mercredi 30 avril 2014

Artima et ses récits complets de B.D. en 1958

Les fascicules "Artima" en 1958 : des récits complets en B.D.  très populaires

Les fascicules de récits complets, illustrés bon marché et populaires étaient fort  nombreux au cours de années 50-60.
Le grand éditeur de province, sous la direction d’Émile Keirsbilk, fut sans doute Artima (ARTisans en IMAgerie) de Tourcoing, débutant de 1943 à 1949 par les "Albums du P’tit Quinquin" (surtout illustrés par J.E Dupuich), puis en 1948 par des séries de récits complets. Surtout depuis l’abandon, en 1952, du format à l'italienne (17,5 sur 23 cm.) pour le format « français », de la taille d’un cahier d’écolier, on connaît ses fameuses nouvelles séries aux couvertures mémorables et éclatantes de couleurs (mais l’intérieur est en noir et blanc). Les dessinateurs sont très internationnaux (français, espagnols, italeins, anglais, néerlandais ou américains). Ces récits illustrent de nombreux genres.


En 1958, l’éditeur annonce lui-même les thèmes suivants :
Cow-boys : Audax, Aventures Film, Ouragan, Red Canyon
                        Brousse : Tarou, Ardan
Aviation, Espionnage, Police : Dynamic, Vigor, Hardy, Mystic, Éclair
Aventures : Big Boy
Science Fiction : Météor, Spoutnik, Cosmos, Atome Kid, Aventures Fiction, Sidéral  
Historique : Vengeur, Téméraire [et ses bandes guerrières], Fulgor
Humoristique : Panda, Foxie
Sport : Olympic


Apparurent d’abord en 1952, Ardan, Audax, Aventures film, riche en westerns (un genre présent aussi dans Tex Bill, dessiné par René Mellies et intégré maintenant dans Aventures Film). Il y eut aussi Dynamic et Tony Cyclone, une mémorable histoire d’aviation. En 1953 naît la série de science-fiction la plus connue et la plus recherchée par les collectionneurs : Météor (due aux frères Raoul et Robert Giordan), un genre représenté aussi en 1956 par Atome Kid, Aventures Fiction et Cosmos, en 1957 par Spoutnik et un an plus tard par Sidéral. Jungle, histoire de l’Ouest et guerre sont présentes en 1954 avec la naissance de Tarou, une sorte de Tarzan débonnaire, Red Canyon (pour le western) et Vigor


Il faut encore citer Fulgor (1955-58), Foxie (1956-1985), Hardy (1955-58), Panda (1957-59), aventures animalières par l’atelier hollandais de Martin Toonder, Téméraire (1958-1962). Tempest, né en mars 1955, a disparu en août 1957. L’adoption du format de poche en 1960 et les comics marquent la fin d’une période mythique. Malgré un bon chiffre d’affaires et des bénéfices substantiels, les Éditions Artima sont rachetées par les Presses de la Cité en 1962 puis deviennent  Aredit en 1963. 


(Version augmentée d’après Fictions et journaux pour la jeunesse
au XXe siècle, L’Harmattan, édition 2014, page 207).

  

mardi 29 avril 2014

Albums de bande dessinée francophones parus en 1958

Les albums de bandes dessinées en 1958

Y a-t-il peu d’albums de bandes dessinées intéressants avant les « années Pilote » ? L’absence générale de prise en compte par la critique de ces ouvrages semble encourager une telle illusion.
En outre l’abondance d’albums de format moyen ou de « petits formats » bon marché, imprimés sur un mauvais papier masque souvent des oeuvres intéressantes souvent publiées en albums brochés.
En 1958, ce sont surtout les éditeurs commerciaux Dupuis, Dargaud-Le Lombard, Casterman (merci aux éditeurs belges !) et les éditeurs catholiques de Fleurus et de la Bonne Presse qui alimentent le marché.



Prépubliées dans Spirou et éditées par Dupuis, des séries donnent naissance à des albums réalistes : La Piste du Grand Nord (Jerry Spring de Jijé et Goscinny), Alerte en Malaisie et Buck Danny contre Lady X (Buck Danny de V. Hubinon), L’Inconnu de la Villa Mystère (La Patrouille des Castors de Mitacq), Le Glaive de bronze (Timour de Sirius), Le Gang du diamant et Valhardi contre Soleil noir (Valhardi de Charlier et Paape). Les séries comiques sont plus nombreuses : La Source des dieux (Johan et Pirlouit de Peyo), Les Pirates du silence (Spirou et Fantasio de Rosy, Will et Franquin), Pas de salami pour Célimène (Chlorophylle de Macherot) date de 1957. Lucky Luke de Morris s’enrichit de trois épisodes : Alerte aux Pieds bleus, Lucky Luke contre Joss Ramon (scénarisé par Goscinny) et Les Cousins Dalton. Tif et Tondu, série alors dessinée par Will, bénéficie de deux scénarios de Rosy pour Le Retour de Choc et Passez muscade.


Du journal de Tintin proviennent des albums Dargaud-Le Lombard : Le Maître du soleil (Dan Cooper de Weinberg),  L’Île de la brume (Harald le Viking des Funcken), Le Talisman noir (Pom et Teddy de Craenhals), et dans le genre humoristique, 60 aventures de Modeste et Pompon de Franquin, La Grotte mystérieuse et Le Monstre du lac (Chick Bill de Tibet), et Coke en stock, un épisode de Tintin de Hergé (publié chez Casterman).
Fleurus a cessé de publier la série Oscar Hamel et Isidore de Breysse, grossièrement congédié et les derniers albums de Frédéri le Gardian de Rigot paraissent en 1959. L’éditeur catholique se rabat en 1958 sur des séries plutôt infantiles comme Titounet et Titounette de Marie-Mad et Sylvain et Sylvette de Maurice Cuvillier et Jean-Louis Pesch.


La Bonne presse est plus brillante grâce à L’Ombre de Saïno, fabuleux 3e épisode de Thierry de Royaumont de Pierre Forget et Jean Quimper (alias M. P. Sève). Paraissent encore Tombstone, un épisode du western Bill Jourdan de Pétillot et Acquaviva, Orpheline du Far-West d’Alain d’Orange et Albert Bonneau et deux épisodes dus à Gervy : Pat’Apouf et le gang des diamants et Pat’Apouf et le virus de la Mort. On peut ajouter une bande peu connue : Liliane et le chevalier de Perce-Brume, scénarisée par Gendron et dessinée par Manon Iessel.
En 1958, les éditions Vaillant qui n’ont pas saisi l’opportunité de mettre en albums de magnifiques séries comme Les Pionniers de l’Espérance de Poïvet et Lécureux, Arthur le fantôme justicier de Cezard, La Pension Radicelle de Gire, Bob Mallard, Nasdine Hodja, Wango de Paul Gillon, Richard et Charlie de Tabary ou Yves le Loup de Bastard et Ollivier (le dernier album paru date de 1954), etc, se contentent d’éditer Les Aventures de Pif le chien (maintenant dessiné par Roger Mas d’après Arnal), et les albums pour les petits Placid et Muzo, Riquiqui et Roudoudou les belles images.
Les lecteurs les moins fortunés se contentent des albums de la S.P.E (séries Aggie, Lili, Oscar le petit canard, La Petite Annie, Bibi Fricotin, Les Pieds Nickelés), des albums Artima, Rouff ou des petits formats.  
                       
(d’après Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle
L’Harmattan, édition 2014, page 226 augmentée).   


jeudi 17 avril 2014

"Lecture Junior" chez Gallimard, une collection trop tôt disparue

"Lecture Junior" (1992-1996) : originalité et sens esthétique mal récompensés

« Le cercle des collections disparues » doit aussi évoquer des collections relativement récentes. C’est le cas de "Lecture Junior" dont on pouvait encore acquérir certaines parutions à la fin du XXe siècle. Il s’agissait d’une collection exceptionnelle tant par la qualité du papier, l’originalité du format que par le choix judicieux des meilleurs auteurs et illustrateurs. 


Avec une grande hardiesse éditoriale, Gallimard Jeunesse lance la collection "Lecture Junior", destinée aux 9-15 ans, ne publiant que des inédits, d’abord avec une 1ère de couverture sans titre ni auteur. Il s'agit rien moins, pour les jeunes lecteurs, dès 9 ans, que de provoquer « la rencontre avec la littérature (...) en douceur ». Les moyens mis en œuvre sont considérables et les concepteurs ont imaginé « un livre beau sans être intimidant ». La maquette est neuve, originale : l’illustration de couverture pleine page, d’une grande qualité esthétique, sur papier souple, ouvre sur « de belles pages foisonnantes d’illustrations en couleur, parfaitement intégrées au texte ». L’élégante typographie offre une grande lisibilité. Le papier est souple et résistant. « Des vignettes parcourent le récit comme des croquis accompagnent un carnet de voyage ». On en oublierait presque qu'il s’agit d’ouvrages de « poche », oubli conforté par le format 140 sur 190 mm, alors innovant et copié par d'autres, plus tard, au cours de la décennie. Bien vite cependant, titres et nom d’auteur reviendront à la une. Il faut dire que le romancier avait pu paraître évincé par l’illustrateur, et un équilibre pouvait sembler rompu entre le texte et l’image, au profit de cette dernière.


L’important est que l’on a publié là, le plus souvent grâce à des inédits, les plus grands noms de la littérature jeunesse, ceux qui seront les « classiques de demain », tels Roald Dahl (Le Livre de l’année), Leon Garfield, avec La Montre en or, Janni Howker dont on traduit Le Secret du jardin, Dick King-Smith qui peut manifester ses préférences pour son « animal favori » : le cochon. De lui, on publie généreusement As de Trèfle, le porcelet passionné de télévision, Cul Blanc, autre porcelet, à l’humour indispensable pour supporter d’être la mascotte d’un régiment. Le Nez de la Reine, Les Souris de Sansonnet et Les Longs museaux (des renards), montrent l’étendue de la palette animalière pleine de fantaisie d’un admirateur de Kipling et Beatrix Potter. C’est l’auteur le plus présent avec 8 volumes. Auteur déjà réputé en 1982 pour Cheval de guerre (War Horse, chez Heineman), Michael Morpurgo qui gratifie la collection de quatre récits (dont Le Roi Arthur) publie des romans parfois graves, tels le roman de guerre Anya, et l’épopée poétique, Le Roi de la forêt des brumes (1992), très bien illustrée par François Place. Il faudrait encore citer Janni Howker, Rosemary Sutcliff, Diana Wynne Jones, Elizabeth Laird…


Parmi les auteurs français, on remarque Marie Farré et ses récits Pourquoi pas Perle ? et Ne jouez pas sur mon piano !, Evelyne Brisou-Pellen (Le Fantôme de Maître Guillemin), Jean-Paul Nozière (Tu vaux mieux que mon frère), Daniel Pennac, dont on édite les quatre épisodes de Kamo, parfois sous d'autres titres que ceux de leur prépublication, Patrick Süskind et L’Histoire de Monsieur Sommer, Michel Tournier et La Couleuvrine moyenâgeuse, ces trois derniers auteurs ayant vu leurs récits respectifs, prépubliés dans la revue Je bouquine. Des talents nouveaux apparaissent : ceux de Bernardo Atxaga, dont l’ouvrage inttendu Mémoires d’une vache, de l’Anglaise Michelle Magorian dont on traduit les deux tomes de Bonne nuit, monsieur Tom, de Hugo Verlomme, un passionné de la mer, surfant sur les mots pour magnifier L’Homme des vagues. Ce qui fixe ces livres dans les mémoires, c’est, outre la saveur des récits, la qualité des illustrations, humoristiques ou réalistes, dues aux meilleurs crayons et pinceaux de la génération. Les Anglo-Saxons Quentin Blake, Anthony Browne voisinent avec les Français Roger Blachon (1941-2008), Serge Bloch, Jean-Philippe Chabot, Jean Claverie, Jean-Claude Götting, Miles Hyman, Claude Lapointe, Georges Lemoine, D. et C. Millet, François Place, Jame’s Prunier ou Jean-Jacques Sempé... On donne d’ailleurs la parole aux auteurs et illustrateurs à la fin de chaque volume.


Il est bien dommage que cette collection aussi séduisante que novatrice n'ait pas pu continuer d’exister telle quelle (elle n’a duré que de 1992 à 1996, lorsque 64 titres sont publiés, le n° 64 étant Monsieur Personne de Michael Morpurgo). Certes, les textes subsistent puisqu'ils ont en général été repris par la durable collection "Folio Junior", mais le concept bien que fortement novateur, dû au regretté Pierre Marchand (1939-2002), et les illustrations en couleur, auront malheureusement disparu. 




mardi 1 avril 2014

Livres et journaux pour la jeunesse dans L'EST MAGAZINE

Livres et publications pour la jeunesse : une page de L'EST MAGAZINE (supplément de "Vosges Matin" et de "L'Est Républicain") due à Laurence GILLOT que je remercie.



Le magazine est diffusé dans tout l'Est de la France (sauf en Alsace, je crois).
Le blog me donne l'occasion de lui assurer une plus large diffusion et de faire connaître ma tronche actuelle (c'est une photo prise par mon épouse Monique).