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samedi 15 mars 2014

"Je bouquine" a trente ans (2)

Je bouquine :  Trente ans, tous les talents (2)


9  11/84           Le Soupçon (BOILEAU-NARCEJAC)
                        Illustré par Vittorio GIARDINO         
22 12/85          Le Rescapé   (Yvon MAUFFRET)             
                        Illustré par AL COUTELIS ; Claire LESUEUR          
25  3/86           Le Plus beau des pièges (Patrick GRAINVILLE)            
                        Illustré par ARNO, Yves FRAYMOND        
36  2/87           Le Mystère Kamo  (Daniel PENNAC)      
                        Illustré par Jean-Louis FLOCH, couleurs : Isabelle BEAUMENAY.  
55  9/88           Catherine Certitude (Patrick MODIANO - Jean-Jacques SEMPÉ)      
                        (Texte de Modiano ; dessins de Sempé)
61  3/89           Victor et les barricades (Maryse CONDÉ)                      
                        Illustré par Marcelino TRUONG        
75  5/90           Le Défi de Serge T. (Marie-Aude MURAIL)                   
                        Illustré par DUPUY et BERBERIAN
91 9/91            L’Histoire de Monsieur Sommer (Patrick SÜSKIND)
                        Illustré par Jean-Jacques SEMPÉ       
98 4/92            La Fille d'en face (Malika FERDJOUKH)
Illustré par Yan NASCIMBENE


111  05/93       Les Iles interdites (Lorris MURAIL)
Illustré par Michel GAVIN
121 03/94        La Couleuvrine (Michel TOURNIER)
                        Illustré par Claude LAPOINTE
140 10/95        Dis-moi tout (Marie DESPLECHIN)
                        Illustré par Yan NASCIMBENE
145 03/96        Mon grand petit frère (Brigitte PESKINE)
                        Illustré par Christophe MERLIN
163 09/97        Le Naufragé du 5ème monde (Hubert BEN KEMOUN)
                        Illustré par Régis FALLER, mis en couleurs par Christophe BOUILLE
177 11/98        Le Jardin maudit (Christian GRENIER)
                        Illustré par Emmanuel GUIBERT
188 10/99        Le Club des inventeurs (Jean-Philippe ARROU-VIGNOD)
                        Illustré par Serge BLOCH.
194 04/00        La Piste de l’ombre (Un roman d’aventure) (Patrick RAYNAL)
                        Illustré par Emmanuel MOYNOT
207  05/01       Chat perdu (Jean-Noël BLANC)
                  Illustré par Daphné COLLIGNON


225  11/02       A qui le tour ? (Anthony HOROWITZ) 
                  Illustré par Jean-François MARTIN
237  11/03       Sous le même signe (Mikaël OLLIVIER)
                  Illustré par Pascal GAUFFRE
249 11/04        Une tribu d’enfer (GUDULE)
                  Illustré par Marianne MAURY-KAUFMANN
261      11/05   Les Aigles de Vishan Lour (Pierre BOTTÉRO)
                  Illustré par Armel GAULME
273      11-06  On a volé Mamy Belon (Didier VAN CAUWELAERT)
                               Illustré par Stéphane GAMAIN
279      05-07  Chasseurs d’oreilles (Erik L’HOMME)
                               Illustré par Natacha SICAUD
295      09-08 Relooke ta vie ! (Johan HELIOT)
                               Illustré par Isabelle MAROGER
305      07-09  Cœur perdu, cœur retrouvé (Anne GAVALDA)
                               Illustré par Christine CIRCOSTA
311      01-10 Le Jour d’avant (Fabrice COLIN)
                               Illustré par Frédéric LEVERT


331      09-11  Ma vie en noir et blanc (Delphine BERTHOLON)
                               Illustré par Lucile PRACHE
339      05-12  Victoria rêve (Timothée de FOMBELLE)
                        Illustré par ASEY
352       06-13 Traquée (Bertrand PUARD)
                        Illustré par Oliver BALEZ
361       02-14 La Créature (Victor DIXEN)    
                        Illustré par Dorian DANIELSEN

Chaque année de publication est illustrée par un titre. Ce choix peut paraître arbitraire et je vous demande de m'en excuser. Il dépend aussi de la documentation rassemblée et parfois incomplète.
J'ai tenu à indiquer à la fois les noms de l'auteur du texte et de l'illustrateur (parfois injustement absent de la  page de titre).

"Je bouquine" a trente ans (1)

                            Je bouquine : Trente ans, tous les talents (1)

               

Il y a dix ans, nous avions signalé le 20e anniversaire de la remarquable revue de lecture juvénile, Je bouquine, qui méritait bien un coup de chapeau, publié dans la revue Nous voulons lire n° 154,  de mars 2004, sous le titre « La revue « Je bouquine » fête ses vingt ans » (un résumé est paru sur le site de Citrouille). C’est avec le même plaisir que nous saluons aujourd’hui les trente ans de cette revue illustrée pour les jeunes de 10 à 15 ans publiée par Bayard Presse.
Encouragée par le succès du bimensuel Okapi (1971) et du mensuel J’aime lire (1978), Je bouquine, née en mars 1984, publie de courts romans inédits, écrits par les meilleurs auteurs contemporains et illustrés par les grands artistes actuels de la bande dessinée ou de l'illustration. Ni les chefs-d’œuvre classiques, ni les parutions les plus récentes, ne sont oubliés. Ajoutons une part non négligeable pour toutes les rubriques de l’actualité cinématographique, musicale, sportive ou littéraire qui intéressent les pré-adolescents.
Sa réussite est remarquable dans une période difficile pour la presse des jeunes. Avec un tirage initial proche de 70 000 exemplaires (ce tirage se situerait plutôt autour de 40 000 exemplaires aujourd’hui), la revue se porte bien même si elle difficile à trouver en kiosque. La revue Je bouquine gardera toujours son cocktail séduisant. Après des pages variées d’actualités, le roman inédit illustré occupe le plus large espace : -une soixantaine de pages, moins plus tard quand on ajoute, une histoire courte ou un feuilleton-. Puis, c'est le dossier littéraire consacré à un auteur classique, d’Homère à Le Clézio, de Swift ou Dickens à Bradbury, de Vallès ou Jules Verne à Fred Uhlman, agrémenté d'un chapitre de roman adapté en B.D… Reportages ou histoires vécues, B.D. humoristiques et courrier des lecteurs dialoguant la rédaction et avec l'auteur du récit original complètent ce magazine varié, aidant l'adolescent dans ses choix, privilégiant les droits de l'imagination et la littérature. De quoi satisfaire et réconcilier modernes et classiques. Notons l’infinie richesse de cette bibliothèque idéale pour la jeunesse, constituée mois après mois. On remarque la présence de grands romanciers connus des adultes. Les trois Patrick : Grainville, Modiano et Süskind, les deux derniers illustrés par Sempé, sont rejoints par Michel Tournier (célébrant les dix ans de la revue avec La Couleuvrine), Bertrand Visage et Tonino Benacquista. De grands auteurs populaires, tels Bernard Clavel, Pierre Pelot, voisinent avec Alain Gerber, Claude Pujade-Renaud, Claude Michelet ou Gilles Perrault… Les préadolescents retiennent plutôt les noms connus dans les écoles et les collèges. Ceux de Robert Boudet, Evelyne Brisou-Pellen, Jean Coué, Christian Grenier, Marie-Aude Murail, Jean-Côme Noguès, Jean-Paul Nozière, ou Daniel Pennac... Apparaissent les signatures féminines de Malika Ferdjoukh, Laurence Gillot, Jacqueline Mirande, Brigitte Peskine, Anne-Marie Pol, Nicole Schneegans puis Alice de Poncheville, Oriane Charpentier. Dans la deuxième décennie, les lecteurs et lectrices mémorisent d’autant mieux les noms de H. Ben Kemoun, Géva Caban, Patrick Delperdange, Marie Farré, Anna Gavalda, Gudule, Paula Jacques, Gérard Moncomble, Mikaël Ollivier, Gisèle Pineau,  M.-S. Roger ou Brigitte Smadja…, qu’ils sont lus en collections de poche, ou connus des adultes prescripteurs. C’est dans la revue que les ados ont lu les aventures de Kamo de Daniel Pennac, illustrées par J.-L. Floch, de 1985 à 1992. L’auteur incontournable, c’est Marie-Aude Murail, contant les aventures du collégien Serge T. avant 4 autres romans, percevant réalités actuelles et préoccupations des jeunes du XXIe siècle. En 1995, une romancière discrète publie Dis-moi tout. C’est Marie Desplechin, bien connue aujourd’hui.
La revue offre des histoires contemporaines, ancrées dans des milieux et des contextes familiaux divers, pour une jeunesse avide de tolérance et de compréhension mutuelle. Histoires d’amour et d’amitié, de solitude ou de solidarité, drames abordés avec tact, ce sont des miroirs tendus aux ados à la recherche d’eux-mêmes et des autres. Tous, suscitant « l’envie de vivre, le goût des autres, la curiosité vers l’inconnu », s’appuient sur le plaisir de la lecture. Les romans d'aventures, très présents au début, restent une constante. Les choix éditoriaux privilégient aussi les énigmes policières, adaptées au récit court. Boileau-Narcejac, Michel Amelin. Irina Drozd et J.-P. Nozière sont rejoints par Joseph Périgot, Malika Ferdjoukh (très présente), Michel Quint, Brigitte Aubert, Mikaël Ollivier. Les anglo-saxons John Tully et Leon Garfield voisinent avec l’angoissant Roderic Jeffries. Quel lecteur de « polars » s’étonnerait de trouver ici J.-P. Arrou-Vignod, B. Aubert et G. Cavali, F. Fajardie, Anthony Horowitz (plutôt fréquent), Michel Grisolia, Caryl Ferey, Frank Pavloff, Bertrand Puard ou Maud Tabachnik ? Les adolescents connaissent-ils mieux Paul Thiès, Jacqueline Mirande et Marie Farré (Saiont-Dizier) ou Gudule ?
Le merveilleux, le fantastique et la science-fiction sont au cœur des récits de R. Escarpit, Olivier Cohen, Joëlle Wintrebert, William Camus, G.-O. Château-Reynaud et Giorda avant qu’apparaissent Jean-Marc Ligny et Christian Grenier. Viennent ensuite pour la fantasy ou le fantastique, Erik L’Homme, Pierre Bottero, Timothée de Fombelle, Johan Heliot, Hervé Jubert, Christophe Lambert, Yves Grevet et Victor Dixen, Les évocations historiques ne manquent pas grâce à Jacqueline Mirande, Robert Boudet, J.-J Greif, Annie Jay ou Annie Pietri…
Il faut compter avec les histoires animalières : des histoires de chevaux, (dont Black-Panache, le hors-la-loi de Pelot), l’évocation des loups, du chien, grâce à Yvon Mauffret et Bernard Clavel (Akita et La Chienne Tempête)… Souvent, le couple auteur-dessinateur fait merveille. Quel régal de voir Pierre Pelot imagé par Paul Gillon, Joëlle Wintrebert par Yves Chaland, Evelyne Brisou-Pellen par Fred, Paul Thiès par André Juillard, Jean-Paul Nozière par Philippe Mignon… Plus tard, c’est un plaisir de voir associés Robert Belfiore et Yan Nascimbene, Fanny Joly et François Avril, Michel Tournier et Claude Lapointe, Bertrand Solet et Marcelino Truong, Anthony Horowitz et Jean-François Martin… ! Depuis l’An 2000, le roman illustré est plus court. On adjoint, en fin de revue, une histoire courte puis un feuilleton humoristique de Fanny Joly ou de Claude Gutman. La revue change plusieurs fois de format. En 2000, elle annonce en couverture : « Littérature, BD, cinéma et musique ». Le dossier littéraire maintient, après l’extrait de roman en B.D., une « rencontre » avec l’auteur. Peu à peu, les œuvres du XXe siècle, trouvent une large place. Les classiques de l’enfance et de l’adolescence sont illustrés (Trois hommes dans un bateau, Le Grand Meaulnes, L'Enfant et la rivière, Vendredi ou la vie sauvage...) Des romans traduits sont adaptés... Rapidement apparaissent des œuvres récentes, aux frontières du genre juvénile. Avant Frison-Roche, Pagnol, Joffo, il y eut  Colette, Giono, Kessel, B. Clavel, Andrée Chédid. L’adaptation du Chercheur d'or de Le Clézio compense son absence majeure dans les récits. La revue s’ouvre aux oeuvres internationales de Panaït Istrati, Italo Calvino, Yachar Kémal, avant des œuvres de Dino Buzzati, Satyajit Ray, Francisco Coloane ou Hamadou Hampâté Bâ...  La large place faite aux prétendus « mauvais genres », que la revue a contribués à faire entrer dans les écoles et les collèges, mérite d’être notée. Le policier « classique » des Leblanc et Leroux, Conan Doyle ou Agatha Christie, Mac Orlan et Pierre Véry, côtoie le merveilleux des contes de Perrault, d’Andersen, de Grimm, de Marcel Aymé … (mais on a oublié Pierre Gripari). Des œuvres de S-F sont adaptées : celles de Frederic Brown, Ray Bradbury, Isaac Asimov, Stefan Wul et Arthur Conan Doyle… Lire cette revue est une heureuse surprise pour l’œil et pour l'esprit : les meilleurs récits pour la jeunesse sont donc ceux d'une littérature exigeante. Ce magazine de lecture constitue une étonnante bibliothèque de romans courts inédits, écrits par les meilleurs auteurs jeunesse et remarquablement illustrés par des graphistes contemporains. Aux prestigieux anciens, Berthet, Blanc-Dumont, Caza, Götting, Juillard, Rouge ou Tito…, ont succédé des artistes nouveaux comme Martin Matje, Pierre Bailly, Olivier Balez, Delphine Collignon, Ludovic Debeurme, Vincent Dutrait, Rémy Malingrey, Philippe Munch, Bruno Pilorget, Frédéric Rébéna, Antoine Ronzon, Emmanuel Cerisier, Mathieu Sapin ou Tom Tirabasco... Nouveau logo, nouvelle maquette et nouvelles rubriques finissent par convaincre que Je bouquine a changé tout en restant fidèle à sa structure essentielle : roman inédit, plus bref, classique adapté en partie en BD et dossier littéraire et le guide culturel informant sur l’actualité littéraire, cinématographique et musicale. Ajoutons le feuilleton humoristique Marion, de Fanny Joly et de l’illustrateur Catel puis l’expérience d’écriture collective Le Collège de la lune verte.  La revue a créé le prix Tam Tam décerné à Montreuil et le concours Mini-plume (devenu Jeunes écrivains). La revue dispose d’une collection de romans et d’un blog très actif. En B.D., elle a fait connaître bien des œuvres dont Le Journal d’Henriette de Dupuy et Berberian, Nabuchodinosaure de Widenlocher et Herlé, James Bonk de Blasteau et Martin, Aya de Yopougon, etc.    

jeudi 18 mars 2010

Maison de la Bonne Presse et Bayard Presse : La presse juvénile V



De la Maison de la Bonne Presse à Bayard Presse
De L’Echo du « Noël » (1906) à J’aime la B.D. (2004)
Un siècle de presse juvénile catholique

V Naissance du groupe Bayard-Presse


Le groupe Bayard-Presse, né en 1969, nouvelle appellation moins « confessionnelle » et plus laïcisés de la Maison de la Bonne Presse, (justifiée par l’adresse de la Rue Bayard, mais depuis juillet 2008 le groupe a déménagé à Montrouge, dans la banlieue parisienne), a compris l’intérêt de diversifier ses journaux et d’établir une chaîne éducative de la petite enfance au lycée, d’abord pour « fidéliser» le lecteur et surtout pour maintenir aussi le dialogue entre parents et enfants. La volonté éducative du groupe de presse les conduit à un « chaînage » de plus en plus subtil et à un découpage conduisant à distinguer petits, (2-6 ans), enfants (7-11 ans), préadolescents (12-14 ans), et adolescents (15-18 ans).
Le premier maillon pour les petits, Pomme d’Ami date de 1966. Journal très novateur, il se démarque de ses concurrents par son contenu esthétique et éducatif et ses distances saines et prudentes vis-à-vis des médias. Il profite de l’augmentation de la fréquentation des écoles maternelles et dès 1971, il séduit 180 000 garçons et filles de 2 à 7 ans. Pomme d'Api est complété six ans plus tard par Les Belles histoires de Pomme d’Api (1972), (aujourd’hui, Les Belles histoires), superbes petits albums écrits et illustrés par d’excellents auteurs contemporains pour la jeunesse. Sur le plan de la fiction et de la lecture, naissent ensuite les mensuels les plus stables : J’aime lire en 1977, solidement implanté dans le milieu scolaire. S’il propose des fictions inédites pour les 6-9 ans, voire les 7-10 ans, il est encore lu par les élèves qui entrent en classe de 6e et dominent mal la lecture cursive. La série de B.D. : Tom-Tom et Nana, due à Bernadette Després et Jacqueline Cohen, y naît dès 1977, avant de connaître un succès ininterrompu depuis cette date.
Pour les plus grands apparaît Okapi en 1971, un bimensuel pour les 11-14 ans (pour les 10-15 ans en 1984), remarqué par la variété et l’intelligence de son contenu : rubriques variées, culturelles ou distractives, bandes dessinées originales… Conçu pour aider les jeunes à accéder à l’autonomie, à la citoyenneté et à la découverte du monde, lancé lors du déclin de Record, c’est un journal variété et intelligent. Le magazine encarte les dossiers Univers Okapi, sur tous les thèmes, au point que l’exigeant Etiemble salue le dossier Rimbaud. Ils constituent un ensemble encyclopédique sur des thèmes audacieux (éducation sexuelle, corps humain, faim dans le monde, loisirs, énergie…), ou abordent histoire, géographie, sciences et littérature.
Il change plusieurs fois de formule, en particulier en juin 2004.
Le mensuel Record, né en 1962, devenu Record Dossier (avec un grand format peu commercial), termine sa 3e série en 1976, après avoir publié les « anciens » de la B.D., comme Chakir, Loÿs Pétillot, Erik (André René Jolly), et les modernes, tels Roba, le duo Tabary-Goscinny pour Iznigoud, Jacques Tardi ou Claire Bretécher. Ses dossiers, du fantastique à l’automobile, ont été appréciés mais le journal s’essouffle.
Le maillon manquant, pour les 7-10 ans, est créé grâce au bimensuel Astrapi, né en octobre 1978, avec des ambitions éducatives. Des rubriques variées et culturelles coexistent avec des B.D. de qualité, réalisées par Berthommier (et son chien Touffu), Jean-Louis Floch, très ligne claire dans Les Jacopo, Joost Swarte, hergéen lui aussi pour Coton et Piston et Yvan Pommaux, créateur d’une héroïne attachante : Marion Duval.
Puisque Dossier-Record a disparu, pour renouer le contact avec les adolescents, Bayard Presse crée le mensuel Phosphore, « le magazine des années-lycée », en 1981.
En 1984 paraît une importante revue mensuelle illustrée de lecture. C’est Je bouquine. Après une dizaine de pages variées d'actualités, un roman toujours inédit et largement illustré occupe le plus large espace : -une soixantaine de pages-. Puis, c'est le dossier littéraire consacré à un auteur classique, d'Homère à Le Clézio, de Swift à Bradbury, de Gaston Leroux ou Arthur Conan Doyle à Agatha Christie, dossier agrémenté de l'adaptation en bandes dessinées d'un chapitre de roman réputé.
Reportages ou histoires vécues, B.D. récréatives humoristiques et courrier des lecteurs dialoguant avec l'auteur du récit original complètent ce magazine aux rubriques variées, susceptibles d'aider l'adolescent dans ses choix, mais privilégiant courageusement les droits de l'imagination et la littérature actuelle. Voilà de quoi satisfaire et réconcilier les modernes et les classiques. Les premiers avec le roman qui a fait connaître aux adolescents les œuvres de Daniel Pennac pour les aventures de Kamo ou de Marie-Aude Murail et son fameux collégien Serge T., bien avant leur succès en librairie. Les seconds, avec l'évocation d'auteurs célèbres et d’œuvres connues.
En septembre 1986 est lancé avec succès le mensuel Léo et Popi devenu Popi, pour les 18 mois à 3 ans dont le succès est rapide. Popi a des angles arrondis et il est accompagné aujourd’hui par Les 1ères histoires de Popi, remplacé en 2004 par Tralalire. On tente de séduire les 3-7 ans, voire les 4-8 ans, avec Youpi (1988) et Babar (1990). Plus scolaire et plus instable apparaît en 1987, pour les collégiens, I Love English, (alors que To day in English vise les lycéens dès 1991), un an avant le mensuel le plus marqué par les intentions de catéchèse : Grain de soleil (1988). La revue illustrée s’affiche comme « Le journal des enfants curieux de Dieu ». Un magazine de « découvertes », plus pédagogique et très adapté au CM2 et aux premières classes de collège, suit en 1989 : c’est Images Doc, aux rubriques très variées, pour les 8 à 12 ans.
Tous ces journaux de qualité, sur le plan du contenu comme du point de vue technique et esthétique, ont un prix assez élevé mais le rythme de parution est mensuel ou bimensuel et les parents sont les acheteurs.

Maison de la Bonne Presse et Bayard Presse : la presse juvénile VI



De la Maison de la Bonne Presse à Bayard Presse
De L’Echo du « Noël » (1906) à J’aime la B.D. (2004)
Un siècle de presse juvénile catholique


VI A l’aube du nouveau siècle, un puissant groupe de presse

Juste avant la fin du millénaire, par rapport aux groupes de presse Fleurus et Milan, Bayard-Presse est le plus complet pour les jeunes de 1 à 15 ans. Les magazines déjà créés gardent une présentation aisément identifiable et un contenu assez riche pour fidéliser une clientèle exigeante et avertie. Pomme d’Api continue de favoriser l’imagination des 3-7 ans, séduits aussi par « le plaisir des histoires et la magie des images » de la riche et passionnante collection : le magazine Les Belles histoires qui a souvent bénéficié du talent des meilleurs illustrateurs de notre époque. J’aime lire, magazine de lecture né en 1977, très traduit en Europe, séduit toujours autant de lecteurs de 6 à 10 ans, est doit une part de son succès à sa bande dessinée vedette : Tom-Tom et Nana, bien connue désormais des jeunes téléspectateurs. En 1993, Bayard-Presse lance Mes premiers j’aime lire pour les plus de 6 ans. Le mensuel sera accompagné d’une cassette audio dès septembre 2002. Le bimensuel Astrapi (1978), plus éclectique, est suivi par autant de lecteurs que J’aime lire.
Chez les 10-15 ans, Okapi, privé de son mémorable « Univers » thématique, est devenu un magazine juvénile plus convivial et généraliste. En fait, cette formule s’adapte à l’évolution d’un lectorat amateur de textes plus courts.

La revue Je bouquine, ouverte aux principaux auteurs et illustrateurs contemporains, reste fidèle à elle-même bien qu’elle modifie son format et diminue son prix avant d’atteindre le numéro 200, en automne 2000 (et son numéro 3000 en 2009). Ecourtant le roman essentiel, elle s’offre le luxe d’ajouter une histoire plus brève en fin de numéro. Phosphore, sans réelle concurrence, séduit encore bon nombre de lycéens et s’attire bien plus de lecteurs que le mensuel Filotéo, (remplaçant en 2005, Grain de soleil), aux buts catéchistiques aussi avoués que ceux de Pomme d’Api Soleil et Mon journal arc-en-ciel, chez Fleurus, ou Terres lointaines chez Edifa, avant d’être repris par les Œuvres Pontificales Missionnaires.
Le mensuel Images Doc, né en 1989, plaît autant aux élèves de cours moyen qu’à ceux des 6e-5e, tant sa présentation et sa mise en pages sont astucieuses, colorées, diverses. Agrémenté de photographies superbes, il se destinait d’abord aux « chasseurs d’images » de 9 à 14 ans. Il faut encore ajouter les renaissances successives de I love English junior, d’abord avec sa cassette audio en 1996, remplacée par des CD audio en 2002 alors que le lectorat visé devient celui des « CM1-CM2-6e ». La revue mensuelle de lecture, Maximum, née en 1998 et développant des récits fantastiques, a d’abord adopté une présentation inutilement criarde et kitsch... Le retour à des notions esthétiques plus conviviales ne la sauve pas : D lire, magazine de lecture de meilleur aloi la remplace en présentant toujours un roman illustré, avec des thèmes, dans les récits, plus variés et plus ouverts. Dans le cahier BD sont introduites des bandes d’Emmanuel Guibert et J. Sfar (Sardine de l’espace), ou de Corbeyran (Zélie et compagnie).

D’année en année, les groupes de presse couvrant toute la gamme des âges, des tout-petits jusqu’à la fin de l’adolescence, renforcent leur position. Il serait pourtant naïf et réducteur de croire que c’est la raison essentielle de leur succès. En fait, les groupes Bayard-Presse, Fleurus et Milan laissent s’estomper peu à peu leurs différences idéologiques. Ce qu’ils ont davantage en commun, c’est une volonté explicitement éducative. S’ils s’attirent les suffrages des parents, principaux acheteurs de leurs journaux, c’est parce que la richesse et la variété de leur contenu vont de pair avec le constant souci du dialogue établi entre les jeunes lecteurs et les adultes généralement au courant du type de lecture proposé. En outre, Bayard-Presse édite aussi la Revue des scouts de France.
Pour étendre encore davantage la gamme des âges, alors que Tralalire (2000) avait été lancé pour les 4-7 ans, en 2004, Bayard Presse lance Muze, un magazine féminin de lecture, ambitieux et très culturel, tiré à 80 000 exemplaires tandis que les grands adolescents liront plutôt le magazine Euréka, une création de 2005. J’aime la BD, créé la même année, en dépit du succès du genre, ne tiendra que le temps de 9 numéros mais la bande dessinée essaime toujours dans plusieurs magazines du groupe.

Maison de la Bonne Presse et Bayard Jeunesse : VII Rachat de Milan (2004)



VII Le rachat du groupe Milan, créateur de nombreux journaux juvéniles

Le groupe de presse Milan, fondé en 1980 à Toulouse par le jeune trentenaire Patrice Amen été racheté officiellement le 19 mars 2004 par le groupe Bayard. Il était pourtant profondément laïque et très éloigné de l’esprit de catéchèse de son rival, le groupe Bayard.
Contre une tendance qui pourrait consister aujourd’hui, à phagocyter les titres créés par Milan pour les intégrer malencontreusement dans l’historique de Bayard-Presse, sans informer clairement le lecteur de leur création par le groupe de presse Milan, de 1980 à 2004, il paraît utile derappeler quelque dates.

1980 : Lancement de Milan Presse et naissance de Toboggan (pour les 5-7 ans). Trente ans plus tard, Toboggan est toujours là !
1983 : Mikado (M) (9-14 ans) « à la découverte des hommes et des sciences » (disparu).
1985 : Revue Toupie pour les 3-5 ans
1987 : Diabolo vise les 7-9 ans (disparu)
1987 : Wapiti : "Un œil futé sur la nature" (M) (pour les 7/13 ans) (Nature) Milan Presse.
1989 : Wakou (1989), pour les 3 à 7 ans intéressés par la nature
1989 : Picoti (pour les 9 mois-3 ans)
1989-1990 : Hi Kids, pour les élèves francophones s’initiant à l’anglais, avec cassette, pour la prononciation (disparu).
1990 : Moi je lis, magazine de lecture pour les 7 à 9 ans
1992 : pour les 13-18 ans, Les Clés de l’actualité, journal hebdomadaire grand format (disparu en 2009)
1995 : Les Clés de l'actualité Junior (H) (8 à 12 ans) (Actualité) (disparu en 2009)
Avril 1998 : Revue mensuelle Les Aventuriers, adaptée à la mode du frisson et du fantastique (magazine disparu).
1997 : Petites mains, magazine d’activités manuelles pour les 3 à 6 ans
1998 : Lancement du magazine Julie (« Vive les filles de 8 à 12 ans ») (M) (Milan Presse). Signe fort d’une renaissance pour la presse des filles.
1998 : Mobiclic (1998), premier magazine multimédia sur CD-Rom pour les 7-12 ans
1999 : J’apprends à lire (pour les 6 à 7 ans)
2000 : Toboclic (2000), avec 10 CD-ROM annuels, destiné aux 4-7 ans
2001 : Bilou pour les petits de 6 mois à 2 ans (disparu).
2001 : Lolie (M) (pour les filles de 12 à 16 ans) La suite de Julie (disparu comme Lolie Test.
2001 : Oxébo, destiné aux 6-12 ans, (assez vite disparu).
2002 : Toutàlire (oct. 2002) (M) (Milan Presse) (9-12/14 ans) « le magazine qui donne envie de lire » (remplace Les Aventuriers). (Toutàlire disparaît en 2004 avant d’être racheté par Pif Editions en 2005 qui ne le conserve que quelques mois en raison de difficultés financières).
2002 : Histoires pour les petits (pour les 3 à 5 ans)
2003 : Manon (août 2003) (fillettes, dès 6 ans) " drôl’ment fille"
2004 : Petites histoires pour les tout petits (de 18 mois à 3 ans, disparu)
2004 : Capsule cosmique (magazine de bande dessinée original) (M) (7-12 ans)(trop vite disparu)
2004 : Zaza Mimosa (Spécial Filles, dès 8 ans) Editions Milan jeunesse
(disparu)
Douze des journaux créés ne paraissent plus en 2010 et treize continuent de paraître.
En revanche, on a vu naître : Chaudron magique (n° 10 en janvier 2010), Mixman (n° 4 en janvier-mars 2010, Champions du C.P., Champions du CE1 et Champions du CE2. Milan a acquis Geo Ado et diffuse sur Internet 1 jour 1 actu !. Au total, il faut donc compter 20 titres présents aujourd'hui.

Maison de la Bonne Presse et Bayard Jeunesse VIII


De la Maison de la Bonne Presse à Bayard Presse
De L’Echo du « Noël » (1906) à J’aime la B.D. (2004)
Un siècle de presse juvénile catholique


VIII Bayard Presse et Bayard Jeunesse, de 1977 à nos jours : quelques repères

A la différence de Fleurus dont le secteur Fleurus Edition appartient à Média Participation et qui a dû céder Fleurus Presse, vendu (en catimini) fin 2009 à Héros et Patrimoine et à un fonds d’investissement américain, Bayard est un groupe d’autant plus puissant qu’il gère Bayard Presse et Bayard Edition, les deux secteurs renforcés par le rachat de Milan. Si l’on ajoute l’ouverture au secteur international, on s’aperçoit de la puissance actuelle du groupe de la congrégation des Augustins de l’Assomption, en fait le plus puissant groupe francais actuel dans la presse des jeunes.

1977 : Parution de la revue de lecture J’aime lire, chez Bayard Presse
1978 : Magazine Astrapi (BM) (cadets, de 7 à 11 ans) (Bayard Presse)
1981 : Création de l’Atelier-Livre chez Bayard Jeunesse
1981 : Phospore (M) (à partir de 13 ans), journal pour les lycéens créé par Bayard-Presse
1984 : Revue mensuelle illustrée de lecture Je bouquine, (Bayard-Presse), avec un roman illustré par les grands, de la b. d. et de l'illustration.
1990 : Création de Bayard-Poche, chez Bayard Presse Jeunesse.
1991 : Bayard Poche : romans de sa revue en Collection "Je bouquine ".
Mars 1995 : Bayard-poche lance la série "Chair de poule", de Robert Lawrence Stine, riche en fantômes, vampires et objets maléfiques, dans la collection "Passion de lire".
1996 : Bayard-poche, à l'intérieur de la collection "Passion de lire", crée la série "Délires" (textes humoristiques et parfois fantastiques).
1997 : Chez Bayard-Poche, Michel Amelin est l'unique auteur de "Polar Gothique", (pour les 10-13 ans), dans "Passion de lire".
1997 : Bayard-Poche, avec Centurion, lance la collection sentimentale "Cœur grenadine".
1997 : Bayard Jeunesse crée la collection "Les Littéraires" (97-2001)
1998 : Chez Bayard Poche, Je bouquine présente "Envol : premiers pas vers la littérature", qui réédite les récits de la revue mensuelle.
1998 : Naissance des revues mensuelles illustrées Les Aventuriers (Milan), et Maximum (Bayard-poche), publiant toutes deux des récits fantastiques.
1999 : Chez Bayard Poche, "Les Aventuriers de l'histoire", avec 2 séries. "Mysteria" (Antiquité romaine) et "Marcantour" (Moyen Age).
2000 : Bayard-Jeunesse : "La Collection des imaginaires" (12 ans)
2000 : Bayard envisage un partenariat avec Gallimard Jeunesse, un projet qui va échouer.
Avril 2000 : Bayard jeunesse lance "La Collection des Imaginaires"
2000 : Sous le label Bayard jeunesse, "Les Romans de Je bouquine" remplacent la collection "Envol". Débuts de la série historique "Athena", (dans "Les Aventuriers de l’Histoire").
2001 : D Lire (M) (Bayard Presse) (pour les 9-12 ou 13 ans) (Lecture) (remplace avantageusement Maximum)
2002 : Fin de la coentreprise éphémère Bayard Jeunesse-Gallimard Jeunesse.
2002 : Frank Girard, directeur de Bayard Editions jeunesse, fonde les éditions Tourbillon, avec Marie-Odile Fordacq.
2003 : Après "Estampille" en 2001, Bayard lance "Millézime" (grand format).
Nov. 2003 : Le groupe catholique Bayard a racheté le groupe toulousain
laïque Milan, (Le rachat est officiel en mars 2004). L’ensemble des deux
groupes Bayard-Milan contrôle 27 % de la presse française.
2006 : 6989 titres sont parus en 2006 contre 6360 en 2005. Près de 60 % sont des titres de fiction (4153 titres). 33 % des titres sont vendus en librairies. Les très gros vendeurs sont Hachette (490 titres), Gallimard (330), à égalité avec Nathan, Milan (300), Bayard (260).
2006 : Selon Livres Hebdo du 17-11 : 4 éditeurs représentent 51 % des ventes en volumes : Hachette Jeunesse (sans le groupe Hatier), 14 %, (16% avec Disney), Gallimard Jeunesse : 14 %, Editis (avec Nathan Jeunesse (6%), Pocket Jeunesse (4%) et Hemma) : 13 %, Bayard-Milan : 11 %.
Si Bayard Editions Jeunesse (diffusé par La Sodis de Gallimard) possède Milan, ce dernier est distribué par Volumen.
Septembre 2007 : Bayard Jeunesse lance la collection "Grands personnages" (B.D., informations, citations) (Hugo, Einstein…)