE A MICHEL GRIMAUD (Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse)
1ère partie

Des romans historiques aux romans sociaux engagés


Les premiers livres publiés n’illustrent pas encore les thèmes chers aux auteurs : liberté individuelle, lutte contre le racisme, révolte, respect de la différence, urbanisation et pollution, fascisme et combat pour la libération des peuples…
C’est en 1971 que naît « Safari-Signe de Piste », la maison Alsatia s’étant associée avec Hachette pour la diffusion exclusive d’ouvrages. De nouveaux auteurs ont un esprit, à priori, bien éloigné de celui des anciens. En 1971, le couple Michel Grimaud amorce le cycle préhistorique : Les Aventures de Rhôor avec Rhôor l’invincible, suivi de Rhôor et les pillards. La même année, le couple a aussi publié dans « Plein Vent » en 1971, le roman intitulé Amaury Chevalier cathare.
. N’oublions pas le récit Des hommes traqués, au Chili du temps d’Allende, paru dans « Plein vent », en 1975 (réédité dans la collection « Les Couleurs de l’Histoire », chez Actes Sud Junior sous le titre : Les Larmes de la Terre).
En 1970, une des premières collections de livres de poche de la future décennie, pour les jeunes, est créée par Hatier et G.-T Rageot, des éditeurs qui donnent le jour à la collection « Jeunesse poche » (1970-1974). Une part de son originalité vient du développement des sections abordant des genres jusqu'alors encore un peu suspects dans le secteur jeunesse. Par exemple, l'aventure est représentée par Les Pirates de Bornéo de Michel Grimaud, en 1972.
Aux Editions G.P., la collection « Spirale » née en 1959, s'ouvre à des genres auparavant considérés comme illégitimes, comme le western et la science-fiction, et aborde les réalités historiques anciennes ou contemporaines. Ainsi sont publiés William Camus, Pierre Debresse, Christian Grenier et Michel Grimaud réhabilitant Les Insoumis de Terre-Neuve (1976).
Michel Grimaud fait partie des auteurs qui ont profondément renouvelé la littérature pour adolescents au début des années 1970.
Ce sont les adolescents de 13 à 16 ans que vise la collection « Les Chemins de l'Amitié », dirigée par Catherine Scob, aux Editions de l'Amitié-G.T.-Rageot, en 1973. Michel Grimaud, qui y publiera plusieurs récits engagés, tel Le Paradis des autres (devenu La Terre des autres, un roman très primé), ne craint pas de montrer un immigré algérien et son fils en butte au racisme ordinaire des habitants d'un village du Sud de la France. (Que la citation anachronique et malicieuse de ce roman, par Daniel Picouly dans Le Champ de personne, pour évoquer un souvenir d’enfance remontant à la fin des années 50 et évoquant une improbable dictée extraite du roman La Terre des autres, n’ait suscité aucune remarque critique montre assez la méconnaissance générale de la littérature jeunesse.) Le récit antiraciste, très vite devenu, Le Paradis des autres est réédité dans la collection « Les Maîtres de l'aventure »
La collection « Les Chemins de l'Amitié » a aussi accueilli Pourquoi partir ? (1974), Soleil à crédit (1975) tandis que la collection « Grand Angle », chez G.P. publiait en 1976, Une chasse en été. (Seul, le récit Une chasse en été est réédité par La Farandole en 1988).

Alors que vient de se constituer le Centre national des Lettres et de la Direction du livre, on assiste en juin 1975 à la Fondation de la Charte des auteurs pour la jeunesse par Christian Grenier, le père fondateur, assisté de William Camus, Jean Coué, Béatrice Tanaka, Michel Grimaud, Jean Ollivier, Pierre Pelot et Bertrand Solet.


Les récits de science-fiction et les romans fantastiques

Dans les rares récits français conjecturaux de cette collection « Plein vent », on doit citer La Ville sans soleil (1973), de Michel Grimaud, un récit écologique visionnaire et très vraisemblable, préfacé par Alain Bombard, évoquant déjà un site industriel atteint par la pollution
La collection « Jeunesse poche » range encore dans "l’anticipation" Le Peuple de la mer de Michel Grimaud, en 1974.
Mais en 1977, deux collections mémorables de S-F vont voir le jour. D'abord la collection « L'Age des étoiles », entièrement consacrée à la science-fiction, chez Robert Laffont (1977-1979), animée par Karin Brown et Gérard Klein. Michel Grimaud, avec L'Ile sur l'Océan Nuit (dont les couvertures sont illustrées par Jean-Claude Mézières), réclame justice pour les victimes du colonialisme. La 2e collection, « Travelling sur le futur », née chez l'éditeur belge Duculot, développe aussi la S-F., et vise encore le public des 13/17 ans. Michel Grimaud défend un univers écologique avec Les Esclaves de la joie, avant d'évoquer Le Temps des gueux, (réédité chez Mijade en 2010, sous le titre Le Récupérateur).
La collection susceptible de changer les mentalités, c'est « Folio Junior S-F », que propose à Pierre Marchand et anime le spécialiste de S-F Christian Grenier. Il le raconte fort bien en 2004 dans Je suis un auteur jeunesse (paru chez Rageot).
La vraie nouveauté dont Grenier a été le seul lecteur avant parution, c'est Le Tyran d'Axilane (1982) du couple caché sous le pseudonyme de Michel Grimaud, un récit jouant avec l'espace et le temps et d’où la poésie est loin d’être absente. C'est Enki Bilal qui illustre la couverture de ce roman au succès mérité.
Aux éditions La Farandole, dans la collection « L.F. Roman », paraissent Le Jour du Gombo (1982) et Le Passe-Monde (1986).
Chez Hachette, en 1996, dans « Vertige fantastique », parmi les nouveautés françaises, relevons Le Fantôme des Cassegrain de Michel Grimaud, alliant harmonieusement Histoire, fantastique et humour. Dans la collection « Folio junior », en 2000, paraît Le Violon fantastique (une façon de rappeler l'importance de la musique dans la destinée du couple des Grimaud).
Si la collection « Travelling », est née chez Duculot en 1972, c’est seulement en 1992 qu’elle accueille Coup de cœur, un roman trop peu connu du couple.

samedi 8 mai 2010

"L'Âge des étoiles", Laffont et la S-F des ados en 1977




Collection de S-F pour ados "L'Age des étoiles" (1977-1979) (Robert Laffont)

Dans le "Cercle des collections juvéniles", consacrées aux mondes imaginaires, faisons une place de choix pour cette collection quasi mythique.

« L’effet Guerre des étoiles », le film de George Lucas sorti en France en 1977, dope-t-il l'édition en matière de science-fiction pour la jeunesse? C'est très probable même si certains se désolent du « merchandising » (un mot aussi affreux que ce qu'il désigne), développé par la « Star Wars Corporation » : livres animés, maquettes, gadgets de toutes sortes.
Toujours est-il que deux collections mémorables vont voir le jour. Nous avons déjà vu "Travelling sur le futur", Voici maintenant la collection "L'Age des étoiles", entièrement consacrée à la science-fiction, chez Robert Laffont (1977-1979) où elle est animée par Karin Brown et Gérard Klein (déjà directeur de la prestigieuse collection pour adultes, "Ailleurs et demain").
Cette dernière-née, dont les couvertures sont illustrées par les meilleurs dessinateurs de bande dessinée : Enki Bilal, Serge Clerc, Gal, Loro, ou Jean-Claude Mézières ... est inaugurée avec La Porte des mondes de Robert Silverberg.
Elle vise un public de grands adolescents en leur proposant des ouvrages écrits pour les jeunes, soit par des auteurs anglo-saxons réputés, soit par des auteurs français connus dans le monde de la S-F. On traduit donc deux récits juvéniles et pleins d'entrain de Robert Heinlein : L'Enfant tombé des étoiles et Le Vagabond de l'espace, La Planète des ours d'Andre Norton (Alice Mary Norton), où Jony, prisonnier évadé de l'espace, reçoit le secours d'ours intelligents, et L'Enfant contre la nuit de Susan Cooper, quand le garçon Will tente de lutter contre les forces du Mal. Sous une couverture de Philippe Druillet, Christian Léourier propose, avec L'Arbre-Miroir, l'étrange rencontre de Gwentmaid, autochtone de la planète Gwyz et du jeune colon Dan alors que Michel Jeury (illustré par Robert Gigi et Serge Clerc), livre deux récits : Le Sablier vert, enfoui sous les ruines de la cité de Dirak, et Le Monde du Lignus, un monde vivant où la survie de Lorek Nolan n'est guère évidente. S'imposait aussi la présence de Christian Grenier dont Le Montreur d'étincelles délivre un message écologique, et de Michel Grimaud qui, avec L'Ile sur l'Océan Nuit, réclame justice pour les victimes du colonialisme. Après un bon choix de textes et un tirage à dix mille exemplaires, lorsque paraît en mars 1979, Galactica, La Bataille de l'Espace, on comprend que la collection doit s'arrêter. Ne paraîtra pas La Cité au bout de l'espace de Pierre Pelot, illustré par Jean-Claude Mézières, le dessinateur prestigieux de Valérian et Laureline. (Ce roman deviendra un "Fleuve Noir Anticipation", ce qui donne à réfléchir sur la notion, parfois floue, de livre pour la jeunesse !) Pourquoi cette collection a-t-elle en partie échoué ? Peut-être le format 21*11,5 a-t-il surpris et le prix était-il trop élevé (deux fois celui d'un « poche ») ?
Or cette élégante collection, aussi originale dans sa présentation séduisante que dans son contenu, mérite de susciter des nostalgies amplement justifiées.

"Travelling sur le futur", Duculot et la S-F en 1977




Reprenons le "Cercle des collections juvéniles disparues", des mondes imaginaires en faisant un bond vers 1977.

Collection de S-F pour ados "Travelling sur le futur" (Duculot)

"Travelling sur le futur", chez l'éditeur belge Duculot, développe aussi la S-F., dès 1977, et vise encore le public des 13/17 ans mais les couvertures sévères, constituées de photographies sensées évoquer le roman, sont peu attrayantes. Une vingtaine de titres sont publiés. Or, comme ils ne sont vendus, en moyenne, qu'à deux mille exemplaires, l'expérience est stoppée au bout de quatre ans. On y rencontrait pourtant de bons auteurs. John Christopher, dans Les Gardiens, met en évidence le combat de Rob fuyant la ville pour rejoindre les révolutionnaires. Quand Bertrand Solet écrit Les Frères des nuages, c'est pour imaginer une secte qui inhibe les esprits en 2025 tandis que Michel Grimaud défend un univers écologique avec Les Esclaves de la joie, avant d'évoquer Le Temps des gueux et le chômage. Parmi les auteurs français, notons encore Lucien-Guy Touati (Motus), Michel Corentin et Gil Lacq (L’Energie du désespoir) – il s’agit de l’énergie nucléaire -, et Christian Grenier pour Le Complot ordrien évoquant la montée de l’extrême droite. Il faut citer des traductions de Monica Hugues (Alerte au plateau 10 mettant l’accent sur les manipulations génétiques et Le Cerveau de la ville), de Bernice Grohskopf (L’Ecole idéale de Bruno Hauter), d’Eva-Maria Mudrich (Ferida, l’île du bonheur), de Nicholas Fisk (Les Prisonniers du temps), de Julien Van Remoortere (Le Livre interdit de Krista O.).
La directrice de collection, Christiane Lapp, qui dirigeait déjà la collection "Travelling" (déjà présentée sur le blog), n'est pas une spécialiste de la science-fiction.
Elle avait plutôt orienté sa collection vers l'anticipation réaliste chargée de donner une vision vraisemblable du futur. « A partir des découvertes scientifiques et technologiques actuelles, à partir de l'évolution de notre société, des problèmes politiques ou écologiques que nous connaissons aujourd'hui, on peut construire mille hypothèses sur ce que sera demain ». C'est le postulat au départ de la collection et c’est un postulat risqué. Comme l’écrit Christian Grenier dans La S-F à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas (Le Sorbier, 2003, p. 119) : « Hélas l’actualité rend ces textes vite caducs ; c’est l’un des inconvénients de l’anticipation à court terme ! »
La création d'un fichier pédagogique consistant n'a pas réussi à convaincre suffisamment d'enseignants pour que l'expérience se poursuive.

jeudi 11 février 2010

Collection "Grand Angle" (G.P.), pour les ados







Dans le chapitre du « Cercle des collections disparues », voici une collection qui vise les nouveaux adolescents, ceux qui commencent à bénéficier d’une scolarité plus longue, conséquence de la réforme Haby.

La collection "Grand Angle" (G.P.), pour des adolescents préoccupés par leur époque
C’est en 1974 qu’apparaît la collection "Grand Angle" (1974-1988), aux éditions G.P., dirigée par Marie-Hélène About. La maquette est proche de celle des "Chemins de l'Amitié", née un an plus tôt et des auteurs parfois communs, évoquent des problèmes sociaux ou des thèmes actuels. "Grand Angle" est résolument ouverte sur le monde contemporain, « d'hier, d'aujourd’hui et de demain », à travers divers types de récits permettant « une meilleure approche des problèmes de notre temps », sous des éclairages divers, voire opposés. Les auteurs français y sont nombreux mais il faut noter quelques traductions intéressantes de John Branfield (La Citadelle interdite), Harry Mazer (Seuls dans la tourmente), Mildred Lee (Cela fait un an déjà…), Richard Peck (Sandra Superstar), Willy Pribil et Ernst Pichler (Et le désert refleurira…), Hugh Walters (Naufragés dans l’espace), et encore de Jaap Ter Haar (Le Cauchemar de la nuit) ou de Jan Terlow (Michel). De l’allemand on traduit aussi N’oublie pas Christina de Willy Fährmann. De la Grecque Alki Zei, on traduit encore La Guerre de Petros. La science-fiction est surtout présente grâce à Christian Grenier (Le Satellite venu d'ailleurs, Le Soleil va mourir) et William Camus, les deux coécrivant Cheyennes 6112 et sa suite : Une Squaw dans les étoiles (ouvrage primé en 1976), volumes écrits dans des conditions cocasses, contées avec verve et humour par Christian Grenier dans Je suis un auteur jeunesse (Rageot, 2004), et heureusement réédités depuis. Le vétéran Paul Berna, avant de proposer Rocas d’Esperanza, n'hésite pas à décrire la mort de la planète dans La Dernière aube, un ouvrage à rééditer. Les romans historiques sont aussi très engagés. Jacqueline Cervon évoque le commerce triangulaire esclavagiste dans La Jarre percée. Maurice Vauthier tente de restituer la présence de Saint-Exupéry dans Santos. Christian Signol centre un beau récit sur la personnalité de Soledad, une paysanne subissant la guerre civile espagnole dans Les Amandiers fleurissaient rouge. C'est encore Lucien-Guy Touati qui évoque six mois terribles en Algérie avant le départ pour la France avec …Et puis, je suis parti d'Oran. On le voit, tous ces romans ne se contentent pas de raconter l'Histoire avec un grand H. Ils ouvrent à la réflexion sur des sujets qui demeurent d'actualité. Ce sont peut-être les autres romans qualifiés hâtivement de récits « psychologiques » ou « d'aventures » qui pénètrent le plus avant dans les mutations et les problèmes économiques et sociaux de l’époque. Pierre Pelot propose ainsi trois romans engagés. Je suis la mauvaise herbe (roman primé en 1976) évoque le personnage d'un colporteur hors normes, raconteur et objecteur lors de la guerre de 14-18. Même s'il décrit admirablement le labeur des bûcherons, l'essentiel du roman Les Neiges du coucou (1975) est plutôt dans la rencontre d'un adulte solitaire et d'un adolescent vagabond, cultivé et philosophe. Le Pain perdu (1974), sans doute à jamais, c'est l'impossibilité pour une société de pardonner à quelqu'un qui a pourtant payé sa dette. De lui, on réédite encore La Drave (paru d’abord dans « Olympic »). William Camus évoque un drame bien contemporain dans Le Poulet (1977). Le Chemin du large d’Yvan Mauffret est évidemment maritime et c’est sous la forme d’un journal que paraît … Et vogue la maison d’Hélène Ray. Au couple Michel Grimaud appartient Une chasse en été. D'autres romans, ceux de Jacqueline Cervon permettent d'accéder à une meilleure connaissance des mondes arides, comme La Griffe du fauve et aussi Les Moissons du désert, tandis que ceux d’Anne Pierjean (disparue en 2003), tels Paul et Louise, Loïse en sabots et Saute-Caruche, sont plutôt des sortes de chroniques paysannes. Paraissent aussi des romans originaux par leurs thèmes, leurs « héros » et les lieux de l'action : le Portugal avant l'exil en France, pour Maria de Amoreira de Luce Fillol, la terre contestée des Indiens pour Le Mexicain de Serge Durousseau, méritaient bien d'être tous deux primés en 1978. Hélène Vallée situe un drame sobre et fort au coeur de la grande forêt nordique de Finlande où sévit Le Maître de Seijala, patriarche traditionnel et Jean-Claude Alain s’attache à l’Irlande où vivent Les Enfants de Dublin.
On y présente aussi le monde des aveugles vécu par un garçon qui perd la vue lors d'un accident, dans Le Cauchemar de la nuit de Jaap Ter Haar. Comme sa jumelle, "Les Chemins de l'amitié", la collection "Grand angle" a débordé son public initial, et sa grande lisibilité typographique, sa perception du siècle et ses thèmes novateurs, lui ont permis de toucher aussi le lectorat du 3e âge.