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mardi 17 octobre 2017

1957 La presse des jeunes Tableau sélectif et première approche

                                            LA PRESSE DES JEUNES EN 1957




1 Presse commerciale et distractive accordant une grande place à la bande dessinée : des journaux qui marquent un certain essoufflement. Fin d’une embellie ?               
    Pour les petits : RIQUIQUI LES BELLES IMAGES  (1951-1968) (Éd. Vaillant)
                            ROUDOUDOU LES BELLES IMAGES  (1950-1968) (Éd. Vaillant)
                            PIPOLIN LES GAIES IMAGES (1957-1963)  (Éd. Vaillant)
                                            PERLIN ET PINPIN (1956-1980) (Fleurus, Union des Œuvres)
a) pour les garçons :
            Disparitions de Coq Hardi (devenu "Cocorico")  et de Pierrot en 1957
            - Le Journal de MICKEY (H) (1934, puis 1952) (Opera Mundi,  Paul Winkler)
            - VAILLANT (H) ("Jeune Patriote" en 1945) (PIF-GADGET en 1969).
            - HURRAH (1935- 1942 ; 1951-1959 : "Hurrah Magazine") (Del Duca)
            - L’INTRÉPIDE (H) (de 1910 à 1937; 1948-1949 ; puis de 1949 à 1962 (Del Duca)
            - BENJAMIN "Jeunesse actualité" (H) (1929-1939, 1952-1958) (Hachette)
            - NANO ET NANETTE  (Les Belles histoires de...) (mai 55- fév. 66) (Ed. Mireille)
            - COCORICO Le Magazine de l’aventure Mensuel (ex Coq Hardi) (Ed. de Chateaudun)
            - PIERROT « Nouvelle Série » Mensuel (Août 1956-Décembre 1957) (Ed. Montsouris)
Presse d'origine belge (École de Bruxelles et École de Charleroi)
            - SPIROU Magazine (H) (1938 ; 1946 pour la France) (Dupuis)
            - TINTIN (H) (né en 1946 en Belgique, en 1948 en France) (Dargaud)
            - JUNIOR (H) (« Tintin du pauvre », 1953-1979) ("Chez nous" en 79).

           
b) pour les filles:
            - LISETTE (H) (1921-1942, de 1946 à 1964) (Ed. Montsouris)
            - FILLETTE (H) (de 1909 à 1942, puis de 1946 à 1964) (S.P.E.)
            - LA SEMAINE DE SUZETTE (H) (1905-1940, 1946-1960) Gautier-Languereau
            - MIREILLE (BM puis H) (de 1953 à 1964) (Éd. Mireille)
            - LINE (H puis BM) (de mars 55 à déc. 63) (Dargaud) (le "Tintin" des filles)


2 Presse appartenant à des groupes de presse d'inspiration religieuse : Des titres qui existaient parfois avant la guerre. (FLEURUS et BONNE PRESSE)
- FRIPOUNET ET MARISETTE (H)  (1945-69) Fleurus (G. & F.), deviendra "Fripounet"
adopte le format 21*29, au lieu de 27*37, le 27/10/1957, au n° 43.
- CŒURS VAILLANTS (H) (1929-1944) (1946-oct. 1963) Fleurus (Garçons)
adopte le format 21*29, au lieu de 27*37, le 27/10/1957, au n° 43.
- ÂMES VAILLANTES (H) (1937-1944; 1946-1963) Fleurus (Filles)
adopte le format 21*29, au lieu de 27*32, au n° 43 de 1957.
- BAYARD (H) (1936-1940 ; 1946-1962) deviendra "Record"  (Bonne Presse)
- BERNADETTE (H) (1923-1940 ; 1946-1963) deviendra "Nade" (Bonne Presse)
- TERRES LOINTAINES (depuis 1952 jusqu’au début du 21e siècle (C. I. D. Éditions)

3 Presse de la Ligue de l'Enseignement et des Francs et franches camarades :
- FRANCS-JEUX (1946-1979) (En 1954, 1 filles, 1 garçons) (Ed. SUDEL) 
- TERRE DES JEUNES (1948) (Ed. SUDEL) 
- JEUNES ANNÉES MAGAZINE (1953) (Francs et Franches Camarades)  
- AMIS-COOP en 1957 (remplace L’AMI COOP) (M) (1953-1990) (O.C.C.E.)


4 Presse liée à la publicité
- KIM (M) (1952-1968) (« petits amis de Shell ») 
- PISTOLIN (1955-1958) (chocolat Pupier) 
- IMA, L'AMI DES JEUNES (M, puis BM, puis H) (1955-1958) (bons-primes) 
- MILLAT FRÈRES MAGAZINE  (Pâtes Millat Frères)

La jeunesse du baby-boom, celle qui naît entre 1945 et 1953, peut sembler choyée par l’Histoire puis qu’elle échappe en France aux guerres et bénéficie du début de la croissance économique des « Trente glorieuses ». N’oublions pas pourtant que des séquelles des derniers conflits demeurent comme semblent le montrer les cris d’alarme de l’abbé Pierre et la distribution de lait dans les écoles en 1954-1955.
Cette jeunesse nombreuse (plus de 800 000 naissances en France à partir de 1946), qui marque « la montée des jeunes » et appartiendra à « la nouvelle vague » (décelée par Françoise Giroud dans L’Express en octobre 1957) est  plutôt préservée et chanceuse. Autant dans les livres que dans  la presse pour jeunes, elle est encore tenue éloignée des drames de l’actualité (et dans quelques années, le courant « yéyé » fera perdurer le phénomène).
Les publications pour la jeunesse sont très nombreuses en 1957, plus de 150 titres. Si les hebdomadaires demeurent importants (deux fois que les bimensuels), les mensuels sont les plus nombreux (89 titres). Les enfants du « baby-boom » commencent à avoir un peu d’argent de poche, ce qui leur permet d’acheter eux-mêmes leur journal préféré qu’ils échangent volontiers avec ceux de leurs camarades mais 40 % des enfants sont abonnés à au moins un journal. La presse commerciale et distractive illustrée domine mais elle reste très critiquée par les « spécialistes », les associations familiales, les bibliothécaires, les enseignants et les responsables des mouvements de jeunesse parce qu’elle privilégie la bande dessinée. Ce serait une erreur de croire que la loi de censure du 16 juillet 1949 provoque un vieillissement et un déclin de la presse des jeunes. Les journaux ont vite fait de s’adapter et d’utiliser les multiples talents des nouveaux créateurs qui ignorent cette loi ou font mine de l’ignorer tant que le rédacteur en chef ne les rappelle pas à l’ordre. Au grand dam des éducateurs et des censeurs de tout poil, les images (que l’on ne nomme pas encore « bande dessinée ») occupe la majeure partie des « illustrés » et magazines pour la jeunesse. Des esprits tatillons calculent scrupuleusement le pourcentage des magazines occupé par ces images d’une jeunesse sous surveillance, pour en dire le plus grand mal. Rappelons que la loi du 16 juillet 1949 a pour objectif essentiel (sans aveu explicite) de s’en prendre à ces magazines illustrés (les romans et les textes étant généralement ignorés par la commission de censure) en prétendant défendre la production francophone contre les produits américains ou italiens.
En suivant ce principe simpliste, on a vite fait d’établir que le journal le plus éducatif est celui qui accorde la place la plus infime aux BD. Certains ont vite fait d’en déduire que c’est le journal Benjamin qui remplit le mieux ces conditions puisque c’est lui qui publie le plus de textes. Il est vrai que Georges Bayard, futur créateur de la série « Michel » en 1958, trouve un lectorat pour des romans à dominante policière, comme Bateau-Stop publié en 1957.
Mais le journal Benjamin Jeunesse Actualité, renaissant de décembre 1952 à novembre 1958, avec le parrainage d’écrivains et d’intellectuels (peu sensibles aux aventures belliqueuses de Biggles) rend surtout compte d’une actualité aseptisée et anecdotique accessible aux jeunes lecteurs. Pourtant en 1957, deux auteurs et pas des moindres, puisqu’il s’agit de René Goscinny et d’Albert Uderzo, y publient la bande dessine Pigeon vole, un épisode de la série « Benjamin et Benjamine ». La bande paraît même en 1ère page le 7 juillet 1957. Une exception.

  Une exception à la Une de "Benjamin" : une bande dessinée de Goscinny et Uderzo 

D’autres journaux font semblant de traiter de « l’actualité » (Comme Tintin,  Cœurs Vaillants…) mais les sujets abordés sont anodins et anecdotiques. Pas un mot sur la guerre d’Algérie (qui est d’ailleurs encore une guerre sans nom mais pas sans massacres). Pourtant en cette année 1957, les atrocités dans les deux camps et les tortures atteignent un degré ultime au point que des personnalités comme François Mauriac, Germaine Tillion ou Pierre-Henri Simon s’en émeuvent dans leurs ouvrages respectifs.
L’actualité pour la jeunesse se concentrera sur le sport (la montagne et la mort des alpinistes Vincendon et Henry sur le mont Blanc, le cyclisme quand Anquetil gagne son 1er Tour de France, le football et la boxe quand Alphonse Halimi gagne un titre mondial, les innovations techniques : automobile, aviation (l’Atar en vol vertical, le biréacteur Caravelle) et marine (Sous-marin Nautilus, bathyscaphe F.N.R.S 3), espace… avec en point d’orgue le lancement en octobre 57 du satellite soviétique artificiel Spoutnik 1
Les plus attentifs remarqueront les suites fâcheuses de l’invasion de la Hongrie par l’URSS, le Traité de Rome qui instaure la CEE, la réouverture du canal de Suez et les émeutes racistes dans l’Arkansas.
La jeunesse du baby-boom, en 1957, est encore celle de l’imprimé, de l’image et de la radio (même si aucune émission ne leur est encore vraiment  destinée, sauf « pour ceux qui aiment le jazz »). A l’époque, c’est souvent le chef de famille qui décide des émissions … sauf pour les jeunes qui sont détenteurs d’un poste à galènes qu’ils ont souvent fabriqué eux-mêmes. Le nombre de postes de radio est passé de 5 millions en 1945 à 10,1 millions en 1957. Quant au poste à transistors, il n’en est qu’à ses débuts ! Précisons que la télévision est en retard en France. Outre le prix exorbitant d’un récepteur, notons qu’il y a moins de 700 000 postes en 1957 et beaucoup de régions ne disposent pas des relais nécessaires pour capter les émissions.


vendredi 15 janvier 2010

Le journal Pilote a (un peu plus de) 50 ans


Un peu agacé par la fixation médiatique sur les 50 ans d'Astérix, aux dépens du cinquantenaire du journal qui l'a publié, en l'occurence Pilote, j'ai rédigé un petit courrier pour "Vosges matin". En voici les réferences :

http://www.vosgesmatin.fr/fr/permalien/article/2167613/Si-Asterix-a-50-ans-il-n-est-pas-le-seul.html

Voici le texte du courrier (revu et augmenté) :

L’arbre d’Astérix ne doit pas cacher la forêt du journal Pilote

Si Astérix a cinquante ans, il n’est pas le seul. Les opérations commerciales du mois ne doivent pas masquer le fait essentiel : la naissance du journal Pilote, le 29 octobre 1959. Si cette parution, hebdomadaire de 1959 à 1974, a révolutionné la bande dessinée, rien ne laissait présager le phénomène. Au départ, une triple association. A la tête de la rédaction, le publicitaire François Clauteaux et Raymond Joly de Radio-Luxembourg, la station qui lance le journal et fait intervenir des journalistes (Barnier, Carlier, Bellemare…). Vient ensuite le quatuor formé par Jean Hébrard, Charlier, Goscinny et Uderzo. Deux imprimeurs de Montluçon apportent des capitaux. Au départ, Pilote est loin d’être un pur magazine de bande dessinée. On ne relève que 10 pages de bandes dessinées sur un total de 32. Mais on y rencontre déjà Astérix le Gaulois de Goscinny et Uderzo, Michel Tanguy de Charlier et Uderzo et Le Démon des Caraïbes (Barbe-Rouge) de Charlier et Hubinon. Le Petit Nicolas (né plus tôt, scénarisé par Goscinny), créé par Sempé, apparaît dès le n° 1 du magazine. Notons que les bandes dessinées sont à 100 % françaises, ou plutôt francophones, beaucoup d’auteurs venant de la B.D. belge. Conçu au départ pour s’adresser aux adolescents, le journal n’évoque que l’actualité des sports, de la technique et des sciences, une actualité souriante ou anecdotique (mais pas un mot sur la guerre d'Algérie).
Piégé dès 1960 par les NMPP qui gardent les invendus avant de les rapporter en bloc, la publication, déjà mise en péril, est vendue pour 1 franc à Georges Dargaud, éditeur de Tintin. Goscinny est nommé directeur de la rédaction et Charlier devient directeur artistique. En 1961, la sortie des premiers albums (L’Ecole des Aigles, Le Démon des Caraïbes et Astérix le Gaulois) est chichement limitée par Dargaud à 6 000 exemplaires !
Cabu, embauché par Goscinny en 1962 (après que Hara-Kiri a subi une 1ère interdiction) , publie ses premiers Carnets de croquis où apparaît le Grand Duduche (archétype du potache). En 1962-63, Marcel Bisiaux, nouveau rédacteur en chef met en péril le « magazine des jeunes de l’an 2000 », en voulant copier Salut les copains, avec à la Une, des vedettes de la chanson. Cette mode insistante du yé-yé (désapprouvée par Goscinny) risque d’être fatale. Dargaud renvoie Bisiaux, menace de saborder Pilote et appelle Goscinny et Charlier pour sauver le journal. Ils deviennent corédacteurs en chef en septembre 1963. Pilote va enfin pouvoir devenir un véritable journal de bandes dessinées et faire appel à davantage d’auteurs représentatifs de la bande dessinée française. Charlier et Jean Giraud débutent les aventures du lieutenant Blueberry et Greg apporte Achille Talon. En 1964, Pilote se consacre de plus en plus à la bande dessinée en multipliant, en plus des séries à succès, les histoires complètes, humoristiques ou réalistes. L’année suivante arrive Fred, venu de Hara-Kiri, qui va proposer Philémon. Gotlib ne tarde pas à mettre en images Les Dingodossiers de René Goscinny, (avant La Rubrique-à-brac qu'il crée en solitaire).
C’est en 1965 que naît le « phénomène Astérix » dans la grande presse. Le Tour de Gaule d’Astérix est alors tiré à 300 000 exemplaires. L’hebdomadaire de 48 pages (dont 30 pages de bandes dessinées) devient « Le Journal d’Astérix et d’Obélix » en juillet 1965. En 1966, après une nouvelle interdiction de Hara-Kiri, arrivent Reiser et Gébé. La crise de Mai 68 va provoquer l'attaque injustifiée de Goscinny, considéré comme "le patron" et la naissance des pages d’actualité. Le journal ne cesse pas d’évoluer, de grandir avec ses lecteurs, d’accepter des auteurs très divers que seul peut fédérer l’enthousiasme attentif et compétent de Goscinny. Une deuxième crise grave naît le 8 septembre 1971 quand Noël-Jean Bergeroux titre dans "Le Monde", : M. Pompidou épaule Astérix et attaque violemment Pilote. Après la réplique de Pilote le 30 septembre, Cavanna intervient méchamment le 11 octobre dans Charlie-Hebdo où il déclare avec une mauvaise foi étonnante que "Pilote est mauvais". En fait, il veut récupérer Gébé, Cabu et Reiser en exclusivité.
Pilote, devenu une sorte de laboratoire d'expériences graphiques, connaît à la fois un nouvel âge d'or et des départs d'auteurs qui vont créer bientôt leurs propres journaux : L'Echo des savanes, Métal Hurlant, Mormoil et Fluide glacial... L'hebdomadaire devient un mensuel pour adultes au cours de l'année 1974.


En outre, le Centre Rocambole d'Amiens m'a demandé d'intervenir au cours d'une journée consacrée à "La littérature populaire dans les illustrés pour la jeunesse au vingtième siècle"
La rencontre, intitulée "De L'Epatant à Pilote" a eu lieu Place Louis-Dewaily, à Amiens, le 23 novembre 2009.

La revue Le Rocambole publiera le compte-rendu des interventions en 2010.

Cette journée est signalée à plusieurs endroits sur Internet, par exemple :

http://www.lerocambole.com/index.php?num=37&PHPSESSID=023756e1258ac232e25557f92f195cc1

http://www.paperblog.fr/2360682/de-l-epatant-a-pilote-la-litterature-populaire-dans-les-illustres-pour-la-jeunesse-au-xxe-siecle/