Il n'est pas inutile de rappeler que la publication de ces couvertures disparues est un hommage aux illustrateurs qui les ont réalisées. en plus de ceux qui sont nommés dans le texte qui suit, citons encore Sophie Pierre, Celia Canning, Vincent Treppoz, Bruno Duquenoÿ, Claude Hermann, Sophie Mathey, Michel Charrier, Patrick Devauchelle et Martine Schilde...
Encore un nouvel épisode pour « Le cercle des collections disparues ». On fait un petit saut chronologique puisque l’on passe à l’année 1978, un an après la création de « Folio junior ». On peut considérer que la nouvelle collection Bordas est une collection de poche, malgré sa largeur (13 cm.), un peu plus forte que celle du format classique.
"Aux quatre coins du temps" : collection de « poche » multigenre à deux niveaux
Les éditions Bordas, sont jusqu'alors orientées surtout vers le manuel scolaire. Après la période faste des manuels de littérature de Lagarde et Michard, des livres pour les collèges et des manuels d’Histoire très appréciés de Maurice Meuleau, les difficultés économiques surviennent dans les années 70.
Alors que Pierre Bordas, remplacé par Jean-Manuel Bourgois, a dû démissionner, Bordas s'ouvre à la littérature jeunesse en créant, en avril 1978, la collection "Aux quatre coins du temps", constituée de livres souples dont le texte, illustré en noir et blanc, n'est jamais surabondant. La collection est dirigée par Paule Pagliano qui choisit à égalité les auteurs français et étrangers et propose : « des romans, des récits et des contes fascinants au format de poche » (en fait, il s’agit du format 13*18 cm). Ces romans, tirés à environ quinze mille exemplaires, s'adressent à deux catégories de lecteurs : les 7-10 ans et les 10-13 ans.
Aventure, merveilleux, science-fiction et fantastique, humour, récits psychologiques, parfois enquête policière, sont au rendez-vous.
La Longue route d’une Zingarina (une Manouche d’Italie) de Sandra Jayat est le 1er titre de la collection, illustré en couverture par l’auteur et, à l’intérieur, par des images de Giovanni Giannini. En plus de Pierre Leyris (1907-2001), traducteur et auteur (La Dame en écarlate), et d'écrivains pour adultes comme Suzanne Prou qui livre Caroline et les grandes personnes, le traducteur réputé Jean Queval (Tout est bien qui finit bien), on y rencontre des auteurs comme le Canadien William Camus (mêlant Légendes indiennes de la Vieille Amérique et science-fiction). Avec Jacky Soulier, le père de l’écrivain de science-fiction bien connu aujourd’hui sous le nom d’Ayerdhal, il écrit le dyptique, Le Péril vient de la Terre et Face au péril. Fantastique et SF s’enrichiront encore des récits de Jean-Pierre Andrevon (Le Train des galaxies), de Joëlle Wintrebert (La Fille de Terre deux) ou de l’Allemande Ingrid Bacher (L’Eté des hommes volants). Nicole Ciravegna amorce un cycle avec son Chichois de la Rue des Mauvestis. Marie-Raymond Farré, laquelle publie assez vite Les Murs ont des oreilles et Pierre Gamarra, auteur facétieux de On a mangé l'alphabet, jouent poétiquement avec les mots. Claude Gutman apporte souvent un supplément d'humour et d'émotion mais le principal auteur à l'humour tendre (sensible aussi dans ses chansons), c'est Pierre Louki (avec 9 récits publiés de 1981 à 1989). On retiendra surtout Un papa pas possible, Le Petit cheval et Une grand-mère volante. Fanny Joly imprègne de sa fantaisie L’Affaire Poupoune.
De nombreuses traductions
La collection s'ouvre aussi aux auteurs de langue allemande, Christine Nöstlinger (Le Roi des concombres, 1982) et Peter Härtling dont les récits Oma, Ben est amoureux d'Anna (Ben liebt Anna), On l'appelait Filot (Das war der Hirbel) et Vieux John (Alter John) sont devenus des classiques toujours appréciés. Du Norvégien T. Haugen, on traduit en 1985 Les Oiseaux de nuit et, en 1987, Joakim, un récit plus dur dans lequel un enfant doit vivre avec la dépression de son père. Jacqueline et Claude Held concoctent des récits fantastiques ou de SF comme Expédition imprévue sur la planète Eras, L'Inconnu des herbes rouges, La Voiture sauvage ou Le Fantôme du vicomte, Michèle Kahn, avec beaucoup de fantaisie traite Un ordinateur pas ordinaire. L’écrivain kabyle Mouloud Mammeri, à l'époque censuré dans son pays d’Algérie, offre en 1980, deux tomes de Contes berbères de Kabylie : Machaho ! et Tellem chaho ! et Jean Ollivier, en Breton amoureux de la mer, livre Récits des mers du Sud et Les Flibustiers de l'Arbalète. Les illustrateurs sont parfois réputés, voire prestigieux, puisque l'on remarque Jean-Pierre Andrevon, Giovanni Giannini, Arnaud Laval, Georges Lemoine, Mette Ivers, Alain Letort, Claude Lapointe, Pef, Jean-François Pénichoux, Puig Rosado, Béatrice Tanaka, Maja, Morgan et même Maurice Sendak, pour quatre romans de l’Ecossais George MacDonald (1824-1905) : Contes du jour et de la nuit, La Clé d’or, Le Cœur du géant et Princesse légère. Parmi les œuvres « classiques » rééditées, notons La Revanche de Bruno de Lewis Carroll, Le Premier livre des merveilles et Le Second livre des merveilles de Nathaniel Hawthorne et Le Roi de la rivière d’or de John Ruskin (traduit en 1855). Des œuvres traduites sont plus rares, comme Fatik et le jongleur de Calcutta de Satyajit Ray, Papelucho de Marcela Paz (« journal » d’un petit Chilien de 8 ans, déjà bien traduit et publié chez G.P. en 1952), Jitka de J. Prochazka et les textes du Hollandais Guus Kuijer (un auteur édité aujourd’hui à l’Ecole des loisirs).
Six titres seront sélectionnés dans le plan-lecture de 1991 pour l’école primaire.
Si la collection disparaît en 1993-94, certains titres renaîtront heureusement chez Pocket à partir de 1994, comme Le Voyage de Mémé de Gil Ben Aych, émouvant déracinement d'une grand-mère venue d'Algérie à Paris, la série des Chichois de Nicole Ciravegna ou encore des récits de Claude Gutman, Toufdepoil, Pistolet-souvenir et La Folle cavale de Toufdepoil.
La collection « Les Contes gais de tous les temps » n’aura ni le même succès ni la même durée. Bordas ne renouvellera jamais cette première approche de la littérature jeunesse. C’est dommage car les ouvrages choisis étaient de qualité et savaient varier les genres et les styles d’écriture.
"Aux quatre coins du temps" : collection de « poche » multigenre à deux niveaux
Les éditions Bordas, sont jusqu'alors orientées surtout vers le manuel scolaire. Après la période faste des manuels de littérature de Lagarde et Michard, des livres pour les collèges et des manuels d’Histoire très appréciés de Maurice Meuleau, les difficultés économiques surviennent dans les années 70.
Alors que Pierre Bordas, remplacé par Jean-Manuel Bourgois, a dû démissionner, Bordas s'ouvre à la littérature jeunesse en créant, en avril 1978, la collection "Aux quatre coins du temps", constituée de livres souples dont le texte, illustré en noir et blanc, n'est jamais surabondant. La collection est dirigée par Paule Pagliano qui choisit à égalité les auteurs français et étrangers et propose : « des romans, des récits et des contes fascinants au format de poche » (en fait, il s’agit du format 13*18 cm). Ces romans, tirés à environ quinze mille exemplaires, s'adressent à deux catégories de lecteurs : les 7-10 ans et les 10-13 ans.
Aventure, merveilleux, science-fiction et fantastique, humour, récits psychologiques, parfois enquête policière, sont au rendez-vous.
La Longue route d’une Zingarina (une Manouche d’Italie) de Sandra Jayat est le 1er titre de la collection, illustré en couverture par l’auteur et, à l’intérieur, par des images de Giovanni Giannini. En plus de Pierre Leyris (1907-2001), traducteur et auteur (La Dame en écarlate), et d'écrivains pour adultes comme Suzanne Prou qui livre Caroline et les grandes personnes, le traducteur réputé Jean Queval (Tout est bien qui finit bien), on y rencontre des auteurs comme le Canadien William Camus (mêlant Légendes indiennes de la Vieille Amérique et science-fiction). Avec Jacky Soulier, le père de l’écrivain de science-fiction bien connu aujourd’hui sous le nom d’Ayerdhal, il écrit le dyptique, Le Péril vient de la Terre et Face au péril. Fantastique et SF s’enrichiront encore des récits de Jean-Pierre Andrevon (Le Train des galaxies), de Joëlle Wintrebert (La Fille de Terre deux) ou de l’Allemande Ingrid Bacher (L’Eté des hommes volants). Nicole Ciravegna amorce un cycle avec son Chichois de la Rue des Mauvestis. Marie-Raymond Farré, laquelle publie assez vite Les Murs ont des oreilles et Pierre Gamarra, auteur facétieux de On a mangé l'alphabet, jouent poétiquement avec les mots. Claude Gutman apporte souvent un supplément d'humour et d'émotion mais le principal auteur à l'humour tendre (sensible aussi dans ses chansons), c'est Pierre Louki (avec 9 récits publiés de 1981 à 1989). On retiendra surtout Un papa pas possible, Le Petit cheval et Une grand-mère volante. Fanny Joly imprègne de sa fantaisie L’Affaire Poupoune.
De nombreuses traductions
La collection s'ouvre aussi aux auteurs de langue allemande, Christine Nöstlinger (Le Roi des concombres, 1982) et Peter Härtling dont les récits Oma, Ben est amoureux d'Anna (Ben liebt Anna), On l'appelait Filot (Das war der Hirbel) et Vieux John (Alter John) sont devenus des classiques toujours appréciés. Du Norvégien T. Haugen, on traduit en 1985 Les Oiseaux de nuit et, en 1987, Joakim, un récit plus dur dans lequel un enfant doit vivre avec la dépression de son père. Jacqueline et Claude Held concoctent des récits fantastiques ou de SF comme Expédition imprévue sur la planète Eras, L'Inconnu des herbes rouges, La Voiture sauvage ou Le Fantôme du vicomte, Michèle Kahn, avec beaucoup de fantaisie traite Un ordinateur pas ordinaire. L’écrivain kabyle Mouloud Mammeri, à l'époque censuré dans son pays d’Algérie, offre en 1980, deux tomes de Contes berbères de Kabylie : Machaho ! et Tellem chaho ! et Jean Ollivier, en Breton amoureux de la mer, livre Récits des mers du Sud et Les Flibustiers de l'Arbalète. Les illustrateurs sont parfois réputés, voire prestigieux, puisque l'on remarque Jean-Pierre Andrevon, Giovanni Giannini, Arnaud Laval, Georges Lemoine, Mette Ivers, Alain Letort, Claude Lapointe, Pef, Jean-François Pénichoux, Puig Rosado, Béatrice Tanaka, Maja, Morgan et même Maurice Sendak, pour quatre romans de l’Ecossais George MacDonald (1824-1905) : Contes du jour et de la nuit, La Clé d’or, Le Cœur du géant et Princesse légère. Parmi les œuvres « classiques » rééditées, notons La Revanche de Bruno de Lewis Carroll, Le Premier livre des merveilles et Le Second livre des merveilles de Nathaniel Hawthorne et Le Roi de la rivière d’or de John Ruskin (traduit en 1855). Des œuvres traduites sont plus rares, comme Fatik et le jongleur de Calcutta de Satyajit Ray, Papelucho de Marcela Paz (« journal » d’un petit Chilien de 8 ans, déjà bien traduit et publié chez G.P. en 1952), Jitka de J. Prochazka et les textes du Hollandais Guus Kuijer (un auteur édité aujourd’hui à l’Ecole des loisirs).
Six titres seront sélectionnés dans le plan-lecture de 1991 pour l’école primaire.
Si la collection disparaît en 1993-94, certains titres renaîtront heureusement chez Pocket à partir de 1994, comme Le Voyage de Mémé de Gil Ben Aych, émouvant déracinement d'une grand-mère venue d'Algérie à Paris, la série des Chichois de Nicole Ciravegna ou encore des récits de Claude Gutman, Toufdepoil, Pistolet-souvenir et La Folle cavale de Toufdepoil.
La collection « Les Contes gais de tous les temps » n’aura ni le même succès ni la même durée. Bordas ne renouvellera jamais cette première approche de la littérature jeunesse. C’est dommage car les ouvrages choisis étaient de qualité et savaient varier les genres et les styles d’écriture.
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