jeudi 18 mars 2010
Maison de la Bonne Presse et Bayard Presse : La presse juvénile V
De la Maison de la Bonne Presse à Bayard Presse
De L’Echo du « Noël » (1906) à J’aime la B.D. (2004)
Un siècle de presse juvénile catholique
V Naissance du groupe Bayard-Presse
Le groupe Bayard-Presse, né en 1969, nouvelle appellation moins « confessionnelle » et plus laïcisés de la Maison de la Bonne Presse, (justifiée par l’adresse de la Rue Bayard, mais depuis juillet 2008 le groupe a déménagé à Montrouge, dans la banlieue parisienne), a compris l’intérêt de diversifier ses journaux et d’établir une chaîne éducative de la petite enfance au lycée, d’abord pour « fidéliser» le lecteur et surtout pour maintenir aussi le dialogue entre parents et enfants. La volonté éducative du groupe de presse les conduit à un « chaînage » de plus en plus subtil et à un découpage conduisant à distinguer petits, (2-6 ans), enfants (7-11 ans), préadolescents (12-14 ans), et adolescents (15-18 ans).
Le premier maillon pour les petits, Pomme d’Ami date de 1966. Journal très novateur, il se démarque de ses concurrents par son contenu esthétique et éducatif et ses distances saines et prudentes vis-à-vis des médias. Il profite de l’augmentation de la fréquentation des écoles maternelles et dès 1971, il séduit 180 000 garçons et filles de 2 à 7 ans. Pomme d'Api est complété six ans plus tard par Les Belles histoires de Pomme d’Api (1972), (aujourd’hui, Les Belles histoires), superbes petits albums écrits et illustrés par d’excellents auteurs contemporains pour la jeunesse. Sur le plan de la fiction et de la lecture, naissent ensuite les mensuels les plus stables : J’aime lire en 1977, solidement implanté dans le milieu scolaire. S’il propose des fictions inédites pour les 6-9 ans, voire les 7-10 ans, il est encore lu par les élèves qui entrent en classe de 6e et dominent mal la lecture cursive. La série de B.D. : Tom-Tom et Nana, due à Bernadette Després et Jacqueline Cohen, y naît dès 1977, avant de connaître un succès ininterrompu depuis cette date.
Pour les plus grands apparaît Okapi en 1971, un bimensuel pour les 11-14 ans (pour les 10-15 ans en 1984), remarqué par la variété et l’intelligence de son contenu : rubriques variées, culturelles ou distractives, bandes dessinées originales… Conçu pour aider les jeunes à accéder à l’autonomie, à la citoyenneté et à la découverte du monde, lancé lors du déclin de Record, c’est un journal variété et intelligent. Le magazine encarte les dossiers Univers Okapi, sur tous les thèmes, au point que l’exigeant Etiemble salue le dossier Rimbaud. Ils constituent un ensemble encyclopédique sur des thèmes audacieux (éducation sexuelle, corps humain, faim dans le monde, loisirs, énergie…), ou abordent histoire, géographie, sciences et littérature.
Il change plusieurs fois de formule, en particulier en juin 2004.
Le mensuel Record, né en 1962, devenu Record Dossier (avec un grand format peu commercial), termine sa 3e série en 1976, après avoir publié les « anciens » de la B.D., comme Chakir, Loÿs Pétillot, Erik (André René Jolly), et les modernes, tels Roba, le duo Tabary-Goscinny pour Iznigoud, Jacques Tardi ou Claire Bretécher. Ses dossiers, du fantastique à l’automobile, ont été appréciés mais le journal s’essouffle.
Le maillon manquant, pour les 7-10 ans, est créé grâce au bimensuel Astrapi, né en octobre 1978, avec des ambitions éducatives. Des rubriques variées et culturelles coexistent avec des B.D. de qualité, réalisées par Berthommier (et son chien Touffu), Jean-Louis Floch, très ligne claire dans Les Jacopo, Joost Swarte, hergéen lui aussi pour Coton et Piston et Yvan Pommaux, créateur d’une héroïne attachante : Marion Duval.
Puisque Dossier-Record a disparu, pour renouer le contact avec les adolescents, Bayard Presse crée le mensuel Phosphore, « le magazine des années-lycée », en 1981.
En 1984 paraît une importante revue mensuelle illustrée de lecture. C’est Je bouquine. Après une dizaine de pages variées d'actualités, un roman toujours inédit et largement illustré occupe le plus large espace : -une soixantaine de pages-. Puis, c'est le dossier littéraire consacré à un auteur classique, d'Homère à Le Clézio, de Swift à Bradbury, de Gaston Leroux ou Arthur Conan Doyle à Agatha Christie, dossier agrémenté de l'adaptation en bandes dessinées d'un chapitre de roman réputé.
Reportages ou histoires vécues, B.D. récréatives humoristiques et courrier des lecteurs dialoguant avec l'auteur du récit original complètent ce magazine aux rubriques variées, susceptibles d'aider l'adolescent dans ses choix, mais privilégiant courageusement les droits de l'imagination et la littérature actuelle. Voilà de quoi satisfaire et réconcilier les modernes et les classiques. Les premiers avec le roman qui a fait connaître aux adolescents les œuvres de Daniel Pennac pour les aventures de Kamo ou de Marie-Aude Murail et son fameux collégien Serge T., bien avant leur succès en librairie. Les seconds, avec l'évocation d'auteurs célèbres et d’œuvres connues.
En septembre 1986 est lancé avec succès le mensuel Léo et Popi devenu Popi, pour les 18 mois à 3 ans dont le succès est rapide. Popi a des angles arrondis et il est accompagné aujourd’hui par Les 1ères histoires de Popi, remplacé en 2004 par Tralalire. On tente de séduire les 3-7 ans, voire les 4-8 ans, avec Youpi (1988) et Babar (1990). Plus scolaire et plus instable apparaît en 1987, pour les collégiens, I Love English, (alors que To day in English vise les lycéens dès 1991), un an avant le mensuel le plus marqué par les intentions de catéchèse : Grain de soleil (1988). La revue illustrée s’affiche comme « Le journal des enfants curieux de Dieu ». Un magazine de « découvertes », plus pédagogique et très adapté au CM2 et aux premières classes de collège, suit en 1989 : c’est Images Doc, aux rubriques très variées, pour les 8 à 12 ans.
Tous ces journaux de qualité, sur le plan du contenu comme du point de vue technique et esthétique, ont un prix assez élevé mais le rythme de parution est mensuel ou bimensuel et les parents sont les acheteurs.
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