vendredi 29 janvier 2010

"Olympic", une collection de qualité étrangement ignorée





Les illustrations de ce message, comme celles qui précèdent ou qui suivront, devront être considérées comme des hommages aux auteurs, illustrateurs et éditeurs, parfois disparus, le plus souvent bien vivants. Elles sont aussi une tentative de reconnaissance d'un patrimoine à préserver d'urgence.
Dans le cadre de la conservation partagée, la BM de Clamecy en Bourgogne et la BMVR de Toulouse, région Midi-Pyrénées (Olympic, années 70-80), sont chargées de cette collection.

"Olympic", une collection en phase avec son époque : des nouveaux genres et de nouveaux auteurs

Les éditions G.P. Paris, toujours présidées par Victor Dancette, créent en 1967 la collection "Olympic". Constituée de volumes reliés d’environ 190 pages, imprimés sur du « papier vélin supérieur » et pourvus d'une jaquette mobile illustrée en couleur, d’abord sur un décor coloré puis sur un fond blanc, elle semble surtout destinée aux livres de prix, achetés par les établissements scolaires. Sa typographie et sa mise en page sont soignées chaque volume dispose d’une trentaine d’illustrations en noir et blanc.

Une collection qui satisfait les goûts des filles et des garçons

Rivale surtout des collections "Plein vent" (Laffont), "Fantasia" (Magnard) et "Bibliothèque internationale" (Nathan), la collection s’adresse jusqu’en 1970, tantôt aux garçons (Le Naufragé de Rhodes de Jacqueline Cervon, plusieurs fois primé, Thunderbolt le rebelle de Jacques Talrich), tantôt aux filles (Quelques brins d'edelweiss de Dominique Egleton, la série Karin de Inger Berga (de Karin et son destin à Karin se marie, Pour qu’un cœur batte encore de Saint Marcoux…), tantôt à un lectorat mixte (A Peyreloube, un été de Hélène Coudrier, Voici venir l’orage d’Anne Clairac, dans un village suisse). Des traductions dans les premiers titres peuvent fausser l’idée d’une collection vite très ouverte aux écrivains français. Par exemple, Le Convoi maudit de George G. Stewart (réédition d'un roman anglais de 1936, racontant l’aventure de pionniers américains bien trop pressés d’arriver en Californie), C’était mon ami de Finn Havrevold (déjà chez G.P. en 1963), Oh ! Suzanna de J.R. Williams (encore une histoire de l’Ouest américain de la fin du XIXe siècle) ou La Poursuite implacable (quand un marchand suédois vole des rennes à une famille lapone) et Les Pirates de la mer d’Arthur Catheral…

Plumes féminines confirmées ou nouvelles

Tout en conservant les aspects du livre de prix, agrémenté d'une maquette agréable, la collection "Olympic" évolue favorablement. Elle s'assure le concours des plumes confirmées. En plus des auteurs féminins déjà cités, on remarque en 1967, Yvonne Meynier (Le Dernier orage, quand Yves et Marion doivent affronter une terrible inondation), en 1968, Marcelle Manceau (Agnès mon amie), en 1969, Colette Nast (Peur sur l’alpage) et Bertrande de Rivière (Le Guet-apens de Terre Sainte), un récit ancré à la fin du XIIe siècle, en France et en Orient), en 1970, Claire Graf (Le Pays de Léa), et en 1971, Lucy Vincent (Suspense à la montagne noire). La collection fait encore appel à d’autres talents. Suzanne Malavié imagine que la jeune Nathalie, découvrant dans un parchemin l’histoire d’un sculpteur méconnu du XVe siècle, part à la recherche de L’Artiste de Santiago (1971). Jacqueline Cervon fait se rencontrer un jeune Perse et un jeune Grec à la ressemblance étonnante, au cours des guerres médiques dans Le Fouet et la cithare (1971). Sur un fond tout aussi historique, Hélène Coudrier conçoit Galla et les amphores de Sallerne (1972) et Anne Clairac, imagine que la Savoyarde Claude Perrier devient Le Chevalier d’Albin (1972), à la fin du XVIIe siècle. Il faut faire un saut jusqu’en 1974 et 1975 pour rencontrer L.N. Lavolle (L’Expédition de l’Intrépide), Renée Aurembou (Le Disparu des villes mortes), Suzanne Sens (Les Contrebandiers du sel) mais Amélia Elizabeth Walden intervient en 1972 (Le Pic du diable) et en 1974 (La Décision de Carol). Les adolescents, scolarisés jusqu’à 16 ans depuis la rentrée 1967, vont rencontrer des auteurs adaptés à leurs goûts et à leurs intérêts. En 1969, 30 titres disponibles constituent « une bibliothèque "dans le vent" pour les 13-15 ans ». La collection paraît peu marquée par les effets de mai 68, sauf peut-être lorsque Michèle Gilles met en scène en 1969, dans Le Garçon qui venait de la mer, un adolescent (provisoirement) révolté par les adultes, avant des rencontres bénéfiques au cours d’un été.

Une place de choix pour les talents masculins

Les auteurs français masculins trouvent peu à peu une place de choix. Après Jacques Christophe dont on réédite l’histoire romantique, Les Violettes de Baden (1968), intervient celui qui fut longtemps l’écrivain de la marine marchande, Yvon Mauffret, pour cinq récits, depuis Marina où le temps d’un été (1968), dont le cadre est une belle maison de Bretagne, jusqu’à Goulven (1976), (bourlingueur, peut-être aventurier de la mer au passé mystérieux), en passant par Le Manoir en péril (1970) et La Maison dans l’île (1972). Mais le titre le plus connu, souvent réédité, c’est Pilotin du Cap Horn (1970), quand Etienne, 17 ans, fils d’un riche armateur, en échec dans ses études, embarque sur « La Bérénice » dont l’équipage va l’aider à mûrir.
Place à l’aventure avec Surcouf, le roi de la course (l’impétueuse jeunesse du plus célèbre corsaire de France), de Jean Ollivier, avec le roman historique de Gil Lacq, L'Herbe des Sarrasins. Si Un Pays sans légende (1969) de Paul Berna permet aux lecteurs de retrouver un auteur qui leur est familier, Le Maître de la foudre, un curieux roman de Dominique Egleton qui flirte avec la S-F, pose des problèmes taxinomiques aux spécialistes. C’est à coup sûr plus surprenant que Les Mahuzier sous la Révolution d’Archibald Mahuzier !
Hubert Balme s’introduit chez les Pygmées nomades dans Le Fétiche de Balila et Jean Ollivier se plaît à présenter Jean Laffitte, dernier des grands flibustiers des Antilles, c’est Le Gentilhomme du Sud. De 1970 à 1973, Pierre Pelot propose quatre récits forts différents. En 1970, La Drave évoque la traque d’un homme chez les bûcherons canadiens qui affrontent la rivière en furie, pour acheminer leur bois. Les Epaules du diable (1972) sont celles des taureaux affrontés dans l’arène et La Révolte du Sonora, même si le cadre paraît historique, est surtout l’histoire de Sando et d’une tribu Yaqui alors que le très beau récit, Les Légendes de Terre, appartient à la science-fiction. N'oublions surtout pas, dans le même genre, celui de la S-F, La Machination de Christian Grenier (ces deux derniers livres cités ayant connu une seconde vie dans "Le Livre de poche jeunesse)
De 1974 à 1975, William Camus va publier les quatre épisodes de son personnage américain, Pete Breakfast, depuis Le Faiseur de pluie jusqu’à Ce Sacré Far-West, illustrés par Jean Retailleau qui se charge aussi des volumes : Outi-Tanka jeune bison et L’Or des fous, quand Pete passe du monde des Iroquois à celui du Grand Nord. Entre temps sont venus, X.B. Leprince (Dans le sillage de l’Altaïr) et Maurice Vauthier (Des galères pour Saint Marc), connus chez "Signe de piste" et Joseph Le Poëzat-Guigner (Le Croisé d’Anjou), un auteur connu chez Magnard (et en Meuse et en Bretagne !).

Des illustrateurs talentueux et chevronnées

Les illustrateurs fréquents sont Jean Retailleau, Michel Jouin, Jacques Pecnard, Jean Reschofsky. Se font plus rares Maurice Paulin, Michel Gourlier, Gil Pascal et Daniel Dupuy (surtout pour les jaquettes), Monique Gorde, Françoise Bertier, Daniel Billon, et Annie-Claude Martin. En 1976, plus de 80 titres sont disponibles mais on s’étonne de l’oubli actuel général qui frappe cette collection de qualité.

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