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jeudi 14 février 2019

Braves gens du Purgatoire de Pierre Pelot, ultime roman montagnard vosgien


Braves gens du purgatoire, dernier roman montagnard vosgien de Pierre Pelot

Un récit difficile à apprivoiser

Le dernier roman publié de Pierre Pelot ne s’apprivoise pas facilement. Il demande une lecture d’autant plus attentive que se mélangent les époques, les personnages et leurs mémoires multiples et entremêlées, les lieux, même s’ils se  limitent aux Hautes Vosges et à une partie de l’Alsace.
Les descriptions méticuleuses, détaillées comme si elles devaient à tout prix empêcher l’oubli, se font dans des phrases très développées et au moyen d’une langue parfois emberlificotée, voire précieuse ou archaïque (Merci, Monsieur Littré) qui laisse aussi sa part au patois local et aux niveaux de langue multiples, du plus grand  style au niveau le plus familier.
Passés ces obstacles, en plus d’une généalogie compliquée des personnages : Joshua et Kate Bansher venus d’Amérique en 1889, les Dérandier, les Calvin, les Rouy, tant leurs géniteurs sont inconnus ou extérieurs aux couples officiels, (corrigeant en partie la consanguinité de ces vallées en cul-de-sac). On doit se repérer dans des lieux tantôt urbains (comme l’usine au toit « à dents de scie »,  « la « boîte » comme l’appellent ceux qui en sont le contenu »), mais variant au rythme des mutations économiques, tantôt plus souvent ruraux, au coeur des forêts de sapins et d’épicéas, des « corrues » de débardage de bûcherons et des torrents, sous diverses époques ou saisons.      
Ajoutez à cela les ruses d’un romancier qui non seulement disperse des éléments autobiographiques généreusement attribués à divers personnages plus ou moins proches de lui, comme Simon, Adelin et Quentin, sans oublier une fiction dans la fiction créant l’autre romancier anarchiste et teigneux Michaël, un autre double fictionnel qui écrivait « des histoires de péquenots (...) avec des personnages de terre et de pierre dure », et vous obtenez un roman dont la lecture réserve beaucoup d’émotions nouvelles et intenses et requiert une attention de tous les instants.


            Certes, si Pelot est un raconteur d’histoires, on peut se demander si l’intrigue est bien l’essentiel. En effet, alors que la mort du Vieux Maxime Bansher, « l’homme des loups », bûcheron et sagard, et de sa compagne Anne-Lisa (depuis la mort de son épouse « la bohémienne » Léna), paraît bien mystérieuse, le 2e chapitre détruit le suspense puisqu’il montre leurs deux assassins en action.              
Si des mystères demeurent : disparitions inattendues, ossements humains retrouvés, rôdeurs aux errances imprécises, peut-être faut-il plutôt se concentrer sur les quelques personnages hauts en couleurs, même si ce sont des « gens de peu » car ce sont eux qui construisent la véritable histoire.      
Il y a d’abord Simon Clavin, l’écrivain de la Grand’Goutte et la mémoire des lieux, au « regard étréci », bourru, malade et vieillissant, dont le fils est mort d’une rupture d’anévrisme cataclysmique, « fauché net, dans sa ville en paix ». (Il doit beaucoup à son créateur). Sa petite nièce, Lorena Bansher, petite fille de Maxime et fille d'Adelin, cavalière de talent, compagne du Jurassien Justin, discret et protecteur, veut que Simon l’aide à connaître la vérité sur toute sa famille.
Parmi les Rouy, le plus original est Henri, surnommé Zébulon, plus doué pour jouer le « lapin à vélo » en poussant des yodels tyroliens, que pour l’industrie textile. Il sillonne vallées et collines en quête des rôdeurs et connaît des secrets que les autres attribuent à son esprit perturbé.  



Un village qui ressemble fort à celui de Saint-Maurice-sur-Moselle
    
Quels que soient les artifices de la fiction et même s’il s’agit d’un « roman » (donc d’un récit où l’on ne doit pas normalement chercher des éléments « entre les lignes »), il est plus qu’évident que le village de Purgatoire est peu ou prou celui (en étoile variant de 3 à 5 branches) de Saint-Maurice-sur-Moselle (comme il était déjà au coeur de plus de 30 récits pelotiens).
On reconnaît dans « les quatre vallées [qui] formaient le centre de l’étoile labourée dans les vieilles montagnes, le cœur de Purgatoire » (p. 106) « sous les sommets aplatis du massif de Servance ». Pelot évoque les jeux autrefois des gamins et gamines « issus des quartiers et écarts divers bourgeonnant sur les trois vallées en étoile ainsi qu’à leur jonction, au coeur même de Purgatoire… »  (p. 186)
Simon et son fils Quentin apprécient tous les cours d’eau de Purgatoire : « la Moselle jeunette franchissable en trois bonds, l’Agne des Charbonniers, le Rû de Presles, les gouliches des Feignes. » 
On peut même, grâce à la course folle vélocipédique de Zébulon, passer de la place de l’église à « la rue pentue du village », au carrefour, à « la route nationale » « poursuivie jusqu’à la route perpendiculaire » « vers le quartier des Ajoncs » (ou des Ajols !), « traversant l’ancienne voie ferrée transformée en voie verte ».


Il est aisé de reconnaître la place de l’église, la boulangerie et la mairie proche, un peu plus haut, l’ancien cinéma « Domino », le cimetière où sont civilement enterrés Maxime et Anne-Lisa. le café de Maria. Bien plus haut, l'emplacement des anciennes scieries et de leurs grumes et la maison de Simon au fond du Goulot cul-de-sac, dans la vallée rétrécie de la Grand’Goutte.
Des va-et-vient nombreux se font entre les Hautes Chaumes (nom fictif désignant la ferme-station, le domaine skiable, les pistes, les télésièges, l’hôtellerie, la restauration) « au creux des sommets charnières » comme le Ballon d’Alsace, où vivent Lorena et Justin, les Ajoncs et son ancienne usine textile, Purgatoire et ses « châteaux (les maisons de maître des industriels du textile), et la vallée de L’Agne ou des Charbonniers.
   Sur les adrets et les envers des vallées, au-dessus des « écarts limitrophes » et des « hameaux éparpillés », existent « des forêts denses de sapins et d’épicéas » et des chemins « parmi les buttes, les pentes, les devers et les revers »…
Le récit a pour toile de fond l’agonie d’une vallée, de l’implantation du textile à l’échelle industrielle (développée par Pelot à travers une mythologie américaine fictive) jusqu’à la fermeture et la destruction des usines, du développement des scieries et des métiers du bois à leur déclin.
Davantage qu’une saga familiale, celle des Bansher et de leurs descendants venus de Louisiane et éparpillés dans la vallée de la Moselle, sur fond d’intrigue policière, ce roman que d’aucuns jugent testamentaire permet à Pelot de faire vibrer les nombreuses cordes de son arc, mêlant, à diverses époques, les sensations du chant répétitif des grillons, les odeurs de la vase morte collée aux cailloux, les bourgeons tardifs enfin éclos d’une belle journée d’avril et, en même temps, les tragédies, les drames, l’écoulement inexorable du temps et les morts qui jalonnent l’existence.  


Braves gens du Purgatoire de Pierre Pelot, 507 pages, éditions Héloïse d’Ormesson, 2019.


Le plan de Saint-Maurice-sur-Moselle : Le village vosgien de Pierre Pelot, ainsi que la liste titrée Saint-Maurice-sur-Moselle dans les romans de Pierre Pelot sont tirés de mon essai (pages 136 et 146) dont la couverture figure ci-dessous. (J’ai seulement ajouté le titre Braves gens du Purgatoire en fin de liste).      

Pour ceux qui désirent en savoir plus sur les termes ou expressions empruntés au patois vosgien par Pierre Pelot dans ce roman, par exemple : les corrues, zaubette, le charri, un boudou, les grumes, se racrapoter, une counaille, la gringeotte…, consulter sur le site Ecrivosges :  
            http://www.ecrivosges.com/auteurs/pelotp/etudes/back2.php  


                     

dimanche 20 mars 2016

Pierre Pelot L'écrivain raconteur d'histoires


         Pierre Pelot
         L’écrivain raconteur d’histoires

         Raymond PERRIN

Voici un projet très ancien enfin concrétisé.
Le site des nouveautés de la BNF annonce la parution le 18 mars 2016 de l'ouvrage.

    

L'illustration de couverture est de Renaud PERRIN






Caractéristiques du livre : 392 pages. Format : 24 cm sur 15,5
24 pages illustrées en noir et blanc
Poids : 585 g.
ISBN : 978-2-343-081170-0
EAN : 9782343081700
Fiches UNIMARC : UIF-8/MARC-8
Parution le 18 mars 2016
Prix public : 39 euros 
Prix éditeur : 37,05 euros

      Table des matières
        
I L’écrivain Pierre Pelot, ici et maintenant (5-54)

II De la bande dessinée aux premiers romans (55-74)

III Dylan Stark, le justicier métis errant de l’après-guerre (75-106)     

IV Des récits contemporains issus du terroir (107-124)

V Pelot en pente douce ou rondes bosses ou les traces du cadre lorrain (125-148)                  

VI Quand les horizons familiers deviennent fantastiques (149-158)                 

VII  De La Septième Saison à La Nuit du Sagittaire :
Soixante paraboles ou récits de science-fiction ? (159-210)     

VIII Les cycles et séries de science-fiction (211-244)

IX Naissance et succès de la « paléofiction » (245-262)         

X Polars, thrillers et romans noirs, « noirs  pour la vie » (263-286)       

XI  De la pièce de théâtre au roman. Filmographie critique et novélisations. Œuvres pour la radio (287-314)                                     

Bibliographie chronologique des romans (315-344)                             

Bibliographie des nouvelles, des textes d’humeur et des textes courts
par Raymond Perrin, Alain Sprauel et Bernard Visse (345-354)                                 

Bibliographie chronologique des notices, études, ouvrages, articles, fanzines et journaux (355-375)

Index des noms de personnes (377-387)

Table des illustrations (391-392)





Site de la BNF 18 mars 2016

Nouveautés Éditeurs - Pierre Pelot L'écrivain raconteur d'histoires ...

nouveautes-editeurs.bnf.fr/annonces.html?id_declaration...titre_livre=Pierre_Pelot
1.                                
Blog "Grégoire de Tours" 7 mai 2016
http://www.gregoiredetours.fr/thematiques/histo...

Fabula 18 ma1 3016
www.fabula.org/.../r-perrin-pierre-pelot-l-39-ecrivain-raconteur-d-39-histoires_7421...
conteur-d-39-histoires_74217.php

Mylorraine 12 avril 2016

Pierre Pelot, L'écrivain raconteur d'histoires... - Saint Amé - My lorraine

www.mylorraine.fr › Articles

ActuSF 11 mai 2016

Raymond Perrin publie un essai sur Pierre Pelot : ActuSF

www.actusf.com/spip/breve-18699.html


Pierre Pelot. L'écrivain raconteur d'histoires - Raymond PERRIN ...

www.noosfere.org › Encyclopédie › Littérature

 

www.crilj.org/fil-dactualite-2-2/

            PARUTION – Vient de paraitre Pierre Pelot, l’écrivain raconteur d’histoires par Raymond Perrin. « Le long cheminement multigenre de Pierre Pelot au cours de 50 années d’écriture rend difficile une juste appréciation de son oeuvre et de l’originalité d’un parcours d’écrivain exemplaire. Cet essai vise à donner d’un auteur de près de 200 romans une vision ample et équitable, éloignée des stéréotypes. » Parmi les 200 romans, une soixantaine pour la jeunesse. En 1981, Un Bus capricieux(Ma première amitié) fut illustré par Claire Nadaud. L’Harmattan, 2016, 398 pages, 39,00 euros.



Vosges télévision
Qu’on se le dise du 1er juin 2016. Emission animée par Sophie SAP

https://www.google.fr/webhp?sourceid=chrome-instant&ion=1&espv=2&ie=UTF-8#
Il s'agit de présenter un essai de près de 400 pages consacré à l'écrivain vosgien inclassable, auteur de 200 romans dans des genres et des styles différents. L'auteur, essayiste et chercheur Raymond Perrin signe un travail accompli et remarquable, aux éditions l'Harmattan. www.editions-harmattan.fr.

CRILJ Textes amis

http://www.crilj.org/textes-amis-images-complices/?preview_id=111&preview_nonce=cad7ed4253&preview=true

Les années Marabout :

L'Ecran fantastique n° 378 Septembre 2016, page74
Le livre du mois : L'Antre de la folie Présentation de l'essai par Jean-Pierre ANDREVON

mercredi 26 mars 2014

DYLAN STARK de Pierre Pelot numérisé chez Bragelonne

DYLAN STARK réédité en numérique chez Bragelonne

Antihéros plongé dans la Guerre de Sécession et les troubles nés d'une paix précaire. C’est surtout pendant ces années de l’après-guerre qu'on le voit  évoluer, de 1865 à 1867. Personnage de fiction inséré dans un cadre géographique et historique plausible, il subit d’autant plus les séquelles d’une telle période qu’il est un métis né de mère française et de père cherokee. Les "sang mêlé" étaient historiquement nombreux mais la création d'un tel personnage permet un regard tantôt exacerbé, tantôt critique et distancié sur les ethnies en présence : noire, blanche, indienne ou métisse.
Dylan Stark ressent toutes les violences d'un conflit mal éteint. Il fait face avec ses coups de cœur, parfois violents mais sans jamais céder au manichéisme, plus soucieux de traquer l'injustice que de restaurer la justice, une tâche qu'il estimerait illusoire.


Comme nous l’avons déjà écrit sur ce blog, on peut distinguer trois cycles dans ces aventures.
1) Le cycle de la vengeance jusqu’au retour vers les racines indiennes
2) Le compagnonnage avec Kija et la quête d’un hypothétique trésor
3) Le temps de l’errance et de la solitude

Les aventures de Dylan Stark ont d’abord été publiées de 1967 à 1969 par les éditions belges André Gérard de Verviers, dans la collection « Pocket Marabout » (pour 14 volumes)* mais d’autres aventures inédites plus discrètes paraissent chez d’autres éditeurs (Le Vent de la colère, Sierra brûlante, Pour un cheval qui savait rire…)   
A partir de 1980, dans la collection « L’Ami de poche », les éditions Casterman rééditent dix volumes des 14 volumes parus chez André Gérard.
Les éditions belges Claude Lefrancq ont publiés en 1997 et 1998 deux gros volumes Dylan Stark 1 (7 récits) et Dylan Stark 2 (sept récits dont l’inédit Plus loin que les docks). Seul Dylan Stark 2 a publié ma préface qui reste à ce jour une des rares introductions à la série. 
Le Navire en pleine ville republie en 2006 et 2007 quelques récits (dont Sierra brûlante).
C’est à partir de janvier 2014 que les éditions Bragelonne (après avoir déjà numérisé de nombreux livres de Pierre Pelot) commencent à éditer la série Dylan Stark en livres numériques dans la collection « Bragelonne Classic Western ».

Paraissent successivement :
      Quatre hommes pour l’enfer Dylan Stark - 1 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, janvier 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western)
Le Vent de la colère Dylan Stark – 2 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, janvier 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western)
La Couleur de Dieu Dylan Stark - 3 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, février 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 
La Horde aux abois Dylan Stark - 4 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, février 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 


Les Loups dans la ville Dylan Stark 5 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, février 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 
Les Loups sur la piste Dylan Stark 6 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, février 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 
Les Irréductibles Dylan Stark 7 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, février 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 
Le Hibou sur la porte Dylan Stark 8 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, février 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 


La Marche des bannis Dylan Stark 9  / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, mars 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 
Deux hommes sont venus Dylan Stark 10 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, mars 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western)
7h 20 pour Opelousas Dylan Stark 11 / Pierre Pelot  (Récit court)
- Paris : Éditions Bragelonne, mars 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western)
 (Chronologiquement, Plus loin que les docks devrait s’intercaler ici)
La Peau du nègre Dylan Stark 12 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, mars 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western)
L’Homme-qui-marche Dylan Stark 13 (Récit court)
- Paris : Éditions Bragelonne, mars 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 
Quand gronde la rivière Dylan Stark 14 / Pierre Pelot
- Paris : Éditions Bragelonne, mars 2014.
Livre numérique. (Bragelonne Classic Western) 



























Les épisodes 15, 16, 17 : Plus loin que les docksUn Jour, un ouragan et Le Tombeau de Satan ont été publiés le 14 juillet 2014. 



On attend encore les épisodes La Loi des fauves et et ceux qui ont été prépubliés dans  l’hebdomadaire Tintin : L’Erreur et L’Homme des monts déchirés.

* Contrairement à ce qui est écrit dans le Dictionnaire du Livre de Jeunesse, paru en 2013, c’est bien 14 volumes et non 10 qui sont parus dans la collection « Pocket Marabout ». En outre, Le Vent de la colère et Sierra brûlante (cités dans la notice sur Pelot)  appartiennent bien au cycle Dylan Stark.


mercredi 11 avril 2012

Sous le vent du monde, saga de l'Homme de Pierre Pelot




Sous le vent du monde, Pierre Pelot et Yves Coppens
Volume regroupant les 5 romans épiques de la saga de l’Homme.
- 1247 p. Editions Omnibus, janvier 2012. Préface de Pierre Pelot : p. I à XIII.

« Voici restituée l’évolution de l’Homme dans ses grandes étapes : il prend conscience de lui-même, de ses émotions, il invente le langage, il maîtrise le feu et façonne des outils de plus en plus sophistiqués » (extrait de la 4e de couverture).

Sous le vent du monde : 1. Qui regarde la montagne au loin - (pp. 7-246) 1ère édition : Denoël, 1996. (D.L. : janvier 97)
Chassée de son groupe pour avoir livré à la panthère noire son bébé conçu à la suite d'un viol filial, Ni-éi, déjà différente des autres femmes, marche sur une terre inconnue. Elle rencontre Moh'hr, celui qui regarde au loin, lequel a aussi quitté son clan. Sa curiosité est insatiable et il cherche la source de toutes les pluies, vers la montagne qui crache les nuages. Ensemble, ils vont gravir et dévaler, affrontant fauves, feu du ciel et clans hostiles, et, avant que la jalousie les rattrape, ils partagent des émotions nouvelles. Et les sons différents qui sortent de leur bouche vont finir par forger des vocables communs.

« J'ai l'impression d'écrire pour la première fois un livre où il est question des hommes. » confie Pelot à Claude Ecken, en 1996.
Six ans après Le Rêve de Lucy, Pelot toujours conseillé et soutenu par Yves Coppens, effectue un plongeon d'un million sept cent mille ans vers un grand lac de l'Est africain. A une langue métaphorique et poétique chargée de dire le monde comme s'il était perçu pour la première fois, il ajoute un langage limité de mots, différents selon les groupes en présence. Un récit vigoureux et original d'une grande force imaginative. Jean-Louis Ezine et Gérard Œstreicher n'ont pas hésité à qualifier de « chef d’œuvre », ce « triller des hominidés », cette fabuleuse épopée !


Sous le vent du monde : 2. Le Nom perdu du soleil
pp. 249-513), - 1ère édition : Denoël, 1997.

Le deuxième tome de cette passionnante saga évoque la rencontre dramatique, mais émouvante et porteuse d'espoir, des Xuah venus d'Afrique, et des clans autochtones de Loh. En Extrême-Orient, (dans l'actuelle Birmanie), il y a 700 000 ans, les Xuah savent capturer le feu. Ils sont en quête du soleil pour le nommer, l'apprivoiser, afin de lutter contre les froids mortels. Les Loh, réunis en aval d'un fleuve, avant les pluies de mousson, n'ignoreront plus longtemps les bienfaits de la flamme. Le curieux et entreprenant Aknah et le jeune et fougueux Ni'Ata veulent progresser dans la connaissance.

Ce qui anime surtout cette « paléofiction exotique », c'est la volonté d'échanger des connaissances, en dépit des résistances violentes de ceux qui ne sont pas prêts à accepter cette marche en avant.

Sous le vent du monde : 3. Debout dans le ventre blanc du silence pp. 512-759), - 1ère édition Denoël, 1999.

Dans le Caucase, il y a 380 000 ans.
Aux limites des steppes de l'Asie centrale et des premières forêts de la péninsule européenne orientale vivent les Oourham, ceux de la grande eau et ceux de la rivière. Ils savent faire monter la flamme « du bâton creusé et noirci » et utiliser le percuteur tendre qui fournit des outils efficaces pour « couper, éplucher, percer, racler ... ». « Ils cueillent de quoi manger au pelage de la terre » et tuent les animaux « dont ils prennent la peau la viande et les os ». Dans chaque clan, « Oka'a » la force du rêve est interprété par un membre, souvent une femme, qui leur dit s'il faut chercher un autre abri, un autre territoire pour éviter les rigueurs excessives du froid ou des tempêtes, « les eaux durcies en épaisseur » qui rendent la nourriture plus rare.

Alors que le fougueux et inconséquent Ough-uaq prend le souffle de plusieurs des siens, menace le clan en tuant son allié et s’arroge le pouvoir des femmes, le courageux Booh Oorram aux bras forts et au regard clair, peut-il renouer l’alliance avec les ours, considérés comme les ancêtres ?

Sous le vent du monde : 4. Avant la fin du ciel
pp. 761-1060)- 1ère édition : Denoël, 2000.

65 000 ans avant notre ère, sur le territoire aujourd’hui appelé France, vivent les Wurehwé, ces hommes de Neandertal contraints par le froid d’aller vers le Sud, loin de la bouche froide du ciel. Parce que sa tribu s’éteint et que sa mémoire se perd, Eheni brave l’interdit et croit sauver son groupe de la famine, renouer les liens d’autrefois, en donnant sa force à la biche, meneuse de harde. Rejeté par les siens, malgré le soutien de son frère Urhn’qé, Eheni va rencontrer le groupe plus vivace et doté de la mémoire du passé des Wuohoun. Mais, parti vers le bord des eaux sans rives, il est capable de mener sa folie jusqu’à la fin du ciel.

Dans l’Histoire de l’humanité, n’est-ce pas le rebelle, l’esprit curieux et inventif, celui qui transgresse les interdits, qui accomplit le vrai pas en avant ?

Sous le vent du monde : 5. Ceux qui parlent au bord de la pierre (pp. 1063-1247) - 1ère édition : Denoël, 2001.

Pendant le Paléolithique supérieur, 32 0000 ans avant J.-C., se rencontrent les hommes dits « modernes » de Cro-magnon, les « homo sapiens sapiens », et les Neandertal, installés bien avant eux en Europe. Les premiers sont incarnés par les Doah, installés au bord de ce qu’on nommera un jour la Méditerranée et qui ne cesse de monter sous une pluie incessante. Le chamane Dohuka se demande si la tribu doit rester au bord de ce rivage menaçant comme le conseille sa dernière vision dans la faille donnant accès au « monde du dessous ». Devrait-elle partir vers l’autre côté de la montagne, comme le frère du chamane et sa compagne en quête d’un nouvel espace ? Le couple de Naobah et Aruaeh attend un enfant, il a quitté la tribu et réussi à traverser les montagnes escarpées et enneigées avant de rencontrer les Wéréré, des Néandertaliens aux autres coutumes. Or, des événements tragiques se multiplient. Ils empêchent à jamais leur retour au bord de la grande eau, un retour demandé par « celui qui parle au bord de la pierre »…

Le chamane Dohuka, personnage important qui célèbre l’inhumation des morts, sculpte les formes et projette sur les parois des grottes les images inspirées par les « forces du dessous » impose moins son image que celle de Aruaeh, image centrale du récit ? Cette femme, désirée par Dohuka, choisie par son frère Naobah, infléchit elle-même sa destinée au contact des hommes qui vivent dans les huttes au cœur des terres. Malgré les épreuves douloureuses subies, elle fait face avec énergie et lucidité, jusqu’au terme d’une histoire d’amour et de haine, aussi fragile qu’inattendue dans son dénouement.

Non, il ne s'agit en rien de littérature jeunesse mais comme je suis une des rares personnes à avoir rendu compte des cinq volumes de la saga, il m'a paru utile d'en republier une synthèse.
Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier Gérard Noël, rédacteur en chef de "La Liberté de l'Est" qui a permis la publication des articles correspondants dans son journal. Devenu rédacteur en chef de "Vosges Matin", utilisant la clause de cession, comme une dizaine de ses collègues, depuis que le groupe Ebra est dirigé par Michel Lucas, président du Groupe Crédit Mutuel, Gérard Noël a quitté ses fonctions début 2012.