vendredi 26 octobre 2012

Les Crises de croissance de PILOTE dans LE ROCAMBOLE

Les crises de croissance de l’hebdomadaire Pilote (1959-1974)

Le journal Pilote présente sans doute la particularité unique d’avoir changé de lectorat, soit insensiblement, soit à travers des crises qui échappent le plus souvent à la perception du lecteur, pour passer en 15 ans des préadolescents aux adultes, en évoluant sans cesse au fur et à mesure que les premiers lecteurs avançaient en âge.

Tribulations préalables de quatre mousquetaires

Fin 1955-début 1956, René Goscinny, Albert Uderzo, Jean-Michel Charlier et Jean Hébrard (surnommé parfois « le quatrième mousquetaire »), fondent Edi-France/Edi-Presse (la 1ère pour la publicité, la seconde pour la presse. Ils participent à Pistolin, sorte de galop d’essai avant Pilote. Le projet d’un nouveau périodique est envisagé, en 1958, par François Clauteaux, Raymond Joly, Jean Hébrard, Jean-Michel Charlier, René Goscinny et Albert Uderzo.

Naissance du journal Pilote



Le 29 octobre 1959, à grand renfort de publicité, toutes les dix minutes, sur les ondes de Radio-Luxembourg, durant toute la journée, le premier numéro de Pilote sort en kiosque. Jean Hébrard est le directeur de la publication, François Clauteaux est rédacteur en chef, Raymond Joly, rédacteur en chef adjoint. Jean-Michel Charlier est directeur artistique et René Goscinny secrétaire de rédaction. Albert Uderzo est chargé des bandes dessinées, de la maquette. Pilote résulte donc de la triple association d’une radio et de ses représentants, d’un quatuor de personnes compétentes en matière de bandes dessinées et de deux imprimeurs provinciaux René Ribière et Charles Courtaud apportant des fonds. Au départ, Pilote est loin d’être un pur magazine de bande dessinée et son contenu n’a rien de révolutionnaire. Les bandes dessinées sont à 100 % francophones (beaucoup d’auteurs viennent de la bande dessinée belge).
C’est typiquement le journal des baby-boomers, nés entre 1945 et 1953 et c’est le magazine de la croissance économique des Trente Glorieuses.
Le rédactionnel est surtout assuré par les journalistes vedettes de Radio-Luxembourg : Lucien Barnier, Jean Carlier, Gilbert Cesbron et Lucien Combelle (signant Lucien François). Interviennent Pierre Bellemare, Jean-Paul Rouland, Jacques Bénétin, Brigitte Muel, André Bourrillon, François Clauteaux et son fils adoptif Rodolphe, vedette de la radio promu par Remo Forlani (co-auteur des aventures radiophoniques de Rodolphe), pour le shampoing Dop.

Après la première crise financière de 1960, une deuxième naissance

Piégé par les NMPP qui gardent les invendus avant de les rapporter en bloc et ont tendance à retarder leurs paiements, le journal est endetté. Courtaud et Ribière des Presses de Montluçon retirent leurs capitaux. Le journal est vendu pour 1 franc symbolique à Georges Dargaud, propriétaire de Pilote dès le n° 60. Goscinny est nommé directeur de la rédaction et Charlier devient directeur artistique.
Parce que la revue Hara-Kiri connaît une première « interdiction à l’affichage » en 1961, Cabu est embauché à Pilote par Goscinny dès 1962.

Le choix d’un public adolescent et le chant dangereux des sirènes « yé-yé »


Le magazine Salut les copains suscite des envies de copier une formule qui réussit et Marcel Bisiaux, rédacteur en chef en janvier 1962, veut adapter Pilote à la nouvelle mode en faisant intervenir vedettes de la chanson et animateurs proches de ce courant. C’est une lourde erreur car les lecteurs, dont on a sous-estimé le goût et l’intelligence, ne suivent absolument pas.

Fin 1963 : Troisième naissance d’un « vrai » journal de bandes dessinées, Goscinny et Charlier aux commandes

Fin 1963, Dargaud renvoie Bisiaux, menace de saborder Pilote et appelle Goscinny et Charlier pour sauver le journal. Ils deviennent corédacteurs en chef en septembre (Charlier jusqu’en octobre 1972). Pilote devient un véritable journal de bandes dessinées et fait appel à davantage d’auteurs de la bande dessinée française.
Bientôt, dans la grande presse, éclate le « phénomène Astérix ». Le premier satellite français est baptisé Astérix L’Express met en évidence Le Phénomène Astérix sur une de ses couvertures, un peu avant Le Nouveau Candide.

Le premier âge d’or de Pilote

En juin 1966, suite à l’intervention de Madame De Gaulle, le magazine satirique Hara-Kiri subit sa deuxième interdiction, laquelle va durer jusqu’en janvier 1967. Jean-Marc Reiser et Gébé, sans situation, s’adressent à Goscinny sur les conseils de Cabu. Gébé, alias Georges Blondeau, un des fondateurs de Hara-Kiri, lancé en septembre 1960, entre donc à Pilote en 1966. Reiser et Gébé écrivent d’abord des scénarios avant de pouvoir publier leurs propres créations dessinées.
Pilote entre dans son premier « âge d’or » en 1966.
A l’automne 1967, le rédacteur en chef René Goscinny devient directeur de Pilote à la place de Dargaud. Cette période éclectique est marquée par une intense créativité et une forte émulation et des personnalités très diverses s’affirment.

Les répercussions des événements de Mai 68 : la première rupture

Le journal Pilote, connaît une crise grave, consécutive aux événements de mai 1968. Entre fin mai et juin, victime des grèves d’imprimerie, le journal ne paraît pas. Pilote ne pouvait échapper à l’atmosphère de contestation généralisée.
Par un malheureux concours de circonstances, Goscinny, qui vient d'ailleurs d'être père et semble éloigné de l’état d’esprit ambiant, se retrouve dans un bistrot parisien face à une rédaction surexcitée et transformée en une sorte de tribunal.
Il éprouve l'impression de tomber dans un guet-apens. C’est d’autant plus injuste que Goscinny a toujours considéré les dessinateurs comme des auteurs à part entière. Il leur a mis le pied à l’étrier et leur a donné carte blanche.

Un « monstre tricéphale » et la naissance des pages d’actualité

Après des semaines qui apaisent les esprits et permettent aux « mutins » de faire amende honorable, Pilote devient une sorte de monstre administratif tricéphale. Gérard Pradal est plus spécialement chargé des plannings et des relations avec les auteurs, (qu'il ne craint pas de rabrouer) et Charlier est nommé rédacteur en chef littéraire. Il recevra les scénaristes tandis que Goscinny qui se charge plutôt de la partie graphique réunit son petit monde à qui il propose « un journal de type nouveau, avec prise directe sur la vie, réunions de rédaction, pages d'actualité, etc. ». Il s’agit de concevoir 4 ou 5 pages d’actualité traitées sous formes de gags plutôt visuels. C'est donc à partir de 1968 que, dans un journal « qui s'amuse à réfléchir », vont se développer davantage, car ils étaient déjà présents, les thèmes d'actualité traités par des équipes très diverses. Les satiristes professionnels et les humoristes se sentent plus à l’aise que d’autres auteurs.

Bande dessinée classique et dessin satirique peuvent-ils cohabiter ?

Une première coupure s’opère entre les représentants de la bande dessinée classique, humoristique et réaliste et les dessinateurs satiriques, surtout attirés par le traitement caricatural de l’actualité, tels les membres venus de Hara-Kiri. De plus en plus, nous sommes loin de l’illustré classique pour la jeunesse et Goscinny aide ainsi la bande dessinée à accéder à l’âge adulte.
De nouveaux talents, très divers tant sur le plan du style graphique que des idées, ne sont fédérés que par l’approbation d’un Goscinny, immense découvreur, qui regarde attentivement ce qu’ils font, encourage et conseille.
Il faut attendre l’émission radiophonique Le Feu de camp du dimanche matin diffusée sur Europe 1 en 1969, pour avoir l’impression plus ou moins juste de voir renaître la « joyeuse bande de copains ». Goscinny y retrouve alors Fred, Gébé et Gotlib mais l'émission est éphémère. En 1971, les dossiers thématiques prennent parfois la place des pages d’actualité.

1971 : Une crise qui met à jour des contenus antinomiques


Une polémique, grave de conséquences plus ou moins lointaines, a affecté le journal Pilote, mis en cause par un article du journal Le Monde et objet d'une attaque d'une grande virulence par Cavanna dans Charlie Hebdo.

« Bonne fête monsieur le président »

Le 22 avril 1971, pour le numéro 598, l'équipe a travaillé sur le thème de la Saint Georges. Elle fête le président Georges Pompidou à qui elle consacre huit pages d'illustrations, parfois caustiques, en tout cas dénuées de complaisance. Cet hommage mi-figue, mi-raisin est constitué de 18 portraits-charges étalés sur 3 pages en noir et blanc, d'un dessin montrant l'équipe de Pilote caricaturée et groupée autour du président photographié, de deux caricatures pleine page en couleur signées Ricord et Mulatier, plus huit caricatures plus ou moins grinçantes. Morschoine a droit à la 4e de couverture, ornée d'un portrait présidentiel pleine page, soit au total, « la bagatelle de vingt-neuf portraits » !

« M. Pompidou épaule Astérix »

Dans la rubrique « Politique », le 8 septembre 1971, on peut lire en haut de la page 6 du journal Le Monde, en gros caractères : « M. Pompidou épaule Astérix ». C'est par ce titre provocateur que le chef politique du quotidien parisien du soir commence un long article accusant Pilote, « le journal que l'on croyait destiné aux enfants », de « récupération », avant tout commerciale, de la politique. Pilote est qualifié, dans une réduction polémique et caricaturale, à n'être que « le journal aux vingt-neuf portraits présidentiels ».
L'accusation la plus percutante de M. Bergeroux consiste à dire que Pilote est coupable de « la "récupération" de la politique et de récupération commerciale avant tout ». Après avoir affirmé que « Reiser et Cabu donnent à Pilote ses dessins de noblesse du côté de la contestation et du non conformisme », Noël-Jean Bergeroux met le doigt avec lucidité sur la particularité d'un journal qui veut à la fois élargir son public tout en gardant « la clientèle des enfants » (le terme « adolescents » serait plus approprié).
Cette critique met en évidence la situation ambiguë et peu confortable d'un journal qui a peu à peu changé de tranche d’âge sinon de lectorat. Beaucoup de dessinateurs de Pilote, engagés dans « la recherche d'une nouvelle formule », à la lecture de la critique du Monde montrant un journal en porte-à-faux avec son public, voient s'accroître leur malaise. De fait, Pilote est un journal désormais bâtard.
La dernière charge de M. Bergeroux vaut d'être citée. Le magister écrit du haut de sa chaire : « Au demeurant, l'apport de ce journal à la presse dessinée et à l'humour n'est sans doute pas négligeable et sa tentative d'adéquation à une société - donc à une clientèle - en mutation, mérite d'être suivie avec curiosité. »

La riposte de Pilote orchestrée par Goscinny

Il était évident que la page polémique de M. Bergeroux ne pouvait laisser les auteurs de Pilote indifférents. Goscinny a réuni ses collaborateurs « aussi outrés que lui », assure-t-il, (mais on peut en douter), à qui il expose « les trois façons de réagir : ou bien on laissait tomber, ou bien j'écrivais une lettre d'engueulade au directeur du Monde ou bien on répondait dans le journal. Tout le monde a opté pour la troisième solution. » De toute façon, avec le recul, en répliquant dans les pages du journal, on peut dire que l'équipe de Pilote, (manifestement sous la pression insistante de son directeur), a fait le plus mauvais choix, la meilleure solution étant sans doute de ne rien faire. Pilote répond le 30 septembre, sous le titre « Editorial », composé avec les caractères de la manchette du Monde. Il publie huit pages de textes et de bandes dessinées sur les « récupérateurs », avec pour sous-titre principal : « Astérix épaule ses confrères ce qui n'est pas rien, vu le fric et les relations qu'il a. ».

Cavanna, « l'autre qu’on n’avait pas sonné ... »

Or l'affaire s'envenime le 11 octobre. « C'est à ce moment que l'autre que l'on n'avait pas sonné, y est allé à boulets rouges, par tous les moyens, y compris les plus bas en nous faisant incontestablement beaucoup de mal. » C'est ainsi que le directeur de Pilote parle de Cavanna, lequel dans Charlie Hebdo n° 47, intervient tardivement mais méchamment, en tout cas après la riposte du journal Pilote, ce qui est rarement rapporté dans la relation chronologique des faits.
Le directeur de Charlie-Hebdo s'étonnait d'abord qu' « un nommé Jean-Noël Bergeroux" (sic) "disait du bien de nous ». Or, « dans la page un peu plus loin, il parlait de "Pilote". Comme repoussoir. Mais si, voyons, "Pilote", vous savez bien : ce truc dans le genre "Pif le Chien" mais chef d'escadrille. Ce mal qu'il en dit ! Il a vraiment beaucoup de goût, Bergeroux. Il sait même reconnaître ce qui est caca. » Il fallait une étonnante mauvaise foi pour traiter ainsi un journal qui était à son apogée et apparaissait objectivement comme le meilleur journal de B.D. de tous les temps. Cet article au vitriol de Cavanna (où perce manifestement un sentiment très fort de jalousie) va contraindre certains dessinateurs à choisir leur camp. En fait, Cavanna envenime cette "querelle de boutique" pour faire revenir au bercail exclusif de Charlie-Hebdo, les transfuges Cabu et Reiser qu'il a embauchés le premier, dès 1960. Ils vont quitter définitivement Pilote en février et mars 1972 alors que Goscinny va croire qu'ils allaient rester. Gébé est déjà rentré depuis le mois de mai 1971. Des participations nouvelles donnent un nouveau ton au journal Pilote.
1972 : L’éclatement de l’équipe, parricide et nouvelles créations

Les conséquences de la polémique de 1971 ne s'arrêtent pas là. Des auteurs, fortes personnalités du journal, vont être troublés par ces petits événements. Pilote serait menacé par un risque d’implosion si un apport d’auteurs nouveaux et talentueux ne venaient pas contrecarrer cette situation critique. Parmi les auteurs perturbés, il y a Jean Giraud et Gotlib plutôt d'accord avec l'analyse de Noël-Jean Bergeroux. Nikita Mandrika a des relations de plus en plus tendues avec Goscinny et décide de fonder son propre journal. Brétecher ne tardera pas à entendre elle aussi le chant des sirènes rebelles ! Nikita Mandrika, rejoint par Gotlib (qui collabore déjà à Rock and Folk avec Hamster jovial) et Claire Bretécher, très liée aux deux autres « iconoclastes », fondent L’Echo des savanes, au contenu tout aussi scatologique que jubilatoire.

Grandeur et décadence d’un hebdomadaire en constante mutation


Pour Patrick Gaumer, dans « Les Années Pilote », l’année 1973 est une année transitoire, pleine de doutes et d’incertitudes. Il évoque « quelques crises de nerf, des portes claquées et autres disputes », en un mot, « un climat pesant ». Des séries disparaissent du journal : Astérix, Blueberry. Les aventures du cow-boy solitaire paraîtront dans son propre support, le mensuel Lucky Luke. Guy Vidal qui va distinguer une partie « variétés », une partie « magazine » et une partie « bande dessinée et illustration », remplace Gérard Pradal et, en novembre 1973, apparaît Le Nouveau Pilote.
En 1974, l’hebdomadaire qui va céder la place au mensuel, destiné aux adultes, « connaît des derniers soubresauts ». Une certaine originalité ne sauve pas l’hebdomadaire et Pilote mensuel, « journal à part entière de la presse adulte », naît en juin 1974. Racheté par le groupe Ampère alias Média Participations, il disparaîtra, sans surprise, en novembre 1989.
Goscinny, davantage intéressé par le cinéma, va s’éloigner de la direction de Pilote. Il la quitte officiellement en 1974. Charlier quitte aussi les éditions Dargaud en 1974. C’est aussi cette année-là qu’apparaît pour Goscinny une sorte de revanche puisque l’aventure d’Astérix, Le Cadeau de César, est prépubliée dans le journal Le Monde.


Bibliographie sommaire :
 
* Histoire du journal "Pilote" et des publications des Editions Dargaud / Henri FILIPPINI. - Grenoble : J. Glénat, 1977.141 p. 29 cm.

* Le Livre d'or du journal Pilote. (Pilote raconté par ceux qui l'ont fait) / Guy VIDAL, M. A. GUILLAUME, François GORIN. - Paris : Dargaud, 1980. - 144 p.

* Les années Pilote 1959-1989 / Patrick GAUMER. Préface de Guy Vidal. - Paris : Dargaud, 1996. 300 p.

Sur la crise de 1971-72 :
- Article de Noël-Jean BERGEROUX, paru  dans Le Monde du  08/09/1971 :
p. 6 : Politique : M. Pompidou épaule Astérix (sur 6 colonnes avec deux dessins parus, l'un dans Pilote, l'autre dans Charlie-Hebdo.
- Hebdomadaire Pilote n° 598 du 22/04/1971. ("Bonne fête Monsieur le Président" : pp. 12-18 + p. 60. (ou reliure Pilote n° 56 : n° 593-602).
- Hebdomadaire Pilote n° 622 du 07/10/1971 : Editorial : Astérix épaule ses confrères ce qui n'est pas rien, vu le fric et les relations qu'il a. [En réponse à l'article de Noël-Jean Bergeroux, publié par Le Monde, le 08/09/1971.] pp. 3-10. (ou reliure "Pilote" n° 58 : n° 613-624).
* Quand « Pilote s’amusait à réfléchir Eric Aeschmann Quotidien  Libération du 29/10/2009.


(Reprise en octobre 2012 d'un sujet disparu du blog)

Il s'agit d'un résumé de l'article paru dans la revue Le Rocambole N° 52/53 (Automne-Hiver 2010), sous le titre : Les Crises de croissance de l'hebdomadaire Pilote (1959-1974) pp. 245-290.

mardi 23 octobre 2012

Georges Chaulet, Fantômette, Les Quatre As... et les autres


Georges Chaulet, Fantômette, Les 4 As, Melle Etincelle, Inspecteur Gadget et les autres…


Décédé à l'âge de 81 ans le 13 octobre 2012, Georges Chaulet est surtout connu pour être le père de la célèbre série « Fantômette », forte de 53 titres, vendue à 15 millions d’exemplaires (sans doute bien davantage, peut-être 30 millions!) et traduite dans de nombreuses langues.
C’est en 1961 qu’on remarque, d’abord dans la « Nouvelle collection Ségur » puis dans la « Bibliothèque rose », l'apparition d'une « mystérieuse justicière » à la poursuite de malfaiteurs dans Les Exploits de Fantômette. C'est le premier épisode de la longue série de Georges Chaulet, toujours éditée.
Âgée d’une douzaine d’années, la jeune aventurière et justicière, héritière inoffensive du Fantômas de Marcel Allain et Pierre Souvestre, est vêtue d’un justaucorps jaune et masquée d’un loup de velours en hiver et de soie, l’été. Couverte d’une cape de soie noire, intérieurement rouge et fixée par une agrafe en forme de F, elle combat le crime durant la nuit, déjouant des attentats et luttant même contre la mafia. Si la fillette d’une douzaine d’années mène de véritables enquêtes policières et combat le mal (parfois incarné par le Masque d’argent), au grand dam du commissaire Maigrelet, ses aventures font souvent rire les jeunes lectrices. Ecolière studieuse le jour, la jeune brunette aux cheveux bouclés et aux yeux malicieux n’avoue ni aux habitants de la bourgade de Framboisy, ni à ses meilleures amies, comme la distraite Ficelle et la gourmande Boulotte, qu’elle est Fantômette. Son langage est si châtié que son juron le plus hardi est « Mille pompons » mais elle hérite du goût de son auteur pour les bons mots et calembours ! On n’imagine pas aujourd’hui combien le port du masque pouvait paraître hardi.
Dans l’ouvrage d’Armelle Leroy et Laurent Chaulet : Le Club des Cinq, Fantômette, Oui-Oui et les autres… (Hors collection, 2005), Georges Chaulet fait cette confidence éclairante : « Louis Mirman qui dirige les Bibliothèques Rose et Verte accepte de publier les aventures de Fantômette à condition qu’elles ne contiennent ni politique, ni religion, sexe ou jurons. »   
Ce qui n’aurait pas été possible dix ans plus tôt a sans doute bénéficié des passages à la télévision du feuilleton Zorro, un personnage masqué lui aussi mais aseptisé par les studios Disney (le journal éponyme avait dû cesser sa parution en France en 1953). La drôlerie du personnage, la vivacité du récit, la bonne humeur constante de l’héroïne qui bénéficie d’une double vie, le refus de faire peur et l’absence de leçons moralisatrices, tous ces atouts ont aussi facilité son adoption. Ce qui pourrait être dramatique tourne bien vite en farce. Georges Chaulet fait bénéficier son héroïne toujours active et autonome, voire féministe et qui ne vieillit jamais, des nouveautés technologiques, de telle sorte qu’elle n’est jamais démodée.   
La télévision (pour une série de 21 épisodes en 1992-1993) et l’animation (26 épisodes en 2000) se sont emparées du personnage de Fantômette en le popularisant encore davantage. Notons que Georges Chaulet, en 2000, rééditait Mission impossible pour Fantômette de 1982  et, dans « Les Classiques de la Rose », reparaissaient Fantômette et la maison hantée et Fantômette contre le hibou. Et l’on saluait, avec constance, en 2006 Le Retour de Fantômette.

Il y eut encore en 2007, Fantômette a la main verte, en 2009, Fantômette et le Magicien et enfin, en 2011, Les Secrets de Fantômette, un ouvrage qui inclut le roman Fantômette amoureuse (53e épisode).

Les autres ouvrages pour la jeunesse de Georges Chaulet

Mais il est parfaitement injuste de limiter l’œuvre de Georges Chaulet à la création de Fantômette.    
Comme nous pensons l’avoir montré dans Histoire du polar jeunesse, Georges Chaulet a beaucoup apporté au roman policier pour la jeunesse
Après des années d’études aux Beaux-Arts, un  service militaire éprouvant en Allemagne (il se réfugie alors dans l’écriture) et la torréfaction du café dans la magasin de ses parents à Antony,  Georges Chaulet a déjà écrit Le Fantôme de Campaville, récit policier publié chez Casterman en 1957, dans lequel le jardinier Justin effraie la tante Aglaé pour la chasser de la maison sous laquelle se dissimule une distillerie clandestine. De hardis garçons et une audacieuse fillette démasquent les coupables, cueillis par la police.
Aux Éditions belges Casterman, la collection « Le Rameau vert » publie aussi en romans, dès 1957, les premières aventures des Quatre As, les jeunes enquêteurs de Georges Chaulet, illustrées par François Craenhals, bien avant leur adaptation en bandes dessinées, dans les années 60. Le duo Craenhals-Chaulet adoptera d’abord le pseudonyme de François-Georges.
Les Quatre As sont constitués par trois garçons et une fille. Doct, l’intellectuel pédant de la bande, cite à tout propos les auteurs grecs et latins. Lastic, plutôt loustic, échange souvent d’amicales (et correctes) injures avec Dina la coquette, tandis que Bouffi, le bien nommé, tire de ses poches les nourritures les plus variées. Tous les épisodes ne semblent pas policiers et les aventures sont plutôt farfelues. Par exemple, le récit Les Quatre As font du cinéma  (« Le Rameau vert » », 1958) est centré sur le scénario, le tournage d’un film et sa projection au festival d’amateurs de Nice. C’est seulement à partir de 1964, avec Les Quatre As et le Serpent de mer, que commencent à paraître en bandes dessinées, chez Casterman, les albums de la série scénarisés par Georges Chaulet et dessinés par François Craenhals.    
La collection « Relais » de Casterman continue de publier en romans la série Les Quatre As de Georges Chaulet, devenue une série de bandes dessinées en 1964, grâce à François Craenhals, avec Les Quatre As et le serpent de mer et Les Quatre As et l’aéroglisseur. La bande de Lastic, le chef, Doc le cérébral, Dina, seule fille de l’équipe, Bouffi le gourmand bien nommé, sans oublier le chien Oscar, élucide des affaires pleines d’ombre et de mystères au risque d’affronter parfois de redoutables malfaiteurs, heureusement pas très malins. Dans Les Quatre As au collège (1961), il s’agit de découvrir l’auteur de larcins hétéroclites (cloche, marmite, poils de chat !) et ses motivations. Gags tempérés et situations moins extravagantes qu’à l’habitude donnent un ton comique mesuré à cette mince intrigue policière. 
Participant aux aventures parodiques (animées à la télévision par Jean Chalopin) de l’Inspecteur Gadget (à partie de 1984), baptisé ironiquement « prince des inspecteurs, fine fleur de la police, crème des détectives », Georges Chaulet est aussi l’auteur de la courte série romanesque plutôt humoristique, voire extravagante et bouffonne : Les Enquêtes de Mademoiselle Étincelle. La jeune fille pleine d’astuces, reporter de son état, est souvent accompagnée dans ses aventures par Biceps, évidemment gros et fort et par le maladroit Clovis. Dans Mlle Étincelle et l’usurpateur, par exemple, alors que le trio est en reportage pour le couronnement du régent de Monte Santo, la princesse Élisabeth, héritière légitime du trône est enlevée. Le coupable n’est autre que le régent usurpateur et, au terme de péripéties burlesques faisant intervenir efficacement les héros, le régent renonce au pouvoir. Toujours  accompagnée de deux garçons « hurluberlus » (l’un est très étourdi, l’autre est affligé de la maladie du sommeil), la détective revient dans Mlle Étincelle et l’alchimiste (« Relais-Etincelle », 1961) ? Cet alchimiste est, en fait, un escroc qui s’est emparé de plusieurs kilos d’or en bernant un public naïf. Le récit policier extravagant tourne vire à la parodie. 
Chaulet publie en outre dans la collection « Idéal Bibliothèque », en 1966, Le Bathyscaphe d’or riche en aventures et mystères et au dénouement imprévu. Le jeune mécanicien Pépito, désireux de devenir journaliste jette son dévolu sur un bathyscaphe de la marine française, arrivé dans le port espagnol de Santander. Or, l’engin disparaît et Pépito, après mille péripéties dangereuses, parvient à le retrouver et à faire arrêter une bande d’escrocs.
Outre « L’Inspecteur Gadget », il conviendrait de citer, les séries : « Les 3 D » (dès 1963), « Béatrice » (à partir de 1965), « Le Petit Lion » (1968), « Le Prince charmant » (à partir de 1981), « Le Trésor… » (1989).             

vendredi 19 octobre 2012

Cercle des collections disparues du rayon jeunesse Récapitulatif



Le Cercle des collections jeunesse disparues : récapitulatif chronologique

Pour ceux qui pensent qu’un peu de clarté pourrait rendre ce blog plus « lisible » et plus utile, voici un premier récapitulatif chronologique des collections jeunesse disparues, présentées du mois de janvier 2010 au mois d’octobre 2012.


- Collection "Contes et romans pour tous" (Larousse, 1928-1936) : 21 février 2010

- Collection "Aventures et voyages" (Nathan, 1929-1948) :
20 février 2010

- Collection "Plein Vent" : pour les adolescents, à partir de 1966 : 4 février 2010

- Collection "Bibliothèque Internationale", : une référence (1966-67) : 5 février 2010

- Collection "Olympic", une collection de qualité étrangement ignorée (1967) : fin janvier (1) et début février (2) 2010

- Collection "Jeunesse poche" (Hatier-G.T. Rageot) : Une des premières collections de « poche » : 16 février 2010

- Collection "Travelling" (Duculot, 1972) ouverte sur le monde actuel des « ados » : 13 février 2010

- Collection "Les Chemins de l'Amitié" (Editions de l’Amitié), pour les nouveaux adolescents dans un monde contesté et en mouvement (1973) : 12 février 2010

- Collection "Grand Angle" (G.P.), pour des adolescents préoccupés par leur époque (1974) : 11 février 2010

- Collection "Aux quatre coins du temps" (Bordas, 1978) : collection de poche multigenre à deux niveaux : 15 février 2010

- Collection "Les Fantastiques" (Magnard) (1996-2003) : 19 février 2010

- Collection « Jean-François » (Fleurus/Gautier-Languereau) (3 parties) : 24 février 2010

- Collection « Maïa » (Stock) à partir de 1926 : 27 février 2010

- Collection « Sciences et Aventures » (Magnard) : 23 avril 2010

- Collection « Caravelles » (Fleurus)  : 27 avril 2010

- Collections des éditions Artima : 27 avril 2010

- Collection des romans « Coq Hardi » : 27 avril 2010

- Collection « Travelling sur le futur » (Duculot) : 8 mai 2010

- Collection « L’Âge des étoiles » (Robert Laffont) : 8 mai 2010

- Collection « Folio Junior Science Fiction » (Gallimard jeunesse) : 14 mai 2010

- Collection « Plein Vent » (Robert Laffont)  1 : 4 février 2010, 2 : 3 février 2010 
                                                                                3 : 21 mai 2010          
- Collection  « Fantasia » (Magnard)
1 : 08/07/2012, 2 : 09/07/2012, 3 : 09/07/2012, 4 : 11/07/2012
5 : 12/07/2012, 6 : 13/07/2012, 7 : 15/07/2012, 8 : 15/07/2012
 

- Collection «  Heures joyeuses » Amitié-G.T. Rageot
3 parties : 10 août 20112

- Collection « Bibliothèque de l’Amitié » à partir de 1959 (Editions de l’Amitié- G.T. Rageot)
(6 parties)
1 : 30/08/2012, 2 : 30/08/2012, 3 : 31/08/2012, 4 : 31/08/2012
5 : 31/08/2012, 6 : 03/09/2012

- Collection  « Spirale » (1959-1980) (4 parties)
1 : 03/10/2012, 2 : 07/10/2012, 3 : 11/10/2012, 4 : 04/1011/2012

dimanche 14 octobre 2012

Collection "Spirale" (G.P. Rouge & Or) 4e partie


Collection "Spirale" (G.P. Rouge & Or, 1959-1980) : des thèmes et des lieux fort divers (4e partie)

Les éditions G.P. (alias La Générale Publicité), dirigées par Victor Dancette (1900-1975) et qui sont absorbées par les Presses de la Cité en 1961, sont surtout connues sous l’appellation « G.P. Rouge et Or ». Après avoir donné naissance à la collection « Dauphine » en 1957, elles créent en 1959 la collection "Spirale", peu coûteuse et proposée aux lecteurs et lectrices, du CM 1 à la classe de troisième.
De sa naissance à 1980, la collection va publier plus de 300 titres en mêlant des romans autonomes et des volumes de séries. Plusieurs générations d’auteurs fort différents vont y cohabiter, de Marie-Antoinette de Miollis, Léonce Bourliaguet et René Guillot à  Monique Ponty, Pierre Pelot et Christian Grenier (tous deux nés en 1945).
Robuste, solidement reliée, avec sa couverture « plastifiée lavable » et ses cahiers « cousus au fil de lin », elle est de format 17 cm sur 12,5. Chaque volume comporte 20 illustrations en couleurs et 30 illustrations en noir et blanc.


Visant en fait les garçons et filles de 10 à 15 ans (alors que la collection « Dauphine » s’adresse plutôt aux 6 à 10 ans), elle décline peu à peu les séries, en particulier policières, les classiques, les romans d'aventures abordant parfois le récit maritime ou exotique, le western et la science-fiction, et les romans historiques. On peut aussi y remarquer des romans originaux et inclassables.
Les illustrateurs et illustratrices sont fort nombreux. Citons seulement 15 noms : Henri Dimpre (8 titres), Raoul Auger (10 titres), Jacques Pecnard (18 titres), Jean Reschofsky (10 titres), Daniel Dupuy, Vanni Tealdi (40 titres illustrés), Pierre Le Guen, Françoise Bertier, Michel Gourlier (bien connu des lecteurs de « Signe de piste », 21 titres), Gilles Valdès, Monique Gorde, Jean Retailleau, René Péron, Daniel Billon (19 titres, de 1972 à 1978), Jacqueline Verly…
  
                        « Spirale » et des destins de « petites filles » et de petits garçons
                       

      Qu’une collection pour la jeunesse privilégie parfois des histoires mettant en scène des garçons et des filles au parcours inhabituel, rien d’étonnant à cela. Cependant ce genre de récit est particulièrement favorisé.       
On cherche à émouvoir avec les histoires de La Petite fille à la roulotte (la petite bohémienne contrainte de partir après l’incendie de la roulotte familiale) de Rumer Godden, de L’Enfant blond du Grand Nord d’Edith Grotkop. (Un enfant de 4 ans est confié par des marins norvégiens à une vieille femme esquimaude). Ou encore de La Petite fille d’ailleurs de Hertha Von Gerhardt. (Qui est cette fillette assise sous la lanterne de la rue et qui excite l’imagination des passants ?).


Le récit suscite aussi l’intérêt lorsque le titre commence (ou est constitué) par un prénom. Parmi les multiples exemples, citons Marika d’Anne Pierjean, Juliane de Luise Rinser, Maya aux yeux bleus d’Aimée Sommerfelt, Emmanuel et Mario le fils du vent de Renée Manière, Tim le jockey de May d’Alençon. Autre titre frappant : Rébecca du ruisseau ensoleillé (1960) de Kate (Douglas) Wiggin (surtout connue pour Les Locataires de la maison jaune publié déjà chez Hachette en 1930). Ecoute, petit loup… déclare Maurice Vauthier mais c’est pour introduire une série d’histoires entraînant le lecteur de Russie jusqu’en Chine.
Dans les traductions des récits de Mabel Esther Allan, on associe habilement prénom et pays, dans Luce en Bavière, Nicole à New-York et Lise en Italie. Si Pia et la petite Lapone est une traduction, en revanche, Le Secret de Marie-Louisa de Renée Manière, Emmanuelle s’en va-t-en guerre de Sylvette Brisson, Annick et son corsaire et Marie-Luce infirmière sont bien des titres français.

   Des auteurs féminins français


Deux générations d’auteurs féminins cohabitent ou se succèdent dans la collection « Spirale » mais certaines écrivaines sont déjà âgées quand elles sont publiées dans la collection « Spirale ». &
Dans la première décennie, on édite des auteurs connus chez les éditeurs catholiques, comme Yvonne Girault (1894-1984, qui transforme La Horde, un récit publié chez Fleurus, en Fils des steppes)), Marie-Antoinette de Miollis (1894-1971,Fille de pilote), Jacqueline Verly (1901-1992)  et Henriette Robitaillie (1909-1992, Ma maison perdue), ou déjà reconnus dans les années 60, comme May d'Alençon (Tim, le jockey, Annick et son corsaire), Renée Aurembou (1908-2006, Bravo, monsieur la grenouille !, un roman contre l’alcoolisme), Eve Dessarre (née en 1918), L. N. Lavolle (née en 1914 et dont Les Baladins d’Anatolie évoluent en Turquie). La grande voyageuse Jacqueline Cervon (née en 1924) situe aussi en Turquie Les Pigeons d’Ürgüp. Eve Dessarre (née en 1918) envoie Esther dans un kibboutz où elle espère retrouver la trace de son cousin Benny dans Le Jardin dans le désert.
Citons encore Hélène Vallée (Le Réveil de l’Inca), Renée Manière (Emmanuel), Monique Ponty (née en 1932, L’Affaire des gitanes),  Marcelle Manceau (Le Mas Tortebesse)  et Hélène Ray (Le Cousin de Gondolin).
On remarque Anne Pierjean (1921-2003) pour Marika et La Demoiselle de Blachaux en 1972, Des ennuis, Julien ? en 1974, et Jacqueline Verly (illustrant souvent ses propres romans)  situant l’action de Tempête sur les huttes (1971) en 1844, aux limites de l’Alsace (à Wildenstein), et des Hautes Vosges (à La Bresse).


Parmi les succès, on relève, illustré par Daniel Dupuy, Adieu mes Quinze ans (1960) de Claude Campagne (Jean-Louis et Brigitte Dubreuil), avec un tirage de 650 000 exemplaires dont 460 000 vendus en France, après son adaptation à la télévision, en 1971. L'adaptation réalisée par Claude de Givray comportait 19 épisodes de 13 minutes diffusés à partir du 4 ami 1971 sur la 1ère chaîne. (Sur Claude Campagne, lire l’excellent article de François Marcoin : Claude Campagne entre mémoire et amnésie, pp. 55-75, dans le n° 21 des Cahiers Robinson, publié en 2007.)
Il n’est pas inintéressant de savoir que Marie-Dominique Poinsenet, l’auteur de Une étoile au fond du gouffre s’appelait aussi Sœur Marie-de-la-Nativité.  
 On pourrait croire que éditions G.P. se sont (déjà) rendu compte que les filles étaient meilleures lectrices que les garçons et qu’elles leur fournissaient donc davantage de récits qu’aux garçons (au risque de leur fournir parfois quelques mièvreries sentimentales).

         Des romans incontournables, au genre identifié ou  inclassables


En fait, les auteurs masculins français, depuis les récits anciens de Vercors (Contes des cataplasmes), Charles Vildrac (Du cran Milot !) et Léonce Bourliaguet (On tourne au village), sont aussi bien représentés. Ils le sont dans les différents genres : Pierre Lamblin, Pierre Castex et Louis C. Thomas pour le policier, William Camus, Christian Grenier et Pierre Pelot pour la science-fiction, Bernard Pierre (Victoire sur les Andes) et Jean-Francois Pays (La Montagne interdite) pour le roman de montagne, le roman maritime avec Jean Ollivier et Yvon Mauffret, le roman historique avec Jean-Côme Noguès (Le Faucon déniché) et Jean Riverain.
Jean Cernaut dans Le Grand roux exprime une difficile amitié et le refus de se voir imposer une frontière et on permet à René Guillot d’exprimer son amour de l’Afrique dans Traqué dans la brousse. On doit à Marcel Jullian, Jean Maridor, chasseur de V1 et à Gil Lacq, Le Roi sans mémoire
   Certains récits inclassables et divers doivent aussi retenir l’attention, comme Au-delà du fleuve de Juri Korinetz, Prisonniers de la jungle d’Arthur Catherall, Opération Sippacik de Rumer Godden (dans un  village chypriote en guerre), Autobus tout confort de Rosemary Weir ou L’Île lointaine de Luciana Martini…  
On le voit, même si la collection « Spirale », populaire par son prix, n’a pas le prestige de la collection « Rouge et Or Souveraine », elle mérite d’être regardée de près pour éviter les jugements simplistes, forgés à partir de trop peu d’exemples.

                                    

jeudi 11 octobre 2012

Collection "Spirale" (G.P. Rouge & Or) : une collection multigenre (3e partie)


Collection "Spirale" (G.P. Rouge & Or, 1959-1980) : une collection multigenre (3e partie)

Les éditions G.P. (alias La Générale Publicité), dirigées par Victor Dancette (1900-1975) et qui sont absorbées par les Presses de la Cité en 1961, sont surtout connues sous l’appellation « G.P. Rouge et Or ». Après leur essor initial assuré, selon l’historien Gilles Ragache, « par des commandes de Vichy », on se souvient qu’elles ont créé les fameuses collections « Bibliothèque Rouge et Or » et « Bibliothèque Rouge et Bleue ». Après avoir donné naissance à la collection « Dauphine » en 1957, elles créent en 1959 la collection "Spirale", peu coûteuse et proposée aux lecteurs et lectrices, du CM 1 à la classe de troisième.
De sa naissance à 1980, la collection va publier plus de 300 titres en mêlant des romans autonomes et des volumes de séries. Plusieurs générations d’auteurs fort différents vont y cohabiter, de Marie-Antoinette de Miollis, Léonce Bourliaguet et René Guillot à  Monique Ponty, Pierre Pelot et Christian Grenier.
Robuste, solidement reliée, avec sa couverture « plastifiée lavable » et ses cahiers « cousus au fil de lin », elle est de format 17 cm sur 12,5. Chaque volume comporte 20 illustrations en couleurs et 30 illustrations en noir et blanc. La collection concurrence visiblement la « Bibliothèque verte » (mais elle ne dispose pas du gigantesque réseau de distribution des éditions Hachette) et les collections jeunesse de Marabout : « Marabout Junior » et « Marabout Mademoiselle ». 
Visant en fait les garçons et filles de 10 à 15 ans (alors que la collection « Dauphine » s’adresse plutôt aux 6 à 10 ans), elle décline peu à peu les séries, en particulier policières, les classiques, les romans d'aventures abordant parfois le récit maritime ou exotique, le western et la science-fiction, et les romans historiques. On peut aussi y remarquer des romans originaux et inclassables.


« Spirale » et les récits conjecturaux

La collection "Spirale", sans doute encouragée dans ses nouveaux choix par le coup de boutoir de mai 68, a décidé à la fois de s'ouvrir à des genres auparavant considérés comme illégitimes, comme le roman policier et la science-fiction en publiant des auteurs-clés de la décennie 1971-1980.
Dans le domaine des récits conjecturaux, on relève des ouvrages précurseurs, tel L’Homme à l’oreille cassée d’Edmond About qui annonce Hibernatus (un colonel d’Empire endormi par le gel en 1813 est ressuscité 46 ans plus tard) et les deux ouvrages d’anticipation « classiques » de Jules Verne : De la terre à la lune et Autour de la lune. On remarquera davantage, outre Kor et ses chiens loups de Robert-James Green (au coeur de la Préhistoire, un garçon s'aventure hors de sa tribu et s'enrichit du savoir des tribus rencontrées), des  ouvrages dus à des auteurs contemporains. Paraissent ainsi Les Enfants immortels au temps barbares (1977) de Pierre Debresse (en l’an 2102, de jeunes voyageurs temporels interviennent dans la passé), Le Pays des rivières sans nom (1973) de Pierre Pelot (le chasseur solitaire et sauvage Manoudh sauve une enfant fragile d’un monde hyper civilisé venu détruire son univers) et Les Fleurs de l’espace (1976) de Christian Grenier (Mathias et Lydia, voyageant en « magniscope », ont rapporté de la planète Riar l’animal fantastique Pourlou mais aussi des graines de fleurs indestructibles…). William Camus propose deux récits de science-fiction : en 1977, Un bonheur électronique (en l’an 20 000, le robot UE, chargé d’assurer la survie de l’espèce humaine qui a accumulé les cataclysmes, exerce sa tyrannie…) et, en 1978, Une drôle de planète (deux extra-terrestres débarquent en catastrophe sur la terre)


« Spirale » et le récit policier

Petit à petit, la collection « Spirale » s’enrichit de romans policiers, soit autonomes, soit développés dans des séries. Ce qui compte encore à l’époque pour les prescripteurs adultes, c’est que l’on n’y rencontre ni colts, ni vulgarité.
La série phare du genre, c’est Jacques Rogy, journaliste détective de Pierre Lamblin. Doué, désinvolte, téméraire, le brillant reporter l’emporte toujours sur les bandits. Le personnage est souvent illustré par Françoise Bertier ou par Vanni Téaldi. La série débute avec Jacques Rogy entre en scène (Trois garçons mènent l’enquête, en 1960). Le premier épisode, illustré par Françoise Bertier, montre comment le journaliste du Grand Echo, aidé par les gamins du village de La Bégule, va résoudre une affaire de tableaux volés. Certains titres sont révélateurs des activités du personnage (qui n’est pas sans faire penser quelquefois au héros aventurier Bob Morane d’Henri Vernes, voire aux films joués par Eddie Constantine), comme Jacques Rogy enquête sous les eaux (1962), Jacques Rogy traque l’espion (1965), Jacques Rogy devient agent secret, jusqu’à Jacques Rogy réussit un fameux coup de filet (1976).
 Jacques Rogy enquête sous les eaux évoque l’engloutissement sous les eaux du village de Savines, lors de la construction du barrage de Serre-Ponçon.
Avec Lucienne Pujol, Lamblin écrit aussi la série Les Jum’s (ce sont les deux frères jumeaux Didier et Philippe) et il a publié un épisode de la série Max (Max lève l’ancre).
Autre série forte de 15 titres, Shirley dont les épisodes sont écrits par Edward Home-Gall. L’intrigue est parfois bien naïve et invraisemblable mais les lectrices et même certains lecteurs se passionnent pour les aventures de cette hôtesse de l’air courageuse et généreuse, qu’on la rencontre dans Shirley et le mystère des lingots d’or (1967), ou dans Shirley et l’affaire du diamant.
Tous les épisodes des aventures de l’aviateur  Biggles ne sont pas des polars mais il faut néanmoins citer ici la série du Captain W.E. Johns. Knud Meister et Carlo Andersen lancent leur jeune détective Yann et son inséparable ami Erling dans des enquêtes diverses et intrigantes, depuis Yann détective en 1973. Max Artis n’a eu que deux occasions de mettre en valeur son héros, Le Toucan, en quête du trésor des samouraï ou parti pour Sumatra, en 1976 et 1977.
On peut rattacher au genre Les Pirates de l’uranium (1960) de Pierre Castex. Le jeune Parisien Nic, en vacances à Banyuls, et son nouvel ami Tirepoux, aident un groupe de garçons du pays dans la découverte d’un nid de contrebandiers. Un autre récit de Pierre Castex, Le Rallye fantastique est un roman sportif à intrigue policière.  
Autre récit autonome de L.N. Lavolle (alias Hélène Chaulet), Menaces sur l’inventeur qui fait intervenir un spécialiste du contre-espionnage et ses deux assistantes judokas. C’est une chance de pouvoir lire en 1962, dans la collection, L’Etrange invitation de Louis C. Thomas (alias Louis Thomas Cervoni, 1921-2003). Serge qui a répondu à une invitation de son oncle se retrouve seul dans une propriété inconnue.
C’est d’un autre niveau que Catherine à la rescousse (laquelle Catherine vole au secours de sa grand-mère qui s’est fait voler ses économies), un récit de Marie-Louise Fischer !


« Spirale » et les récits inspirés par le monde maritime


Comme il est souvent de tradition à l’époque, les récits inspirés par le monde maritime ne sont pas rares. Outre (on l’a vu), Gilliatt le malin de Hugo, Les Voyages du Capitaine Corcoran d’Assolant, L’Île au trésor de Stevenson, on réédite La Roche aux mouettes de Jules Sandeau, Le Voyage d’Edgar d’Edouard Peisson. On fait appel à des auteurs français contemporains pour publier L’Aventure est sous la mer de Gilles Saint-Cérère (des lycéens et lycéennes de Dakar veulent découvrir le secret de « La Belle-au-Roy », une frégate de la flibuste engloutie), La Fringante du comédien-auteur Philippe Avron, La Belle-Amarante, l’histoire d’une goélette, et Souviens-toi Jonathan (autour de l’épave dune goélette engloutie) d’Yvan Mauffret et Le Naufragé du Nelson de Zoé Petit. Parmi les traductions, on remarque Le Petit garçon dans l’île de Théodore Taylor (la robinsonnade sur une île des Caraïbes d’un enfant de 11 ans et du Noir Timothée), La Croisière du Sans-Souci d’Ursula Moray Williams et Aventures aux Caraïbes de Viola Bayley. Il faudrait encore citer Femmes de la mer (1959) d’Anne de Tourville, Le Chant du Pacifique (1960) de William Willis (en 1954, l'auteur parti de Callao au Pérou sur un radeau de balsa  a abordé 114 jours plus tard aux Samoa). Ajoutons Le Chevalier de Sartigues (1962) d"Hélène Hilpert qui évoque l'Ecole des Gardes de la Marine royale à Toulon. Palamède des Sartigues, envoyé là par son père pour punir son esprit rebelle, s'adapte à la rude discipline tant il aime la mer.    
  
« Spirale » et le monde animalier


Le monde animalier inspire aussi directement ou indirectement plusieurs ouvrages. C’est évident pour Nicky, mon ami, le célèbre blaireau de Molly Burkett (à qui l’on doit aussi Trois joyeux petits renards), Rollo, cerf d’Ecosse de Joseph F. Chipperfield ou Les Surprenantes aventures de Pepsy le chat de Jane Slaughter. Si Alan C. Jenkins rend hommage Au royaume des éléphants, en revanche, Colin Day ne semble guère s’émouvoir du massacre des pachydermes dans Chasseurs d’ivoire. Thomas Mayne-Reid évoquait dans une période bien antérieure Les Chasseurs d’ours. Des animaux plus proches de nous apparaissent dans Le Petit Gitan, son âne et la grande ville de Geneviève Laporte et dans Martine et Tell le débrouillard d’Edith Grotkop. Il conviendrait d’ajouter l’ouvrage souvent traduit de Paul Gallico : L’Oie des neiges.     

dimanche 7 octobre 2012

"Spirale" (G.P. Rouge & Or) : Romans historiques et séries (2e partie)


Chez G.P., "Spirale" (1959-1980) : une collection solide, économique et multigenre (2e partie)

Les éditions G.P. (alias La Générale Publicité), dirigées par Victor Dancette (1900-1975) et qui sont absorbées par les Presses de la Cité en 1961, sont surtout connues sous l’appellation « G.P. Rouge et Or ». Après leur essor initial assuré, selon l’historien Gilles Ragache, « par des commandes de Vichy », on se souvient qu’elles ont créé les fameuses collections « Bibliothèque Rouge et Or » et « Bibliothèque Rouge et Bleue ». Après avoir donné naissance à la collection « Dauphine » en 1957, elles créent en 1959 la collection "Spirale", peu coûteuse et proposée aux lecteurs et lectrices, du CM 1 à la classe de troisième.
De sa naissance à 1980, la collection va publier plus de 300 titres en mêlant des romans autonomes et des volumes de séries. Plusieurs générations d’auteurs fort différents vont y cohabiter, de Marie-Antoinette de Miollis, Léonce Bourliaguet et René Guillot à  Monique Ponty, Pierre Pelot et Christian Grenier.
Robuste, solidement reliée, avec sa couverture « plastifiée lavable » et ses cahiers « cousus au fil de lin », elle est de format 17 cm sur 12,5. Chaque volume comporte 20 illustrations en couleurs et 30 illustrations en noir et blanc. La collection concurrence visiblement la « Bibliothèque verte » (mais elle ne dispose pas du gigantesque réseau de distribution des éditions Hachette) et les collections jeunesse de Marabout : « Marabout Junior » et « Marabout Mademoiselle ». 
Visant en fait les garçons et filles de 10 à 15 ans (alors que la collection « Dauphine » s’adresse plutôt aux 6 à 10 ans), elle décline peu à peu les séries, en particulier policières, les classiques, les romans d'aventures abordant parfois le récit maritime ou exotique, le western et la science-fiction, et les romans historiques. On peut aussi y remarquer des romans originaux et inclassables.
Si les auteurs français, classiques ou contemporains, sont fort nombreux, on note pourtant de nombreux titres traduits de l’anglais et de l’américain (plus de 60). Plus de 20 titres sont traduits du danois, une dizaine de l’allemand. Plus rares sont les traductions du russe, du norvégien, de l’italien et du suédois…

Personnages historiques ou hors du commun


L’éditeur a vite compris que les lecteurs sont alors friands de héros et de personnages exceptionnels, voire mythiques. Des personnages historiques apparaissent, tels Roland, le chevalier plus fier que le lion (un des rares ouvrages pour la jeunesse de René Barjavel), Bayard, fleur de la chevalerie et Richard, le roi au cœur de lion, deux récits d’Yvonne Girault. Le passionné de la mer, Jean Ollivier consacre un volume à Surcouf, roi de la course. Les ouvrages consacrés aux  pionniers de l’aviation, Nungesser, le chevalier à la mort d’Hauteclaire, Henri Guillaumet (par Marcel Migéo, illustré par Raoul Auger), Saint-Exupéry, prince des pilotes de Michel Manoll sont publiés après le récit Jean Maridor, chasseur de V1 de Marcel Jullian. J. Christiaens retrace la vie de Louis Braille dans Le Vainqueur de la nuit et Norman Wymer raconte la lutte d’Helen Keller, petite fille, elle aussi victime de cécité.  

 « Spirale » et le récit historique


Le récit historique trouve une place de choix dans la collection « Spirale ». Christiane Dollard compose une trilogie préhistorique ancrée il y a 15 000 ans. La Goutte de soleil raconte comment le grand chasseur, père de Lua, meurt au cours d’une chasse à l’ours. Or, il s’agit d’un meurtre. Dans l’épisode suivant, Le Secret des pierres-qui-fondent, l’étranger Gou, adopté par Lua et ses amis, possède un secret qui peut faire progresser la tribu. La trilogie se clôt avec La Danse des sorciers quand les hommes-médecines de la Grande-Grotte peuvent guérir l’infirmité de Lua. Jean-Côme Noguès plonge aussi dans la Préhistoire dans Le Mammouth et la chataîgne mais on doit encore à Christiane Dollard des récits antiques évoquant Romains et gaulois, tels Le Prisonnier de Syracuse (cité sous la coupe du tyran Denis l’Ancien), Les Compagnons d’Archimède (dans la ville de Syracuse assiégée par les Romains) et Le Secret de la forêt gauloise.  
Tandis que Jean Riverain évoque Les Captifs de Babylone, Paul Bouchet raconte l’histoire de Hu, le premier Gaulois. La m^me période antique est présente dans Ambor le loup de H.H Rosny Aîné et l’on traduit une histoire romaine de Poul Knudsen : Quand les feux brûleront.


D’autres récits évoquent d’autres périodes historiques. Par exemple, le Moyen Âge, dans L’Aventure viking de Jean Olivier ou Marco Polo à travers l’Asie inconnue de Jean Riverain. Il faut progresser sur l’échelle du temps pour aborder La Porte du Roi de Daniel Hawthorne ou La Folle équipée d’Annette de Thérèse Lenôtre. Quand Paule Dumaître raconte La Jeunesse d’une petite Reine, elle s’attache à la reine d’Ecosse Marie Stuart alors que c’est la France de Versailles et de la Révolution qui transparaît dans Fille de roi d’Huguette Champy, un auteur qui raconte la jeunesse de Madame Royale, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette.


Le passé plus ou moins récent des Etats-Unis n’est pas oublié. C’est au bord du Mississipi que surviennent Les Aventures de Huckleberry Finn (l’ami de Tom Sawyer) de Mark Twain. Les Deux filles du Squatter de Thomas Mayne-Reid est un récit qui allie Histoire et western. L’histoire se fait plus tragique quand William Camus raconte la guerre fratricide que mène Les Bleus et les Gris ou quand il raconte Les Aubes rouges de ses ancêtres, les Indiens. Pierre Pelot préfère le western parodique et comique puisqu’il s’inspire de deux bandes dessinées (toujours inédites) pour écrire La Poussière de la piste et Le Train ne sifflera pas trois fois. Le ton est plus sérieux dans La Guerre du castor, un récit inspiré par une troisième B.D. (la plus au point, malheureusement « empruntée » et jamais rendue par un agent littéraire indélicat).      
Notons encore Laura et les chercheurs d’or d’Amy Russell et Les Insoumis de Terre-Neuve du couple signant Michel Grimaud.

« Spirale » et les séries


C’est assez tôt que se sont développées des séries plus ou moins importantes dans la collection. Apparaissent successivement :
1)             Jacques Rogy de Pierre Lamblin, dès 1960 (une série de 28 titres)
2)             Tina de A.B. Carroll, dès 1961 (11 titres)
3)             Shirley d’Edward Home-Gall, dès 1962 (15 titres)
4)             Titabou de René Garrus, en 1963
5)             Janou d’Eve Dessarre, dès 1967 (5 titres)
6)             Biggles de William Earl Jones, de 1967 à 1970 (5 titres)
7)             Les Imbattables de Lucy Vincent (Pierre Lamblin et S. Pujol), dès 1969.
8)             Les Jum’s de Lamblin et Pujol, dès 1973 (4 titres)
9)             Yann de Meister et Andersen, dès 1973 (12 titres)
10)         Le Petit Gitan de Geneviève Laporte
11)         Le Toucan de Max Artis
    
(Nous y reviendrons quand nous aborderons le genre policier)