samedi 16 décembre 2017

"Le Petit Canard" supplément de "Bonjour Dimanche" (2)

« Le Petit Canard » supplément jeunesse de « Bonjour Dimanche » (2)
Contenu de la première série

Rappelons que cette première série du magazine Le Petit Canard s’étend sur 130 numéros du 9 juin 1946 au 28 novembre 1948
Quand Jean Nohain crée Le Petit Canard, il a déjà une bonne expérience de la presse des jeunes puisqu’il avait fondé le journal Benjamin en 1929 et il en avait été le rédacteur en chef jusqu’au 31 août 1939.
Il a déjà collaboré avec Pinchon sous le pseudonyme de Jaboune pour la bande dessinée La Famille Amulette (sans parler des bandes Grassouillet et Frimousset déjà scénarisées avant la guerre pour d’autres journaux avec le même Pinchon).  D’ailleurs Frimousset revient pour une bande mêlant texte sous la vignette et dialogues dans l’image, intitulée Frimousset détective.    


C’est encore le dessinateur de Bécassine qui illustre la chronique Caneton historien évoquant avec naïveté et humour les étapes traditionnelles et stéréotypées de l’Histoire de France.
Comme dans Benjamin, Jean Nohain demande aux lecteurs de participer au journal Le Petit Canard, en donnant des sujets de dessins pour la bande muette Picotin votre âne de Joseph-Porphyre Pinchon et en envoyant charades, devinettes  histoires drôles... L’âne familier reviendra dans La Ferme de Picotin.
Jaboune répond à leurs lettres en les nommant et il sollicite des photos pour l’album de canetons. Il se fait parfois conteur alors que Francine Bergère écrit et dessine pour les tout petits.


C’est avec le dessinateur Poléon (Louis Lempereur) que Jaboune réalise Les Aventures du petit Gaulois, Totorix (accompagné de Papa Moustache et de Furax) qui préfigurerait Astérix pour certains. La planche 15 intitulée : Les Romains seront-ils les plus forts ? frappe rétrospectivement certains lecteurs). Les 30 planches parues seront réunies dans l’album Les Aventures de Totorix publié par les éditions Calmann-Lévy en 1952. Totorix revient en première page dans Totorix en vacances ou, à l’intérieur du journal, avec Les Interviews de Totorix. A la fin de la première série, Poléon dessine encore Les Aventures et les Inventions des Frères Georges d’après les idées de Jaboune et, à partir du 25 juillet 1948, Poléon dessine en couleurs les aventures moyenâgeuses et guerrières de Godefroy-le-Bouillant tandis que Georges Libault essaie d’intéresser les lecteurs à sa bande dessinée monochrome : Jim Mammouth  Cow-boy préhistorique.


Le journal de Jean Nohain, 100 % français, un  brin chauvin, voire nationaliste, est créé au moment où La France se relève difficilement d’une guerre longue et destructrice. Avec un optimisme constant et à toute épreuve, Jean Nohain incite les lecteurs et lectrices à faire preuve de cran et de courage. Défendant la laïcité et une stricte neutralité religieuse, il évoque pour eux les monuments et personnages de « Notre belle France » et « Les Beaux Anniversaires ».
On connaît la passion de cet homme pour tout ce qui est « bien de chez nous », passion qu’il dispensera aussi sur les ondes et à la télévision. Ce n’est qu’après 70 numéros que le magazine cesse de mettre met en scène une France métropolitaine blanche, avant que paraisse le récit Du « Jam » au Sahara qui emmène ces héros dans le Sahara. A la « Une » du n° 99, le cinéaste Albert Mahuzier raconte Dix jours avec mes amis les Touareg.


Jacques Faizant (futur dessinateur du Figaro, 1918-2006), au début de sa carrière, bénéficie souvent des pages centrales pour trois bandes dessinées en couleurs : Le Colonel Broum et Patapoum (et le sinistre Professeur Pioche), Pyk et Pato au centre de la Terre et Monsieur Mite, Mirabelle et Marmottin. Dans ces bandes hebdomadaires, un peu rapidement dessinées, le texte est parfois surabondant. Faizant n’hésite pas à faire intervenir des robots et de phénomènes fantastiques.
La science-fiction n’effraie pas le magazine qui publie La Terre ne répond plus (nous sommes en 2100), un récit de Janine Jacquemond illustré par Claude Henri (Juillard). En revanche, c’est une histoire de guerre que raconte un autre récit Un courrier partira ce soir, toujours illustré par Claude Henri (du n° 31 au n° 39).


Parmi les autres récits, on relève Les Aventures d’un chercheur d’or de Henri Iselin, auteur du texte et des dessins, Les Mémoires de Li-Fou, le plus jeune policier du monde, un texte de Mario de Cavelande, illustré par Mixi-Bérel. 


Poléon, à partir du n° 70, illustre le « grand récit inédit » d’André Sergent, intitulé Du « Jam » au Sahara, l’histoire des deux jeunes scouts François et Ahmed. Plus tard est publié le roman de Jean-Clair Guyot :  Le Châtelain de l’île déserte, qui promet des mystères et des aventures. A partir du n° 101, le romancier Saint-André, illustré en couleurs par Raoul Auger, raconte les exploits d’un neveu de Jean Bart dans  Les Aventures de Cornil Bart.
Si les bandes dessinées de Poléon et de Faizant appartiennent au genre comique, deux bandes de Claude Henri (Juillard) sont du genre dramatique.


A une époque encore très colonialiste, Claude Henri (Juillard) réalise deux bandes dessinées. Le Prince de Vijanagar (8 planches) oppose au Bengale un officier du 2e bureau à un prince hindou « rebelle et fanatique » tandis que Le Serpent jaune met en scène le même officier du 2e bureau menacé à Pékin par des Chinois qui s’opposent à la construction d’aérodromes français. Les deux bandes expriment malheureusement une hostilité et un racisme à l’égard des Asiatiques, tant dans le dessin que dans le texte.                 
L’illustrateur Claude Verrier (né en 1919) met en images La Famille Belle-Lurette dans des dessins naïfs et maladroits.
Quelques numéros spéciaux plus abondants paraissent comme Spécial Noël 1946 (N° 29, 20 pages) Numéro Spécial de Joyeuses Pâques (avec Alain Saint-Ogan, n° 44) et Numéro Spécial de Noël 1947 (n° 79, « 16 pages pour les amis du Colonel Broum »). Les exemplaires de Bonjour Dimanche (81 à 89) sont illustrés en couverture par Jean Bellus, Bernard Aldebert, Poléon, Mose, Beuville et Rogesam (l’auteur de la bande dessinée muette Farfelu).
La première série du Petit Canard, en dépit de rubriques variées, est donc d’inégale qualité. Le changement de format et parfois de titre ne pouvait pas assurer un succès constant à ce supplément comme le montre le déclin de la dernière partie de la série en noir et blanc et réduite à quatre pages.

Heureusement, tandis que se poursuit la bande dessinée d’espionnage de Francis Cassou : Destination inconnue, les derniers numéros 129 et 130 de novembre 1948 apportent de l’espoir en dévoilant certains aspects du nouveau Petit Canard promis pour le 2 décembre 1948. 

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