dimanche 21 février 2010

Collection "Contes et romans pour tous" (Larousse, 1928-1936...)





La collection « Contes et romans pour tous » (Larousse, 1928-1936)

Nouveau membre du "Cercle des collections disparues", la collection "Contes et romans pour tous", publiée chez Larousse dès la fin des années, mérite bien de rester dans les mémoires.


Larousse publie en fait deux séries. La série « beige et or » propose aux « aînés » des « romans modernes inédits » (par exemple Le Naufragé de l’espace et sa suite, L’Astre d’épouvante de Gustave Le Rouge (1867-1938), considéré alors comme « le Prince du fantastique « ou « le Wells français ») et Le Grand cataclysme d’Henri Allorge).
La « série rouge et or » (pour la jeunesse) est constituée de 27 volumes publiés de 1927 à 1936. (La reliure rouge est couverte d’une jaquette mobile souvent disparue aujourd’hui.)

Derradji, fils du désert

Paraît d’abord l'histoire d'un jeune Arabe Oranais envoyé en France : Derradji, fils du désert de René Maublanc, en 1927 (l’Algérien prépare l’agrégation d’arabe à l’Ecole normale supérieure de Paris). Ce récit est suivi d’Yvonne au pays de Derradji, quand cette jeune Française rend à Derradji sa visite effectuée trois ans plus tôt et découvre à la fois la richesse historique et l'âpreté de la terre africaine. Est-il nécessaire de préciser que la sympathie commune se mue en une « tendre amitié » ? René Maublanc (1891-1960), écrivain progressiste, fut un précurseur en France des poèmes haikaïs.
Pour saisir l'importance de ces romans à l'époque, lisons Mathilde Leriche. Elle écrit en 1931 : « Avant d'arriver à un roman si vivant et si joliment analysé comme Derradji et Yvonne au pays de Derradji, combien de nullités, de fadaises, et d’œuvres mauvaises faut-il lire !».
C’est une autre Afrique coloniale qu’évoque Le Targui au litham blanc de P. Demousson, puisque l’on fait de ce chef « un pillard africain », opposé à un savant français dont les inventions font (évidemment) « merveille » !

De nombreux récits d’Henri Bernay
En fait, les jeunes lecteurs actuels seraient sans doute davantage sensibles à plusieurs ouvrages qui se rattachent parfois à la S-F ou au fantastique, tels ceux d'un imitateur de Jules Verne, Henri Bernay (en fait, Auguste Thomazi, 1873-1959). Il fournit à la collection plus d’une dizaine de récits. Mais il faut distinguer ceux qui sont plus ou moins conjecturaux ou scientifiques et les autres. Dans La Pastille mystérieuse (1927), Bernay évoque la désintégration de l'atome et
son récit, On a volé un transatlantique (1928), joue sur l'esprit de suggestion démoniaque, acquis grâce au condensateur du savant Nurdos, produisant des « rayons Lambda ». Bernay aurait alors pu suggérer une réflexion sur les pouvoirs dictatoriaux en gestation à l’époque. (L’ouvrage bénéficie d’illustrations intérieures de M. Lemainque). L'Homme qui dormit cent ans (1929) fait aussi le procès de la science et des débordements dus aux progrès techniques. Dans Le Secret de la Sunbeam Valley, si l’on voit la science transformer le désert en oasis, le récit met surtout en évidence la cupidité humaine. D’autres romans : La Montagne du silence (en pleine Afrique), La Fortune errante (entre un vieil oncle et son neveu), Les Chasseurs de papillons (en Amazonie) ou Le Scolopendre (sorte de train chenille qui pénètre partout), Le Dragon volant, L’Armure du Magyar (dans les Karpathes), privilégient l’aventure.

L'anticipation naïve perce encore dans le récit d’E. de Riche, Le Raid fantastique, que l’on croit parti vers la planète Mars. En 1927, Urfa, l'homme des profondeurs, mi-homme, mi-poisson d’un monde souterrain, de Jean de Kerlecq, n'est pas moins étrange.
Auteurs connus et feuilletonistes dans Le Dimanche illustré, Charles Quinel et Adhémar de Montgon, proposent en 1931 l’histoire d’un orphelin déshérité: Bob et son chien Médard. De Francisque Parn paraît encore La Bête dans la neige (cachée dans le Nord canadien).

3 commentaires:

  1. J'ai du recevoir Derradji, fils du désert en 48, à 10 ans et ce livre m'a énormément marquée, alors que je vivais à Lyon, sans TV, ni journaux ni livres d' images, et que j'ai découvert mon premier "noir" à l'université.......Je recherche ce livre depuis pour comprendre ce qui m'avait émue. Si j'avais vu une émission de TV m'en souviendrais-je encore? Sûrement pas.

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  2. Pardon de découvrir si tard votre commentaire intéressant. Merci beaucoup.
    J'aimerais que mon article provoque une réédition de ce livre qui a beaucoup marqué ses lecteurs et lectrices.

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  3. Pourquoi ne pas le mettre en ligne sur l'un des innombrables sites existants : question droit d'auteurs on doit atteindre les 7O ans, non?

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