lundi 5 janvier 2015

Jacqueline CERVON (1924-2014) Bibliographie commentée (1971-2004) (2)

Jacqueline CERVON (1924-2014), écrivaine pour la jeunesse
Bibliographie commentée : 2ème partie (1971-2004)
    
-                 Le Fouet et la Cithare Ill. René Péron (Olympic) ;  Éditions G.P., 1971.
L’action de ce roman historique se déroule en 480 avant J.-C. au moment où les armées de Xerxès déferlent vers Athènes. Aventures imagines et événements historiques connus se mêlent pour tenir le lecteur en haleine.
-                 Les Moissons du désert Ill. Jean Reschofsky ; (Super 1000); Éditions G.P., 1971. Rééd. 1977 : (Grand angle)
Les lépreux d’Iran ont obtenu le droit de fonder une communauté à Behkadeh aux confins des grandes steppes de l’Asie Centrale. Avec quelques ingénieurs français, ils tentent de transformer une steppe désertique en une terre féconde. Les difficultés ne manquent pas et l’irrigation sera-t-elle suffisante pour faire pousser les moissons du désert ?


-                 Djinn la malice Ill. Jean Retailleau ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1972.
-                 Rééd. 1981 (Le Livre de poche jeunesse), Rééd. G.P., 1988.
Leïla, petite fille iranienne de dix ans malicieuse et indépendante, est promise à Karim, un gros homme brutal. Leïla qui croit au djinn protecteur s’imagine qu’il se cache sous les traits de son jeune ami Morad qu’elle retrouve en cachette dans les jardins du poète Hafiz. Mourad prend  des risques pour s’opposer à Karim, ce qui inspire à Leïla une ruse pour qu’il renonce à l’épouser.    
-                 Le Nain et le Baobab Ill. Jean Retailleau ; (Super 1000)  ; Éditions G.P., 1972. Diplôme du meilleur livre Loisirs Jeunes.
Dans un village Malinké, un griot raconte l'histoire de trois dogons, L’un d’eux est un nain sans âme. A-t-il le droit d'aimer? Un chacal lui révèle qu’il doit vivre son amour à travers un autre. Or, il transgresse toutes les règles, touche au sacré, brise la statue des Ancêtres, ... Le roman évoque le voyage sur les routes du Mali où trois êtres rejetés par leur peuple sont en quête du bonheur refusé par la tradition. Ce conte philosophique s’inspire de la culture Dogon.
-                 Le Tambour des sables Ill. Jean Reschofsky ; (Super 1000)  ; Éditions G.P., 1972. Mention au Prix européen de la Ville de Trente. Rééd. Presses Pochet, 1974. Nouvelle édition dans la collection « Travelling », chez Duculot en 1988.
Le tambour des sables, c’est le battement sourd du vent dans les dunes. Les grandes tribus nomades sont refoulées dans le Sahel. Bai, le Targui, vit ses dernières heures. Dans la nuit, Daha la Targuia se souvient qu’elle a été, de tout temps, « le pilier central de la tente ». 
-                 Diango de l’île verte Ill. Jean Retailleau ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1973.Rééd. 1987.
Diango, enfant d’une petite île du Niger, passe pour stupide et devient la risée du village. Son instituteur Abdulaï l’emmène au pays des Touareg où il rencontre un garçon de son âge, Serim le Targui, qui se croit supérieur à lui. Diango de l’île verte démontrera les qualités propres des deux peuples et fera naître une rude amitié.
-                 Le Chasseur au lasso Ill. Jean Retailleau ; (Super 1000) ; Éditions G.P., 1973. Grand Prix de littérature pour la Jeunesse de la Communauté radiophonique des programmes de langue française.
Ce récit, en dépit de son titre, n’a rien à voir avec un western. En s’appuyant sur un documentation riche et variée, Jacqueline Cervon plonge dans l’Histoire des hommes du Sahara à travers les peintures du massif du Tassili. De 5000 ans avant notre ère au XXe siècle, elle évoque successivement Aliou le chasseur, Aliou le pasteur, Aliou l’esclave, Aliou le serf et, finalement, Ali le guide du XXe siècle.    
-                 Coumba du pays oublié des pluies Ill. Jean Retailleau ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1974. Diplôme du meilleur livre Loisirs Jeunes. Rééd. 1985 et 1989.
Coumba, la petite Peule du Sénégal, doit quitter sa mère quand son père lui ordonne d’aider l’aveugle Bigué chez qui elle doit vivre, la famine menace, l’herbe ne pousse plus et les troupeaux ont faim. Le roman évoque surtout le courage et de la dignité des enfants Peuls devant la misère née de la sécheresse au Sahel.
-                 La Jarre percée (Grand angle), Éditions G.P., 1975.
Au XVIIIe siècle, L’Afrique noire subit le commerce triangulaire et la traite des esclaves. Mésédé et Agoro se demandent s’ils vont pouvoir échapper à cet horrible commerce du « bois d’ébène ».   
-                 Benoît et le village à l’envers Ill. Monique Gorde ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1976. Rééd. 1986.
C’est le seul roman de Jacqueline Cervon qui reprend un personnage déjà présent dans un récit précédent. En effet, elle n’a jamais créé de série.   
-                 La Griffe du fauve (Grand angle), Éditions G.P., 1977.
Le mot arabe « Sahara » signifie « pays fauve », c’est pourquoi il vaut mieux le respecter quand on veut s'en approcher. Sa découverte, au-delà de la fascination qu’il exerce, devient alors une aventure inoubliable dont la griffe subsiste à jamais.
-                 Djilali et l’oiseau de nuit Ill. Jean Reschofsky ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1978. Rééd. 1988.
Djilali, né à Chebika, une oasis du Sud tunisien, part à la place de son grand-père à la recherche de l’oiseau de nuit, de l’aventure et du rêve. De cousins en cousins, il traverse la Tunisie et découvre ainsi la fraternité d’hommes pourtant différents. 
-                 La Sève de la terre (Grand angle), Éditions G.P., 1978.
Jérôme, employé de banque, est blasé de la ville et veut retourner à ses souches natales: la terre. Malgré les obstacles, il ne dévie pas de son but. Même si ses  amis trouvent bizarre qu'un garçon parti pour avoir une meilleure vie veuille retourner dans son village. En fait, Jérôme se fera fermier et comprendra ce qui lui manquait. 
-                 Le Feu aux poudres (Grand angle), Éditions G.P., 1978. Rééd. (Castor Poche Senior) Flammarion, 1993.
Entre la Grèce et la Turquie, la paix est fragile. À Chypre, en 1974, jaillit l’étincelle qui met le feu aux poudres. Stavros, le Grec, est seul face à Turhan le Turc et à une équipe de pêcheurs ; Il subit, avant de tenter de l’éteindre, le foyer de haine attisé par les troubles de l’actualité.
-      La Chèvre d’Aziza Ill. Landis (J’aime lire) Bayard Presse. 1979


-                 La Marmite des cannibales (Travelling), Duculot, 1979.
Afin de participer à un concours organisé par la télévision, Frédérique fait un reportage de deux mois en Afrique. En France, en visionnant les films, un sujet s’impose à elle : montrer la bêtise et l’incompréhension de certains touristes, leur irrespect vis-à-vis des populations locales.    
-                 Alexandre le Grand (Biographie-Travelling), Duculot, 1980.
Ce récit biographique met à la portée des adolescents l’étonnant règne et parcours d’Alexandre le Grand qui a réussi à relier le monde occidental et le monde oriental.
-                 Et si j’étais un chien Ill. Marie-Hélène Nadaud ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1981.
Didier furieux de ne pas pouvoir aller jouer avec ses copains entre dans une telle colère qu’il se transforme en chien cocker et connaît des aventures tantôt cocasses tantôt dramatiques.
-                 Le Dernier mirage (Travelling), Duculot, 1981.
Au cœur du Sahel vit le peuple noble et fier des Touaregs, figurant parmi les derniers hommes libres de la terre. Depuis 1973, la sécheresse s’acharne sur eux alors que les traditions ancestrales refusent la sédentarisation. Devraient-ils disparaître ? Le roman témoigne de la survie d’une race et d’une civilisation menacée.
-                 Les Magiciens de Naima (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1982
-                 Les Enfants de la planète (Travelling), Duculot, 1984.
Martial vend en Afrique des vieilles voitures retapées en réalisant ainsi de substantiels bénéfices. Ses amis Gilles et Véronique l’accompagnent. Commence  une aventure où les incidents succèdent à de fascinantes découvertes, où les personnages se révèlent sous leur vrai jour. Ils sont prêts à se poser des questions essentielles sur le sens de la vie et la recherche du bonheur.  
-     Al-Sy-Crak-Igolo le génie de la forêt, M.F.G., 1990.  
-                 Un souhait magique Ill. Bernadette Theulet-Luzie, M.F.G., 1991.                
-                 L’Œil d’un dauphin (Médium), L’Ecole des Loisirs, 2004.
Nouvelle : Les Jardins d’Allah dans 15 aventures dans le désert (s/dir. De Jean-Côme Noguès, (Série 15), Gautier-Languereau, 1989.

Note : Plusieurs ouvrages de la collection « Dauphine » ont été réédités dans la « Bibliothèque Rouge et Or », avec d’autres illustrations mais en noir et blanc.


Jacqueline CERVON Bibliographie commentée (1961-1970) (1)

Jacqueline CERVON (1924-2014), écrivaine pour la jeunesse
Bibliographie commentée : 1ère partie (1961-1970)



-                 Le Lac aux sortilèges Ill.Xavier Saint-Justh ; (Spirale), Éditions G.P., 1961.
L’auteur a surtout centré l’attention sur le caractère d’un adolescent et d’une fillette et l’évolution de leurs rapports.  
-                 Ali, Jean-luc et la gazelle  Ill. M.Berthoumeyrou ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1963. Prix de l’Académie française 1965.
Au cœur d’une tribu nomade souffrant de faim et de soif, le petit Somali Ali partage son lait avec son bébé gazelle Zizou avant de libérer l'animal. En ville, Ali fait la connaissance d'un jeune garçon français, Jean-Luc, qui l’aide à protéger Zizou. Ainsi, deux jeunes enfants qui n’ont pas même couleur ont une tendresse commune.



-                 Le Coquillage rose de Catissou Ill. Stanislas Mazure ; (Fantasia) ; Magnard, 1965.
L’oncle Pierre a rapporté à la jeune Catissou un coquillage rose provenant des mers du Sud qui lui paraît merveilleux. Le coquillage lui raconte de passionnantes aventures, celle du petit pêcheur de perles, du naufragé de l’île du Diable, des crabes rouges qui dansent, du petit poisson couleur de lune…
-               Francesco Ill. Vanni Tealdi ; (Rouge et Or Souveraine) ; Éditions G.P., 1966.
Dans la région des Dolomites, un jeune garçon, présomptueux et imprudent, a commis un acte malheureux. Il se rachète, aidé par l’amitié d’un camarade et d’une amie d’enfance qui secondent ses efforts et l’aident à retrouver la joie de vivre.
-              Le Trésor de Nikos Ill. Philippe Lorin ; (Fantasia) ; Magnard, 1965. Prix des Parents d’élèves 1967.
Nikos, enfant poète et musicien, mène dans le village grec où il a été recueilli, une vie de pêcheur trop rude pour lui et ses jeunes amis s’en inquiètent. L’un d’eux, Yannis  a entendu parler d’une merveilleuse lyre d’Orphée. Elle seule, pense-t-il, sera capable de redonner la joie de vivre à son ami. Avec la petite Mélina, il entreprend une passionnante recherche dans les îles de la Grèce.
-  Quand la terre trembla à Skopjle Ill. Michel Jouin ; (Super 1000) ; Éditions G.P., 1966.
Quatre jeunes Français, au cours d’un voyage en Grèce en 2 CV se lient d’amitié avec un jeune paysan qu’ils emmènent dans son pays, la Yougoslavie. Ils arrivent à Skopjle « quand la terre trembla ». Avec tous, ils se dévouent pour les sinistrés et deviennent des adultes.
-                 Sélim, le petit marchand de bonheur Ill. Michel Jouin ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1966.      
Premier roman dont l’action se situe en Turquie, à Istanbul, Près de la mosquée Bayazit, Selim est « marchand de bonheur ». Son lapin Yazi choisit parmi l'ensemble de billets pliés celui sur lequel est inscrite une sage pensée qui devrait aider chacun dans son existence.
-                 Belle Agao Ill. Stanislas Mazure ; (Fantasia)  ; Magnard, 1967. rééd. 1979.
Dans un pauvre village, Agao, la charmante petite Ethiopienne qui se croit laide, rayonne d’intelligence et d’amour. Une jeune étrangère arrivée dans le pays va l’aider à avoir confiance en elle et à sauver son ami Mambéré injustement accusé de vol.
L’Aiglon de Ouarzazate Ill. Françoise Boudignon (Bibliothèque de l’Amitié-aventure) ; Édition Rageot, 1968 Prix Jeunesse 1968 
Au Maroc, à Ouarzazate, Le fier Ismaël, fils de l’Atlas, croit descendre des nomades libres de la montagne. Il n’aime pas le guide Abou-Bakr, toujours fixé à son ksar d’Ouarzazate. Les enfants de deux familles de touristes, l’une française, l’autre allemande, s’intéressent à Ismaël. Au cours d’une promenade, un orage rend meurtrier l’oued de la montagne. Chacun ayant montré son endurance et sa générosité, les Européens arrivent à réconcilier les deux Marocains Ismaël et Abou-Bakr.
-                 Le Naufragé de Rhodes Ill. Jean Reschofsky (Olympic) ;  Éditions G.P., 1968. Prix de la Joie par les livres, 1968 ; Mention du prix européen de la ville de Caorle.
Le jeune Grec Stavros est recueilli après un naufrage par l’équipage d’un bateau turc. Par un étrange hasard, il ressemble  à s’y méprendre à un jeune pêcheur d’éponges de l’équipage, Iurhan. Les marins turcs tentent de faire un mauvais parti au Grec, l’ennemi héréditaire, mais la ressemblance entre Stavros et Iurhan et la complicité amie qui unit les deux jeunes gens font échouer toutes leurs intrigues. Quand Stavros doit regagner son pays, tout l’équipage le rapatrie clandestinement, en prenant des risques. « Se connaître, tout est là, ne pas croire aux idées toutes faites ». Cette réflexion de Stavros contient la clé de ce récit habile.
-                 Les Pigeons d’Ürgup Ill. Bertrand ; (Spirale),, Éditions G.P., 1968.
Deuxième récit dont l’action se situe en Turquie, en Anatolie centrale, dans l’étonnante ville d’Urgüp creusée dans le tuf volcanique de la Cappadoce. Parce que les pigeons dont le guano sert d’engrais meurent en grand nombre, le vignoble d’Urgüp est menacé.
-                 Prince des neiges Ill. Vanni Tealdi ; (Rouge et Or Souveraine) ; Éditions G.P., 1967.
À Saas-Fee, dans le canton suisse du valais, la jeune Corinne entraîne le jeune portier Peter vers les cimes neigeuses et ensoleillées mais le garçon a peur de la montagne. Corinne réussira-t-elle à transformer celui qu’on appelle la marmotte et prince des neiges ?
-                 Benoît, l’arbre et la lune Ill. Béatrice Dorge ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1969. Rééd. 1986 (Bibliothèque Rouge et Or).      
Benoît passe ses vacances chez son arrière-grand-père Bipépi qui habite un village du Morvan. C’est l’occasion pour le garçon de mieux connaître sa famille et la campagne environnante à travers les jeux et les histoires de son vieux parent et ami. 


-                 Joao de Tintubal Ill. Michel Gourlier ; (Fantasia) ; Magnard, 1969. Prix Fantasia 1970
Joao, un « robuste petit Portugais », n’a pu aller à l’école avant l’âge de neuf ans. Il s’y adapte mal. Un  jour, Miguel qu’il sauve de la noyade, lui donne un livre. Joao connaît alors la joie d’apprendre et de découvrir. Passionnés par la vie des Conquistadores, les deux garçons passent d’inoubliables vacances à rechercher dans une mystérieuse grotte, la devise du Prince Henri le Navigateur.     
-                 Le Défi au soleil Ill. Jean Retailleau ; (Super 1000) ; Éditions G.P., 1969.
Le récit est publié dans la luxueuse collection « Super 1000 », souvent utilisée pour les remises de prix dans les institutions scolaires 
-                 Les Chevaliers du Stromboli Ill. Vanni Tealdi ; (Rouge et Or Dauphine) ; Éditions G.P., 1970.
Le petit Sicilien Bépi et Gino, un orphelin qui, a tout perdu lors d’une éruption du Stromboli nouent une amitié difficile. Il n’a pas été facile à Bépi de comprendre qui Gino était un enfant aigri mais avide d’affection. C’est la découverte commune d’un chien perdu qui les unit pour reconstruire en commun un avenir d’abord compromis.
Malik, le garçon sauvage Ill. Mathieu Romain ; (Fantasia) ; Magnard, 1970. Prix La Joie par le livre, 1971. Rééd. 1974.
Troisième récit dont l’action se situe en Turquie.
Quand leurs deux cerfs-volants s’emmêlent dans le ciel d’Ankara, Djemal  rencontre Malik, un orphelin sauvage d’un quartier mal famé. Au contact de Djemal, Malik s’apprivoise peu à peu. Un bras cassé, la disparition de son chat, une bagarre avec un dangereux bandit, la découverte d’un portefeuille, autant d’étapes à franchir pour Malik avant de trouver le bonheur auprès d’un père adoptif.

samedi 3 janvier 2015

Jacqueline Cervon (1924-2014), écrivaine pour la jeunesse

Ecrivaine pour la jeunesse, elle s’appelait Jacqueline Cervon (Cervon, 6 juillet 1924-Cervon, 7 juillet 2014)

Née Jacqueline Séné dans une famille d’artisans menuisiers-ébénistes de la Nièvre dont elle a hérité le goût du travail bien fait, devenue Jacqueline Moussard par son mariage, l’écrivaine a choisi pour pseudonyme le nom de son village natal.
Après des études de lettres et l’obtention d’une licence de lettres classiques, elle réside huit ans à Djibouti avant de revenir en France, d’abord en Bourgogne puis dans son Morvan natal. On comprendra mieux son attachement au monde rural et aux villages de tous les continents  


Dès lors, elle se consacre à sa famille et à l’écriture de romans inspirés par ses nombreux voyages. Chaque année, elle entreprend en effet, en voiture équipée, avec son mari, de longs voyages dans les contrées d’Afrique ou de l’Orient (traversée du Sahara, Maroc, Turquie, Iran..), en dehors des circuits balisés pour les touristes. L’Europe n’est pas négligée pour autant puisque, par exemple, Joao de Tintubal évoque le Portugal, Le Naufragé de Rhodes et Le Trésor de Nikos, la Grèce, Les Chevaliers du Stromboli et Francesco, l’Italie…   
À ce propos, Claude Bron écrit : « Femme cultivée et femme au goût artistiques très sûr mais vivante, enthousiaste, tonifiante, ayant le goût des voyages, voyages dont elle profite au maximum, campant ici, campant là  pour faire comprendre ceux dont elle retracera –adultes ou enfants- la vie dans un contexte qu’elle veut authentique  et dont elle s’inspire pour imaginer des histoires vraisemblables. » (1)  
La plupart de ses récits ont été publiés par les éditions G.P. de 1961 à 1982. On rencontre également quelques-uns de ses 40 romans chez Magnard, Duculot, Rageot et à L’École des Loisirs en 2004.
Seuls deux ouvrages ont été réédités dans les collections de poche : Djinn la malice dans « Le Livre de poche Jeunesse » en 1981 et Le Feu aux poudres présent dans « Castor Poche Senior », chez Flammarion en 1993.


Si le mot-clé de toute cette œuvre est sans doute celui de l’amitié (2), il ne faut pas le confondre avec « l’âge des copains ». Marc Soriano (3) cite cet extrait du dialogue engagé entre  Bernard Épin et Jacqueline Cervon 1972 : « Je préfère semer chez les plus jeunes cette graine de l’amitié véritable, graine qui fleurira peut-être un jour, plus tard, parce que le gosse aura dans sa mémoire, peut-être, cette chaleur de l’amitié qu’il avait ressentie, par procuration en quelque sorte, à la lecture d’un livre.»     
Si tous ses récits traitent de l’amitié et de la fraternité, toutes deux possibles selon elle entre des enfants d’ethnies et de cultures différentes, ils sont, tantôt accessibles aux enfants (en particulier, ceux de la collection « Dauphine »), tantôt aux pré-adolescents et aux adolescents. Seuls ces derniers sont capables, par exemple, de comprendre les difficultés d’adaptation des peuples africains ou orientaux  au monde moderne, fortement occidentalisé, les problèmes de ce qu’on appelait alors le Tiers Monde et les fortes inégalités sociales.
Bernard Épin note fort justement « quelques grandes constantes caractéristiques : des personnages venus de milieux et surtout de pays différents, le plus souvent rencontrés au cours de voyages, ; une volonté de battre en brèche les exclusions, le racisme, en racontant des histoires où la rencontre, l’échange, construisent des relations fortes d’amitié et de fraternité ; une écriture qui tourne le dos au naturalisme, marqués par des schémas narratifs très charpentés, qui, rejoint, pour le meilleur, la force évocatrice des contes. »  (4)
Dans une lettre adressée à Nic Diament en 1987, Jacqueline Cervon confesse : « J’écris parce que j’ai envie d’écrire (…). J’espère ainsi ouvrir mes lecteurs à la connaissance des autres et faire exploser le cadre de leurs rêves et de leurs réflexions, en un mot, les amener à se considérer comme les enfants de la planète… »  (5)
Dès les premières publications, les prix récompensent des livres bien écrits, aux intrigues rigoureuses, à la structure romanesque solide et souvent empreints d’humanisme et de poésie (6). Ses ouvrages ont été traduits en allemand, italien, portugais, anglais, iranien, espagnol…
    En ces temps où semble, hélas, revenir en force l’intolérance, le racisme, le communautarisme et le repli égoïste sur soi, la relecture des livres de Jacqueline Cervon paraît s’imposer comme un antidote sain et indispensable.

         
(1)   Claude Bron : Romanciers choisis pour l’enfance et l’adolescence Editions H. Messelier, Neuchâtel, 1972. (p. 53)
(2)   Lire : L’amitié dans les romans de Jacqueline Cervon par Bernard Épin, Revue des livres pour enfants, n° 28 et n° 29, juin et septembre 1972 ;
(3)   Marc Soriano : Guide de littérature pour la jeunesse Delagrave, 2002 (Réédition de l’ouvrage de 1974) (p. 113)   
(4)   Bernard Épin : Dictionnaire du livre de jeunesse. La Littérature d’enfance et de jeunesse en France sous la direction de Isabelle Nières-Chevrel et Jean Perrot Editions du Cercle de la Librairie, 2013. (p. 174)
(5)   Nic Diament : Dictionnaire des écrivains pour la jeunesse (1914-1991)  L’École des loisirs, 1994.

(6)   Pour la liste des prix obtenus, se reporter à la bibliographie publiée ultérieurement.